«La sortie de crise en Côte d’Ivoire a été entièrement financée par le contribuable ivoirien. Au même moment, la Côte d’Ivoire remboursait la dette extérieure. Aucun bailleur n’a financé la sortie de crise. Ni les CNI, ni le désarmement, ni les élections« , déclare le député de Fresco Alain Lobognon, dont la proposition de loi sur la gratuité de l’établissement de la CNI a été rejetée par ses pairs. Il plante le décore du débat.
Ferro Bally débat : LA GUERRE DES PIÈCES
«Le 26 juin 2019, l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement du député Alain-Michel Lobognon et voté contre la gratuité des cartes nationales d’identité (CNI) biométriques. Cela pose une question de cohérence politique. En effet, les députés du RHDP, mouvance présidentielle, trahissent, par cet acte, les combats que le RDR (locomotive du Rassemblement) ou a menés ou grâce auxquels il est parvenu au pouvoir d’État. Sous le régime de Laurent Gbagbo et dans un Gouvernement dit de réconciliation auquel il participait, le RDR était, pour les besoins de la cause, à la pointe du combat contre la pauvreté.
Le chef de l’État passe ainsi par pertes et profits les actions de l’ex-rébellion armée, bras armé du RDR, grâce auxquelles ceux qui ne pouvaient même pas être candidats aux législatives, selon Soro Guillaume, sont aux plus hautes fonctions de l’État. Les ex-Forces nouvelles (FN) avaient comme revendication majeure, raison de la prise des armes en septembre 2002, la remise des CNI gratuites aux Ivoiriens, en particulier aux « Nordistes » que l’insurrection et le RDR disaient ostracisés.
Elles ont eu gain de cause. Le 3 octobre 2010 à Bouaké (2è ville du pays et alors capitale de la rébellion armée), Laurent Gbagbo, président de la République, et Soro Guillaume, secrétaire général des FN et Premier ministre, célébraient l’événement de la distribution des CNI gratuites et des cartes d’électeur. « C’est un acte fort, c’est un acte salvateur mettant fin du coup à 20 ans de débat sur la question de l’identité et 20 ans de frustration pour bien des Ivoiriens », se félicitait Soro.
Cette opération de haute portée sociale et humanitaire, initialement destinée à 1.165.325 élèves et financée par État à hauteur de 1.865.060.320 FCFA, montre l’ampleur du problème: des millions de famille sont incapables d’avoir ce « simple papier » et des millions d’habitants sont des « sans papiers » dans leur pays, alors que des milliers de CNI, arrivées à expiration, ne peuvent être renouvelées.
HM
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