Expression d’un dépit post décision de la CPI ou, volonté inébranlable de réconciliation?
Dire, se dédire, affirmer pour ne pas être compris des ivoiriens sont les différents épisodes du même feuilleton de la gouvernance qui ont rythmé les mandatures de l’actuel locataire du palais d’Abidjan. Et de fait, de jour en jour, des ivoiriens sont méfiants à l’égard de leur Président. Et là, il est difficile de soutenir que c’est un signe de confiance même quand le «bravetchê», président du RHDP, dégaine des verbatim peut-être de bonne foi.
Sa déclaration du 7 mars 2021 à la fin du conseil des ministres, bien que remplie de charges, ouvre tout un programme de gouvernement dans lequel le président ivoirien embarquera toute la Côte d’Ivoire. Appréciez son contenu : « Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent. Leurs frais de voyage ainsi que ceux des membres de leur famille seront pris en charge par l’État de Côte d’Ivoire». Comment cerner ou saisir la pensée insaisissable d’un chef d’Etat souvent en contradiction avec sa parole? Sur sa lancée il ajoute même : «Des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République».
Après cette décision subite, avons-nous affaire à l’expression d’un dépit post décision de la CPI? A une volonté inébranlable de réconciliation nationale? Ou un traquenard politico-judiciaire contre Gbagbo et Blé Goudé? Bien malin, l’Ivoirien qui ne sera pas dubitatif.
«La Cour Pénale Internationale a rendu, le 31 mars dernier, sa décision sur l’appel du Procureur relatif aux procès de Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Nous en prenons acte», on s’en souvient, sont là, les mots d’un Chef de l’État vaincu et résigné après une farouche volonté et détermination de punir vaille que vaille l’ex-Président Laurent Gbagbo, ses proches et ses partisans à l’issue de la crise postélectorale de 2010. Comptes bancaires gelés, mandats d’arrêt internationaux, emprisonnements à durée maxima de militaires et de civils… Tout était prévu pour satisfaire les militants du RHDP qui tenaient pour principaux responsables de la crise postélectorale, seuls, Laurent Gbagbo et compagnie.
Dépité, certes, car impuissant à l’international pour faire condamner Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, le Président ivoirien a des billes en réserve. Il peut affirmer : «Nous prenons acte». Dans la foulée, le Collectif des Victimes (CVCI) d’Issiaka Diaby crie sa colère et réclame justice voire l’emprisonnement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé dès leur arrivée en Côte d’Ivoire. Et Alassane Ouattara pour calmer les esprits, peut rassurer : «J’ai une pensée émue pour les victimes et leurs familles. Je voudrais les assurer de notre compassion et de notre soutien. Le Gouvernement continuera de leur apporter assistance».
Une posture qui laisse entrevoir des non-dits. La mise en résidence surveillée, n’est pas une option négligeable dans la stratégie de la musaraigne…Un traquenard politico-judiciaire en perspective sur les bords des lagunes ébrié!
H.KARA
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