Urgent-crise du DOCTORAT? : «Seule la prise d’un décret spécial posera un cadre de discussion, car, il y a trop d’emplois à pourvoir», tranchent les docteurs ivoiriens non encore recrutés face au ministre Diawara

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Justification de la nécessité de la prise d’un décret spécial : que faire des 3000 docteurs après leur décret d’intégration à la Fonction Publique ?

Le feuilleton ‘‘des docteurs non recrutés de Côte d’Ivoire’’  multiplie ses épisodes. Le dernier en date annonce le sens et la  justification donnés  au décret spécial qu’ils invitent le chef de l’Etat à prendre. Une justification alliant la déconstruction de l’à priori et des propositions pratiques à l’adresse  du gouvernement, afin de sortir de cette  impasse. Le collectif des docteurs portant le joug de la lutte de l’ensemble reste déterminer à, toujours remettre en main  propre, après la tentative manquée du mercredi 3 novembre 2021 (stoppée par les forces de  l’ordre) le rapport de la situation et leurs propositions au chef de l’Etat Alassane Ouattara, à l’effet de l’appeler à la prise du décret attendu par plus 3000 docteurs au chômage.  Ledebativoirien.net livre ici, ce que pensent et disent les docteurs ivoiriens encore non recrutés…

 

Un recrutement massif des Docteurs dans l’enseignement supérieur 

« La Côte d’Ivoire, locomotive économique   de l’UEMOA, devient de plus en plus la risée de ses paires depuis une décennie au niveau de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Après le rang honteux au niveau du PASEC, nous ne constatons la présence d’aucune université ivoirienne parmi les 200 meilleurs en Afrique. Cette situation est quasiment aux antipodes de la politique de repositionnement de la Côte d’Ivoire au niveau sous-régional et internationale entreprise par le Président de la République, Son Excellence M. Alassane Ouattara.

Sans mépriser certains compatriotes, nous trouvons peu honorable, vu l’aura de notre pays, qu’aucune de ses universités ne figure là où celles du Burkina Faso, du Cameroun, de l’Éthiopie et même du Soudan caractérisé par son instabilité endémique, apparaissent. Le manque criant d’enseignants dans nos universités est une cause majeure de cette situation qui honore peu notre pays. Le ratio étudiants- enseignant qui est normalement de 1 enseignant pour 25 étudiants, est de 1 enseignant pour 350 étudiant à l’université Félix Houphouët-Boigny en 2020, selon un conseiller de l’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur.

Des Docteurs dans les cabinets ministériels, Institutions et représentations diplomatiques

De nombreux citoyens ivoiriens surtout ignorent ce qu’est un docteur. Un docteur n’est rien d’autre qu’un expert dans un domaine donné. Un spécialiste dans un domaine donné. Nous constatons dans nos différents ministères des postes de conseillers techniques. Et ces postes, pour des raisons plus politiques que méritocratiques, sont confiés à des Enseignants-Chercheurs déjà fonctionnaires, pis à des neveux et parents ayant un niveau questionnable comparé à celui des Docteurs. Ces postes peuvent revenir, à des personnes plus compétentes dont la formation a été couteuse à l’État, et qui se retrouvent sans emploi.

Dans ce sens, les Docteurs spécialistes des questions agronomiques peuvent être pris au Ministère de l’Agriculture, ceux spécialistes de l’environnement par les Conseils Régionaux et les Ministères des eaux et forêts et de la salubrité. Avec la criminalité qui change de visage et de méthode, a-t-on dans nos structures de sécurité ou dans chaque préfecture de Police   des Docteurs en criminologie, des Docteurs en psychologie pour cerner les comportements juvéniles vacillants de nos jeunes et proposer des pistes de réflexion ?      Avec le phénomène des pluies qui endeuillent les Ivoiriens avons-nous consulté des géographes urbanistes ? Nous ne parlons même pas des océanographes avec la mer qui est en train d’engloutir Lahou Kpanda.

Des Docteurs spécialistes des questions diplomatiques et des relations internationales ne sont-ils pas outillés pour occuper les postes d’ambassadeurs ou au Ministère des Affaires étrangères. ? Face à la montée fulgurante du terrorisme avec son corollaire d’endoctrinement culturel et religieux, qui mieux que les anthropologues, les sociologues, les philosophes peuvent contribuer à la lutte contre l’assujettissement de la pensée. Parce que les armes et les explosifs ne sont que le fruit d’une fermentation psychologique semée à la base.

Qui mieux qu’un Anthropologue ayant fait une thèse sur les alliances interethniques ou un Historien spécialiste des crises intercommunautaires sont habilités à intégrer le cabinet de la Médiature et celui du Ministère de la Réconciliation ? Affecter des Docteurs selon leurs spécialités à ces postes comme des fonctionnaires, vont donner une certaine dynamique à ces Ministères qui seront objectivement des instruments de services publics.

Des Docteurs dans les structures étatiques et entreprises privées par le lobbying de l’État

 

Nous avons des Docteurs spécialistes du cacao, et de certaines cultures de rente qu’il ne serait pas ridicule d’insérer dans les différentes structures étatiques ou privées rattachées à ces cultures. Des Docteurs spécialistes des Ports de San Pedro et d’Abidjan devraient logiquement à la fin de leurs travaux être intégrés par l’entremise de l’État au sein des structures qu’ils ont disséquées. Un Docteur linguiste spécialiste des langues nationales a logiquement sa place au Ministère de la culture, ou même au sein d’une chaine de télévision.

En Europe, les grandes firmes ont en leur sein des démographes, des anthropologues et même des sociologues chargés d’étudier l’évolution de la population, son comportement d’achat et les faits sociaux capables d’influencer leurs habitudes de consommation. En France par exemple, à BNP Paribas dont la filiale ivoirienne est la BICICI, de nombreux docteurs en histoire économique y travaillent, ceux spécialistes en histoire des mentalités y prospèrent également.

Il faudra que l’Etat accepte de jouer pleinement sa part car, il y a trop d’emplois à pourvoir. Il faudra les créer simplement. L’État ne crée pas de nouveaux emplois et ne favorise pas leur création. Il est de la responsabilité de l’État de créer les conditions d’insertion des diplômés de ce pays. Les 3000 docteurs ne sont pas responsables de leur situation.  Mais dans le système qui est la leur, où le risque et la confiance sont des contraires qui s’attirent, l’embauche n’est pas encadrée et aucun environnement propice n’est mis en place par l’État. Et c’est bien dommage.

des Docteurs professeurs agrégés de Lycée comme en France

Les Docteurs qui le souhaitent iront enseigner dans les Lycées et Collège sans passer un concours. Ils auront les mêmes traitements comme les Assistants, et auront un emploi du temps plus fluide comme en France, pour produire des articles qui non seulement contribueront à l’amélioration du système éducatif, mais aussi conforteront leurs productions personnelles.

 Il est incohérent de comparer le DOCTORAT aux autres diplômes.

Malheureusement on entend dire depuis un temps en Côte d’Ivoire les phrases suivantes :  « Les 3000 Docteurs doivent comprendre que l’État ne peut pas employer tous les diplômés ; et les milliers de Bacheliers qu’est ce qu’ils diront ? Et les détenteurs du BTS, de la Maitrise etc.? »

La comparaison faite ici n’est pas logique. Le Doctorat bien qu’étant un diplôme est différent du BAC et autres.  Si comparaison devait-il avoir, les protestations des Docteurs chômeurs, en la matière, pouvaient à la limite être rapprochées de la plainte des médecins en 2007 pour être intégrés systématiquement à la fonction publique après leur formation. Ou encore celle des Infirmiers, Sages-femmes, et Assistantes sociales qui sortent de l’INFAS où l’INFS réclament leur intégration directe à la fonction publique après leurs diplômes de formation. C’est comme si l’État laissait pour compte des professeurs sortis de l’ENS après leur formation et l’obtention de leur CAP-CL.

Lorsqu’un Docteur est recruté, il ne fait pas des années de formation ni de stage comme le bachelier qui entre à l’école de Police, le maitrisard qui doit faire un temps de formation à l’ENA, ou à l’école de Magistrature. Dit simplement, dès qu’il est admis en années de thèse de recherche, le Doctorant est un étudiant titulaire du DEA ou du MASTER 2, que l’État ivoirien accepte de former en investissant, pour qu’il puisse enseigner et faire la recherche à sa sortie. Dans ce sens, d’autres sont envoyés à l’étranger par l’État ivoirien. Raison pour laquelle dès son recrutement, le Docteur est directement assistant et non élève assistant, ni assistant stagiaire.

Si ce Docteur le désire, il peut après sa formation sonder dans quelle mesure s’installer à son propre compte. Toutefois, c’est son droit de réclamer de l’Etat qui l’a conditionné et a investi dans ses études, de trouver les conditions de son insertion. Or, avec le BEPC, quand on réussit au concours d’entrée à l’école de Police ou au CAFOP, on n’est pas immédiatement Sous-officier de Police, ni Instituteur Adjoint, on est Elève Sous-officier, ou Élève maitre. Si certains Ivoiriens dans leur grande majorité ont soutenu nos diplômés de l’INFAS, ou nos amis médecins dans leur démarche de réclamer une insertion automatique après leurs différentes formations, qu’ils en fassent de même pour les 3000 Docteurs, à la limite qu’ils arrêtent de dire des inexactitudes.

 Ce n’est pas une première en Afrique

D’abord, en 2006, le gouvernement  Marocain a engagé huit cent soixante-cinq (865) docteurs chômeurs dans la fonction publique. Un an plus tard, soit en Aout 2007, le premier Ministre marocain signe un accord d’insertion pour deux mille sept cent soixante (2760) Docteurs chômeurs.

Ensuite, au Cameroun en 2018, le Président Paul Biya a signé un décret exceptionnel d’intégration de deux mille (2000) Docteurs chômeurs à la fonction publique. En 2021, en Tunisie, Hichem Mechichi, chef du gouvernement tunisien a proposé un plan pour le recrutement de 2400 docteurs chercheurs au chômage. Finalement, Olfa Ben Ouda, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, a annoncé que 3000 docteurs chômeurs seront recrutés.

De ce tout ce qui précède le Collectif des Docteurs chômeurs de Côte d’Ivoire demande :

La prise d’un décret exceptionnel par S.E.M Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour l’intégration de tous les Docteurs au chômage à la fonction publique. L’audit systématique du concours de recrutement des assistants ; Le remboursement immédiat et le dédommagement des Docteurs ayant postulé dans les départements où aucun candidat n’a été retenu. L’annulation de l’audition et de la composition sous-toute ses formes, la planification et une anticipation de l’insertion des Docteurs formés par l’Etat de Côte d’Ivoire.

 Tout en restant ouverts à la négociation, les Docteurs au chômage, entendent  dans les jours à venir user de tous les moyens pacifiques et légaux en leur possession, pour aller remettre physiquement, leur  doléance de bénéficier d’un Décret spécial,  à leur Papa, son Excellence, Docteur Alassane Ouattara ». dixit,  le collectif des Docteurs Non Recrutés (CDNR).

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