Côte d’Ivoire-cherté de la vie-Koffi Jean-Baptiste:«L’Etat doit traiter équitablement ses enfants…»

6 min read
67 / 100

 

Koffi Jean-Baptiste « La Côte d’Ivoire mon pays m’a donc tout donné »

Koffi Jean-Baptiste ! Il fait partie de ceux qui donnent de la voix pour la défense du consommateur. En ce temps de fortes tensions sociales dues à la cherté de la vie, le président Koffi Jean-Baptiste parle de formation de consommateur, 

 

LDI : Vous contribuez au débat social, pouvez-vous en dire davantage sur vous et votre organisation ? 

Je suis KOFFI Jean Baptiste à l’état civil. Je suis de formation, comptable, fiscaliste et financier. Et pour ceux qui en douteraient encore, je suis un pur produit de l’école ivoirien. J’ai fait toutes mes études du primaire au supérieur en passant par le secondaire dans ce pays. Et cela ne m’a pas empêché d’être recruté dans un groupe international où j’exerce depuis plus de vingt années.

La Côte d’Ivoire mon pays m’a donc tout donné en termes de commodité d’études, de bourse d’études depuis le secondaire jusqu’au supérieur. La qualité de ma formation m’a même permis d’obtenir un emploi dans le secteur privé. Quand on a tant reçu de son pays, j’estime qu’on a le devoir de faire en sorte que les générations présentes et à venir jouissent à la limite des mêmes privilèges et pourquoi pas mieux.

Cela fonde et justifie mon engagement depuis plus d’une décennie sur le front social principalement dans le mouvement consommateur ivoirien. Avec d’autres amis partageant la même vision, nous travaillons à la construction d’un mouvement consumériste fort dans notre pays. Ce n’est pas un long fleuve tranquille mais nous parvenons progressivement à convaincre les consommateurs à se regrouper en associations pour constituer des groupes de pressions assez forts.

Nos associations sont regroupées en fédérations et nos fédérations forment une Confédération qui parle au nom de tous quand cela est nécessaire. Aujourd’hui j’ai l’honneur de présider à la fois l’Union Fédérale des Consommateurs de Cote d’ivoire (UFC-CI) et aussi la Confédération des Organisations de Consommateurs de Côte d’ivoire (COC-CI).

 

 

En Côte d’Ivoire, les consommateurs sont aux abois. A qui la faute sans faux fuyant ?

Sans faux fuyant, je vous dirai tout d’abord que la notion de cherté de la vie n’est pas un phénomène qui date d’aujourd’hui. De tout temps les populations se sont toujours plaintes de la cherté de la vie. Aussi bien dans les pays développés que les pays en voie de développement comme les nôtres, les populations se plaignent de la cherté de la vie. D’où la présence dans les pays développés d’associations de consommateurs assez puissantes,  qui constituent de véritables groupes de pression pour faire la balance aussi bien avec les groupements de professionnels que l’Etat.

Sans faux fuyant, sachez qu’ici chez nous, aussi bien le gouvernement, les opérateurs économiques et les consommateurs sont à des degrés divers responsables de l’inflation galopante. Chaque fois qu’il y a une révision à la hausse des impôts et taxes, l’Etat devient créateur d’inflation. Chaque fois que les opérateurs économiques veulent se faire plus de marges en procédant à des ajustements tarifaires, ils créent l’inflation. Chaque fois que les consommateurs manquent d’être solidaires et transforment leurs domiciles en supermarchés pour se prémunir de ruptures éventuelles de produits, ils deviennent créateurs d’inflations.

Le maintien de l’inflation à un niveau acceptable et supportable par tous procède d’un équilibre des forces entre les trois groupes de pression que sont l’Etat, les opérateurs économiques et les organisations de consommateurs.

A ce jour, de nombreux défis empêchent encore les organisations de consommateurs d’atteindre leurs vitesses de croisières qui feraient d’elles une force redoutable et incontournable dans la lutte contre la cherté de la vie. Au nombre de ces défis figurent en bonne place la question de la mobilisation des ressources financières pour permettre aux organisations de consommateurs  de remplir pleinement leur mission qui est d’utilité publique.

Nous continuons toujours d’interpeller le gouvernement sur l’injustice faite au mouvement consommateur qui ne bénéficie pas d’accompagnement digne au même titre que les centrales syndicales et les organisations de droit de l’homme. L’Etat doit traiter équitablement ses enfants.

 

Quel est le rôle de votre organisation dans la recherche de solutions à l’inflation endémique ?

 Les organisations de consommateurs ont deux missions essentielles. La première est la promotion des droits et devoirs des consommateurs, c’est-à-dire faire connaitre aux consommateurs eux-mêmes leurs droits et devoirs.

La seconde mission est la défense des intérêts des consommateurs lorsque ces intérêts sont menacés dans certaines conditions. Si nous voulons lutter efficacement contre l’inflation, il faut donner les moyens aux organisations de consommateurs de mener correctement leur première mission. C’est une mission de formation et d’éducation des consommateurs. Cela a un coût.

Des consommateurs bien formés deviennent des consommateurs avertis c’est-à-dire des consommateurs prêts à s’engager dès lors qu’ils sont convaincus de la justesse de leurs combats. C’est avec des consommateurs avertis que l’arme fatale du mouvement consommateur qu’est le boycott peut prospérer et porter des fruits pour la communauté.

Face à des consommateurs avertis, les opérateurs économiques et même l’Etat ne pourront pas toujours imposer leurs points de vue. L’équilibre des forces en présence imposera à tous de passer par la case négociation. En attendant d’atteindre cette ultime étape, nous interpellons nos autorités quand nous constatons des entorses aux droits du consommateur. Nous faisons la même chose avec les opérateurs économiques (…).

Ledebativoirien.net

Grace Ozhylly

© 2023, redaction. All rights reserved.


En savoir plus sur LE DEBAT IVOIRIEN

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Du même auteur