»Nous écrivons ces lignes pour l’histoire, pour demain, afin de prendre l’opinion à témoin et que l’on se souvienne qu’il y a au moins eu un groupe d’enseignants-chercheurs et chercheurs qui ont osé dénoncer un système sclérosé qui a acté et systématisé l’abêtissement et l’abrutissement de dizaines de milliers d’étudiants. L’histoire nous parle et nous regarde… » Dr TRAORE D. K. Enseignant-Chercheur Université FHB.
Quoique la plupart des départements viennent à peine de finir l’année académique 2018-2019 dans les conditions que l’on sait, il leur est à nouveau demandé de tout mettre en œuvre pour boucler l’année 2019-2020 en octobre 2020 pour ensuite enchaîner en novembre 2020 avec l’année 2020-2021. Ce qui revient à avoir trois années universitaires dans la même année 2020, du jamais vu dans toute l’histoire de l’humanité. L’administration de l’Université FHB, prétextant de la COVID-19, s’apprête ainsi à réaliser cet exploit de faire faire une année académique entière (2019-2020) en 3 mois (août-septembre-octobre), là où nous prenions voire 4 à 6 mois pour terminer un seul semestre.
Tout ceci avec la complicité active et passive des enseignants-chercheurs et chercheurs, professeurs titulaires, maîtres de conférences, maîtres-assistants, assistants, doyens d’UFR, chefs de département et autres, spectateurs médusés et abusés, tous devenus comme des moutons de Panurge dans une université qui fonctionne comme une véritable confrérie mystique, où les syndicats d’enseignants-chercheurs et chercheurs ont soit été muselés soit corrompus, et où les responsables d’associations d’étudiants et les délégués ont pour la plupart été achetés.
En réalité, il est question ici de sauver la tête de ceux qui incarne ce système et non l’université encore moins les étudiants
Nous rappelons aux enseignants-chercheurs et chercheurs qu’ils ont une très lourde responsabilité dans ce processus de déformation et de désinstruction de plusieurs promotions d’étudiants. Nous devons comprendre que ce sont ces mêmes étudiants qui seront affectés demain dans nos lycées et collèges pour enseigner nos frères et sœurs, nos enfants et nos petits-enfants, ce sont eux qui seront dans nos hôpitaux demain pour soigner nos populations, ce sont encore eux qui sont destinés à être les cadres de l’administration publique de demain.
Un pays a beau avoir des ressources naturelles incommensurables, seule une ressource humaine compétente est à même d’en faire un usage intelligent. Sommes-nous convaincus, nous enseignants-chercheurs et chercheurs à l’UFHB, que celles et ceux que nous sommes en train de former au rabais aujourd’hui seront à la hauteur des grands défis de demain ? En tant que formateur et éducateur, chacun d’entre nous doit faire son examen de conscience pour mesurer la portée de nos actions et de notre silence coupable.
Comment comprendre cette vaste mascarade qui consiste à vouloir faire des cours en ligne dans une université qui ne possède ni connexion internet, ni salles informatiques et où près de 80% des étudiants ne possèdent pas d’ordinateurs portables ?
Et comme pour sonner le glas de tout cela, l’administration de l’UFHB, avec la bénédiction du Ministère de l’ESRS, s’apprête à transformer nos universités en de vastes lycées du supérieur, avec à l’arrière-plan de l’esprit des calculs financiers portant sur les heures complémentaires (encore et toujours !!!). Le projet à venir consiste en de vastes regroupements de plusieurs départements de nos universités en des départements uniques ; par exemple, les départements de Sociologie, de Psychologie et d’Anthropologie seront fondus en un département unique au sein de l’UFR SHS, les départements d’Allemand, d’Anglais et d’Espagnol en un département unique de Langues étrangères au sein de l’UFR LLC et ainsi de suite.
Les enseignants-chercheurs et chercheurs de l’UFHB seront-ils assez courageux, une fois n’est pas coutume, pour s’opposer à ce processus d’involution d’un système qui pense d’abord argent avant de penser à l’académie et à la qualité de la formation ? Rien n’est moins sûr. Let’s wait and see comme le disent les anglais…
Dr TRAORE D. K.
Enseignant-Chercheur Université FHB
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