La crise interne à la Coopérative KAPATCHIVA Coop-CA, basée initialement à Bonon et désormais à Daloa, vient de connaître un tournant décisif. Au cœur de l’affaire : le non-paiement des primes aux planteurs de cacao détenues par l’Union des Coopératives ECOOKIM, et les agissements de l’ex-président du Conseil de Surveillance, Kouassi Kouassi, accusé de manœuvres dilatoires et de harcèlement judiciaire contre la direction actuelle.
Dans une déclaration poignante, Silué Zana Alphonse, président du Conseil d’Administration de KAPATCHIVA, a tiré la sonnette d’alarme : « La coopérative et ses producteurs sont profondément frustrés. Nous avons pris conscience que notre adhésion à l’Union ECOOKIM servait plus des intérêts personnels que l’idéal coopératif ».
S’exprimant avec fermeté, Silué Zana a dénoncé un climat délétère orchestré depuis le retrait de la coopérative de l’Union ECOOKIM. « J’ai été menacé en septembre 2024. On m’a averti qu’il y aurait des morts en février simplement parce que nous avons décidé de nous retirer après des injustices répétées ». Selon lui, les primes destinées aux planteurs auraient été détournées dans le but de fragiliser la coopérative. Il accuse Kouassi Kouassi et un ancien directeur d’avoir mis en place un système de détournement des primes, au détriment des producteurs.
Plus troublant, l’ex-président du Conseil de Surveillance a convoqué la coopérative et son président devant deux juridictions différentes pour les mêmes griefs, à Daloa puis à Bouaflé, à un jour d’intervalle. Un double recours que Silué Zana qualifie de harcèlement judiciaire.
Mais la justice a tranché. Dans une ordonnance rendue le 13 juin 2025, le Tribunal de Première Instance de Daloa a débouté Kouassi Kouassi et ordonné la levée immédiate des suspensions opérées sur les comptes bancaires de KAPATCHIVA auprès de plusieurs banques (SIB, UBA, BDU-CI, etc.).
Le tribunal a jugé irrecevable son action, car introduite après son exclusion formelle lors de l’Assemblée Générale du 10 mai 2025, qui lui retirait toute qualité d’associé.
Pour les membres de KAPATCHIVA, cette décision judiciaire est une bouffée d’oxygène. Elle permettra à la coopérative de sortir de la paralysie financière et de répondre enfin aux attentes des planteurs.
Mais la tension reste vive. « Certains producteurs sont prêts à manifester à Bouaflé, voire à Abidjan à la Direction de l’Union des Coopératives ECOOKIM. J’ai réussi à contenir leur colère jusqu’ici, mais elle est réelle », avertit Silué Zana, appelant les autorités à s’impliquer pour éviter l’escalade.
Réaction des administrateurs mis en cause
Contacté face à la pression, la Direction de l’Union des Coopératives ECOOKIM a réagi par des propositions. « Concernant le versement des primes destinées aux planteurs de cacao de la coopérative Kapatchiva, actuellement détenues par l’Union des coopératives ECOOKIM, le Directeur Général de ladite Union propose trois options possibles : organiser une assemblée générale inclusive, conformément aux statuts en vigueur avant celle du 10 mai 2025, afin de statuer collectivement sur le paiement ;
Mettre en place un comité technique de paiement, composé de représentants de la coopérative Kapatchiva Coop-CA, de l’Union ECOOKIM, de partenaires financiers et de certification, ainsi que d’une structure indépendante pour garantir la transparence du processus. À défaut d’un accord sur les deux premières options, confier les fonds à la justice ivoirienne, qui se chargera d’assurer le paiement aux planteurs ».
Sauf que président du Conseil d’Administration de KAPATCHIVA, Silué Zana Alphonse, réclame le paiement immédiat des primes des membres de sa coopérative sans toute forme de contorsions.
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H.KARA