Amedé Kouakou et le règlement d’un contentieux entre chefs traditionnels
La chefferie traditionnelle dans la région du Lôh-Djiboua s’est ouvertement invitée dans le choix d’un candidat d’une formation politique. Elle prend position quel que soit le coté où l’on se trouve dans l’affaire de la candidature d’Amedé Kouakou comme candidat du RHDP aux élections régionales 2023.
Dans le Lôh-Djiboua, les vives protestations contre la candidature d’Amédé Kouakou apparaissent de mieux en mieux comme un règlement de comptes à Aliko Tegbo, le Chef central des Chefs. Une petite visite avec Ledebativoirien.net au centre d’un contentieux entre chefs traditionnels.
La direction du RHDP dans sa politique électorale a désigné, le ministre Amédé Kouakou comme celui qui devra porter ses couleurs aux élections régionales dans la région du Lôh Djiboua. Levée de boucliers à Divo, Lakota, Gutry, Zikisso, Hiré… C’est alors qu’un groupe de chefs se désigne et met le cap sur Abidjan, direction le siège du parti du candidat désigné en signe de protestation contre ce choix. À peine sorti de la rencontre avec le secrétaire exécutif du parti, qu’un autre groupe de chefs, à l’initiative du chef central mobilise la population pour afficher un soutien sans faille au ministre candidat choisi.
«Ce n’est pas une affaire de la communauté Dida contre les autres. Nous ne sommes ni contre la personne d’Amédé Kouakou, ni contre sa personnalité politique. Nous militons pour le respect de la distribution équitable des richesses qui passe aussi pour la négation de cumul indécent de postes politiques dans la région du Lôh-Djiboua. Notre réaction collective sur cette affaire s’inscrit dans une logique de prévention de troubles post-électoraux.
Les agissements d’Aliko Tegbo ne correspondent pas à la posture de neutralité d’un grand Chef coutumier. Qu’il arrête maintenant de se comporter comme un long bras du RHDP dans notre région», tape du poing un Chef de village de Guitry. Comment appréhender cette ambiance ? Un réel courroux contre le Doutôh, Aliko Tegbo, Chefs central des Chefs du Lôh-Djiboua qui puise ses racines quelques années en arrière.
Petit rappel à Lôh Djiboua
En 2020, rappellent ceux qui s’opposent à la démarche du Chef Aliko Tegbo, celui-ci, à la veille de l’élection présidentielle conduisit une délégation de têtes couronnées et pour produire une déclaration rendueau Journal Télévisé de la RTI. Appelant ainsi la population du Lôh-Djiboua à soutenir le candidat du parti au pouvoir, le RHDP, Alassane Ouattara. Une déclaration quia en son temps jeté de l’émoi au sein des populations du Lôh-Djiboua, puisque venant du chef central de la chefferie de la région, là où il devrait garder le silence. Son invitation est alors perçue comme un acte de manipulation et de trahison.
Pour toutes ces voix qui s’élèvent, l’attitude de » soumission » du chef traditionnel Aliko Tegbo à l’actuel Maire de Divo trouverait sa justification dans le fait que plusieurs membres de sa famille auraient été recrutés à la fonction publique grâce aux bons soins du ministre Amedé Kouakou. «Une faveur à laquelle s’ajoutent les nombreux avantages financiers et matériels dont bénéficient Aliko Tegbo et plusieurs de ses notables. C’est le cas pour un de ses descendants qui occupe le poste de DirCab Adjoint au cabinet ministériel dirigé par Amedé Kouakou», confie-t-on à Divo. Le ministre ne fait-il pas œuvre utile, là !
Crise à la chefferie et violation
Interpellés par une partie des populations sur leurs responsabilités dans la mauvaise gestion des affaires de la chefferie traditionnelle du Lôh-Djiboua, des Chefs des villages élèvent la voix pour qualifier l’appel au soutien à la candidature d’un candidat par le représentant de la chefferie traditionnelle dans le Loh Djoboua de trahison. Selon chefs, le ministre, maire, député, fait preuve »de boulimie du pouvoir » au détriment des autres cadres du Lôh-Djiboua.
Une atmosphère qui pose clairement l’interférence de la chefferie traditionnelle dans les questions politiques, en violation de ses missions telles que clairement définies par la loi qui les crée. La Loi 2014-428 du 14 juillet 2014 portant Statut des rois et chefs traditionnels au chapitre des Privilèges, Obligations et Incompatibilité, il est dit clairement ce qui suit :
La mise en avant du chef central est perçue comme le signe d’une manipulation «qui vient diviser un fois de plus les populations de la région du Loh Djibouia», estiment des cadres, révoltés par l’exploitation de la piste de la chefferie coutumière par des candidats aux postes politiques, induisant par le fait, les chefs traditionnels à violer l’obligation de réserve que leur confère la Loi.
Chaque formation voudra s’attirer les faveurs de la chefferie traditionnelle en violation de la charte de la Chambre des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire qui invite à être loin de la chose politique. En évitant des déclarations officielles de soutien politique. Le ministre Amédé Kouakou mesure-t-il toute la portée de cette ingérence de la chefferie traditionnelle dans sa campagne politique dans le Lôh Djiboua?
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GRACE OZHYLLY