Retour sur la sortie mémorable de Charles Blé Goudé président du COJEP qui a l’habitude de paroles fortes et des plateaux télés. Mais son intervention sur le plateau de télévision NCI, le 24 novembre 2025, a été toute particulière….
Charles Blé Goudé parle
« En prison, le président (Ndlr : Gbagbo) ne m’a jamais parlé par intermédiaire. Depuis que je le connais, avec lui, dans notre fonctionnement, il ne me parle jamais par intermédiaire. La seule fois qu’il m’a demandé de faire une commission, c’était dans sa cellule. Moi j’ai vu mon mentor, mon chef, tout malheureux. Il m’a fait une seule commission, que j’ai menée à bien. Je vais vous citer des noms aujourd’hui et qu’on en finisse avec ça. Parce que mon silence risque de se retourner finalement contre moi.
–Président, qu’est-ce qui ne va pas ? Il me dit:-«Il y a un problème ». –Président, il y a quel problème ? C’est la commission qui m’a fait. Il m’a dit : –La maison qui sert de siège au Front Populaire Ivoirien appartient à Nady Bamba. J’ai dit ;
–Comment ? Il m’a dit : -Petit, il faut laisser ça. Elle est en colère. Est-ce que tu peux m’aider ? C’est de tout ça que vous voulez que je parle ici. – Venez-vous m’aider en mission ? Il dit : « Oui » !
Affi N’Guessan, dont on disait qu’il était mon ami, si j’étais en palabre avec lui, comment j’aurais fait cette mission ? Donc, le lendemain à 7h, quand on ouvre les cellules, il est 6h à Abidjan. Je vais au téléphone chez les gardes. Je demande à parler à Mme Angeline Kili, que je salue au passage. L’épouse d’Affi N’Guessan. Je l’ai au téléphone, heureusement. Je lui ai dit, « maman, passez-moi votre mari ».
Hésitante qu’elle était, je la taquine. « Maman, ou vous faites chambre à part ? » Elle dit non ! Elle me le passe. Je dis : « Président Affi », je cite des noms, il est en vie. « Le président Gbagbo souffre d’un problème. Votre siège est la maison de Nady Bamba. Est-ce que vous pouvez rétrocéder cette maison ? ». Il dit : « Mais ce n’est pas possible. Nous, ce sont nos DG qui ont cotisé pour payer cette maison. Comment elle appartient à Nady Bamba ? » Je lui dit : « laisse tout ça, président. Fais-le au nom du président Gbagbo, je t’en prie. Pour sa santé en prison, fais-le pour lui ».
Il dit, « Okay. Comme elle m’a traduit en justice, demandez au président de me donner quelqu’un de confiance pour que le problème soit réglé devant un huissier ». Moi, j’étais content parce que j’avais réussi un exploit pour mon patron. Je vais donc dans la cellule du président Gbagbo.
Je dis « président, le problème est résolu. Demandez à Nady Bamba de nous donner un nom. Je vais le donner à Affi, il m’attend au téléphone ».
À la CPI, le président est obligé de se lever pour aller au téléphone, chez les gardes. Donc, ceux qui racontaient qu’il y a des appareils enregistrés, tout ça, c’est faux. Tout est surveillé à la CPI. Il est parti. Il a demandé le numéro. Il est venu. Il m’a donné un nom. Comment il s’appelle ? Ousmane Sy Savané, avec son numéro.
Voilà le nom que Nady Bamba a donné. Tout content, je vais au téléphone je dis à Affi Nguessan, « voici le numéro ». Le samedi, nous descendons dans la salle de visite, Nady Bamba est contente.
-«Merci Blé, la maison m’a été rétrocédée. Si je vends cette maison, je te donnerai ta part. – Je dis non, attention, je ne suis pas un agent immobilier ». Peut-être que c’est là ma faute. « Mais j’ai plutôt une commission à vous faire. Évitez d’aller prendre les problèmes dehors pour les emmener en prison. Ça fait souffrir le président. Vous ne savez pas ce qu’est la prison ».
Je dis aujourd’hui aux membres du PPA-CI, ce qui leur sert de siège aujourd’hui, c’est la seule commission que le président Gbagbo m’a faite. À partir de là, est-ce que je deviens l’ennemi ? Tout le narratif qui a été construit autour du président Gbagbo, c’était pour nous éloigner.
Avec le même conglomérat qui aujourd’hui désobéit à l’ordre du président Gbagbo et qui est en train de partir…Il y a Stéphane Kipré qui est parrainé par Nady Bamba avec tout leur groupe des anciens de UNG (une formation politique en Côte d’Ivoire).
C’est eux qui, aujourd’hui, sont venus nous diviser à la gauche. Regardez, Lida Kouassi est en prison. Damana Pickas est en prison. Koné Boubacar est en prison. Tous les camarades de gauche sont en prison. Le conglomérat de l’UNG est dehors. La gauche ivoirienne est victime d’un complot d’infiltration. Des gens qui ont mis en place un plan d’expropriation et un plan d’appropriation. Voilà ce dans quoi nous sommes.
En ce qui me concerne, le président Gbagbo n’a pas refusé de me recevoir. Je n’ai jamais voulu parler.
Nady Bamba m’a envoyé mon ancien directeur de cabinet. Quand on était en semi-liberté (à La Haye). Je cite des noms ce soir. Elle m’a envoyé Diaby Youssouf, qui vient me trouver à 3h du matin dans mon hôtel à La Haye. Il dit qu’il a été envoyé par Nady Bamba, qui lui dit me fait une commission que voici ; et les Ivoiriens doivent savoir ce soir. « Dit à Blé Goudé que tant que je suis en vie, il ne verra plus jamais Laurent Gbagbo de ses yeux. S’il l’a vu, c’est à la télévision. S’il l’a entendu, c’est à la radio.
Mais mieux, j’aurai dit pire, « dis-lui que tôt ou tard, j’aurai sa peau ». C’est la commission que Diaby Youssouf me fait. Et je lui ai dit, « mais, Diaby, tu as écouté aux portes ou bien on t’a vraiment envoyé. Parce que ce que tu dis est grave ». Il m’a dit que « c’est elle qui a même payé mon transport ».
C’est le programme de cette dame qui est en train de se dérouler sur moi. Au point que mes amis et moi, on ne peut pas se parler aujourd’hui. Voilà ce qui se passe. Pour le reste, je vous le dis. Et c’est, c’est la même chose. En 2009, il peut aller plus loin. Issa Sangaré Yéréso, il est en vie, je le cite. Il avait une émission qu’il animait qu’on appelle ‘‘En toute franchise’’, sur les antennes de la RTI 1. Je demande que Guillaume Soro désarme, parce qu’il a été nommé Premier Ministre. Il faut qu’en retour, il désarme. Vous savez ce qu’il s’est passé ?
Trois jours après cette interview, je suis convoqué par Nady Bamba. Chez elle, à la maison. J’y arrive, je trouve Guillaume Soro, Konaté Sidiki, Meïté Sindou. Je cite des noms. Je suis sur un banc d’accusé. Quelques minutes après, le chef de l’État de Côte d’Ivoire arrive. Me voici entre le premier ministre et le chef de l’État.
La dame prend la parole. « Blé, présente tes excuses à Guillaume Soro ». Je dis : « Pourquoi? » ; « Pourquoi tu lui as demandé de désarmer? Les armes qu’il porte le jour où ça tonne, ce ne sera pas contre Gbagbo. Tu ne sais pas de quoi tu parles ». Qui suis-je, devant le chef de l’État de Côte d’Ivoire, devant le premier ministre !
Je me mets à genoux et je demande pardon au premier ministre. Et je n’ai pas dormi toute la nuit. Les armes ont tonné en 2011. C’était contre qui? C’était contre les Ivoiriens. Le président Gbagbo a été arrêté. C’est de tout cela que moi, je ne veux pas parler.
Tout ce que je dis, si elle n’est pas d’accord, elle peut me traduire en justice. Je suis prêt pour ce procès, de vérité. Parce qu’on ne peut pas gâcher tout un combat comme ça. Toute ma vie, je n’ai fait que faire la prison. J’aime le président Gbagbo. Je n’ai rien contre le président… Je suis allé rencontrer le pasteur Dion, il est en vie. Je lui ai dit, « est-ce que vous pouvez approcher mon père (ndlr : Gbagbo)? Je veux parler avec lui ».
J’ai écrit une lettre que j’ai remise au professeur Hubert Oulaye ; ça n’a pas marché. Je me suis rapproché de tous les chefs départementaux coutumiers de Gagnoa (région du Gbagbo), avec à leur tête Boga Sivori. Ils sont allés rencontrer le président à ma demande.
Ils sont revenus, ils m’ont dit, « il dit que tu ne lui a rien fait, mais il s’organise pour te recevoir ». Je leur ai dit, « ce n’est pas vrai, ça va pas se passer. Parce que le programme d’une dame est en train de se dérouler ».
J’ai fait tout ce que je pouvais faire pour rencontrer le président Gbagbo. Les jeunes gens qui sont instrumentalisés sur les réseaux sociaux qui disent : « non, mais il n’a jamais demandé…. », Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Moi, je ne suis pas leur ennemi. Il y a un complot contre la gauche ivoirienne. L’opposition est aujourd’hui à terre, on ne peut rien faire….
Quand les principaux acteurs ne peuvent même pas s’adresser la parole. Des gens qui se réunissaient, qui concevaient, qui ont un parcours commun qu’ils ont connu dans la douleur de l’histoire de la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, qu’est-ce qui nous oppose fondamentalement ? Parce que l’autre a peur de m’approcher, parce que s’il m’approche, il ne peut plus avoir accès au président Gbagbo. Il y a un corridor qui a été installé avec un guichet unique. Si tu ne passes pas par-là, tu ne peux pas. Demandez-le leur, à eux tous. On se parle souvent en cachette. Voilà l’atmosphère qui a été créée.
En conclusion, je lance encore cet appel
Moi je demande pardon au président Gbagbo, si je l’ai choqué. Je ne sais pas ce que j’ai fait. Mais je pense que je peux encore lui apporter beaucoup. Mettons au-dessus de tout cela. Il demeure mon père. (…). Ça fait trois ans que je suis en Côte d’Ivoire, qu’on m’accuse de tous les maux d’Israël.
Je n’ai jamais voulu parler. Mais la rumeur, elle court, elle court. Le silence est d’or, c’est vrai. Mais le silence a souvent des relents de trahison et de complicité. Votre silence peut vous condamner, souvent.
C’est pourquoi je veux éclairer la lanterne des Ivoiriens. Il y a des souffrances silencieuses qui détruisent plus que les bombes. Je souffre de ma séparation d’avec le Président Gbagbo. Parce que j’ai beaucoup souffert avec lui. Je ne dis pas que j’ai souffert pour lui. Parce que moi, j’ai souffert pour mes idées, pour mon idéal que je portais. Les Ivoiriens sont témoins. À la Coupe Internationale, on ne s’est pas servi de moi pour condamner le président Gbagbo.
C’était là que ça se jouait, la fidélité. J’ai été fidèle. Mais quand on sort de là, parlant de cuisine, vous voyez moi en train de sortir de prison et je fais le tour d’un meeting pour dire oui, c’est moi qui suis… Non. !
Dès que nous sortons de prison, elle actionne les cyberactivistes sur les réseaux sociaux. « Ah oui, Gbagbo ne parle plus à Blé Goudé ». Moi j’essaie de nier, pour dire non, ce n’est pas vrai, parce que je veux protéger l’image du monsieur. Et puis, des paroles sortent.
« Non, ce n’est pas lui qui cuisinait ». J’étais obligé de rétablir la vérité, comme je le fais ce soir. Je ne veux pas commenter les propos du président Gbagbo. Je m’interdis ça. Je dis qu’il a tous les droits sur moi. Je lui donne tous les droits sur moi.
Mais les souffleurs de café à côté, je ne veux pas. Vous savez, quand on a renvoyé ta maman à la maison, pour ceux qui ont grandi dans les cours, la nouvelle épouse qui arrive, son enfant avec qui vient, il vole même la viande dans la sauce, ils savent que c’est lui, mais toi dont la mère est partie, c’est toi qu’on va accuser, comme le petit voleur.
Et tu es en souffle, et tu ne peux rien dire. Et papa ne peut rien dire. On a vécu ça, moi j’ai vécu tout ça. Donc, je comprends, mais accepter que je ne commande pas les propos du président Gbagbo, mais ce conglomérat-là, est en train de détruire notre combat. Voilà ce que je dis ». Charles Blé Goudé.
Sur la page ‘‘ Nady Bamba’’
«Ils veulent faire passer Nady Bamba pour une femme qui commande tout, même dans son couple-en d’autres termes, une femme “insoumise”. Mais au contraire, quand une femme prend soin de son mari et qu’elle est respectueuse, ça se voit immédiatement. Une femme exemplaire ne marche jamais devant son mari.
Quant à ceux qui disent que Nady doit aller sur un plateau télé pour confirmer ou infirmer les propos de Blé Goudé, qu’ils sachent que, normalement, cela n’arrivera pas. Avant de répondre à une provocation, il faut d’abord comprendre l’objectif du provocateur. Et dans ce cas précis, le provocateur cherche un affront direct avec madame Gbagbo. Malheureusement pour lui, il ne l’aura pas…», réaction clairement exprimée, le 26 novembre 2025.
Une situation que Mamadou Koulibaly ex-compagnon de Gbagbo, résumé simplement ainsi : « Ah, on découvre seulement maintenant que dans cette grande crise (le mélodrame), tout le monde mentait et jouait un rôle (le bal masqué).
Et il y a même des gens assez naïfs pour avoir été sincères et transparents dans cette mascarade générale, ce qui les a mis en mauvaise posture…». La de Charles Blé Goudé continue de faire des vagues. Suscitant au passage quelques réactions dont celle de Konaté Sidiki, compagnon de l’ex Premier ministre Ivoirien Guillaume Soro.
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