Les agents de la Brigade de Recherche et d’Investigation (BRI) d’Atakpamé et du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF), en collaboration avec EAGLE-Togo, ont arrêté le 5 juin 2025, à Talo, quartier périphérique de la ville d’Atakpamé, trois présumés trafiquants en possession d’une grosse défense d’éléphant qu’ils s’apprêtaient à vendre.

Arrêtés pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale d’ivoire d’éléphant, une espèce intégralement protégée par les lois nationales et la convention CITES, les nommés A. Salam, H. Soulemane et A. Djerilou ont d’abord été placés en garde à vue avant d’être présentés au procureur près le tribunal de Grande instance d’Atakpamé, puis déférés le 10 juin 2025 à la prison civile d’Atakpamé. Ils encourent une peine de prison allant d’un à cinq ans et une amende d’un million à 50 millions de francs CFA, s’ils sont jugés.
Les présumés trafiquants, tous de nationalité Togolaise, sont impliqués dans un réseau criminel international très organisé. Ils faisaient passer en contrebande, les défenses d’éléphants à travers les frontières de la sous-région, notamment du Ghana d’où provient la gigantesque défense d’éléphant.
Pour acheminer la grosse défense d’éléphant à Atalo, les trafiquants présumés l’ont mis dans un sac à céréales, sous forme de colis. Le fournisseur, membre d’un réseau de braconniers dans la faune, a transporté l’ivoire à dos d’une moto depuis la frontière Togo- Ghana pour la région centrale du Togo aidé par ses deux complices.
A trois, ils ont selon eux, pris la route pour la ville d’Atakpamé avec l’ivoire à bord d’une voiture, jusqu’au lieu de la livraison. Le principal fournisseur faisant partie des interpellés, a avoué être l’auteur de l’abattage de l’éléphant dont il détenait la défense pour vendre à un prix de plus de trois millions de francs CFA.

Selon Soulemane H., la pointe d’ivoire appartient à Salam et qu’ils devaient la vendre à plus de trois millions de francs CFA. Salam a lui reconnut être le propriétaire que l’ivoire qu’il a convoyé de Pagala pour la transaction à Atakpame et d’ajouter que les vrais propriétaires de l’ivoire sont au Ghana.
Le trafic d’espèces en voie d’extinction, comme dans de nombreux autres pays, est un problème grave qui menace la biodiversité et les écosystèmes. En effet, le trafic illégal des espèces protégées contribue à la diminution rapide des populations de certaines espèces animales et végétales, ce qui peut entraîner leur extinction.
Ce trafic est souvent alimenté par des réseaux criminels organisés et est lié à d’autres formes de criminalité, comme le trafic de drogue, le braconnage, car la destruction des espèces protégées détruit non seulement l’équilibre de l’écosystème, mais est aussi dangereuse pour le pays qui ne peut plus bénéficier de l’économie touristique.
Au Togo, le commerce illégal d’animaux sauvages, notamment les éléphants pour leur ivoire, est particulièrement préoccupant, car les efforts pour lutter contre ce fléau ont nécessité des mesures que le gouvernement a prises pour renforcer la législation, organiser des campagnes de sensibilisation, ainsi que des collaborations internationales pour traquer et démanteler les réseaux de trafiquants, surtout que le commerce international de l’ivoire est déclaré illégal depuis 1989, mais que les populations d’éléphants d’Afrique continuent de décroître.
Le Togo a également adopté un code forestier et a intensifié ses efforts pour saisir des stocks d’ivoire en provenance d’autres pays. Le nouveau code pénal renforce la protection de la faune et de la flore à travers son article 761, qui punit de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de cinquante millions de francs CFA toute personne commercialisant illégalement une espèce animale protégée. Toutefois, le Togo demeure une plaque tournante pour le transit illicite de l’ivoire.

En conséquence, le pays a perdu plus de 80 % de ses éléphants en raison du braconnage. Des inventaires menés par le WWF et ses partenaires dans certains pays africains, dont le Togo, révèlent une diminution de plus de 70 % des populations d’éléphants en l’espace de dix ans.
Selon le coordinateur national d’EAGLE-Togo, « l’éléphant ne dérange pas l’être humain, mais c’est plutôt ce dernier qui provoque l’éléphant voire le menace en occupant son habitat naturel. Si vous présumez un quelconque dérangement d’une espèce animale protégée comme l’éléphant, vous ne pouvez que le signaler aux services compétents pour des dispositions nécessaires à prendre. Tuer cette espèce animale et avoir l’ingénieuse idée et le matériel à l’appui, d’enlever sa défense en ivoire pour la vente, confirme votre qualité de trafiquant majeur et la loi vous en sera sévèrement appliquée. »
Malgré les mesures juridiques existantes, le braconnage des éléphants continue d’augmenter et le pays demeure un point de transit majeur pour le commerce illégal d’ivoire. Pourtant, le commerce illégal des espèces sauvages menace la survie de nombreuses espèces, y compris les éléphants.

Le braconnage et le trafic d’espèces sauvages ne sont pas seulement des crimes contre la faune, mais aussi contre l’environnement dans son ensemble. La disparition des espèces clés comme les éléphants perturbe gravement les écosystèmes. Ces animaux jouent un rôle crucial dans la dispersion des graines et le maintien de la biodiversité végétale.
Outre le braconnage, deux autres facteurs contribuent à la baisse drastique des populations d’éléphants : l’accroissement du trafic illégal d’animaux en raison de la forte demande internationale pour l’ivoire, et l’exploitation abusive des ressources naturelles nécessaires aux éléphants, due à l’agriculture industrielle et à l’occupation anarchique de leur habitat.
Il est à noter que cette arrestation fait suite au procès de quatre trafiquants d’ivoire, dont deux Togolais et deux Burkinabè, arrêtés en juin 2024. Jugés, ils ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de trente-six mois, dont vingt-quatre avec sursis, par le Tribunal de Grande Instance de Kara, le 9 octobre 2024.
La lutte contre le braconnage des éléphants relève des compétences des autorités qui, d’une part, ont ratifié des textes nationaux et internationaux sur la protection des espèces menacées et, d’autre part, ont mis en place des services dédiés à la protection de la faune et de la flore sauvages afin de contrer efficacement le commerce international d’ivoire.
Le trafic d’espèces sauvages génère d’énormes profits illégaux pour des organisations criminelles complexes, souvent responsables de l’abattage, du transport et de la commercialisation de produits illégaux issus des espèces sauvages.
Ledebativoirien.net
avec Nicolas Koffigan E. ADIGBLI
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