Aux funérailles en pays Gouro, la famille endeuillée et les amis proches doivent s’imbiber de kaolin ou se tremper de la boue pour manifester leur douleur ou exprimer leur attachement au défunt. Cela s’accompagne de chants, de danses, des pleurs, des acrobaties, les déchirures de la peau et même des brûlures. Les femmes font surtout des manifestations de danse ‘‘Woly’’ en pleurant. Ledebativoirient.net a reçu différents témoignages à ce propos.
Selon la tradition Gouro, lorsque la mort frappe de façon brusque, on avertit les plus sages pour annoncer le deuil aux membres de la famille du défunt ainsi qu’à ses amis proches. Pour les sœurs, les cousines, les nièces et les tantes, c’est les maris qui sont avertis. Car c’est de la responsabilité des maris d’annoncer à leurs épouses la perte d’un être cher de leur famille. Ainsi ils les accompagnent dignement aux funérailles.
Une fois que la femme est mise au courant du malheur, elle doit manifester sa tristesse au lieu de deuil, le même jour avant de revenir dans son foyer. Mais avant d’arriver sur les lieux du malheur, elle doit se tremper de la boue ou du caolin. Une fois proche des lieux, elle doit se mettre à crier en pleurant souvent même en chantant, sautant et faisant des acrobaties, se tordant de douleur et de tristesse. Elle peut même se déchirer la peau et se brûler en se frottant avec de la braise et aussi se gratter le visage.
Tout cela, à la hauteur et à la valeur du regretté. Chaque matin très tôt, avant la lumière du jour, les parents les plus touchés sillonnent le village en pleurant avant la lumière du jour. Tous ces faits et gestes, juste pour témoigner leur attachement au défunt. Ne dit-on pas qu’en Afrique les morts ne sont pas morts, ils doivent constater que les vivants les ont aimés, traduit par leur grande amertume manifestée par tous ces gestes décrits plus haut.
Deux jours avant l’enterrement, les femmes doivent partir chercher l’illustre disparu dans les villages voisins. Elles profitent de l’occasion pour inviter les autres femmes à venir aux funérailles. Là-bas elles sont accueillies et reçues matériellement et financièrement. Une fois que le corps est mis sous la tente funèbre, chaque membre doit faire des dons aux enfants et aux autres membres de la famille éplorée. En ce moment, on forme un grand cercle sous l’arbre à palabres au vu et su de tous. Et chacun exprime haut et fort ce qu’il a fait comme dons aux funérailles de son parent, de son beau ou de son ami.
Ce jour là, les gendres sont à l’honneur. C’est le lieu pour eux de se faire valoir aux funérailles d’un parent proche de leur femme. Même si le défunt a des garçons pour organiser ses funérailles, le gendre doit réagir dignement. Il doit honorer sa femme avec un bœuf où un cercueil de valeur avant de mettre une importante somme d’argent à la disposition de sa femme. C’est symbolique et même plus important que la dot. Cela contribue au poids de la dot.
Par ailleurs, le veuf ou la veuve doit être lavée selon la culture par les initiés où tous les secrets seront dévoilés. »Ce jour là, tu dois obligatoirement révéler ce que tu as fait en mal comme en bien du vivant de ton conjoint ou ta conjointe. Un secret caché peut occasionner un malheur sur ta vie après les funérailles » dit un sage notable interrogé.
Avant l’enterrement, au cours de la veillée funèbre, une danse sera dédiée à la dépouille. C’est une occasion de montrer comment de son vivant, il comptait pour ses parents. Les funérailles se terminent par une danse sans tamtam appelé le ‹‹ Wouly », c’est-à-dire, gestes des pleures ; certaines femmes chantent et d’autres dansent en pleurant si elle le désir. L’adieu est donc fait dans la joie au disparu qui peut reposer en paix, sachant qu’il a été aimé de son vivant, en pays Gouro.
HORTENSE LOUBIA KOUAME
ledebativoirien.net
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