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Désignation d’infrastructures en Côte d’Ivoire : Daniel Kablan Duncan  le Grand oublié de la République

Désignation d’infrastructures en Côte d’Ivoire : Daniel Kablan Duncan  le Grand  oublié de la République; Ledebativoirien.net

En Côte d’Ivoire, si le nom du père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, mène la course en tête concernant la dénomination des infrastructures, il est fortement talonné par celui du président actuel, Alassane Dramane Ouattara, comme on peut en juger :  Pont Félix Houphouët Boigny D’Abidjan / Pont Alassane Ouattara de Cocody, Université Félix Houphouët-Boigny D’Abidjan / Université Alassane Ouattara de Bouaké, stade Félix Houphouët Boigny D’Abidjan / Stade Olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé.

L’aéroport d’Abidjan porte le nom du président Houphouët, de même le boulevard Giscard d’Estaing a été rebaptisé boulevard Félix Houphouët Boigny. Il n’est pas exclu que d’ici cinq ans, une ou deux autres grosses infrastructures, portent le nom du président Ouattara. On aura alors une égalité parfaite.

Hormis ces deux présidents, d’autres ouvrages portent aujourd’hui le nom d’illustres fils de ce pays. Entre autre le Pont Henri Konan Bédié d’Abidjan du nom de l’ancien président, les stades Amadou Gon Coulibaly de Korhogo, et Charles Konan Banny de Yamoussoukro, deux anciens premiers ministres, le stade Laurent Pokou de San Pedro, une ancienne gloire du foot ivoirien, et plus récemment le camp militaire Ouattara Thomas d’Aquin d’Abidjan Port-Bouët (ex camp de l’armée française), du nom du premier chef d’Etat-major de l’armée. C’est justice que de telles infrastructures portent ces noms.

A cet effet un nom semble manquer à l’appel. L’homme est vivant, c’est un travailleur acharné, et sa contribution à la construction de ce pays est admise par tous. Il fut ministre des Finances (1990-1993), premier ministre (1994-1999), ministre des Affaires étrangères (2011-2012), de nouveau premier ministre (2012-2017) et enfin Vice-président (2017-2020).

Daniel Kablan Duncan, il s’agit de lui. Travailleur, honnête, humble, il ne court pas après les honneurs, et reste très respecté des Ivoiriens.  Ce sera justice qu’une grosse infrastructure porte son nom. La voie express Abidjan-Assinie pourrait convenir, dans la mesure où il est fils de cette région.

Concernant le quatrième pont d’Abidjan, selon les premières informations, le président Ouattara avait dans un premier temps envisagé de lui donner le nom de l’ex premier-ministre Amadou Gon Coulibaly, suite à sa disparition brutale en 2020. Puis est intervenue la décrispation politique, lorsqu’il a reçu l’ex président Laurent Gbagbo au palais présidentiel le 27 Juillet 2021. Des informations ont alors fait état de ce que le président Ouattara aurait pris la décision d’attribuer son nom au quatrième pont. La question a semble-t-il été abordée sous forme de boutade par le président Gbagbo durant la rencontre.

 Cependant les relations se sont détériorées entre les deux hommes dans le sillage de la récente présidentielle. Lorsque le président Gbagbo s’est mis à dénoncer le « quatrième mandat », parlant  « d’une forfaiture, qui ne se produira jamais », le président Ouattara serait alors revenu sur sa décision d’attribuer son nom à l’infrastructure, selon certains. Depuis, les choses semblent figées. L’ouvrage a été déclaré achevé, mais n’a pas encore été inauguré formellement.

On peut penser que si une décrispation du climat politique intervient, il n’est pas exclu que l’ouvrage porte enfin le nom de l’ex-président Laurent Gbagbo. Mais cette description semble hypothétique aujourd’hui. Car quand bien même ses partisans qui ont été mis aux arrêts au cours des évènements liés à la présidentielle d’Octobre, seraient libérés, cela ne débouchera pas forcément sur une détente du climat politique.

En effet le président Laurent Gbagbo a annoncé le 08 Décembre dernier avoir saisi la CPI pour que  » toutes les responsabilités soient établies sur les violences intervenues durant son mandat, y compris la crise postélectorale de 2010-2011″. Pour lui,  » le camp Ouattara doit être désormais jugé « . Une démarche qui semble surtout symbolique, mais qui va encore alourdir le climat politique. Va-t-elle écarter pour toujours l’attribution de son nom au quatrième pont d’Abidjan ? Sans présager du futur, on peut penser que les choses vont dans ce sens.

Le quatrième pont a accumulé plusieurs déconvenues. Débuté en Juillet 2018, il devrait être livré en Septembre 2000. Mais il est déclaré achevé en Juillet 2024, soit après environ quatre années de retard. En outre, deux composantes de l’ouvrage manquent à l’appel, il s’agit du tunnel au niveau de la mairie d’Adjamé, et du pont sur l’avenue 13 de la commune.

Contrairement aux troisième et cinquième ponts d’Abidjan qui ont globalement été réalisés dans les délais et sans surcoûts, le quatrième pont a enregistré un dépassement de 12 milliards sur le budget initial, passant de 142 milliards à 154 milliards FCFA. Enfin le nom que doit porter ce pont pose problème aujourd’hui. On pourrait se demander quel « mauvais génie » a soufflé sur ce projet ? Pourquoi est-ce si compliqué d’attribuer un nom à l’ouvrage ?

Quoi qu’il en soit, pour avoir dirigé le pays pendant une décennie, le président Laurent Gbagbo mérite qu’une grosse infrastructure (pas une petite ruelle de quartier) porte son nom, même si son bilan reste controversé. Cette initiative contribuera beaucoup plus à la réconciliation nationale que tous les discours et accolades de façade qui pourraient survenir ultérieurement.  Elle apaisera certainement les cœurs.

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