Définitivement acquitté par la Cour pénale internationale le 31 mars dernier, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo rentre à Abidjan jeudi 17 juin, après dix ans d’absence. Il y retrouvera Alassane Ouattara, son adversaire de longue date, au parcours très différent du sien. Portrait croisé de deux acteurs majeurs de la Côte d’Ivoire post-Houphouët-Boigny.
Le 13 septembre 1988, Laurent Gbagbo rentre de son premier exil. Il rencontre Félix Houphouët-Boigny qui tente de l’amadouer : « L’oiseau ne se fâche pas contre l’arbre ». Voilà pourtant déjà prêt de vingt ans que cet homme à la carrure solide mord les mollets du « père de l’indépendance ».
Leur formation: l’historien marxiste contre l’économiste libéral
Il s’y construit une solide culture politique, penche pour l’analyse marxiste et se rapproche des mouvements de gauche, où il lie de solides amitiés. Rentré au pays, il enseigne et embrasse la lutte syndicale dans un pays verrouillé par un parti unique, le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire). Gbagbo devient, en 1974, chercheur à l’Institut d’histoire d’art et d’archéologie de l’université d’Abidjan (IHAA), puis soutient une thèse de doctorat, en 1979, à l’université Paris VII sur le thème « Les ressorts sociaux-économiques de la politique ivoirienne, 1940-1960 ». En 1980, il devient directeur de l’IHAA.
De quatre ans son aîné, Alassane Ouattara est né à Dimbokro, dans le centre du pays. Issu d’une famille aisée et commerçante du Nord, il est malinké et musulman. Cet héritage le pousse à s’intéresser à l’économie. Il passe son bac à Ouagadougou, étudie aux États-Unis, obtient en 1967 son master à l’université de Pennsylvanie, suivi d’un doctorat en 1972. Il travaille déjà au Fonds monétaire international (FMI), qu’il quittera pour intégrer la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Libéral, il croit au multilatéralisme, aux institutions de Bretton Woods, au sérieux budgétaire et à l’alliance de la Côte d’Ivoire avec ce qui est encore le camp occidental.
Leur parcours: le syndicaliste opiniâtre contre le technocrate brillant
Au début des années 1980, la crise économique et la chute des cours des matières premières referment la page du « miracle économique » ivoirien. L’État manque d’argent, la jeunesse remue, dénonce un régime autocratique. Sur les campus, Laurent Gbagbo est au cœur du mouvement à la direction du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement (SYNARES), aux côtés de sa compagne et fervente militante, Simone Ehivet, qu’il épousera en 1989.
À la même époque, Alassane Ouattara fait lui des allers-retours entre deux institutions, le FMI et la BCEAO, entre Washington et Abidjan, toujours en grimpant les échelons. En octobre 1988, il devient ainsi directeur de la banque sous régionale. S’il ne fait pas de politique active, il est l’un des principaux représentants de la Côte d’Ivoire à l’échelle internationale et son profil rassurant lui vaut les bonnes grâces du chef de l’État ivorien.
L’année 1990 est un tournant dans l’histoire du pays : pour la première fois, un opposant fait face à Félix Houphouët-Boigny lors de l’élection présidentielle. Le score de Laurent Gbagbo est symbolique, 18,3%, mais l’installe dans le paysage politique. Il dénonce des bourrages d’urnes. Le FPI est légalisé. Il entre au mois de décembre à l’Assemblée avec huit autres membres de son parti. Député et opposant, il combat à chaque instant un système de plus en plus fragile, au fur et à mesure que Félix Houphouët-Boigny décline, et que la querelle de succession s’envenime entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
Le technocrate a en effet été appelé au chevet de l’économie ivoirienne. Il devient Premier ministre en 1990 – la fonction vient d’être créée – et mène une politique d’assainissement des finances publiques par une austérité destinée à éviter la cessation de paiement. La marge politique laissée aux opposants est encore réduite : le 18 février 1992, une manifestation à l’appel du FPI et d’autres organisations dégénère. Laurent Gbagbo est arrêté et condamné à deux ans de prison avec d’autres personnes, en vertu d’une nouvelle loi «anti-casseurs», élaborée par le gouvernement Ouattara. Sa combativité lui vaut le surnom du «woody» de Mama, que l’on peut traduire par le «téméraire». Il est finalement libéré au mois d’août suivant, mais cette incarcération laisse des traces. Simone Gbagbo notamment, se plaint des mauvais traitements infligés en détention et en gardera une rancœur certaine contre celui qui deviendra le grand rival de son époux.
Leur relation : l’alliance contre Bédié, puis la rivalité exacerbée
Son mandat néanmoins est une suite de crises, jusqu’au 24 décembre 1999. Le père Noël porte un treillis. Le général Robert Gueï mène un putsch et décrète venir « pour balayer la maison ». Laurent Gbagbo « prend acte » même s’il se dit « opposé aux coups de force ». Le FPI fait son entrée, aux côtés du RDR, au sein d’un gouvernement de transition.
Les deux leaders appellent à voter « oui » au référendum constitutionnel de juillet 2000, qui entérine pourtant dans son article 35 le concept d’« ivoirité ». Il stipule que les candidats à la présidence de la République doivent « être Ivoirien de naissance, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens ». « Je suis visé par la Constitution, mais je ne me sens pas concerné, affirme Alassane Ouattara, cette Constitution nous permettra de sortir du régime d’exception. » Le texte adopté, il sera empêché de concourir à la présidentielle du 22 octobre, de même que Bédié, mais pas Gbagbo, qui en est le vainqueur malgré la tentative de Robert Gueï de faire dérailler l’annonce des résultats.
Durant dix ans, c’est le jeu du chat et de la souris : le RDR participe aux gouvernements d’ouverture formés à l’issue de multiples réunions, accords, tractations, tandis qu’une nouvelle mutinerie se transforme en rébellion les 19 et 20 septembre 2002. Alassane Ouattara, craignant pour sa vie, se réfugie à l’ambassade de France, tandis que Laurent Gbagbo rentre précipitamment d’Italie. Le pays sera coupé en deux pendant plusieurs années, les violations des droits humains commises par les forces loyalistes et les groupes rebelles se multiplient, les victimes se comptent par centaines.
Ni les accords de Marcoussis, ni ceux d’Accra, ni ceux de Pretoria, ne mettent un terme au conflit. L’élection présidentielle, prévue en 2005, est reportée à six reprises. Autant que le « woody de Mama », Laurent Gbagbo devient le « boulanger », celui qui roule ses adversaires dans la farine. Finalement, le 4 mars 2007, un accord signé à Ouagadougou sous l’égide de Blaise Compaoré, permet une accalmie.
Le paroxysme : la crise de 2010-2011
La Commission électorale annonce, en deux temps, le succès d’Alassane Ouattara. Le Conseil constitutionnel, celui de Laurent Gbagbo. Chacun accuse l’autre organisme d’être aux mains de son adversaire. La communauté internationale, elle, fait son choix et certifie la victoire de l’ancien Premier ministre. Jusqu’au 11 avril, les Ivoiriens vivent avec deux présidents et deux gouvernements, jusqu’à ce qu’une ultime offensive aboutisse à l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril. La séquence filmée montrant l’ancien président en chemisette et son épouse en chemise de nuit, cheveux hirsutes et regard apeuré, fait le tour du monde, et heurte jusqu’à certains adversaires de Gbagbo. Quatre mois et demi plus tard, il est envoyé aux Pays-Bas et débute son marathon judicaire devant la CPI, tandis qu’Alassane Ouattara promet la « réconciliation » et le rebond économique d’un pays à l’arrêt depuis vingt ans. La crise post-électorale a fait 3 000 morts. Les familles des victimes demandent encore des condamnations.
Les relations avec la France : un lien contrarié pour l’un, solide pour l’autre
Tout au long de la guerre civile, Laurent Gbagbo et ses amis n’auront de cesse de dénoncer un « double jeu » de la France, qui ne respecterait pas les accords de coopération, protégerait les rebelles sous couvert d’une sauvegarde du statu quo. De même, la France serait jalouse de ses intérêts économiques, voudrait se débarrasser de Laurent Gbagbo, président en quête de nouveaux partenaires. Chirac serait simplement la continuation des réseaux Foccart et de la « Françafrique ». À l’Élysée, on s’agace du caractère frondeur du « woody », du changement de discours permanent, comme lorsque l’accord longuement discuté à Marcoussis en 2003 est dès le lendemain qualifié de « simples propositions » par le président ivoirien.
Début novembre 2004, alors que l’armée loyaliste pense obtenir un succès militaire décisif sur les rebelles, la donne change après l’attaque du camp militaire français de Bouaké. L’ambassadeur de France de l’époque Gildas Le Lidec, certifie avoir rencontré le soir même un Gbagbo « hébété » et ne croit pas qu’il soit derrière l’opération. Le chef de l’État niera à plusieurs reprises toute implication, soulignant n’avoir « aucun intérêt » dans l’affaire. De fait, en représailles, son aviation est détruite, et une colonne de blindés français arrive devant son domicile le lendemain (une erreur de parcours, selon la version française). De nouvelles manifestations anti-françaises ont lieu, des militaires français tirent sur la foule en colère, le 9 novembre, faisant près d’une soixantaine de morts. Les manifestations auront pour conséquence un départ massif de ressortissants français et occidentaux, et l’effondrement du tissu économique. On dit qu’à la fin de son mandat, Jacques Chirac ne répondait même plus aux appels de Laurent Gbagbo.
À l’Élysée, c’est Nicolas Sarkozy qui s’est installé. Et s’il ne montre pas de défiance vis-à-vis de Laurent Gbagbo, il entretient depuis une quinzaine d’années une relation d’amitié avec Alassane Ouattara. Les deux hommes se sont rencontrés par l’intermédiaire de Martin Bouygues, autre grand ami du président français à qui le Premier ministre d’Houphouët avait concédé la gestion de l’eau et de l’électricité, au début des années 1990. En 2010, durant la campagne, Alassane Ouattara ne manque pas de souligner sa proximité avec Nicolas Sarkozy – il passe régulièrement à l’Élysée –, mais aussi avec Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn. « Si j’ai cinq ou six vrais amis dans le monde, il en fait partie », déclare-t-il à L’Express. Et pour cause, les «Balladuriens», dès les années 1990, le soutenaient contre Bédié, réputé proche de Jacques Chirac.
La crise post-électorale voit la France, comme l’ensemble de la communauté internationale, soutenir Alassane Ouattara. Devant la CPI, lors de son procès, Laurent Gbagbo accusera les forces spéciales françaises d’avoir directement mené son interpellation, quand les militaires pro-Ouattara ne parvenaient à « brêcher » définitivement les murs de sa résidence.
La personnalité : le tribun flamboyant contre l’organisateur du parti
Si Alassane Ouattara, lui, jouit d’une popularité sans partage auprès de ses militants, il le doit à la construction patiente de son parti. RDR dans les années 1990, RHDP depuis 2015, sa formation maille le territoire ivoirien. D’abord le Nord, où il est incontournable, mais aussi le centre et le Sud où il dispute l’héritage houphouëtiste au PDCI d’Henri Konan Bédié. C’est d’ailleurs du père de l’indépendance que se revendique Alassane Ouattara sans fard, pour souligner une hauteur de vue, un sens du devoir au service du pays, réel ou supposé. Il met en avant ses projets de développement, d’infrastructures, ses résultats macro-économiques, et de fait, depuis dix ans, le béton ne cesse de couler à Abidjan, les investisseurs et les partenaires étrangers lui font confiance, le pays emprunte à des taux historiquement bas, et retrouve son rôle de porte d’entrée incontournable dans la sous-région. Ses contempteurs rappellent que la croissance et le développement ne sont pas obligatoirement des synonymes.
Les épouses : la militante contre l’entreprenante
Chez Dominique Ouattara, la politique tient davantage de la conséquence d’une union que de la cause commune. Française née en Algérie, elle étudie l’économie avant de découvrir la Côte d’Ivoire en 1975 au bras de son premier mari, Jean Folloroux, un enseignant qui décèdera dix ans plus tard. Elle reste néanmoins au pays, où elle s’est lancée dans l’immobilier, via l’entreprise AICI. Elle gère les biens de la famille Houphouët-Boigny. Son agence prospère aussi en France, à partir de la fin des années 1980, notamment dans les quartiers riches de l’ouest parisien. Elle est déjà en couple avec Alassane Ouattara, qu’elle épouse en 1991, alors qu’il est Premier ministre.
Laurent Gbagbo, l’infatigable combattant
Laurent Gbagbo, qui a été définitivement acquitté en mars par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye des accusations de crimes contre l’humanité, doit atterrir jeudi à Abidjan. Il avait été arrêté en avril 2011, lors de la crise postélectorale qui a duré cinq mois et pendant laquelle plus de 3 000 personnes ont été tuées. L’ancien président de la Côte d’Ivoire aura triomphé de multiples combats au cours de sa longue et tortueuse carrière.
Militant syndical
À 76 ans, Laurent Gbagbo, sous des airs bonhommes, cache une volonté de fer et une énergie féroce. Il a beaucoup appris de ses longues années d’opposition face au président Félix Houphouët-Boigny (mort en 1993), le « père de la Nation », longtemps premier relais de la France en Afrique subsaharienne. Né le 31 mai 1945, éduqué au séminaire et historien de formation, Laurent Gbagbo irrite rapidement le pouvoir par son activisme syndical.
Incorporé de force, emprisonné, il s’exile en France dans les années 1980, après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI). Membre de l’ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir, il se lance ouvertement en politique en 1990 avec les premières élections marquées sous le signe du multipartisme : il devient alors le chef de l’opposition.
Le 18 février 1992, alors que le pays est marqué par des manifestations étudiantes, le Premier ministre Alassane Ouattara fait arrêter Laurent Gbagbo. Il est condamné à deux ans de prison, avant d’être libéré en août de la même année.
Habile vs. roublard
Derrière cette tentative de putsch, il voit la main d’Alassane Ouattara, qui dément. Celui qui se définit comme « l’homme du peuple » s’appuie sur ses jeunes partisans, les « patriotes », qui enflamment la rue. Les soldats français de la force Licorne tentent de maintenir un cessez-le-feu précaire tandis que Paris joue le rôle de médiateur pour essayer d’amorcer un processus de réconciliation. En vain.
L’armée ivoirienne lance en novembre 2004 une offensive pour reprendre le Nord. Jacques Chirac, président français de l’époque, tente de dissuader Laurent Gbagbo de toute intervention sans y parvenir. Le 6 novembre, l’armée ivoirienne bombarde des soldats français basé à Bouaké, fief des rebelles du Nord. L’armée française riposte et neutralise l’aviation ivoirienne. La tension est vive à Abidjan, où les pro-Gbagbo prennent la communauté française pour cible. Si Laurent Gabgbo échoue à reconquérir militairement le nord, il se pose en héros de la fierté africaine face à la France.
Un accord de paix est finalement signé en 2007 avec les rebelles de Guillaume Soro. Mais le processus politique reste bloqué avec pas moins de six reports de l’élection présidentielle, finalement fixée en 2010. Laurent Gbagbo se lance alors dans la course et retrouve au second tour Alassane Ouattara, qui a engagé une opération militaire pour le chasser du palais présidentiel.
Animal politique
Encerclé dans sa résidence présidentielle d’Abidjan avec son épouse Simone son fils Michel et une poignée de fidèles, Laurent Gbagbo « se battra jusqu’à son dernier souffle », a prévenu l’un de ses proches au tout début de la crise post-électorale. Le 11 avril 2011, alors que les combats font rage depuis une dizaine de jours dans le quartier de Cocody, les soldats pro-Ouattara avancent au sol, appuyés par l’armée française et la Mission des Nations Unies (Onuci) et arrêtent Laurent Gbagbo. Il est conduit à l’Hôtel du Golf, quartier général et siège de campagne d’Alassane Ouattara, avant d’être transféré dans le nord du pays où il est assigné à résidence pendant huit mois, avant d’être transféré à La Haye. Le 21 mai, Alassane Ouattara est investi. Il sera réélu en 2015.
Devant la CPI
À Abidjan, l’épouse de Laurent Gbagbo, Simone, contre laquelle la CPI a également émis un mandat d’arrêt en 2012, est condamnée en mars 2015 à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État. Accusée de « crime contre l’humanité », « crime contre les prisonniers de guerre » et « crimes contre les populations civiles », elle est acquittée le 28 mars 2017 lors d’un nouveau procès, une décision cassée par la Cour suprême. Elle est finalement libérée en août 2018, après une amnistie présidentielle pour favoriser la réconciliation nationale.
L’acquittement
Le 15 janvier 2019, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont acquittés par la CPI. En février, ils sont libérés sous conditions, avant un éventuel procès en appel. En novembre, la justice ivoirienne condamne en appel par contumace Laurent Gbagbo à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Charles Blé Goudé est condamné le mois suivant à 20 ans de prison pour des crimes commis pendant cette crise.
Au printemps 2021, les législatives sont marquées par le grand retour dans le jeu électoral du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, qui boycottait tous les scrutins depuis son arrestation. Le parti au pouvoir remporte les législatives, mais perd la majorité qualifiée. Le 31 mars 2021, la CPI confirme définitivement les acquittements de Laurent Gbagbo et Blé Goudé et lève les restrictions à leur libération. Quelques jours plus tard, le président Ouattara donne son feu vert au retour de son rival en Côté d’Ivoire.
Acquitté par la justice internationale, l’ex-président Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est attendu jeudi 17 juin 2021 dans son pays qu’il avait été contraint de quitter il y a dix ans, un retour permis par son acquittement de crimes contre l’humanité par la justice internationale et par le feu vert de son rival le président Alassane Ouattara, au nom de la « réconciliation nationale ».
Laurent Gbagbo, 76 ans, rentre par un vol régulier venant de Bruxelles où il vit depuis son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, confirmé en appel le 31 mars. L’atterrissage est prévu à 15H45 (locales et GMT) à Abidjan. Il sera accueilli au pavillon présidentiel de l’aéroport, mis à sa disposition par le chef de l’Etat, par des dirigeants de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI). Plusieurs dizaines de notables devraient être présents.
Après son arrivée, l’ex-président se rendra dans le quartier d’Attoban, où se trouve son ancien QG de campagne pour l’élection présidentielle de 2010, selon un communiqué du FPI qui invite « les membres de la direction du parti » à s’y rendre pour l’accueillir. Entre l’aéroport situé dans le sud d’Abidjan et Attoban dans le nord, son cortège traversera plusieurs quartiers où la foule devrait pouvoir se masser pour l’acclamer. « Il n’y a pas eu de consignes de restriction » des rassemblements de la part du gouvernement, a dit à l’AFP Justin Katinan Koné, porte-parole de Laurent Gbagbo.
Le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly a confirmé mercredi que « s’il y avait une quelconque interdiction, elle serait rendue publique ». Il a ajouté que Laurent Gbagbo aurait « droit à tout ce à quoi il a droit », laissant entendre cependant qu’aucun ministre ne serait présent à l’aéroport.
« L’exécutif jouera son rôle »
« Union sacrée » –
A l’opposé, ses adversaires estiment toujours qu’il a précipité son pays dans le chaos en refusant sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Ce refus a provoqué une grave crise post-électorale, pendant laquelle quelque 3.000 personnes ont été tuées. La Côte d’Ivoire, encore meurtrie par deux décennies de violences politico-ethniques, « doit se retrouver », estime Assoa Adou, secrétaire général du FPI.
Laurent Gbagbo reste sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011. En annonçant début avril qu’il était libre de rentrer en Côte d’Ivoire, M. Ouattara n’avait pas mentionné cette condamnation mais le gouvernement a laissé entendre qu’elle serait levée.
avec France 24 & Rfi