La DGSE est un service de l’État, placé sous l’autorité du pouvoir exécutif, qui opère dans un cadre juridique et déontologique très strict. Alassane Ouattara et le Roi du Maroc Mohamed VI, lors de la visite d’État de ce dernier en Côte d’Ivoire. 188,5 milliards de francs CFA remboursés au gouvernement ivoirien dans le cadre de l’initiative PPTE ont atterrit sur le compte suisse du gendre d’Alassane Ouattara en février 2014 après avoir transité par un circuit opaque. 
Alassane Ouattara, avec Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, de vrais amis
Alors qu’il n’était même pas encore président de la ré- publique et n’avait aucune responsabilité au niveau de l’état, Alassane Ouattara avait réussi, en 2006, déjà, à faire virer sur le compte parisien du trésor public ivoirien logé dans la succursale française de la banque suisse HSBC Private Bank Genève située
En tout cas, c’est ce que disent les derniers documents de la DGSE dont le journal « Aujourd’hui » a obtenu copie. Sur l’échelle du scandale, ce n’est d’ailleurs pas la plus grande révélation de ce document qui montre également que 188,5 milliards de francs, soit 2,9 milliards d’euros, représentant les crédits remboursés au gouverne- ment ivoirien par le gouvernement français, dans le cadre du contrat désendettement développement (C2D) qui fait lui-même suite à l’obtention de l’initiative (p.p.t.e), et sont destinés aux financements de divers projets, ont suivi un circuit opaque pour se retrouver sur le compte de Benedict Senger gendre du président ivoirien réfugié derrière le code BUA.
C’est d’ailleurs au nom de ce lien relativement ancien que le ministre de l’économie de Laurent Gbagbo a financé des factures fictives endossées par le roi. Ces sommes n’ont pas été encaissées par le roi lui-même, puisque selon son entourage, Mohammed VI a accepté cette magouille pour venir en aide à la famille Ouattara qui avait besoin de cet argent. « Le chef d’antenne, au cours de ses recherches, a procédé à des manipulations qui lui ont permis d’atteindre l’entourage M. El-Majidi discrètement interrogé au sujet du compte suisse du roi, en souhaitant savoir s’il était toujours actif.
Son entourage, notamment son secrétaire particulier avec lequel, le chef est en bonne intelligence a, en effet, confirmé [l’ensemble de ces renseignements, qui] relèvent du plus strict secret bancaire et de la vie privée de Sa Majesté le roi, dès lors qu’il s’agit d’éléments relevant de la sphère patrimoniale privée de ce dernier. Avant d’ajouter : En tout état de cause, que cette ouverture de compte bancaire en Suisse s’est faite pour apporter un soutien à la famille du président Ouattara avec qui, sa majesté le Roi entretient d’excellents rapports d’affaires », assure la DGSE dont la hiérarchie estime « qu’entre l’automne 2013 et le 31 mars 2014, période couverte par les listings que le chef d’antenne de Rabat a pu consulter, le montant maximal enregistré sur ce compte était de 7, 9 millions d’euros.
Montant correspondant au transfert opéré à partir du compte parisien du trésor public ivoirien ».
Le souverain chérifien doit en effet y construire des logements parce qu’il détient une holding de construction de logements, la SNI, qui pèse des milliards. Grâce à Group Invest et Mamadi Diané qui est l’un de ses conseillers spéciaux de Ouattara, le chef de l’état ivoirien est devenu l’un des principaux actionnaires ayant financé l’offre publique de rachat de la SNI. Dès lors, sa participation qui était insignifiante avant l’offre de 2010, est aujourd’hui de 13%. Les renseignements collectés au cours de ces recherches révèlent par ailleurs qu’une offre publique de rachat de l’omnium nord africain retranchée de la SNI en 2010 a en outre permis au clan Ouattara de prendre le contrôle de quelques éléments sur cette structure qui était, avant sa dissolution en 2010, le premier groupe industriel et financier privé marocain investissant dans les mines, l’agroalimentaire, la grande distribution et les services financiers.
Lorsque le souverain chérifien s’est débarrassé de l’ONA, 50% de son capital a été alors détenu par quatre sociétés immatriculées au Panama et créées par des mem- bres du clan Ouattara associés à certains membres de la fa- mille de Mohammed VI »… La holding royal compte égale- ment en son sein une société qui se nomme Group Invest où « la famille Ouattara possède des participations camouflées grâce à des prête- noms », accuse la DGSE. En plus de Group Invest, la SAR Invest contrôlée à 99,9% par le clan présidentiel ivoirien, élargit la palette des liens d’af- faires que Ouattara et le roi ont construits depuis de nombreuses années.
CI-DESSOUS LE RAPPORT DE LA DGSE: 1°) LE CONTEXTE
2°) LE DEBAT
Copropar est devenu la holding de tête contrôlant la SNI, qui elle-même a pris le contrôle de l’ONA à partir de cette date. Les données obtenues à partir de sources diverses et concordantes au sein de cette structure, permettent d’en savoir plus sur l’origine partielle des fonds ayant alimenté ces comptes. 2, 9 Milliards d’euros, remboursés au gouvernement ivoirien dans le cadre du contrat Désendettement Développement (C2D) pour le financement de projets co-décidés par la France et la Côte d’Ivoire ont pu suivre un circuit opaque pour se retrouver sur un compte bancaire à la HSBC Private Bank de Genève au nom Benedict Senger gendre du président ivoirien réfugié derrière le code BUA tout comme la famille royale et répertorié dans les livres de la banque sous un numéro identique à celui du secrétaire particulier du roi Mohammed VI.
Les renseignements collectés au cours de ces recherches, révèlent qu’une offre publique de rachat de l’ONA retranchée de la SNI en 2010 a permis au clan Ouattara de prendre le contrôle de quelques éléments sur cette structure. Près de 50% de son capital est détenu par quatre sociétés immatriculées au Panama. Il pourrait s’agir de : Providence Holding, Unihold Holding, Yano Participation et Star Finance. « Il s’agit de sociétés créées par des membres du clan Ouattara associés à certains membres de la famille de Mohammed VI »…
Celle-ci a été également révélée lors des opérations de 2014. Et selon les données rendues publiques par le CDVM, il s’agirait d’une société contrôlée à 99,9% par une autre entité qui s’appelle SAR Invest qui a également partie liée avec le clan présidentiel ivoirien. Officiellement, cette structure appartiendrait exclusivement son à Altesse Royale. Des témoignages tous aussi divers et concordants font , en revanche, état de ce que Alassane Ouattara a pu mettre Group Invest à profit à travers un de ses conseillers spéciaux Mamadi Diané pour devenir l’un des principaux initiateurs qui ont mis la main à la poche lors de l’OPR, offre publique de rachat, sur la SNI. Alors que sa participation était insignifiante avant l’offre de 2010, la part du capital détenu au- jourd’hui est de 13%.
Mais si cette structure s’est renforcée dans le tour de table, après les opérations de radiation et de fusion, d’autres sociétés en revanche ont vu leur part se diluer. RMA Watanya par exemple, propriété de Oth- man Benjelloun devenu persona non grata depuis sa tentative avortée en 1999 de prendre le contrôle de la SNI (ancienne version), a vu ses parts diminuées à 3%, alors qu’il devait détenir 9% dans la nouvelle entité née de l’absorption. La compagnie avait, comme d’autres institutionnels, vendu une partie de ses titres lors des OPR.
Le clan Ouattara porté par la famille royale marocaine comptait parmi les clients de HSBC Private Bank.
En effet, selon les documents confidentiels ob- tenus par Le journal le Monde, un compte bancaire au nom de « Sa Majesté le roi Mo- hammed VI », codétenu avec son secrétaire particulier, Mounir El-Majidi, a été ouvert le 11 octobre 2006 chez HSBC Private Bank à Genève et a régulièrement reçu d’importants flux financiers provenant du compte parisien N° 30056 89000 0001 2395 678 HSBC Paris-Opéra appartenant au trésor public ivoirien en guise de payement de factures pour des marchés fictifs d’infrastructures urbaines. Cette fois encore, l’’identité royale se réfugiait derrière un code interne (BUP, pour « business partner ») répertorié dans les livres de la banque de la HSBC Private bank Genève : 5090190103. Entre l’automne 2013 et le 31 mars 2014, période couverte par les listings que le chef d’antenne de Rabat a pu consulter, le mon- tant maximal enregistré sur ce compte était de 7, 9 millions d’euros. Montant correspondant au transfert opéré à par- tir du compte parisien du tré- sor public ivoirien.
Dans un tel contexte, la révélation d’un compte ouvert en Suisse au nom du roi est politiquement sensible – même si le montant de près de 8 millions d’euros qui y figure semble modeste, en regard d’une fortune personnelle du monarque estimée à 1,8 milliard d’euros. La révélation d’un compte ouvert en Suisse est sensible en période de campagne de « patriotisme économique » Le chef d’antenne au cours de ses recherches a procédé à des manipulations qui lui ont permis d’atteindre l’entourage M. El-Majidi discrètement interrogé au sujet du compte suisse du roi, en souhaitant savoir s’il était toujours actif.
Son entourage, notamment son secrétaire particulier avec lequel le chef est en bonne intelligence a en effet confirmé [l’ensemble de ces renseignements, qui] relèvent du plus strict secret bancaire et de la vie privée de Sa Majesté le roi, dès lors qu’il s’agit d’éléments relevant de la sphère patrimoniale privée de ce dernier. Avant d’ajouter : En tout état de cause, que cette ouverture de compte bancaire en Suisse s’est faite pour apporter un soutien à la famille du président Ouattara avec qui, sa majesté le Roi entretient d’excellents rapports d’affaires, mais aussi dans le strict respect de la réglementation en vigueur au Maroc.
Les personnes ressources contactées dans le cadre des recherches ont envoyé les mêmes éléments de réponse que pour le roi. La famille régnante, outre ses nombreuses terres et résidences, tire l’essentiel de sa fortune de la Société nationale d’investissement (SNI), le plus important groupe privé du pays. Selon nos estimations, Mohammed VI aurait perçu près de 8,7 millions d’euros en dividendes de la SNI à l’été 2006. Or, en octo- bre, en plus des fonds provenant du clan présidentiel ivoirien qui ont été recyclés par le canal de ce compte codé, c’est à peu près la même somme qui a été déposée sur le compte ouvert à Genève.
Ce conglomérat, qui pesait 6,4 milliards d’euros en 2013 (soit à lui tout seul, 7 % du PIB marocain), est aujourd’hui dé- tenu à près de 60 % par la famille royale, à travers différentes holdings personnelles. Si la structure et les chiffres de la SNI sont connus au Maroc, ceux des holdings royales « de tête » ont toujours été un mystère, à peine effleuré à l’occasion d’une opération boursière en 2014. Grâce à des documents qu’il a pu consulter en marge des listings HSBC,
Le fait que Sa Majesté le roi dispose d’un patrimoine privé et de participations actionnariales dans un certain nombre de sociétés, au travers d’une société holding, demeure un sujet sensible doit absolu- ment rester dissimulé à cause de ses nombreuses ramifications extérieures qui impliquent des chefs d’états amis de la région.
Le Positionnement du service Ce dossier, même s’il présente un intérêt particulier au plan politique et économique ne devrait pas, pour ce qui est de la famille Royale du Maroc, ne devra pas nous amener à perdre de vue que la France et le Maroc viennent de franchir un pas décisif vers le rétablissement de leur coopération judiciaire, près d’un an après sa suspension décidée par Rabat sur fond de vives tensions politico-militaires.
Quelques jours plus tôt, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salahed- dine Mezouar, avait annulé sa visite à Paris pour rencontrer Laurent Fabius, sans en donner la raison. En fait, le Palais n’avait pas apprécié les derniers propos de Christiane Taubira lors des obsèques du dessinateur Tignous assassiné au siège de Charlie Hebdo le 7 janvier. La ministre française de la Justice y avait affirmé qu’il était plus prudent de ne pas vouloir représenter le roi en caricature dans son pays.
La Garde des Sceaux et à son homologue marocain, Mustapha Ramid, se sont rencontrés sur instruction du Président de la République et du Roi Mohammed VI pour trouver une issue à la querelle judiciaire alors que les premières visites techniques de magistrats n’avaient pas abouti, la partie française invoquant le principe d’indépendance des juges d’instruction et la signature de conventions internationales.
Pour sceller cette reprise de l’entraide judiciaire, le magistrat de liaison marocain est arrivé en début de semaine à Paris. Cela ouvre aussi la voie à la reprise d’une relation normale dans les autres champs de coopération même si le partenariat économique et culturel n’a pas été affecté.
« La France ne pouvait pas accuser le patron du contre espionnage marocain, un allié très fidèle, et lui demander de coopérer avec vous, justifie le haut responsable marocain. Cet accord jette toutefois les bases d’une reprise des échanges. Les attentats de Charlie Hebdo ont fait comprendre aux deux pays la nécessité de tourner la page ». Le Palais marocain propose aussi ses services pour faciliter le dialogue inter-religieux, la lutte contre le terrorisme et la dé radicalisation.
En revanche, s’agissant de l’implication directe et avérée du clan Ouattara dans ce processus de transferts opaques de fonds publics destinés au programme de développement de la Côte d’Ivoire, il est urgent de mettre en chantier une opération spécifique avec le
Quelle suite a été donnée à toute cette révélation?
Avec SEVERINE BLE, in Aujourd’hui / N°933
