« Dans l’opposition, nous avons refusé d’utiliser les armes qu’ils ont utilisées à l’époque pour ravir le pouvoir, pour arracher le pouvoir…. »
« Que ceux qui assurent la sécurité, assurent la sécurité sans se comporter en agresseurs et en partisans d’une des parties aux élections….
« Et que ceux qui ont beaucoup de ressentiment à juste titre, sachent se retenir… »

La candidate Simone Ehivet Gbagbo, l’une des cinq candidatures validées par le Conseil Constitutionnel pour la présidentielle ivoirienne d’octobre 2025, pour le compte du « Mouvement des Générations Capables » qu’elle préside, interrogée, ce lundi 22 septembre 2025, par la télévision française, France 24 parle de l’ambiance autour du scrutin à venir.
Alassane Ouattara (candidat retenu), Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et autres acteurs ont été visité par la candidate dans un exercice dont elle a l’habitude. Suivez avec Ledebativoirien.net, la profession de foi de Simone Gbagbo sur France 24, en attendant le 25 octobre 2025, jour du scrutin présidentielle.
France 24- (…)Vous avez salué la décision du Conseil Constitutionnel… « Du beau travail » avez-vous dit. Est-ce que, c’est du beau travail, quand ni Laurent Gbagbo, ni Tidjane Thiam, ni Pascal Affi N’guessan, ni Charles Blé Goudé ou même Guillaume Soro seront candidats ?
Simone Gbagbo: Je salue le travail que le Conseil constitutionnel a fait parce que nous avons pour une fois écouté le Conseil constitutionnel, donné ses justificatifs, donné les critères de sa décision. C’est surtout ça que j’ai salue. Maintenant, c’est vrai, ils ne sont pas les autres, ils ne sont pas candidats.

C’est un problème que nous avons posé depuis longtemps. Mais c’est un problème dont la solution ne pouvait être que politique. Et c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité que le président de la République convoque une rencontre entre l’opposition et le gouvernement, que l’on fasse s’asseye ir autour d’une table, que l’on traite cette question-là de l’intégration de M. Laurent Gbagbo à la liste électorale, de l’intégration de M. Thiam à la liste électorale. Ce sont des questions dont la solution était des solutions politiques.
Le gouvernement a refusé. Nous avons discuté jusqu’au bout, nous avons plaidé jusqu’au bout, et le gouvernement n’a pas voulu s’asseoir et convoquer le dialogue politique. Dès cet instant-là, les résultats qui sont tombés étaient des résultats prévisibles.
Alors, est-ce que vous continuez de réclamer que Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam soient réintégrés au scrutin ? Et est-ce que vous soutenez la mobilisation populaire qu’ils semblent appeler de leur vœu ?
Je me dis qu’il aurait été bon que Tidjane Thiam et M. Laurent Gbagbo soient sur la liste électorale. M. Laurent Gbagbo, parce qu’il a été condamné à 20 ans de prison et ses droits civiques ont été également enlevés, donc il se retrouve avec un casier judiciaire qui est chargé et qui l’empêche d’être inscrit sur la liste électorale. Mais ce problème-là, c’est une solution que le ministère de la Justice aurait pu traiter parce que cette décision, elle n’est pas juste.
Et ça, je l’ai dit depuis le début. La décision de condamnation du président Laurent Gbagbo est une décision qui n’est pas juste, qui même peut être qualifiée de décision unique par les tribunaux du Côte d’Ivoire. De la même manière, M. Tidjane Thiam a retrouvé son nom exclu de la liste. Et là aussi, ce n’est pas juste.
Donc, ce sont des questions qu’il faut traiter. Et j’ai dit que la solution pour M. Laurent Gbagbo, c’est que le président de la République prenne un décret après avoir convoqué l’Assemblée nationale pour voter une loi d’amnistie. C’était ça, la solution.
Mais c’est trop tard maintenant ! On est d’accord que maintenant, c’est trop tard ?

Oui, on est d’accord que c’est trop tard. On est d’accord que c’est trop tard.On est d’accord de pousser les élections, si. Sauf si on décide de reporter les élections. C’est trop tard.
Alors, vous aviez lancé une plateforme commune de l’opposition il y a 6 mois environ. Et elle demandait un dialogue, on en a parlé.
Mais aussi une révision de la liste électorale, la publication des résultats bureau par bureau, et aussi une refonte de la commission électorale indépendante. Rien de ça ne s’est passé. Malgré tout, vous êtes candidate. Ça veut dire que vous êtes confiante que l’élection sera juste et transparente, Simone Gbagbo?
Est-ce que l’élection sera juste et transparente ? Je dis qu’il faut mobiliser les électeurs pour qu’ils viennent aujourd’hui peser fortement sur ces élections-là. Je ne dis pas d’aller faire organiser des manifestations de rue. Ce n’est pas de ça que moi je parle. Je parle de la possibilité que les électeurs eux-mêmes, dans les bureaux de vote, non seulement qu’ils sortent nombreux voter, mais qu’également ils puissent, dans les bureaux de vote, faire le contrôle qu’il faut pour que les résultats qui sortiront des bureaux de vote soient ces résultats-là qui parviennent, n’est-ce pas, aux structures centrales et que les élections ne soient pas biaisées.
Ça va être des élections difficiles. De toute façon, toutes les élections sont difficiles. Mais celles-ci vont être encore plus difficiles pour la simple raison que nous n’avons obtenu aucune des réformes que nous avons souhaitées. Nous n’avons obtenu, la prise en compte d’aucune de ces réformes. Je l’ai dit, tel que l’éléphant est couché, c’est comme ça qu’il faut le dépecer. L’éléphant est couché de cette façon-là, il faut le dépecer de cette façon. C’est difficile, mais il faut le faire.
Alors Tidjane Tiam, dont on a parlé, affirme que les Ivoiriens se retrouvent, je le cite, face à un véritable plébiscite organisé par le président sortant. On a donc l’impression que vous, notamment, parce que vous êtes connue, votre candidature est une sorte d’alibi démocratique pour Alassane Ouattara, que l’élection est jouée et qu’une certaine façon, vous lui servez d’alibi. Votre réponse ?

On va à des élections. Quand on va à des élections, on ne sait jamais quels vont être les résultats. Je ne crois pas que monsieur Alassane Ouattara lui-même sache aujourd’hui quels vont être les résultats.
On va à des élections. Et quand on va à des élections, il faut y aller avec le maximum, n’est-ce pas, de détermination possible pour que les résultats soient en votre faveur. Moi, je ne pars pas vaincue et je n’accompagne personne à ces élections-là. Je vais moi-même en tant que candidate. Et je souhaite remporter ces élections, même contre monsieur Thiam.
Vous n’avez pas passé d’accord…
Je n’ai pas passé aucun accord pour l’instant avec personne.
Mais vous n’avez pas passé d’accord avec le pouvoir pour accepter d’être candidate et donc de légitimer cette élection ?
Non.
Alors, est-ce que vous appelez le reste de la gauche ivoirienne, y compris votre ex-mari, Laurent Gbagbo, à vous soutenir ? Parce qu’évidemment, il y a le camp du président, il y a plusieurs autres candidatures. Mais est-ce que vous appelez ceux qui ne peuvent pas concourir, et notamment votre ex-mari, à se rallier derrière vous ? Parce que vous, vous y êtes, sur la ligne de départ.
Je les appelle tous. Tous ceux qui n’ont pas pu concourir, tous ceux qui n’ont pas pu concourir leurs électeurs, leurs militants, je les appelle tous à venir soutenir ma candidature. Parce que ce que je souhaite, c’est l’alternance, n’est-ce pas au bout de ces élections-ci !.
Et ce ne sont pas mes militants seuls qui vont me permettre de gagner ces élections. Donc j’appelle tous les Ivoiriens, j’appelle même les électeurs du RHDP, à me soutenir pour obtenir l’alternance.
Est-ce que vous considérez qu’Alassane Ouattara a mal gouverné son pays ? On sait que lui et son camp disent que la Côte d’Ivoire a retrouvé la croissance, la respectabilité, qu’elle est mieux gouvernée que par le passé, et notamment que sous Laurent Gbagbo, est-ce que vous acceptez qu’en effet, du coup, ça en fait le favori clair de cette élection ?

Moi, je ne crois pas que la gouvernance de M. Alassane Ouattara soit sans problème, sans reproche, je ne crois pas à cela. Ceux qui disent cela, c’est ceux qui font la campagne pour M. Alassane Ouattara.
Mais on aura à discuter de cela, je ne crois pas du tout que la gouvernance de M. Alassane Ouattara soit sans reproche. D’autre part, je dis que nous, aujourd’hui, dans l’opposition, nous avons refusé d’utiliser les armes qu’ils ont utilisées à l’époque pour ravir le pouvoir, pour arracher le pouvoir.
Ça aussi, c’est quelque chose qu’il faut dire, qui fait partie de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, on nous dit que le pays est en paix, mais pourquoi est-ce qu’hier le pays n’était pas en paix ? Parce que des gens sont venus faire la guerre, et le pays est en paix aujourd’hui, dit-on, parce que ceux qui sont dans l’opposition n’ont pas voulu emprunter les mêmes cheveux qu’eux. Ça, c’est une chose.
La deuxième chose, c’est qu’aujourd’hui, nous subissons quand même beaucoup d’arrestations dans ce pays. Donc, ce sont des choses qu’il faut regarder, qu’il faut s’asseoir, qu’il faut examiner. Il ne faut pas partir en disant que M. Alassane Ouattara a le satisfecit de tous les Ivoiriens. Ça, ce n’est pas vrai.
Alors, dernière question. Justement, vous avez parlé du passé, de la violence. Il suffit aussi de revenir à la dernière élection en 2020. Il y a eu des violences, au moins 80 morts, sans doute plus. Alors, évidemment, à chaque élection en Côte d’Ivoire se pose la question, en raison des tensions dont on a parlé au début de cette interview, est-ce que vous craignez que cela ne dérape à nouveau et qu’on ait des violences, voire des morts en Côte d’Ivoire ?

Moi, tout ce que je peux vous dire, c’est que j’espère que pour cette élection, si nous n’aurons pas des morts, nous n’aurons pas de violences, nous n’aurons pas des biens détruits, je l’espère vraiment.
Mais pour que nous y arrivions, il faut que chacun sache raison gardée. Que ceux qui assurent la sécurité, assurent la sécurité sans se comporter en agresseurs et en partisans d’une des parties aux élections. Voilà un petit peu ce qu’il faudrait.
Et que ceux qui ont beaucoup de ressentiment, et même quelquefois à juste titre, sachent également se retenir pour que pour une fois dans ce pays, nous allions à des élections apaisées. La chose est possible, si le dialogue avait pu se tenir, il aurait été tout à fait possible de s’asseoir et d’organiser des élections propres des élections apaisées, des élections transparentes. Malheureusement, nous n’avons pas obtenu le dialogue politique.
Est-ce qu’en conclusion, vous y croyez à cette élection ? Est-ce que vous pensez que vous allez devenir la première présidente de Côte d’Ivoire ?

Ah, je l’espère bien, que je vais devenir la première présidente de la Côte d’Ivoire. Je l’espère et je crois la chose possible surtout cela. Je crois que cette chose-là est possible. Et que vous allez bientôt me rappeler pour me féliciter et m’appeler madame la Présidente de Côte d’Ivoire. Je le crois.
Merci beaucoup Simone Ehivet Gbagbo d’avoir répondu depuis Abidjan aux questions de France 24.
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