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Hallucinante bataille à Nestlé Côte d’Ivoire : d’anciens collaborateurs vendeurs se dressent face à la multinationale

Hallucinante bataille David contre Goliath : d’anciens collaborateurs vendeurs de Nestlé Côte d’Ivoire se dressent face à la multinationale; Ledebativoirien.net

Combien sont-ils ? Des dizaines ou des centaines ces personnes qui  c rient d devant  les  locaux de Nestlé-Côte d’Ivoire ? Une causerie avec Diomandé Adama, porte-parole du Collectif, et comprenez tout  de l’affaire ‘‘des anciens Collaborateurs Vendeurs de Nestlé Côte d’Ivoire’’ réclamant des droits à la multinationale. La rédaction a aussi pris connaissance d’un document transmis par un groupe de personnes revendiquant leur appartenance audit Collectif lequel traitant du contexte, des faits, des impacts et d’une requête sur  la table du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara.

A la lecture, ce Collectif souligne qu’en 2011, Nestlé-CI a mis fin à la collaboration d’avec ses vendeurs marchés et vendeurs motorisés et ce de façon abusive.  Il n’y a eu souligne-t-il, aucun respect de règle légale de préavis ni celle de licenciement économique. Puisque l’entreprise n’avait à aucun moment arrêté ses activités.

La rupture déclare-t-il, s’est faite sous contrainte morale et sous pression sans aucun encadrement juridique. Mais  pour  entrer au mieux au cœur de  l’affaire, écoutons  le  porte-parole du Collectif des anciens Collaborateurs Vendeurs de Nestlé Côte d’Ivoire’’ réclamant réparation aux  patrons en Suisse. Est-ce trop  loin des bords de la lagune ébrié pour être écouté et entendu ?

Ecoutons Diomandé Adama

« A la fin des années 1980, Nestlé-CI disposait d’une force de vente interne essentiellement composée de vendeurs embauchés. Ils sont dotés de véhicules pour assurer la distribution des produits Nestlé dans les marchés et dans les boutiques. En 1990, la lourdeur de leurs tâches a conduit Nestlé-CI à recruter de jeunes auxiliaires pour soutenir ses ventes. Ces derniers sont appelés ‘‘AIDE-VENDEUR’’ Une nouvelle entité de vente au sein de Nestlé CI venait ainsi d’être créée. 

Ces aide-vendeurs recevaient selon les archives, une rémunération en nature d’une valeur de 60.000f CFA et une prime à objectif de 2500f CFA par gamme de produit Nestlé-CI. Ils assuraient tout le travail. Ils n’avaient signé aucun contrat avec la maison. Ils n’avaient ni congé ni de jour de repos. Ils travaillaient même les dimanches. Ils étaient régulièrement déployés dans les banlieues d’Abidjan et à l’intérieur du pays où ils effectuaient des missions avec des vendeurs titulaires.

Ils participaient aussi à des séminaires et de séances de formation en présence de hauts responsables y compris des Directeurs Généraux de Nestlé-CI. Des collègues venant d’autres pays venaient se faire former auprès des aide-vendeurs alors qu’ils n’avaient aucun statut ni de reconnaissance contractuelle. En 1994, les premiers contrats furent introduits sans pour autant résoudre le problème de la précarité dans laquelle les aide-vendeurs vivaient.

Les aide-vendeurs ne pouvant pas efficacement couvrir les marchés et les boutiques en même temps et vendre en un temps record, Nestlé-CI a donc procédé au recrutement d’agents vendeurs à moto comme moyen de travail. Ils avaient pour rôle la distribution des produits Nestlé ci dans les boutiques les supermarchés et les canaux modernes et autres structures commerciales. Ces vendeurs à motos venaient de constituer une deuxième entité de force de vente de Nestlé-CI.

Les aide-vendeurs  

Les aide-vendeurs déployés dans les différents marchés du pays prendront successivement comme appellation : Vendeur Indépendant (VI)-Commerçant Exclusif (CE)- Puis Vendeurs Marchés (VM). Ils percevaient un fond de roulement en nature d’une valeur de 500.000f CFA qu’ils remboursaient en espèces. Ils étaient rémunérés à hauteur de 120.000f CFA en nature mais par trimestre et ce après avoir atteint un objectif fixé par Nestlé-CI.

Vendeurs motorisés 

Les vendeurs motorisés percevaient un salaire de 60.000f CFA et une prime de 40.000f CFA à objectif atteint.  Pour rappel ni les VM ni les Vendeurs motorisés n’avaient un contact formel avec un statut de travail bien défini. Aucune des deux entités n’avait de couverture sociale, encore moins de déclaration à la CNPS ni aucune protection juridique conforme au Code de travail.

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Les changements surprenants

En 2011, Nestlé-CI a mis fin à la collaboration d’avec ses vendeurs marchés et vendeurs motorisés et ce de façon abusive. Il n’y a eu aucun respect de règle légale de préavis ni celle de licenciement économique. Alors que l’entreprise n’avait à aucun moment arrêté ses activités. La rupture s’est faite sous contrainte morale et sous pression sans aucun encadrement juridique.

Les vendeurs marchés

Ils ont été rassemblés dans une salle et ont été contraint à signer le contrat de fin de collaboration sous menace de ne sortir que lorsque le document de fin de contrat était signé. Les plus résistant ont dû porter leur signature vers 18h une heure inhabituelle et non conforme à une rupture dans les règles. Ceux qui se sont entêtés et n’avaient pas signé ce même jour ont été rattrapés dans leurs marchés sur leurs différents lieux de travail afin qu’ils le fassent sous contrainte.

Les vendeurs motorisés

Les vendeurs motorisés quant à eux ont été convoqué au siège de Nestlé ci d’alors sis à Cocody où ils ont été entretenus par un inspecteur de travail. Ce dernier leur a fait savoir que Nestlé ci n’était point dans l’obligation de les dédommager et donc elle le faisait par pur humanisme abusant ainsi de leur ignorance.

Indemnisation

Suite à un mouvement de protestation au siège de Nestlé-CI initié par certains anciens, les vendeurs marchés ont reçu une prime de séparation sur la base de 106000f CFA représentant le mois de congés à multiplier par le nombre d’années passé par chacun au sein de l’entreprise. Un calcul non conforme au fondement juridique.  Concernant l’indemnisation des vendeurs motorisés, elle s’était faite de façon unilatérale par un inspecteur de travail sans aucun encadrement juridique.

Ils avaient donc perçu des montants à eux imposés par ce dernier. Pour cette indemnisation de ces deux entités, aucune règle de l’art n’avait été respectée. Après la rupture faite en 2011, Nestlé-CI dans un souci de se désengager des vendeurs marchés et des vendeurs motorisés les a déversés dans deux sociétés. L’une a reçu une minorité de ces vendeurs et l’autre en a absorbé une grande majorité.

Impact humain et social dramatique

La rupture d’avec ses collaborateurs s’est faite en 2011. Elle s’était faite de façon brutale sans accompagnement adéquat. Cela a eu une incidence lourdement négative sur la vie des vendeurs. Ainsi avions nous constaté la mort de plusieurs des nôtres… Nous signalons qu’au moment où nous mettons sous impression ce document le corps de notre ami Akpro Gnagne Jean Florent est à la morgue. Pour ceux qui ont la chance de vivre ils passent leur vie dans une précarité indescriptible.

C’est le cas actuel d’un de nos doyens en la personne de Edourd Vanga.  L’un des tout premiers vendeurs recruté par Nestlé-CI. Ce dernier est actuellement sans abri sans moyen financier pour se faire soigner étant frappé par un AVC. Certains ont vu leur famille se disloquer d’autres peinent à scolariser leurs enfants et même à les nourrir. Cette situation a d’ailleurs conduit une grande majorité des nôtres à perdre leur dignité.

Actions du Collectif

Face à cette injustice de Nestlé-CI nous avons entrepris une action en justice au Tribunal de Yopougon. Le verdict a été dit en faveur de Nestlé-ci selon le Tribunal pour faute de preuves montrant un lien de subordination entre les deux parties.  Il y a eu par la suite le Tribunal du Plateau qui s’est déclaré incompétent à juger ce litige. Enfin l’affaire est portée devant le Tribunal de Commerce, lequel Tribunal a ramené les deux parties à une négociation et à un règlement à l’amiable pour ce litige. La négociation n’a jamais eu lieu.

Ce qui va amener à la création d’un syndicat sous le conseil de feu Maître Baba qui selon lui va donner un poids lourd à la lutte. Ainsi est né le SYJOCI-Syndicat des Jeunes Ouvriers de Côte d’Ivoire. Le syndicat a adressé un courrier à Nestlé Suisse qui a demandé à Nestlé-CI qu’elle entre en négociation avec le syndicat afin que le litige trouve une solution définitive. C’est alors que sous la houlette de Mme Loba Lydie une des responsables de Nestlé-Ci désignée à juste titre, initie des rencontres entre Nestlé CI et le syndicat.

Mais les absences répétées de l’avocat du syndicat, on ne sait trop pourquoi ont conduit à la rupture des négociations avec Nestlé ci jusqu’à aujourd’hui. En 2024 une autre équipe s’est mise sur pied, c’est le Collectif des Anciens Collaborateurs Vendeurs de Nestlé Côte d’Ivoire.  En  juin 2024 des courriers ont  été adressés à la direction de Nestlé-Ci délocalisée à la zone industrielle de Yopougon.

En réponse aux courriers en juin et août 2024 le Collectif est reçu par Madame la DRH à deux reprises. Une première rencontre où elle s’est fait représenter. Puis une deuxième rencontre à la demande de la Directrice des Ressources Humaines elle-même en sa présence à son bureau. Suite à cette rencontre la DRH avait pris l’engagement personnel de régler le litige.

Seulement qu’on lui laisse le temps afin de mieux s’imprégner du dossier, car non seulement, selon elle, elle venait de prendre la direction de Nestlé-ci mais qu’elle est anglophone. S’en est suivi un long silence conduisant le collectif à adresser de nouveau des courriers pour la relance du dialogue. Le courrier du commissaire de justice dont nous possédons le 1er original portait le récapitulatif de tous les courriers précédents adressés à cet effet le 1er original de ces courriers a été joint au courrier transmis à Nestlé Suisse, Nestlé Ghana et à Nestlé monde.

Cependant, aucune suite ne serait-ce qu’une simple réponse ne nous est parvenue jusqu’à ce jour, mutisme total donc !», laisse longuement  éclater, Diomandé Adama. Ce que le Collectif des anciens collaborateurs vendeurs de Nestlé Ci réclame, en 2025.

Requête

« Nous au vu de ce qui se déroule : Demandons une reconnaissance officielle du préjudice subi- Exigeons un règlement équitable conformément au code de travail  Le collectif invite par ailleurs Nestlé-ci sur la table de négociation sous l’arbitre de la Médiateur de la République dont nous souhaitons vivement l’implication ».

Estimant le premier des ivoiriens certainement, le mieux  à  même de parler à  la multinationale,  le Collectif des anciens collaborateurs vendeurs de Nestlé-ci a solliciter, le 11 juin 2025, l’intervention président Alassane  Ouattara pour la résolution du litige opposant le Collectif des anciens collaborateurs vendeurs  à Nestlé Côte d’Ivoire.

Pour l’intervention Président Ouattara

« Nous, les anciens collaborateurs – vendeurs – de Nestlé Côte d’Ivoire, réunis au sein d’un collectif, avons l’honneur de vous adresser la présente correspondance afin de solliciter votre haute bienveillance et votre implication personnelle dans la résolution du litige qui nous oppose à cette entreprise depuis plus d’une décennie.

Depuis les années 1990, Nestlé Côte d’Ivoire a eu recours à nos services en tant que vendeurs dits « vendeurs marchés » et « vendeurs motorisés ». Malgré leur  contribution significative au développement de la marque sur tout le territoire national, cette collaboration s’est toujours déroulée sans statut clair, sans reconnaissance formelle et sans aucune couverture sociale.

Contre toute attente, en septembre 2011, cette collaboration a été rompue unilatéralement, de manière brutale et sans respect des procédures légales, notamment sans préavis régulier ni indemnisation équitable.  Pourtant, nous étions régulièrement rémunérés à travers des fiches de paie, ce qui témoignait d’un lien contractuel réel et continu avec l’entreprise. Toutes les démarches entreprises pour faire valoir nos droits après cette rupture sont restées vaines jusqu’à ce jour.  

Cette situation a entraîné des conséquences sociales graves : Plusieurs de nos collègues sont malheureusement décédés faute de soins, d’autres vivent aujourd’hui dans une précarité extrême. Excellence Monsieur Le Président, c’est donc vers vous, garant des droits et de la justice sociale, que nous nous tournons avec confiance.

Nous sollicitons respectueusement votre intervention afin que la direction de Nestlé Côte d’Ivoire soit interpellée, en vue soit du paiement de nos droits légaux, soit de l’ouverture de discussions sérieuses et sincères pour un règlement juste, équitable et humain de cette situation qui n’a que trop duré », écrit des mains tremblantes, Diomandé Adama, au nom duCollectif des anciens collaborateurs vendeurs de Nestlé Ci, au président Alassane Ouattara. Certainement que  la note sera lue par la première dame Dominique Ouattara dit-on, qu’elle a  la main sur  le cœur.

 Mais qu’en dit la société Nestlé-CI ? Reconnait-elle avoir exploité les services des membres dudit Collectif ?

Réaction : « Nestlé Côte d’Ivoire a toujours opéré conformément aux lois locales »

La rédaction de ‘‘Ledebativoirien.net’’ a pu avoir la pensée de  Nestlé Côte d’Ivoire au travers d’une note (courrier) à la Directrice de la Communication Institutionnelle et des Affaires Publiques Nestlé Atlantic Cluster (Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Mauritanie, Cap Vert, Gambie, Guinée-Bissau),  Madame Mame Pane SAKHO. Une réaction aussi claire que sa Responsabilité Sociétale des Entreprises-RSE.

 « Faisant suite à votre mail demandant un éclairage sur l’affaire ‘‘des anciens Collaborateurs Vendeurs de Nestlé Côte d’Ivoire », notre position est la suivante:

Nestlé Côte d’Ivoire a toujours opéré conformément aux lois locales et aux clauses contractuelles applicables. En 2011, certaines activités commerciales ont été externalisées, un soutien a été apporté aux vendeurs, dans le cadre d’accords légalement reconnus. Je vous remercie pour votre démarche et votre patience. Bien à vous, Cordialement » ;

Mame Pane SAKHO, Directrice de la Communication Institutionnelle et des Affaires Publiques Nestlé Atlantic Cluster (Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Mauritanie, Cap Vert, Gambie, Guinée-Bissau)- Nestlé Côte d’Ivoire-Yopougon Zone Industrielle. Une  position qui réaffirme la précision faite  par,  Thelmas Orphelie, Communication Specialist, chez Nestlé, qui déclarait  à linfodrome :

«  Dans le strict respect des dispositions légales en vigueur, les deux parties ; Nestlé Côte d’Ivoire et les vendeurs indépendants concernés s’étaient alignées et avaient signé un protocole sur base duquel les vendeurs indépendants ont bénéficié de mesures d’accompagnement qu’ils ont acceptées et reçues ».

Une  bouffée viendra-t-elle du Chef de l’Etat Ouattara  saisi par le Collectif pour cette  affaire qui dure depuis 14 ans ! Toutefois, pourquoi des anciens collaborateurs  de la société qui s’étaient  alignés sur  un protocole avec des mesures d’accompagnement reviennent-ils à  la charge ? Dossier  à  Suivre.

Ledebativoirien.net

HERVE MAKRE

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