
Il a fait valoir ses droits à la retraite après de nombreuses années de loyaux services à la nation ivoirienne.
Le colonel Fezan-Bi Séhi Jean, officier de l’Ordre National, Chevalier de l’Ordre national, ex-chef de corps de la Force d’Intervention Rapide Para-Commando-FIRPAC, est décédé le 26 août 2025 des suites d’une longue maladie. Il sera inhumé au cimetière de Williamsville-Abidjan, le 3 octobre 2025.
L’histoire du téméraire colonel Fezan Bi Sehi Jean, par Désiré Dakoury Gnabro
« Notre « Baobab » vient de « s’écrouler », ce mardi 26 Août 2025. Laissant dans la tristesse, ses parents, amis et compagnons d’armes.
Donner l’occasion aux anciens militaires, célèbres ou pas, de se raconter en toute simplicité. Les sortir de l’oubli. Honorer la mémoire de nos illustres devanciers. Des hommes et des femmes qui ont façonné notre outil de Défense grâce à leur sens du devoir. Ce projet initié en 2016 continue, tant bien que mal, de faire son petit bonhomme de chemin. Et il nous conduit aujourd’hui devant une légende vivante de l’Armée ivoirienne. Le Colonel FEZAN BI SEHI Jean, un officier direct et franc. Téméraire surtout.
Témoignage inédit
« Mon Adjudant- Chef Major votre visite me fait énormément plaisir, surtout nous les Anciens, sommes fiers du travail que vous abattez pour la Côte d’Ivoire, pour l’image des doyens que nous sommes. Je vais vous dire la vérité, mon fils, vous méritiez d’être un Officier, oui je vous le dis franchement. Vous êtes brillant, mais soyez rassuré c’est Dieu qui vous récompensera (…) Vous réalisez chaque jour des prouesses sans aucune ressource additionnelle. En plus c’est un Officier qui devrait faire cela. Une belle initiative. Je vous félicite Major(…) », tenait-il à nous confier dès les premiers instants des civilités.

Merci beaucoup mon Colonel. En effet, cette page créée en 2016 a pour objectif de présenter les hommes et les femmes qui ont bâti l’Armée Ivoirienne. Retracer l’itinéraire de chacun d’eux. Les pilotes, médecins, ingénieurs du Génie, sportifs de haut niveau…
Tous, Officiers, Sous- Officiers, Militaires du Rang, ils ont contribué au développement de notre patrie, et continuent de le faire. Avec abnégation. C’est une mission exaltante pour nous, en même temps une école de la vie qui nous permet d’apprendre chaque jour, grâce à vos précieux témoignages chargés d’histoire de notre Armée et de notre pays. Merci encore mon Colonel.
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Le vendredi 25 Juin 2021, il est 12h 10, quelque part à Cocody où nous sommes accueillis par un ami, l’Adjudant à la retraite BONI WOGNIN Venance dit Deversailles, notre guide du jour. Il avait goupillé le rendez-vous la veille pour 10h et malheureusement nous sommes hors-temps, dû à un contretemps involontaire. Affaire de temps (Rires). En plus, le ciel et sa « grise mine », en cette mi- journée, présageait d’un mauvais- temps. Retard plus temps morose. Rien n’était gagné. Ce fut donc un début angoissant, sachant que je venais rencontrer un homme dit « coriace », à la réputation négativement surfaite, à tort ou à raison, par l’opinion. (…).

Et pourtant, oui et pourtant, une certaine chaleur humaine, comme des « rayons de soleil », nous attendait dans une belle et imposante résidence, un duplex situé dans le quartier huppé de Cocody- Aghien, propriété de notre illustre hôte du jour, le célébrissime Colonel FEZAN BI SEHI Jean. Il a gardé intactes les vertus de patience de l’Officier parachutiste qu’il fut durant plus de 40 ans. Un homme charmant, toujours jovial, très accueillant. Démonstration à l’appui.
« Mes enfants que voulez- vous manger? Je vais commander du poulet braisé et de l’attiéké, chez moi ici c’est obligatoire on doit manger ensemble ». Aussitôt dit, il met la servante en « mission d’urgence », selon ses propres termes, l’esprit militaire n’étant jamais loin, avec une vigueur certaine, malgré ses 75 bougies, et quelques soucis de vision. « Grâce aux goutes que je mets dans les yeux, j’arrive à vous distinguer », nous rassure-t-il.
Soudain, l’on frappe au grand portail. C’est Mme FEZAN née TIANA Lou Madeleine. Elle arrive d’Assinie où elle était allée accompagner leur fille vivant en France, en vacance au pays avec ses enfants. « Depuis je ne faisais que vous appeler », lance le vieux colonel, visiblement content de leur arrivée, puis de nous présenter individuellement, sa fille, ses petits- fils et son épouse. Avec cette dernière, nous révèle-t-il, ils se sont mariés le 21 Juillet 1973 à Bingerville.

« Le témoin de mon épouse était Mme AOLIO Rémy (l’épouse du Capitaine, Chef de Musique des Armées), et moi j’avais pour témoin le Général de Police Alain MOUANDOU », s’empresse-t-il d’ajouter, le visage brillant de bonheur, et une mémoire intacte.
C’est donc dans une atmosphère détendue, conviviale, que vont se dérouler nos échanges, durant deux heures d’horloge, qui permettront au Colonel FEZAN de se raconter, de parler de sa riche carrière sans faux- fuyant, notamment sur l’affaire dite « des étudiants de Yopougon », on l’a dit, mais aussi sur l’accident qui a causé la perte de son doigt, l’annulaire gauche. Et sur bien d’autres sujets, ponctués de sages conseils aux jeunes soldats d’aujourd’hui.
« D’abord il faut aimer l’homme. Servir loyalement la patrie, avec honneur et fidélité. Faire siennes la discipline et l’obéissance. Car une Armée sans discipline et la soumission à ses Chefs est vouée à l’échec…», dixit Colonel Fezan Bi Sehi Jean.
En exclusivité la carrière militaire du colonel Fezan Bi Sehi Jean, racontée par lui-même
« Je suis le Colonel à la retraite FEZAN BI SEHI Jean. Je suis né le 1er Janvier 1946 à Séitifla, dans le Département de Vavoua. Après l’école primaire de la Mission protestante de Daloa, puis de la Mission catholique de Daloa, retour chez moi à la Mission catholique de Vavoua. Nous sommes dans les années 51- 52.
C’est à Daloa que j’obtiens brillamment le certificat d’études primaires et l’entrée en 6e. Je suis affecté au Collège d’Orientation d’Adjamé, puis à Treichville, pas loin de la piscine d’Etat, en 1958- 1959. Là je fais la classe de 6e et de 5e. Puis je suis orienté au Lycée Classique d’Abidjan.

Mais moi j’ai préféré le Lycée Technique, parce que je voulais être comptable. Donc j’étais en section comptabilité jusqu’en Classe de 1ère BEP de 1959 à 1964. Mon ambition était d’aller en France et plus tard suivre les cours de l’expertise comptable.
Mes parents ayant eu vent de mon projet, ont botté un coup contre moi (Rires), ils voulaient que je travaille tout de suite afin de subvenir à leurs besoins, chose compréhensible, du reste. Je suis donc recruté de force dans l’armée. Mais avant ça, j’ai exercé un peu dans l’enseignement comme instituteur pour réunir un peu d’argent et acheter mon billet d’avion.
Il n’y avait pas de visa à l’époque. Je suis recruté de force dans l’armée, selon les vœux de mes parents, en complicité avec mon cousin qui était déjà militaire le Sergent N’guessan Tra Ernest, futur Capitaine et Commandant des Transmissions. Mon oncle était également dans le coup, l’Adjudant- Chef SIABLI Lahué Dénis, au 1er Bataillon d’Infanterie d’Akouédo. Il a fini sa carrière au Service Civique comme Commandant de Camp.
C’est un officier français qui est venu me cueillir sur mon lieu de travail pendant que je donnais des cours. C’est le Commandant DANDRO, au service de Recrutement. Il a mis la main sur moi, leur coup a bien marché (Rires), certainement que c’était aussi mon destin, Dieu ne fait rien au hasard. Je suis recruté officiellement dans les forces armées ivoiriennes le 15 décembre 1964, au Camp d’Akouédo.
Ensuite nous sommes allés à Bouaké, au 3e Bataillon où l’Ecole des Forces Armées était encore logée momentanément. Nous y avons reçu la formation commune de base (FCB), jusqu’en avril 1965. Nous avons enchainé avec le Peloton n°1 (P1), pendant ce temps toute l’Ecole des Forces Armées prenait définitivement ses quartiers sur le site de l’ex Base aérienne française, à l’aéroport de Bouaké.
De là je devrais être orienté aux EOR (les cours des Elèves Officiers de Réserve), en 1965- 1966.

Malheureusement, contre toute attente et alors que j’étais le major de ma promotion, on me remplace par quelqu’un d’autre. Je ne saurais vous expliquer la raison, mais c’est du passé. Mon Chef était le Lieutenant Issa DIAKITE, futur Colonel, ministre de l’Intérieur, paix à son âme. Je ne me décourage pas, j’effectue par la suite le stage du Peloton n° 2 (P 2) avec succès, à partir d’Avril 1965, ce qui me permet d’être nommé fonctionnaire Sergent à 19 ans.
Suite à cela et au regard de mes bons résultats, mes chefs voulaient me garder à l’EFA où j’étais même déjà affecté, pour encadrer les pelotons. Mais, sincèrement j’avais besoin de changer d’air, afin d’oublier un peu ma mésaventure de cette triste épisode d’Officier de Reserve, je demande donc à aller dans une autre Unité.
Dieu merci, c’est de là que je prépare le test du Corps des parachutistes, test TAP basé sur le physique, l’endurance, 8 kilomètres, sac au dos et tout… Je sors 2e ou 3e. Je donne quelques noms de mes amis de promotion :
– Aspirant AMON Adja– Aspirant EKRA Kouaho Frédéric- ZOZO Djoro Louis- BRO Tchétché- OUATTARA Sanga- DALI Vahoua Célestin- KAZIRI Zagba André- TIZIE Toto Raphael… pour ne citer que ceux-là.
Le 15 Janvier 1966, nous sommes conduits au Camp Gallieni.
Le lendemain, 16 Janvier 1966, nous nous rendons au 1er Bataillon d’Infanterie d’Akouédo, Unité à laquelle était rattachée notre nouvelle Compagnie, la Compagnie Aéroportée (CAP). Le Camp d’Akouédo était commandé par le Commandant OULAI Zahou Gaston. Les jeunes recrues que nous étions, venions renforcer la section des anciens parachutistes ivoiriens issus de l’armée française.
Parmi les anciens que nous trouvons sur place, il y’avait le Sous- Lieutenant Marius TAUTHUI, venu de l’Ecole d’Officiers de Fréjus. C’était le 1er Commandant de la Compagnie Aéroportée, de 1965 à 1975. Ce fut un grand homme qui a mené sa mission à bon port. Paix à son âme.
Nous arrivons donc à la Compagnie Aéroportée. Le Chef d’Etat- Major OUATTARA Paul Thomas d’Aquin venait juste de passer au grade de Général de Brigade en Janvier 1966. C’était un événement important pour notre Armée, être des témoins de la nomination du premier Officier Général de l’histoire de notre armée. J’en garde encore des souvenirs vivaces.

A la Compagnie Aéroportée, nous effectuons la formation au sol, notre instructeur était l’Adjudant PONO, instructeur parachutiste français. En Avril 1966, l’Armée ivoirienne avait ses premiers brevetés parachutistes formés sur place en Côte d’Ivoire.
Ce fut un moment de grande fierté d’appartenir à cette première promotion, avec le Brevet para n° 35. Permettez-moi aussi de saluer la mémoire d’un Pionnier le Colonel SANGARE Moulaye, titulaire du Brevet n° 1.
Il a été pendant longtemps notre chef de délégation lors des compétions internationales. Je veux saluer également la mémoire du Général Ibrahima COULIBALY, Lieutenant-Colonel, à cette époque et futur 2ème Chef d’Etat- Major de l’Armée Ivoirienne en 1974. Il était présent le jour de la remise de nos brevets. J’en parle avec énormément d’émotions. C’était un Officier très attentionné.
Quant à moi, j’ai continué ma carrière tranquillement en apprenant le métier aux côtés de nos ainés. En 1969, je suis admis en Stage en France avec mon ami et frère ZORO. Ce stage a été un succès à Pau Un stage de Chuteur para combiné de celui de Formateur c’est- à- dire de moniteur para. J’oubliais de dire que parmi les anciens il y’avait un grand homme, BIDI Lécadou. Il est arrivé à la CAP 2 ou 3 ans après nous. Il a une histoire particulière qui nous a été racontée.
En 1962, l’armée française était invitée à la fête nationale de Côte d’Ivoire.
L’équipe de chuteurs paras français avait fait une belle démonstration de sauts au Stade Félix HOUPHOUET- BOIGNY. Le président de la République présent au terrain était émerveillé de voir un Noir au nombre des parachutistes français. Il s’agissait de l’Adjudant BIDI Lécadou. C’est ainsi que le Président a autorisé son reversement dans l’armée ivoirienne quelques années plus tard.

En 1973, j’étais Sergent- Chef lorsque j’ai réussi le concours professionnel d’entrée aux EOA, en qualité d’Elève Officier d’Active à l’EFA de Bouaké, où je passe deux ans avant d’être nommé Sous- Lieutenant en 1975. Parmi mes promotionnaires on peut citer le Général BOMBET Denis qui vient de nous quitter, paix à son âme.
En tant qu’Officier, en 1975, j’ai demandé à être affecté au Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires (GSMP), j’étais avec le Sous- Lieutenant GLA N’Gatta Ernest. L’Etat- Major s’opposera à mon choix, parce que, me dit- on, c’est moi qui devais assurer la relève du Chef de Bataillon Marius TAUHUI à la tête de la Compagnie Aéroportée.
C’était le motif du refus. Les Chefs avaient vu en moi l’Officier capable de conduire la destinée de l’Unité des Parachutistes. Je suis affecté, dès ma sortie de l’EFA, au 1er Bataillon, dans les Compagnies de Troupe d’abord afin de m’aguerrir à l’art du Commandement. Nous étions Trois :
– Sous- Lieutenant AKA Angoran Eugène (futur Commandant pilote hélicoptère au GATL, décédé en mission au Mali en 1985- 86)- Sous- Lieutenant COULIBALY Kolobo (décédé lui aussi il y’a 2 ou 3 ans)- Et moi.
Hautes responsabilités

Je suis nommé Commandant du Groupement chargé de la FCB. C’était pour apprendre à Commander une Unité, de 1975 à 1976. En 1976, je suis muté à la CAP après le départ du Chef de Bataillon Marius TAUTHUI. Le Sous- Lieutenant BIDI Lécadou, mon ancien dans le grade, assurait l’intérim. Les grands Chefs me préparaient au Commandement.
C’est en 1977 que je succède au Lieutenant BIDI à la tête de la Compagnie Aéroportée, lui étant nommé Sous- Préfet. Mais avant ces changements, lui et moi avons activement participé aux préparatifs de la grande manœuvre Franco- Ivoirienne Bandaman prévue en Février 1978. Nous avons pu effectuer la reconnaissance des lieux, à Niankara, Ferké, Korhogo, Boundiali et Mankono.
Lorsque je prends le Commandement de la CAP, j’avais quelques Anciens sous ma coupe, ce sont :
– Adjudant- Chef KRA Konan Hubert- Adjudant- Chef ZORO BI ZA Alphonse- Adjudant- Chef KORE SERI Emile- Adjudant- Chef DALI V…- 1ère Classe BONI WOGNIN Vénance, mon fidèle compagnon (Il tape affectueusement sur ses épaules)- 1ère Classe GOLI Didier dit Para Didier, un grand nom des Troupes aéroportées. (Paix à son âme)…
Ensuite nous entrons dans la phase active de la manœuvre Bandaman. Entre- temps, j’avais fait un tour à Pau en France, en tant qu’Officier stagiaire. C’est nanti d’expertise professionnelle que je participe avec mes hommes à cette manœuvre que nous réussirons avec brio, sans aucun accident, à l’émerveillement des autorités de l’Armée française. Nous avons sauté à Niakara sur une surface de 25 m², ce fut extraordinaire, nous avons réussi grâce à la formation très poussées des Paras Ivoiriens.

Nous avions les nouveaux modèles de parachutes, nos hommes étaient à l’aise. Nous avons également sauté sur l’aéroport de Korhogo avec succès. La manœuvre a pris fin le 18 Février 1978, où j’ai été décoré à titre exceptionnel au grade de Chevalier de l’Ordre national. Auréolée par cette victoire, ma troupe, par la suite, volait de succès en succès, aux plans national et international.
A ce moment précis de nos échanges, je voudrais saluer tous les militaires de l’Armée de l’Air de l’époque, le Général de Brigade aérienne COULIBALY Abdoulaye et ses hommes, les Pilotes et Mécaniciens, tous les équipages. Toutes nos missions ont été possible grâce à l’Armée de l’Air qui nous était d’un support opérationnel capital, car sans avions il n’y a pas de saut, nous sommes d’accord.
Mon fils Dakoury merci aussi à vous puisque vous êtes de l’Armée de l’Air (Rires). Transmettez au passage mes devoirs à l’actuel Chef d’Etat- Major de l’Armée de l’Air, le jeune frère KOFFI, le Général KOFFI Alfred (je lui transmettrai avec fidélité mon Colonel). En tout cas, nous travaillions en symbiose avec ses ainés. Ensuite je veux saluer la Marine Nationale qui était l’un de nos partenaires.
Promotion et distinctions
Après quoi je suis promu Capitaine en 1980. Et des jeunes Officiers viennent renforcer la Compagnie Aéroportée. Il s’agit des Lieutenants AKAPEA Gbamé Fulgence, DJE Alali… J’obtiens ma quatrième barrette en 1986 (Commandant), puis arrive le Cours d’Etat- Major à Compiègne en France en 1987, après celui des Capitaines à L’Ecole des Forces Armées (EFA) de Bouaké, en 1981.

Dans la foulée du Cours des Capitaines, deux ans plus tard, je reçois une distinction, celle de la Médaille des Forces Armées, je crois même savoir avoir été le premier militaire ivoirien à qui cette décoration était attribuée, en 1983. J’ai reçu cette distinction à la suite de l’accident de parachutage dans un avion Fokker 27 (Le Man), piloté par le Capitaine Charles ZIAO et le Lieutenant ABOUGNAN, sur l’aérodrome de Bouaké. Pendant le parachutage d’une promotion d’Elèves Officiers, un élève ouvre son parachute ventral dans l’avion, c’est- à- dire son parachute secours, par imprudence.
Un incident grave qui pouvait coûter la vie à tout l’équipage. Spontanément, j’ai dû larguer rapidement l’élève hors de l’avion, afin de nous éviter un crash. Et c’est pendant cette opération délicate en luttant avec l’élève- officier, il avait en fait peur de sauter, c’est donc pendant cette manœuvre risquée que je me suis fait sectionner l’annulaire gauche… Dieu merci, malgré ma blessure, le largage de l’élève- officier a réussi, c’était l’essentiel. Je souffrais énormément, je perdais du sang, mais j’ai demandé à ce qu’on continue la mission et c’est ce qui a été fait.
Il faut surtout souligner que j’ai su garder mon sang froid, personne n’a su dans l’immédiat que j’étais gravement blessé. L’action a été très rapide, sinon c’était la catastrophe. C’est cela aussi le sens d’abnégation et de courage du parachutiste. (…). Je voudrais saluer l’Adjudant BONI WOGNIN Venance (ici présent), témoin de cet accident, il était au sol. A travers lui, je voudrais saluer la bravoure de tous les Parachutistes de notre Armée, un métier très ardu.

Suite à cet accident, le Général Ibrahima COULIBALY, Inspecteur Général des Armée à l’époque, m’a décoré à titre exceptionnel de la Médaille des Forces Armées. Je suis le premier militaire ivoirien à arborer cette médaille.
Par boutade, comme le disait le Médecin- Colonel, mon ami, Emmanuel DJAKOURE, je suis premier partout, promu Chevalier de l’Ordre National, et la Médaille des forces Armées, les deux à titre exceptionnel (Rires)… ». Il sera inhumé au cimetière de Williamsville-Abidjan, le 3 octobre 2025.
Par Désiré Dakoury GNABRO (Spécialiste Histoire Militaire Ivoirienne-un témoignage recueilli, il y a 4 ans, le vendredi 25 Juin 2021, par votre aimable serviteur, Désiré Dakoury Gnabro, pour Histoire et Biographies).
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