Nancy Bohn Doe, d’origine ivoirienne, née en 1949 à Zwedru, dans le comté de Grand Gedeh, au Libéria, est une figure éminente reconnue pour ses contributions en tant que citoyenne ordinaire, commerçante, puis Première Dame et défenseure des opportunités éducatives. Elle est décédée le mardi 20 mai 2025, à l’âge de 76 ans.

Grandissant dans le paysage rural de Grand Gedeh (Libéria) et de Blolequin (Côte d’Ivoire), elle a développé un fort sens de la communauté et un esprit entrepreneurial, ce qui l’a amenée à déménager à Monrovia dans les années 1960.
Dans la capitale libérienne, elle a laissé son empreinte en tant que commerçante, démontrant son talent pour le commerce et les affaires, ainsi qu’en tant que mère dévouée et une épouse aimante d’un homme connu de l’histoire sous le nom de Samuel Kanyon DOE, premier président autochtone de la République du Libéria.
A la fin des années 1960, Nancy est tombée amoureuse de Samuel Doe, un membre des Forces armées libériennes. Leur union, qui s’est culminée par un mariage en 1969, a fleuri dans un contexte de changement politique. Ensemble, ils ont accueilli quatre enfants dans leur famille, les élevant avec des valeurs inculquées par leur patrimoine et leurs expériences.
La vie de Nancy a pris un tournant significatif lorsque Samuel a orchestré un coup d’État en 1980, prenant le contrôle de la nation et entraînant l’ascension de Nancy au rôle de Première Dame du Libéria. Elle a embrassé ses responsabilités avec grâce et passion, travaillant pour améliorer la vie des femmes au Libéria.

L’une de ses réalisations notables pendant cette période a été la création d’une association nationale de femmes commerçantes, permettant à de nombreuses femmes d’accéder à des plateformes pour la croissance économique et la solidarité. En reconnaissance de ses efforts, le marché Nancy B. Doe a été inauguré à Jorkpeh Town, Sinkor, servant d’hommage à son engagement envers l’autonomisation des femmes et la résilience économique. Ce marché est devenu un symbole d’espoir et d’opportunité pour de nombreux commerçants, favorisant un sentiment de communauté et d’esprit entrepreneurial.
Bien qu’elle n’ait pas reçu d’éducation dans les écoles modernes, l’engagement de Nancy envers l’éducation était néanmoins profond. Ainsi, lors d’une visite aux États-Unis en juin 1983, elle a saisi l’occasion pour négocier des bourses pour les étudiants libériens à l’Université de Chicago, leur permettant de poursuivre des études supérieures et d’avoir un meilleur avenir. Son plaidoyer pour l’éducation a mis en lumière son dévouement à améliorer la vie des jeunes libériens, même au milieu de circonstances politiques tumultueuses.
Cependant, la vie de Nancy a pris un tournant tragique en 1990 lorsque Samuel Doe a été exécuté, marquant une perte profonde qui coïncidait avec le déclenchement de la première guerre civile libérienne. Face à ce bouleversement, elle a cherché la sécurité en exil, naviguant entre défis du déplacement tout en s’occupant des enfants Doe: les quatre enfants qu’elle a eus avec son époux, ainsi que quatre autres issus des liaisons extraconjugales de Samuel.

Après la guerre civile, Nancy est revenue dans sa patrie, une décision courageuse reflétant son lien insévrable avec ses racines. Le 12 novembre 2016, Nancy a fait la une des journaux en intentant un procès contre le gouvernement libérien devant la Cour de la CEDEAO.
Le procès affirmait que le gouvernement lui avait refusé l’accès à la succession de son défunt mari, une bataille juridique qui symbolisait sa quête de justice et de reconnaissance après l’histoire tumultueuse de sa famille et de la nation. La cour a statué en sa faveur, ordonnant au gouvernement de lui verser une somme conséquante évaluée à environ 21,2 millions de dollars en 2023.
Malgré cette décision de la cour, Nancy s’est retrouvée à attendre la compensation, qui ne s’est jamais pleinement matérialisée jusqu’à sa mort, illustrant les luttes périlleuses auxquelles sont confrontés ceux et celles qui recherchent justice et reconnaissance de leurs droits.
Dans la même année, 2023, elle a appelé à une réinhumation d’État pour son mari, Samuel Doe, reflétant son amour et son respect durables pour lui, ainsi que son désir de clôture et de guérison pour leur famille et la nation.
La vie de Nancy Bohn Doe est un témoignage de résilience, d’engagement et de l’esprit indéfectible d’une femme dédiée à la réhabilitation, au développement de son pays et de son peuple. Son parcours reflète les impacts profonds des défis à la fois personnels et collectifs auxquels sont confrontés les Libériens, servant d’inspiration pour les générations futures.

Elle part en paix, laissant derrière elle une famille et des proches endeuillés, ainsi qu’une nation orpheline, mais reconnaissante qui est sur une voie stable vers une paix durable et la prospérité. Repose en paix, maintenant et pour toujours, Mme la Première Dame, chère Cousine ».
Kehi Edouard DJOUHA, Sénateur de Cavally, Côte d’Ivoire, Cousin germain de Mme Nancy Bohn DOE.
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