« Côte d’Ivoire…? Je viens en courant »
Légende vivante du Makossa camerounais, Sam Fan Thomas revient sur sa riche carrière, marquée par des tubes emblématiques comme Mandela et African Typic Collection. Dans cet entretien exclusif, l’artiste, aujourd’hui septuagénaire, évoque son attachement profond à la Côte d’Ivoire, pays qu’il considère comme une terre d’adoption.
À la veille d’une tournée européenne prévue en octobre, il rend un vibrant hommage à Bailly Spinto et revient sur les liens musicaux et affectifs qui l’unissent à l’univers artistique ivoirien.
Sam Fan Thomas bonjour et merci d’accepter cette interview. Vous annoncez une nouvelle tournée en Europe. Qu’est-ce qui vous motive à reprendre la route après tant d’années de carrière ?
Je dirais que c’est l’appel du public. Le Makossa vit toujours, et partout où je vais, on me demande : « Sam, quand est-ce que tu reviens sur scène ? ». Alors, j’ai décidé de répondre à cet appel, humblement, mais avec énergie. Cette tournée, c’est aussi une manière de dire merci à ceux qui m’ont soutenu depuis les années 80, et à une nouvelle génération qui redécouvre mes chansons sur les plateformes.
Vous avec commencé par Paris le 20 octobre, puis Bruxelles, Francfort, Villeurbanne et Bordeaux. C’est un vrai tour d’Europe !
Exactement. C’est un « mini-tour », mais très symbolique. Paris, c’est toujours spécial pour moi. L’an dernier, j’ai eu l’honneur de chanter à l’Olympia avec mon ami et frère André-Marie Tala. Cette année, je serai au Divan du Monde, une salle intimiste, mais mythique. Ensuite, j’irai à Bruxelles, Francfort, Villeurbanne, et je finirai à Bordeaux. Chaque ville a son histoire avec ma musique.
Vous sortez un nouveau single, Che Gwon Laa. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Che Gwon Laa signifie en gros « Lève-toi et avance » dans ma langue. C’est un message d’encouragement, surtout pour la jeunesse africaine. On traverse des moments difficiles, entre crises économiques, conflits et migrations. Mais il faut garder la tête haute. Le Makossa, c’est une musique de joie, de combat aussi. Et ce morceau, c’est mon petit cri d’espoir.
Lors de cette tournée, comptez-vous interpréter vos grands classiques ?
Bien sûr ! African Typic Collection, Makassi, Rikiatou… Ce sont des chansons qui ont marqué des générations. Je ne peux pas monter sur scène sans les chanter. Mais je vais aussi surprendre : il y aura des nouveaux arrangements, des fusions avec d’autres styles… Je serai accompagné de chanteuses et danseuses pour offrir un vrai spectacle, pas juste un concert.
Comment vivez-vous le fait d’être encore sur scène après plus de 35 ans de carrière solo ?
C’est une bénédiction. Je ne prends rien pour acquis. Quand je vois des jeunes chanter Makassi ou me reconnaître dans la rue à Montréal, Paris ou Douala, je me dis : « Sam, tu as semé quelque chose ». Et tant que j’ai la force de monter sur scène et de faire danser, je continuerai.
Un mot pour vos fans européens qui vous attendent ?
Je vous aime ! Préparez-vous, on va danser, chanter, se souvenir… et surtout célébrer le Makossa ! Venez nombreux. Le vieux Sam est toujours là, et je viens avec le feu dans les jambes (rires) !
Les mélomanes ivoiriens et africains devraient-ils croire que vous avez rangé le micro et la guitare pour la retraite ? Aujourd’hui l’actualité avec Sam, c’est quoi ?
Les mélomanes m’écrivent tous les jours. Les ivoiriens qui sont en Côte d’Ivoire et qui se souvienne toujours de moi, avec mes sons, qui ont beaucoup marché là-bas m’écrivent. Mes tournées qui continuent d’avoir des likes sur ma page Facebook par beaucoup d’auditeurs et fan ivoiriens, montre que la Côte d’Ivoire ne pas oublier.
Oui, mais les mélomanes ne vous entendent plus vraiment. Ils se demandent si la traite musicale est consommée pour vous ?
Peut-être ce qui fait penser à la retraite chez les mélomanes, c’est surement, sur le plan discographie. Il n’y a pas. Pas assez d’œuvres que j’ai pu remettre sur pied, mais en ce qui concerne-les tournées, je continue de les faire à travers des festivals, des concerts dans le monde, presque dans le monde entier. La dernière en date est celle de la Sierra Leone où j’ai joué devant 40 000 personnes qui ont apprécié le spectacle. Ce sont des souvenirs des années 84 qui ont poussé les promoteurs Sierra léonais à m’appeler. J’ai été invité par ce gouvernement pendant la campagne présidentielle pour faire une prestation au stade. C’est la dernière en date et qui date de 2 mois.
Aujourd’hui, avez-vous des regrets dans votre carrière musicale ? Si oui pourquoi ?
Le seul regret, c’est d’avoir fait une grande tournée aux États-Unis avec un magnifique orchestre et comme j’avais fait un an de tournée et je n’ai pas pu m’exprimer avec cet orchestre à travers l’Afrique. C’est le plus grand regret que j’aie aujourd’hui parce que c’est un orchestre de l’Afrique de de l’Est qui a commencé au Kenya. J’ai fait 6 mois de tournées au Kenya et dans les pays environnant ensuite nous sommes partis aux États-Unis pour des spectacles.
C’est lors de cette tournée aux États-Unis que j’ai pu ramener mon studio qui existe au Cameroun et tous les musiciens étaient sous mes bras. Je ne sais pas pourquoi je suis arrivé au Cameroun avec tout ce monde et malgré cela, je n’ai pas pu faire un concert comme exactement ce que j’avais envie de faire. Je pouvais aller dans mon pays la Côte d’Ivoire pour m’exprimer différemment et faire mon play-back et tout voilà.
Et quelle a été votre plus grande satisfaction dans votre carrière ?
Mais ma plus grande satisfaction c’est le jour où je reçois mon deuxième disque d’or ensuite j’ai fait des tournées pour le président Mandela pendant sa campagne en 88. Je veux aussi rappeler que le fameux disque d’or ‘’Mandela’’ est sorti bien avant que Mandela soit libéré de prison. J’ai accompagné Nelson Mandela à CNN. Ça, ce sont des souvenirs que je ne peux pas oublier. J’oublie pas aussi qu’une fois, j’ai eu ma tournée en Côte d’Ivoire dans les années 84 pendant la Coupe d’Afrique des Nations.
Donc, voilà des souvenirs comme ça que je ne peux pas oublier et tous les autres pays africains qui m’ont reçu. J’ai été joué avec Thomas Sankara. Au Mali, ils m’ont décoré. Je suis repartie là-bas voir dans le tamani. Il y a aussi après le Mali, le Congo et tout dernièrement le Cameroun m’a décoré à travers un canal d’or sans oublier aussi que jusqu’à présent mes chansons continuent de faire le tour du monde parce que je fais des tournées toujours. Il y a 4 mois de cela, je partais en Sierra Leone et une chaîne colombienne a envoyé quelqu’un ici faire un reportage pour tous ce qui je fais pour la musique.
Pour la musique colombienne ?
Je le pense parce qu’ils ont dit que c’est à partir de ma musique qu’ils sont retournés dans la vision musicale africaine. Et c’est vrai parce que quand je regarde les vidéos, les noirs colombiens jouent beaucoup la musique africaine. Ils s’identifient à partir de là. Il faut dire que pendant la coupe du Monde de 2010, il fallait choisir une musique africaine et ma musique ‘’African Typic Collections’’ était bien partie pour être interprété et finalement, ils ont choisi les Zangalewa parce qu’il y avait plus d’ambiance avec les militaires (dans la vidéo, ndlr) qui défilaient voilà l’histoire.
Vous êtes passé à côté de l’histoire. Du moins, vous étiez sur le chemin et presque. Ceci dit, d’où est venu l’idée de votre style vestimentaire, s’habiller en cuir? NST Cophies (paix a son âme), s’habillait un peu comme vous en dehors des couleurs rouge et noir. Le message à travers la tenue scénique c’était quoi?
Bon, moi je ne sais pas. J’avais un couturier en France. Je vous assure que je m’y connais pas en tenue vestimentaire donc il m’habillait et puis on me disait que c’est bien. Donc je ne savais pas que quelqu’un d’autre le faisait. C’était juste comme ça et puis ma musique était aussi différente des autres hein. C’est lui qui m’avait dit bah écoute ta musique n’est pas du makossa pur à 100 %. C’est une musique qui avait des références qui riment avec des cuirs et blousons.
Aussi, et tout de même la danse que je présentais en spectacle n’avait rien à voir avec ce que les gens présente ici au Cameroun. Donc bon je ne sais pas et mon souci était ma musique et ma prestation scénique pas forcément les habits parce qu’en même temps quand je vois James Lennon, il était en Jeans, tee-shirt et tout… Il n’était pas trop porté vers les tenues de scène et moi j’ai remarqué que les plus grands musiciens du monde sont les plus simples sur terre.
A bon ?
Oui. C’est ça, voilà moi j’avais toujours une référence qui était Manu Dibango et Bailly Spinto que je connais bien. Quand je les rencontre à Abidjan, ils étaient toujours simplement habillés, simple voilà c’était une référence pour moi donc je me dis qu’il fallait que je fasse comme eux, parce que je me dis que j’avais plus a parlé de la musique que de mes vêtements.
Très bien. Mais étant artiste, vous étiez beaucoup aimé par les femmes pour votre beauté physique et aussi la qualité de votre musique ?
C’est vrai. Bon quand ont étaient encore plus jeune parce qu’il faut dire que ça fait plus de 30 ans et moi je me rendais pas compte. Je savais que quand je chantais, il y avait des fans qui chantaient. Une fois, je suis allé à Abidjan. Je devais jouer à l’université. Je n’ai pas pu jouer parce que les femmes sont tous montées sur scène. C’était impossible de jouer. Je suis reparti.
Les concerts privées, vous en avez fait dans votre carrière pour les hommes et les femmes ?
J’ai fait des concerts privés, dans les domiciles des gens parce que les gens m’aimait tellement. Je venais chanter pour eux, donc les femmes c’est vrai, c’est vrai qu’il y avait plus de femmes que des hommes. Il fallait dire que c’est le métier parce que si on ne tenait pas pendant plus de 10 ans 15 ans, on nous aurait oubliés pour se concentrer sur d’autres personnes. Voilà si aujourd’hui je continue de faire des concerts à travers les stades, ça veut dire que j’ai pris mon métier au sérieux.
Comment est-ce que vous vous êtes senti lorsque votre musique a été jouée à varietoscope comme morceau imposé sachant que c’est un morceau étranger?
Je suis très reconnaissant pour ce que la Côte d’Ivoire à faire pour moi parce que c’est le premier pays qui m’a adopté sans me connaître et jusqu’au aujourd’hui, je suis très reconnaissant. C’était un privilège et je continue de dire merci à la Côte d’Ivoire qui m’a invité pour une tournée qui a duré pendant la Coupe d’Afrique des Nations en 84. Je suis un enfant de la Côte d’Ivoire.
Quels sont vos plus beaux souvenirs de votre tournée à Abidjan avec les artistes et les autorités ivoiriennes ?
J’étais à l’anniversaire de François Lougah. Les musiciens ivoiriens sont mes amies, David Tayeraud c’est quelqu’un qui connait ma musique. J’étais invité dernièrement par A’salfo, le chanteur principal de Magic système. J’étais mis à l’honneur. C’est-à-dire que c’est moi qui ait clôturé le grand festival d’Anoumabo. Donc ça, ce sont des signes qui montrent que ce pays m’a adopté. Les autorités en tant que telle, je ne les connais pas personnellement.
Afrique Etoiles, ça vous dit quelque chose ?
Vous devez plutôt dire : qu’est-ce-qui devient le magicien d’Afrique étoiles ? Parce que quand j’arrive au Kenya pour la première fois, c’est Afrique étoiles qui est passé en langue anglaise là-bas parce que je ne savais pas que l’émission a été doublée pour les anglophones. Au Kenya, on m’a dit que c’est grâce a Afrique Etoile en Côte d’Ivoire que nous t’avons connu.
Nous avons dû appeler les présentateurs de Côte d’Ivoire pour avoir votre contact du Cameroun. Et ce, pour faire la première tournée d’Afrique Etoile dans le monde anglophone africain. Je ne sais plus comment il s’appelle et ce qu’il est devenu ce grand et super journaliste culturel ivoirien (Ndlr: Yves Zogbo Junior) qui mettait l’art africain en exergue.
Et vous avez parlé tout à l’heure de la Colombie. Qu’est-ce qui manque à la musique africaine pour pouvoir gagné assez d’argent comme c’est le cas pour l’Amérique ?
Ce qui manque, ce sont les producteurs et les managers. Ils ne sont pas souvent informés. Pour la seule fois que j’étais entouré par un manager bien professionnel, j’étais fatigué de faire des concerts. C’était fatiguant. Il faut être formé pour être un manager. Un manager, c’est celui qui sait parler à travers le monde c’est celui qui sait négocier pour son artiste. Celui qui introduit son artiste dans le cercle fermé de grand mouvement artistique de prestige.
Celui qui est capable de mettre son artiste sur des plateaux. Celui qui a une bonne ouverture sur monde musicale. Le manager ce n’est pas celui qui dors au téléphone et quand ont dit bon, on veut ton artiste, il dit je suis malade. Non il va vers. Le manager doit avoir un carnet, doit savoir négocier avec les tourneurs pour des spectacles de son artiste vers des pays comme la Chine. C’est donc celui qui vend son artiste. C’est ça le manager.
Et l’avantage des réseaux faits que beaucoup d’artistes se passent de manager par exemple.
En Afrique ?
Oui en Afrique.!
En Afrique euh bon il y a un avantage peut-être aujourd’hui pour les jeunes qui sont très visible sur les plateformes. Ils sont très visibles et ils laissent même leurs adresses c’est différent aujourd’hui donc on peut dire au niveau des plateformes numérique on se faire voir facilement. C’est bien avantageux. Nous n’avions pas ça à notre époque. Nous avions de vrai managers et producteurs. Le Cameroun n’avait pas de télévision quand je faisais ‘’African Typic Collections’’ c’est-à-dire, il fallait acheter les disques.
C’était des radios qui jouaient ma musique. Et quand on passait dans la rue, les personnes sortaient pour me saluer jusqu’à la maison. Maintenant on regarde la télé, on n’achète pas de disque. On va télécharger sur des chaines YouTube. Et même certains artistes le font. Ils sont obligés de faire ça parce que sur le plan publicitaire, sur le plan organisationnel de spectacle, ce n’est pas évident et beaucoup sont des amateurs.
Mais avec des CD qui marchent
Oui. Mais, ils ont la chance d’avoir un disque qui marche. Malheureusement, ils refusent d’avoir recours à des personnes qui ont l’expertise dans le domaine. Aujourd’hui, si vous poser des conditions à certains artistes musiciens au Cameroun en ce qui concerne l’organisation de son staff, il va fuir. Ils te diront, Ils ne font pas ceci-cela. Ils sont dans les bars. Ils jouent, ils boivent, ils ne sont pas discret pour qu’on découvre leur musique. Ça, c’est des attitudes que je regrette beaucoup pour les jeunes qui veulent faire carrière dans la musique.
Ceci dit, quel est votre jugement du niveau actuel de la musique africaine avec les arrangements et les compositions ?
S’il faut donner un rang aux musiciens par pays, je dirais que j’apprécie aussi beaucoup la musique du Nigeria. Sur le plan technique, il y a rien à dire, c’est-à-dire enregistrement, mixage, le mastering, tout. Il y a rien à dire. Maintenant je peux suivre le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Congo. Le Congo aussi ils sont dans leur musique, ils font ça très bien. La rumba congolaise pure. Ils le font bien.
Les guitaristes sont justes. Pour la scène c’est là peut-être que le Cameroun et la Côte d’Ivoire se baladent un peu sur la deuxième et troisième place. Sinon comme je l’ai dit une musique est bien quand c’est bien composé, bien chanté bien arrangé, bien enregistré et bien mixé. Maintenant faire la promotion est un point important.
Quel est votre regard critique sur la musicale camerounaise et ivoirienne ?
Ça se mélange très bien parce que faut le dire, c’est la même musique. Quand j’écoute aujourd’hui les jeunes artistes musiciens, je trouve qu’ils se débrouillent bien. C’est presque la même musique partout. Aussi, il y a la langue mais l’avantage des chanteurs de la Côte d’Ivoire, c’est qu’ils chantent en français. Parce qu’en français, tout le monde écoute et comprend ce qu’on dit. Et c’est un effort qu’ils ont fait de rester constant. Dès que j’écoute les mélodies, je me dis que ça, c’est ivoirien tout est presqu’en français.
Et le coté anglophone ?
Le côté anglophone pour parler du Cameroun, chante en anglais et l’effort c’est que les anglophones chantent en français donc la différence quand j’écoute je sais déjà que ça par exemple c’est congolais et camerounais. Je n’ai pas de difficulté a identifié l’origine d’une musique africaines surtout en Afrique noire. C’est vrai que les jeunes chanteurs africains ont tous a peut prêt le même niveau mais il faut reconnaitre que certains ont beaucoup plus de talent et sont très professionnels.
Au niveau des plus jeunes, en Côte d’Ivoire, je citerai Bebi Philip. David Tayeraud m’a dit qu’il a écouté ‘’Makassy’’ pendant plusieurs années avant d’aller vers le coupé-décalé. C’est du talent et du professionnalisme ça. Je les apprécie tous. Ce sont de très bons musiciens, moi j’écoute beaucoup la musique ivoirienne.
Est-ce que vous avez des projets artistiques personnels que vous avez eu à faire dans le passé ou jamais réalisés? Et pourquoi et qu’elle était l’urgence sur votre carrière ou la société ?
Bon, le premier projet que j’ai eu dans les années 90 était pour tous les musiciens qui m’entouraient dont Kotto Bass, (devenu le batteur de Manu Dibango). A l’époque, quand je les voyais j’avais un percement au cœur parce qu’ils me rendaient célèbre. Mais eux, ils sortaient du carreau. J’ai tout fait pour qu’ils me retrouvent en France dans le groupe pour la grande tournée. Et mon rêve était de réaliser une structure qui puisse les aider et quand j’ai eu un peu d’argent aux États-Unis, j’ai dit la seule façon de les aider c’était de mettre une structure au Cameroun pour eux pour permettre a beaucoup de gens d’émerger.
Vous avez pu le faire finalement ?
Je crois parce que le résultat a donné les Kotto Bass, les Keng Godefroy, de très grands instrumentistes. Malheureusement, la crise économique qui venait de frappé toute l’Afrique a eu des conséquences. Et il n’y avait plus vraiment de possibilité de retourner en France pour s’enrichir. Vous savez ce que le producteur en fait ?
Non
Ils ont changé de métier. Ils ont transformé leurs discothèques en quincaillerie. Aujourd’hui quand je regarde 10 ans après ceux que j’ai cités sont partir au Congo histoire de s’enrichir et ils sont très célèbres aujourd’hui.
Qu’est-ce que vous pensez des artistes des années 80 et 90 qui refusent à la jeune génération d’artistes de reprendre leurs musiques ?
Mais ils ne savent pas ce qu’ils veulent parce qu’ils ne savent pas ce que c’est une adaptation musicale. Parce que même pour être chanteur il faut apprendre des lois des métiers parce que pour interpréter il faut reconnaître qui est auteur-compositeur. On reste toujours patron de ses œuvres toute la vie. Si ça tombe dans le domaine public, si quelqu’un interprète ‘’Mandela’’ par exemple, s’il écrit la dessus pour dire que c’est ma composition même s’il a ajouté du n’importe quoi on appelle ça une adaptation.
Et pour vous des artistes des années 80 et 90 qui refusent font fausse route ?
Oui, je le pense sincèrement. C’est une erreur de penser qu’un enfant ne peut pas reprendre nos chansons. Puisque nous même quand nous sommes assis dans les cabarets on chante les chansons du cabaret. J’étais à l’image de James Brown et autres. Ça c’était mes artistes que j’aimais dans le temps. Donc aujourd’hui si ceux qui ne veulent pas qu’on interprète leurs chansons il faut qu’ils aillent apprendre le métier.
Vous êtes donc ouvert à des reprises ?
Oui. Si quelqu’un reprend ‘’African Typic Collection’’ ou bien ‘’Mandela’’ ou autre, l’on aura que les droits d’interprète et moi je reste auteur-compositeur. Le compositeur reste auteur toute sa vie. L’œuvre reste incessible inaliénable. Sinon on ne prend pas la chanson de quelqu’un, même les éditeurs souvent je les dits vous êtes éditeurs, mais pas auteur-compositeur de l’œuvre. Pour les artistes qui voudrons reprendre ma musique, qu’il me rencontre, je leur donnerai l’autorisation de le faire voilà parce que je suis auteur-compositeur.
Pensez-vous que nos morceaux Olga et Sabina peuvent être repris facilement du point de vue orchestration et harmonisation ?
Sabina, ça va être compliqué. Pareil avec Olga parce qu’il y a des notes musicales que nous sommes très peu à faire. Je suis le seul à le faire. Aussi, des amis congolais guitaristes peuvent. C’est difficile à faire parce qu’il faut attaquer les accords sur les notes annoncées pour que ça donne la couleur musicale recherchée. Encore une autre technique pour faire.
Comment vous comptez aider les artistes qui voudront apprendre cette technique de guitare ?
Au Cameroun, aujourd’hui nous sommes en train de mettre sur pied avec des amis des formations dans un studio pour pouvoir accorder nos guitares pour aider les jeunes musiciens pour dompter les accords musicaux. Parlant des morceaux Olga et Sabina la guitare doit être réglé ou accordée sur la forme pentatonique majeure et pentatonique mineur. Une fois que c’est fait, dès que vous jouez tout de suite on sait que c’est la musique traditionnelle.
C’est donc ce réglage des accords pentatonique majeure et pentatonique mineur qui font la particularité des morceaux Olga et Sabina ?
Oui. Ce sont des œuvre de recherche qui sont partie du studio ‘’Makassi’’. La musique samalisse est un genre musical folklorique de l’ouest-Cameroun. Pour la petite histoire. Lors d’un arrangement dans mon studio, j’ai fait cet ajout dans la musique d’un jeune artiste qui était venu faire la musique Classique. L’harmonie entre le classique et cet accord traditionnel était très agréable à entendre dans la musique.
Je profite pour vous annoncer la sortie prochaine d’une chanson dédicace a Jazz Brown. Aussi, j’annonce des séminaires pour expliquer aux artistes « comment » fait cette note parce qu’il faut qu’on explique à la nouvelle génération pour qu’elle sache comment régler ce genre de guitare-là pour que ça sonne bien et qu’on entendre des sons traditionnels à partir de techniques des accords plaqués.
Vous avez chanté à l’époque pour Nelson Mandela, pendant qu’il n’était même pas encore sorti de prison. Si vous devriez chanter aujourd’hui pour une autre personnalité politique africaine ce serait qui ?
Bon Mandela il a sacrifié sa vie pour une liberté. Ce n’est pas donné à beaucoup de gens de le faire. Peut-être pour les ‘’Um Nyobe’’ qui ce sont battues pour l’indépendance du Cameroun parce qu’ils ont fait c’est-à-dire ils étaient en avance sur leurs temps. Sinon moi aujourd’hui, je connais Lumumba. Pour Mandela c’était tellement spontanée à l’époque qu’il le fallait parce que partout en parlait. On parlait de l’héros Mandela. Toutes les chansons qui étaient destinés à Mandela étaient des chansons langoureuses. Je me suis dit, mais un héros comme ça il est en prison pour libérer son peuple et pendant que nous nous buvons la bière on pense à lui. Mandela sous forme de danse, c’était le célébrer.
Et si on parlait un peu des droits d’auteur. Nous entendons toujours votre musique jouée à la radio et téléchargée sur exemple YouTube. Recevez-vous des droits jusqu’à ce jour ?
Ouais dans tous les sens. J’étais même le PCA de la nouvelle société de droits d’auteur ici au Cameroun. C’est moi qui ai mis en place la SONACAM (Semblable au Burida) sur pieds. On m’a invité à le faire et on a fait tout ce qu’on a pu pour avoir un agrément. Je me suis battu pour le positionner. J’étais obligé de m’endetter pour mettre la structure sur pieds. Un an trois mois après, ils ont commencé a bavardé dans les oreilles. J’ai convoqué mon assemblée et les gens se sont accaparé vous savez ce n’était pas une mince affaire.
Avez-vous des critiques ou des propositions ?
Nous avions mis sur pied un comité pour faire la proposition au gouvernement pour qu’on sorte de cette crise, on a fait beaucoup de propositions. On a même mis sur pieds le statut des artistes grâce aux juristes de la société.
Peut-on dire que la gestion des droits d’auteur en Afrique pose toujours problème. En Côte d’Ivoire avec le Burida, il y a toujours des mécontentements. C’est bien pareil avec la SONACAM ?
Vous savez j’ai dirigé cette structure. Les propositions de textes pour rendre forte la SONACAM a été faites sous ma présidence. C’était donc un compte pour les artistes. Malheureusement, à un certain moment, on avait remarqué que les gens géraient mal les ressources reçues. Il y avait un désordre par certains qui ne voulais par la clarté dans cette répartition.
Il était donc question de diviser par pourcentage, 10 % pour la répartition et 30 % pour le fonctionnement. Il y a plusieurs problèmes. Aujourd’hui, au Cameroun les caisses sont séparées. Une caisse pour le fonctionnement et une autre compte pour les œuvres des artistes. Voilà c’est ce qui existe maintenant et jusqu’à présent les gens continue à voler.
OK y a-t-il des personnes en Côte d’Ivoire a qui vous aimerez adresser un message particulier ?
A tout le public ivoirien. Il n’y avait pas une seule personne qui était pour moi mais tout le public. C’est tout un peuple. Une masse derrière qui apprécie ce que je fais qui continue à m’écrire. Qui demande ce que je deviens. Quand je vais revenir en Côte d’Ivoire ? Particulièrement je veux saluer ceux qui m’ont invité la dernière en date c’était David Tayeraud, A’salfo du groupe Magic système. Je les salue. J’ai fait une chanson avec David Tayeraud qui passe déjà sur les antennes. Voilà
Et si l’Etat de Côte d’Ivoire vous invitait pour chanter, quelle serait votre réaction ?
Je viens en courant
Christian Guehi
Ennoyé spécial à Yaoundé/Douala
Crédit photo S.F.T

