Songon-Kassemblé. Village situé avant le grand carrefour de Jacqueville et Dabou, chef-lieu de la zone Songon qui abrite la Sous-préfecture et les cités de logements sociaux de Songon. C’est là que, le 7 juin 2025, les Dougbo, génération sortante, selon la pratique en pays Tchaman ou Atchan se sont accordés sur le nom du chef du village.
Il est le candidat choisi par la génération Tchagba en assemblée générale publique à la chefferie. Le 26 juin 2025, le nouveau chef AGNON JONAS reçoit les bénédictions du garant des us et coutumes, Nanan DJAKO Biegoua Georges. Oint, AGNON JONAS livre ses premières impressions et sa vision pour cette immense responsabilité au micro Ledebativoirien.net. Interview.

LDI : Depuis quelques semaines, vous êtes le nouveau Chef du village de Songon-Kassemblé. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous-même ?
AGNON JONAS : Avant tout propos je voudrais rendre grâce à Dieu le Tout-Puissant qui trace la destinée de nos vies selon sa volonté. Ensuite rendre hommage à mon père Feu AGOUA AGNON Mathieu qui fut chef du village pendant la mandature de la génération Gnando ainsi qu’à mon grand-père Feu AGOUA Guillaume dit KOBOR, ancien chef de ce village pendant le règne de l’ancienne génération Dougbo.
Mes pensées pieuses se tournent vers notre défunt chef AGBASSI Isidore et son porte-parole Feu MEYAN THEODULE, mon ami personnel, tous deux arrachés à notre affection. Après ce devoir de mémoire, je me présente. Je me nomme AGNON Jonas, je suis professeur de lycée de SVT – Sciences de la vie et de la terre- depuis plus de 30 ans et actuellement Inspecteur Pédagogique de l’enseignement secondaire au Lycée Moderne 3 de Daloa. Je suis marié et père de 2 enfants.
En effet depuis le 26 juin 2025, j’ai été choisi comme chef du village de Songon Kassemblé ; chef-lieu de la zone SONGON. Mon choix a été confirmé par une prière de bénédiction faite par le doyen d’âge du village Nanan DJAKO Biagoua Georges après la proposition de la génération Tchagba et l’accord favorable des anciens de la génération Dougbo selon nos Us et coutumes en pays Atchan. Ainsi Je veux exprimer ma profonde gratitude envers mes amis de génération Tchagba, aux doyens de la génération Dougbo et au Nanan qui m’ont fait confiance.
Sous quel signe placez-vous votre gouvernance ?

En pays Atchan le pouvoir est géré de façon collective par la génération. Ainsi le chef du village n’est que le représentant de cette génération. Ainsi la vision et les objectifs de ce mandat sont exprimés par la génération.
Le bureau de la chefferie dirigé par le chef est chargé de l’exécution et la coordination des actions pour atteindre ces objectifs fixés. Les grandes lignes de ces objectifs ont été fixées lors d’un séminaire organisé par la génération Tchagba en janvier 2020. Ainsi les objectifs se déclinent en trois (03) axes principaux.
Le premier est celui de la réconciliation et la cohésion sociale. Depuis l’ascension de la génération Tchagba au pouvoir, la tranquillité et la paix sociale autrefois symboles de notre village, ont disparu avec le processus de désignation du chef du village comme dans presque tous les villages Atchan. Ainsi notre première mission est de mettre toute notre énergie pour ramener la paix et la cohésion par des actions concrètes de réconciliation, de pardon et d’union dans les familles, les générations et même dans les églises.
Le second axe est celui du développement durable du village. Songon étant devenu une zone urbaine, la ville se développe de façon extraordinaire avec une démographie galopante grâce aux programmes de logements sociaux et les nombreuses promotions immobilières. Le village ne peut pas reste en marge de ce développement.
Les grandes infrastructures prévues sont : la construction d’un marché moderne, la construction d’un palais de la chefferie, l’assainissement de l’environnement avec la construction des caniveaux, la pose de pavés dans les rues du village, l’entretien et la propriété du village.
Nous essayerons de transformer le village en lui donnant belle allure avec tous les atouts et privilèges naturels tels que la belle baie lagunaire, l’important patrimoine foncier et surtout un capital humain extraordinaire que dispose le village.

Et enfin le troisième axe qui est celui du développement humain, social et culturel. L’être humain étant au centre de tout développement, les actions sociales seront un volet important pendant le règne de la génération Tchagba. Ainsi nous prévoyons mettre en place une assurance santé pour les personnes âgées, une Mutuelle d’entraide décès, des dons de kits scolaires pour les élèves du primaire, un programme d’autonomisation des femmes;
un fonds entrepreneuriat pour l’insertion sociale de jeunes et l’organisation de cérémonies telles que les fête des mères, fête des pères, arbre de noël et journée d’excellence pour les enfants. Aussi des activités culturelles sont organisées pour préserver notre identité sociale et culturelle.
Quelles sont les priorités pour vous et comment comptez-vous y prendre pour les réaliser ?
Comme dit plus haut la priorité principale est l’union de tous les fils et les filles du village de Songon Kassemblé. Car dit l’adage «L’Union fait la force ». Nous allons faire appel à toutes les compétences du village sans exception. Ainsi les priorités sont la réconciliation et la cohésion sociale, la restauration du patrimoine foncier, la Gestion transparente, rigoureuse et collective, et enfin le développement durable du village.
Les femmes jouent de plus en plus un rôle majeur dans le développement rural. Quel appui comptez-vous leur apporter pour une autonomisation réussie ?
Une autonomisation réussie des femmes passe d’abord par une structuration de leurs organisations et groupements professionnels à travers l’organisation et la formalisation des associations, coopératives et groupements, la formation sur la gestion administrative et financière des coopératives et associations ou groupements….

La création d’un fonds de financement pour les femmes, la réouverture de l’usine de fabrication et l’importation de l’attiéké (Don du district d’Abidjan), la création des plantations de manioc et de cultures vivrières pour les femmes par la mise à disposition des terres cultivables, enfin un suivi et contrôle rigoureux pour toutes ces activités.
La jeunesse attend beaucoup de vous notamment les Bléssoué et les Gnandô Junior. Qu’entendez-vous faire concrètement pour eux en tenant compte des réalités du village?
C’est un chantier très vaste et complexe. Nous avons plusieurs jeunesses dans un même ensemble. Il s’agit de la jeunesse active, la jeunesse diplômée en chômage, la jeunesse déscolarisée et désœuvrée, la jeunesse en formation (élèves et étudiants). Face à tous les fléaux sociaux : la drogue et l’abus de l’alcool notamment le koutoukou (Ndlr : liqueur traditionnel au dosage incontrôlé), le vol et la délinquance juvénile…
L’organisation des activités prévues sont : les journées de sensibilisation contre la drogue et l’abus de l’alcool, les cours de vacances pour les élèves, les journées d’excellence pour encourager les meilleures élèves et étudiants, les journées culturelles et sportives pendant les vacances.
L’initialisation d’un programme d’insertion socio professionnelle avec la mise en place d’un fonds social, formations et création des fermes avicoles, à la culture des produits vivriers et aux métiers de bâtiment, offres de permis de conduire. Mais surtout aider nos enfants et petits frères, comme le font certains villages, à entrer dans les grandes écoles publiques notamment ENA, ENS, Police, Gendarmerie, Eaux et Forêts, CAFOP, INFAS etc. Nous y arriverons!
L’animation culturelle d’un village détermine sa dynamique et participe à son développement. Quelle initiative nouvelle envisagez-vous?
L’innovation majeure sera la création d’un festival biannuel qui sera dénommé « Songon Djemin fé ». Ce festival fera la promotion de la culture atchan dans toute sa diversité. On aura, un concours culinaire des mets Atchan, une course à pirogue, un concours de danses traditionnelles et modernes et des journées sportives. Ce festival sera organisé tous les 2 ans sur une semaine dans l’objectif de rassembler tous les fils du village.

Selon vous, quelle est l’origine de la crise actuelle?
La crise actuelle est le fait que certaines personnes veulent imposer leur volonté à la population. Aussi la volonté de Dieu ne peut être forcée pour servir nos ambitions personnelles. C’est Dieu qui dispose de nos vies et nos destins.
La paix et la cohésion interne sont nécessaires pour atteindre vos objectifs, alors que le village est confronté à un conflit de pouvoir. On vous présente comme un pacifiste, un homme de conciliation. Comment comptez-vous ramener la paix et l’unanimité autour de vous ?
Favoriser la concertation de tous les fils du village sans exception. Ensuite trouver des règlements à l’amiable aux nombreux conflits fonciers. Ensuite Associer tous les fils du village à la gestion du village avec la transparence et la rigueur.
Pourquoi doit-on vous faire confiance aujourd’hui?

Me faire confiance pour plusieurs raisons. Je suis un homme de dialogue, prompt à écouter et m’investir pour la paix et l’unité de tous les fils du village, prompt à travailler pour la restauration du patrimoine foncier du village dans l’intérêt commun de tous et non pour les gains personnels et prêt à faire une gestion transparente et participative avec tous les fils du village.
Quel message adressez-vous à toute la communauté de Songon-Kassemblé ?
Premièrement mes mots de remerciements à toute la population pour la confiance faite à ma modeste personne. Car, depuis la prière de bénédiction je suis agréablement surpris des nombreux messages et visites de soutien et le soulagement de la population de voir enfin un nouveau chef du village après 1 an sans chef, depuis l’annulation de l’arrêté préfectoral suivi du décès du l’ancien chef AGBASSI Isidore. Je voudrais dire que je suis à la disposition de tous et je tends la main pour l’union et la réconciliation et le développement du village.
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LEON SAKI
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