Le Panafricanisme a une seule obsession : l’unification juridique et politique de l’Afrique. Les Etats-Unis d’Afrique. Cinquante-cinq Etats doivent renoncer à leur souveraineté pour la confier à un super Etat. Un Etat fédéral, avec des Etats fédérés sous la direction d’un gouvernement fédéral. A l’instar des Etats-Unis d’Amérique. La formule est séduisante, l’idée est belle, voire heureuse.
Pourquoi la construction d’un Etat fédéral à l’échelle continentale est-elle restée lettre morte ?
Les raisons sont multiples, endogènes et exogènes. Le manque de volonté politique nourrit par des leaderships égocentriques d’une part, et l’hostilité des exigences géopolitiques, d’autre part. Dans un contexte international où les empires néo-coloniaux tels la Françafrique et le Commonwealth refusent de mourir, il est difficile pour les leaders politiques africains, rattachés, de fait, à Paris et à Londres, de penser à l’unification juridique et politique du continent. La formule est bien connue, diviser pour mieux régner.
L’union fait la force, c’est bien connu. Cependant, j’épouse moins la thèse de Kwamé N’krumah que celle de Barthélemy Boganda. En effet, il faudrait commencer par des grands ensembles sous-régionaux. Cinq Etats fédéraux, en tenant compte des grandes divisions géographiques actuelles du continent. L’Afrique occidentale, l’Afrique orientale, l’Afrique septentrionale, l’Afrique centrale et l’Afrique méridionale. Une fois qu’on a dit ça, que surgit la question inaugurale : les problèmes des Etats africains procèdent-ils de leur dimension démographique ou de leur balkanisation ? La réponse est malaisée.
Prenons un exemple
La République démocratique du Congo. L’ancienne colonie belge s’étend sur une superficie de 2.345.410 km2 avec une population de près de 100.000.000 d’habitants. La RDC est un géant démographique et un Etat continent. Parlant de ce pays, les observateurs le qualifient de scandale géologique. Il possède un important potentiel de ressources naturelles et minérales. Pourtant, la RDC est un Etat pauvre. La seule ville nigériane de Lagos produit trois fois plus de richesses que le grand Congo. Le Japon a sensiblement la même superficie que la Côte d’Ivoire.
Le panafricanisme est-il une panacée pour l’Afrique ?
A l’analyse, non. Sur les 55 Etats africains, seuls trois sont de véritables démocraties : Le Botswana, l’Ile Maurice et le Cap-Vert. Une fédération de dictatures est-elle politiquement et économiquement viable ? Le problème de l’Afrique est moins la forme de l’Etat que le système politique. Le berceau de l’humanité a un problème de bonne gouvernance, en termes de production et de redistribution des richesses.
Comment comprendre que le pétrole est une bénédiction pour les monarchies du golfe, mais une malédiction pour les Etats africains ? Le Qatar, les Emirats Arabes Unis sont des micro-Etats, mais économiquement prospères avec une influence diplomatique et médiatique à l’échelle mondiale. Par ailleurs, peut-on valablement prôner le panafricanisme dans un continent traversé, depuis l’indépendance, par des mouvements irrédentistes.
Les théories nationalistes et souverainistes sont l’étendard politique de nombreux hommes et partis politiques sur le continent. Il est récurrent de voir des Etats africains chasser des ressortissants d’autres pays africains de leur territoire. Comment les panafricanistes transformeront-ils ces obstacles en opportunités ? Ces faiblesses en Forces ?
Les défis sont énormes, himalayens, mais pas insurmontables. Il faut de la volonté et du courage politiques. C’est le philosophe français, Henri Bergson qui écrivait « Le futur ce n’est pas ce qui va arriver, c’est ce que nous allons faire ».
La Chronique de Geoffroy-Julien KOUAO-(Politologue Essayiste)