Le PDCI-RDA, parti fondateur de la République, père de la Côte d’Ivoire moderne, tuteur idéologique de la classe politique ivoirienne, et géniteur de l’histoire institutionnelle du pays, traverse aujourd’hui sous Thiam l’une des périodes les plus sombres de son existence. Ce qui fut jadis le creuset de la pensée politique ivoirienne, le moteur de l’indépendance et l’architecte de l’État postcolonial, semble désormais à la dérive, désorienté, affaibli par des luttes intestines, et privé de cap stratégique.
Le contraste est saisissant
Le PDCI-RDA, jadis parti-père et tuteur de la République, glisse aujourd’hui vers une posture infantile, incapable de guider ou d’inspirer. De géniteur de l’histoire nationale, il devient simple spectateur de son propre effacement, prisonnier de ses erreurs et de ses renoncements. Le naufrage du présent n’efface pas la grandeur du passé, mais il en ternit l’héritage. Et si le PDCI-RDA veut éviter de devenir un monument figé dans la mémoire collective, il lui faudra retrouver sa voix, sa base, et sa vision.
Autrefois, on chantait fièrement : « Au pays d’Houphouët-Boigny, le PDCI vaincra ! » Aujourd’hui, sous Thiam, on pourrait fredonner : « Au pays d’Houphouët-Boigny, le PDCI s’égare… » Le PDCI-RDA, jadis parti fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, est devenu, sous Thiam, parti démolisseur de l’héritage houphouëtiste. Le parti qui se voulait au service du vaillant peuple ivoirien semble désormais, sous Thiam, desservir ce même peuple avec méthode et froideur.
Le PDCI-RDA, naguère parti de paix, s’est mué en machine à querelles internes sous Thiam. Le PDCI-RDA, autrefois parti d’union, cultive aujourd’hui la désunion comme stratégie électorale sous Thiam. Le PDCI-RDA, longtemps parti historique, devient sous Thiam ahistorique, voire antihistorique, comme s’il reniait ses propres fondations.
Le PDCI-RDA ne suit plus les traces lumineuses de Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié, qui incarnaient une vision claire, une ligne idéologique forte et un enracinement populaire incontestable.
Aujourd’hui, le parti semble évoluer dans les ombres d’un leadership sans cap, où l’héritage fondateur est dilué, les convictions historiques effacées, et les repères militants brouillés. Cette perte de direction et de cohérence interne fragilise son rôle dans le paysage politique ivoirien, et menace de transformer un parti de référence en acteur marginalisé s’il ne retrouve rapidement son souffle idéologique.
Et toute ironie mise de côté, le PDCI-RDA, ce géant du patrimoine politique ivoirien, traverse aujourd’hui l’une des plus graves crises de son histoire, à la fois sur le plan politique et juridique. Ce parti, jadis pilier de la République et repère idéologique, avance à pas lents mais certains vers son propre effacement, incapable de se réinventer ou de se rassembler.
Sous la présidence de Tidjane Thiam, la menace n’est plus seulement celle du déclin : Seul un sursaut collectif, incarné par la convocation urgente d’un bureau politique extraordinaire pour redéfinir les règles du jeu et envisager une nouvelle élection, pourrait encore éviter au parti de sombrer dans l’oubli.
Le PDCI-RDA : De l’Étoile du Sud à l’ombre du doute sous Thiam
Le mardi 9 avril 1946, dans le quartier populaire de Treichville à Abidjan, une salle de loisirs nommée l’Étoile du Sud accueillait un événement fondateur : la naissance du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Ce lieu, prisé par l’élite intellectuelle et militante de l’époque, fut le théâtre de la transformation du Syndicat Agricole Africain (SAA) en un véritable parti politique, sous l’impulsion visionnaire de Félix Houphouët-Boigny.
Ce jour-là, la Côte d’Ivoire entrait dans l’histoire politique moderne. Le PDCI-RDA ne fut pas un simple parti : il devint le moteur de l’indépendance, le bâtisseur de l’État moderne, et le garant de la stabilité républicaine pendant plusieurs décennies. Sous la conduite de figures emblématiques comme Houphouët-Boigny et plus tard Henri Konan Bédié, le parti incarna les valeurs de paix, d’unité nationale et de développement.
Mais aujourd’hui sous Thiam, ce socle historique semble fracturé, affaibli, et en perte de repères. Le PDCI-RDA, jadis colonne vertébrale de la nation, donne l’image d’un parti désorienté, divisé, et parfois déconnecté de ses racines. L’héritage houphouëtiste, autrefois source d’inspiration et de cohésion, paraît relégué au second plan, au profit de luttes internes, de repositionnements incertains et d’une gouvernance qui peine à rallier.
Ce glissement progressif interroge : comment un parti né dans l’élan de la Libération, forgé dans les luttes pour l’émancipation, peut-il aujourd’hui vaciller dans ses fondements ?
L’Étoile du Sud, symbole de lumière et de rassemblement, semble bien loin. Le PDCI-RDA, qui fut jadis l’étoile politique de la Côte d’Ivoire, risque désormais de s’éteindre dans l’indifférence, si un sursaut historique ne vient pas raviver la flamme.
Du souvenir à la lucidité : Retour sur les mandats de Houphouët, Bédié et Thiam à la tête du PDCI-RDA
Félix Houphouët-Boigny – 1er Président du PDCI-RDA
Élu : mardi 9 avril 1946 Fin de présidence : mardi 7 décembre 1993. Durée totale : 47 ans, 7 mois et 28 jours. Fondateur du PDCI-RDA, artisan de l’indépendance, bâtisseur de l’État moderne et père de la nation ivoirienne.
Bilan : Historique – Fondateur – Rétrospectif
Henri Konan Bédié – 2ᵉ Président du PDCI-RDA
Élu : mardi 7 décembre 1993- Fin de présidence : mardi 1ᵉʳ août 2023 Durée totale : 29 ans, 7 mois et 25 jours. Héritier politique de Houphouët, gardien de la ligne houphouëtiste, figure de stabilité et de continuité historique. Bilan : Mémorable – Célèbre – Capital.
Tidjane Thiam – 3ᵉ Président du PDCI-RDA
Élu Première élection : Date de l’élection : Samedi 23 décembre 2023. Raison de l’annulation : L’élection n’a pas été annulée par un tribunal à ce moment-là, mais elle a été contestée en justice par une militante du parti, Valérie Yapo. Celle-ci reprochait à Tidjane Thiam de ne pas avoir été de nationalité ivoirienne au moment du scrutin, une condition requise par les textes du parti pour devenir président. Contestation judiciaire : Pour éviter une décision de justice qui aurait pu invalider son élection, Tidjane Thiam a choisi de démissionner.
Deuxième élection (mai 2025) : Date de l’élection : Mercredi 14 mai 2025.
Raison : Cette seconde élection a été initiée par une direction du PDCI-RDA acquise à la cause de Tidjane Thiam, dans le but de lui permettre de se représenter à la tête du parti dans un contexte juridiquement apaisé, puisqu’il avait renoncé à sa nationalité française en mars 2025.
Déroulement : Tidjane Thiam était le seul candidat, et son élection a été une formalité pour contourner la contestation juridique et le réaffirmer dans ses fonctions.
Durée au lundi 27 octobre 2025 : 1 an, 10 mois et 4 jours (et en progression). Dirigeant controversé, dont la gouvernance est perçue par la majorité silencieuse comme déconnectée des réalités internes du parti, marquée par une méconnaissance des dynamiques historiques et militantes du PDCI-RDA. Bilan : Déconfiture – Désenchantement – Zone d’ombre.
Mes Chroniques critiques, miroir de la démocratie interne
(Citoyen ivoirien engagé, observateur libre des silences politiques, témoin lucide des stratégies manquées. Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA
»Mes Chroniques de Petrouce » ne sont pas une menace. Elles incarnent l’essence même de la démocratie interne : un miroir des convictions, un laboratoire d’idées, et un creuset stratégique où se forge la résilience d’un parti face aux défis du monde réel. C’est dans la friction des pensées, dans le choc des visions, que naissent la maturité politique et la capacité à gouverner une Nation.
À l’inverse, un président qui refuse la contradiction, qui étouffe les voix dissidentes et criminalise l’expression interne, ne dirige pas un parti : Il le confisque, le verrouille, et le réduit à un outil personnel. Ce type de gouvernance ne relève pas du leadership démocratique, mais d’une dérive autoritaire. Un parti politique est, par nature, un espace de pluralité, pas une chambre d’écho. Le choix est donc limpide : Ou l’on dirige en démocrate, ou l’on règne en dictateur.
Par Petrouce Pierre Nicaise GNAGNE( Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA– Analyste politique – Chroniqueur – Éditorialiste– Consultant en Stratégie Électorale et Gouvernance

