Une fatalité, la maison du parti ? Le symptôme d’une gouvernance sans âme
À quoi ressemble désormais la vie militante au CAMPUS du PDCI-RDA depuis l’arrivée des nouveaux dirigeants, jadis lieu stratégique du parti ? Le CAMPUS-PDCI-RDA n’est plus ce carrefour politique où se croisaient convictions, opportunités et fraternité militante.
Ce lieu, autrefois animé par la vision pragmatique du duo HKB-MKG, fonctionnait comme une entreprise politique vivante, où les militants trouvaient à la fois écoute, activité et dignité. Aujourd’hui, la cour est vide, les voix se sont tues, et même les riverains semblent avoir déserté ce temple du militantisme.
Ce recul n’est pas une fatalité : c’est le symptôme d’une gouvernance sans âme, d’une stratégie sans ancrage et d’un leadership qui peine à incarner l’héritage du parti. Les nouveaux dirigeants du PDCI-RDA doivent comprendre que diriger un parti, ce n’est pas occuper un siège, c’est faire vivre une maison.
À l’époque récente, jusqu’à 2022, le CAMPUS du PDCI-RDA respirait l’énergie militante. Des jeunes y arrivaient avec seul bagage leur transport aller et repartaient les poches pleines, portés par la générosité de certains cadres. C’était plus qu’un siège politique : c’était un véritable lieu d’émancipation, un carrefour de rencontres, d’opportunités et d’initiatives militantes.
Sur le plan politique et économique, la gouvernance menée par le Secrétaire Exécutif en Chef Maurice Kakou Guikahué privilégiait une approche inclusive : Deux types d’appels d’offres étaient ouverts l’un réservé aux militants prestataires et opérateurs économiques du PDCI-RDA, et l’autre destiné à des acteurs extérieurs, lorsque les compétences internes ne suffisaient pas. Cette dynamique créait un véritable écosystème économique autour du parti, où chacun trouvait sa place :
- Certains militants venaient pour s’engager politiquement.
- D’autres pour se faire connaître auprès des cadres.
- D’autres enfin pour proposer leurs services ou développer leurs affaires.
Résultat : le restaurant (La Plantation) et la boutique du parti tournaient à plein régime, la cour grouillait de vie et le CAMPUS du PDCI-RDA incarnait alors une maison ouverte, bienveillante et visionnaire.
Aujourd’hui, la cour de la maison du parti est vide de militants, les voix militantes se sont tues, et même les riverains de la maison du parti qui venaient vivre l’ambiance militante ne viennent plus. Ce recul interpelle : les nouveaux locataires de la maison verte semblent gouverner à huis clos, sans créativité politique ni volonté de mobilisation. Et voilà, les détracteurs du “Capitaine” MKG sont désormais face à leur propre incapacité à faire vivre le parti.
Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui critiquaient le “Capitaine” MKG se retrouvent confrontés à leur propre incapacité à insuffler une dynamique militante au sein du parti. Leurs promesses de renouveau se heurtent à une réalité silencieuse, où la mobilisation s’efface et l’animation politique s’essouffle. Ceux qui hier dénonçaient doivent dorénavant répondre de leur gestion, car le PDCI-RDA ne vit plus, il attend de vivre.
Les Délégués Communaux et Départementaux : de préfets à figurants :
Autrefois appelés les “préfets du président Bédié”, les délégués communaux et départementaux étaient les animateurs de terrain, les relais stratégiques du parti. Aujourd’hui, ils sont mis en veille, remplacés par des Hauts Représentants parachutés, souvent éloignés des réalités politiques locales.
Cette nouvelle architecture politique a démobilisé et démotivé les délégués, qui ne peuvent plus parler directement au président du parti, il faudrait qu’ils passent par le Haut représentant. Ce glissement organisationnel est perçu comme une rupture avec la culture traditionnelle militante du PDCI-RDA, et une erreur stratégique politique qui affaiblit les bases territoriales du parti.
Les Mouvements de Soutien : de la fanfare à l’attente
Les mouvements de soutien, créés en fanfare pour soutenir la nouvelle direction et se substituer aux structures officielles du parti telles que les structures des jeunes, sont aujourd’hui en panne de motivation et se sont évaporés dans l’attente. Les militants, eux, attendent, nourris à la fève des illusions, comme Vladimir et Estragon dans “En attendant Godot” de Beckett, un Godot politique qui ne vient jamais.
Conclusion : Du silence stratégique à l’urgence militante :
Le PDCI-RDA ne peut plus se contenter de vivre sous l’ombre de son passé glorieux. L’heure est venue d’affronter le présent, avec ses contradictions, ses silences prolongés et ses choix politiques mal assumés.
La maison du parti, autrefois foisonnante et vibrante, est aujourd’hui le miroir d’un vide organisationnel, d’une créativité militante en panne, et d’une animation politique en hibernation. Les structures internes sont figées, les voix locales étouffées, et l’attente d’un “Godot” politique trop longtemps entretenue ressemble désormais à une stratégie du néant. Pourtant, rien n’est irrémédiable.
Pour moi, il n’y a plus rien à espérer électo-politiquement, les perspectives politiques 2025 ne sont pas porteuses d’espoir, alors Cap sur 2030 ne doit pas être un slogan de fuite, mais une bannière de réconciliation, de reconstruction et de réorganisation. Ce cap doit incarner le courage de se regarder en face, d’écouter les militants, et de redevenir le moteur démocratique que le PDCI-RDA a toujours été.
C’est dans ce sursaut de lucidité que renaîtra l’espérance militante, celle qui transforme le rêve en projet politique et le projet en victoire politique. PDCI-RDA 2030 commencera le 26 août 2025.
Petrouce Pierre Nicaise GNAGNE
(• Membre du Bureau Politique• Ancien Délégué Départemental de Dabou• Ancien Membre des Réformes Structurelles du Personnel Politique du PDCI-RDA (2018)• Ancien Président de la JPDCI de Dabou• Ancien Président des Jeunes Cadres PDCI-RDA du Sud• Candidat Malheureux à la députation / Bannière PDCI-RDA (2011)• Ancien Secrétaire de Section Kpanda / Dabou• Ancien Président du Comité de Base Yopougon / Menuiserie• Membre du Bureau MEECI Collège / Treich-Laplène (Rue 22 barrée, Av.13 et Grand Bloc LOKO – Marcory).