Le mercredi 31 juillet 2024, le Conseil d’Etat rendait sa décision du rejet du recours en annulation de l’arrêté du chef Joseph Abito introduite par un des fils, prétendant à la chefferie du village Abatta, Djomo Yacinthe Cristal Méval. Des manifestations ont suivi la décision du Conseil d’Etat. Le jeudi 08 août 2024 sur la place publique du village, Djomo Yacinthe annonçait officiellement renoncer définitivement au pouvoir de la chefferie, pour que le village retrouve sa quiétude.

« Je décide, ce jour et solennellement de remettre le pouvoir à ceux qui me l’ont confié et sont habilités, selon les Us et Coutume du village d’Abatta, de désigner le Chef du village : les Dougbô », déclarait-il.
Un an plus tard, la crise de chefferie à Abatta est-elle un passé lointain ? Que non ! Les populations de ce bourg lagunaire dans la commune de Bingerville, n’ont pas encore tourné la page de la crise. L’abandon par l’autre prétendant de la chaise de chefferie au bénéfice de celui qui détient l’arrêté préfectoral n’a pas, pour autant ramené la paix.
Une grande partie du village, continue de contester la légalité du détenteur de l’arrêté, lui refusant toute légitimité à diriger le village. Un comité adhoc de gestion est installé depuis lors, présidé par Ohouo Alexis. Le 2 août 2025, ledit Comité a réclamé de nouvelles consultations populaires par le Préfet d’Abidjan, à l’effet de choisir un autre chef autre que Joseph Abito, qui n’a d’ailleurs point pris possession du pouvoir de chef d’Abatta.

Un village, déjà 4 ans sans réel chef. Ici, la déclaration publique du président du comité adhoc à la place publique du village Abatta, invitant à une reprise du processus qui commence selon lui, par le retrait pure et simple de l’Arrêté attribué au chef Abito, non reconnu par le village. Ledebativoirien.net livre le message du Comité adhoc d’Abatta village relativement à la crise à la chefferie dudit village…
« Je suis le président du comité Adhoc.
Je suis là pour assumer l’intérim de Chef Djomo qui a rendu le tablier pour ne pas dire qui s’est retiré depuis le 31 juillet du l’an dernier 2024. Avant-hier, 31 juillet 2025, cela faisait 1 an jour pour jour que j’assume l’intérim du village, je ne me suis pas autoproclamé.
Les anciens se sont concertés pour dire qu’il faudrait que j’assume l’intérim jusqu’à un nouvel ordre. C’est ce qui s’est passé. Et c’est avec fierté et autorité que j’assume cette responsabilité. Aujourd’hui si nous sommes venus à la place publique, c’est pour une mise au point compte tenu de tout ce qui s’est passé au village.
Le chef Djomo, légitimement désigné par le villagea dirigé pendant 3 ans jusqu’au 31 juin 2024. Après consultation du 2 octobre 2021, le 5 octobre un arrêté préfectoral est sorti pour dire que monsieur Abito Joseph est chef du village.

Depuis ce jour, il n’a pas pu exercer ; le village reconnaissant Djomo Hyacinthe, c’est lui qui a dirigé le village jusqu’au la date du 31 juillet 2024 du verdict du Conseil d’Etat. Djomo respectant les lois du pays, au-dessus de nos villages, il s’est retiré pour respecter notre constitution. Depuis son retrait les anciens du village ont demandé à Ohouo Alexis que je suis, d’assumer l’intérim. C’est ce que j’ai fait jusqu’à ce jour.
Dans ce processus, le maire de Bingerville, Issouf Doumbia nous a approchés pour dire que monsieur Abito détenant l’arrêté voulait un compromis. Il a demandé à être le chef et Djomo, le président du foncier et des finances. Nous nous sommes réunis, et nous avons dit que nous sommes les fils d’Abatta et que personne ne viendrait d’ailleurs pour régler nos problèmes. Si nous pouvons régler nos problèmes, il nous faut les régler. C’est ce que nous avons fait.
Nous avons été chez le maire qui a orienté le processus vers le Sous-préfet de Bingerville. Nous avons été chez le Sous-préfet. Un compromis a été fait. Nous avons mis sur papier jusqu’à ce que, ceux mêmes qui l’avaient proposé, le remettent en cause. Le 28 juin 2025, ils sont venus tenter une parodie d’intronisation. Depuis ce jour, personne n’est revenu au village. Donc moi, je suis le président du comité adhoc qui gère le village.

Le village ne peut pas être géré par un comité adhoc. Nous avons besoin de la présence du Préfet. Parce que l’arrêté qui a été donné à monsieur Abito ne sert pas. Il a un arrêté et pendant 4 ans, il n’a pu tenir une seule réunion de chefferie au village.
Djomo aime son village, il s’est retiré pour la paix. Nous demandons à Abito, d’aller déposer l’arrêté. Parce que l’arrêté, ne sert pas Abatta. Cet arrêté au contraire a divisé le village Abatta. Nous voulons que tous les fils et toutes les filles de, Abatta se mettent ensemble. Et que le préfet revienne à Abatta, pour dire à « Abatta, je suis là pour vous, je suis là pour la paix ». Parce que cet arrêté n’est pas pour nous.
80 % des arrêtés qui sont sortis de la préfecture sont en fonction dans tous les villages. Si pour Abatta n’est pas en fonction, pendant 4 ans, c’est que la personne qui détient l’arrêté n’est pas la personne que, Abatta veut. Celui qui détient l’arrêté doit faire son mea-culpa et dire ‘‘si c’est moi qui ne suis la personne qu’Abatta, je remets cet arrêté pour qu’il y ait la paix’’. Il a voulu exercer par la force, mais Abatta est resté uni. Les ancêtres ont dit : « Tout ce qui sort de la place publique est sacré », c’’est pour cela que nous sommes à la place publique.
Nous voulons simplement dire au Préfet de revenir à Abatta pour qu’il y ait la paix.

Parce que depuis le retrait de chef Djomo, Abatta n’a plus de chef du village. Nous sommes à la place publique, nous n’avons pas de chef du village. Un chef doit avoir de l’autorité et l’assumer.
Le préfet doit venir à Abatta pour nous apporter la paix. Abatta a besoin de tous ses fils. Nous sommes là pour chasser les gens ! On ne chasse personne. C’est pour cela, le jour où ils sont venus faire leur parade dans tout le village, nous avons demandé à tout le monde de ne pas intervenir pour éviter un bain de sang, parce que les personnes qui ont fait cette parade ne sont pas d’Abatta.
Les vrais fils d’Abatta quand ils sont sortis, ils ont possédé le village. Je suis le président du comité Adhoc. Je suis fatigué d’assumer l’intérim. J’ai besoin de monsieur le préfet, qu’il vienne dans notre village. Les problèmes du village se règlent au village. Qu’il vienne pour qu’il y ait la paix au village. Nous avons besoin de la paix. Donc nous demandons en toute sincérité le retrait de cet arrêté qui fait tant de tort à Abatta. Parce que c’est un arrêté qui n’a jamais tenu de réunion au village. Nous apprenons pêlemêle que c’est un arrêté qui fait des réunions en ville, dans les maquis, dans les restaurants etc., ce n’est pas honorable pour notre village.

Donc, nous avons besoin du retrait purement de cet arrêté qui fait du tort au village Parce que nous-mêmes, nous avons de la peine pour Abito qui détient l’arrêté et qui n’arrive pas à exercer. Il doit savoir qu’Abatta n’est pas son entreprise, Abatta c’est son village. C’est pour cela que tout le monde circule mais personne ne viendra dire avec un arrêté dire qu’il est le chef du village, ça ne passera pas.
Nous avons pris nos responsabilités et nous allons les assumer pleinement. Ce n’est pas un message offensif, mais c’est un message pour dire à tout le monde que, Abatta, c’est pour nous tous. L’arrêté ce n’est pas un CV. L’arrêté est destiné à Abatta.
Si ça ne sert pas Abatta qu’on nous retire cet arrêté pour qu’il y ait la paix. C’est ce message que je voulais annoncer à nos autorités qui ont fait venir cet arrêté pour créer assez de troubles. L’arrêté a créé assez de troubles. L’arrêté verser beaucoup de sang des fils et des filles du village. Donc on demande simplement que cet arrêté soit retiré purement du village.

Je suis le premier responsable d’Abatta, jusqu’à ce que le préfet arrive pour une consultation populaire afin de désigner le nouveau chef. Je vous remercie », Ohouo Alexis pour le Comité adhoc.
Le message sera certainement entendu par le préfet d’Abidjan, actuellement engagé dans la résolution de la crise à la chefferie de Songon Kassemblé. Le village Abatta se dit prêt pour un retour à la cohésion sociale, avec la reprise du processus de désignation de son chef.
Ledebativoirien.net
Grace Ozhylly
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