La gratuité du »Certificat Médical » et la dénonciation, des armes contre les VGB
Un plaidoyer visant un plan de renforcement de la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) et la prise en charge a été au centre d’un Café débat Espace d’échange inclusif et interactif, qui s’est tenu le jeudi 27 novembre 2025 à Cocody, Abidjan. Une initiative du Réseau Alliance Droits et Santé (ADS) créé en 2013 regroupant 22 organisations de la société civile ouest-africaine engagés pour l’amélioration du statut, de la santé et des droits de la femme et de la fille.

Trois panélistes ont éclairé l’auditoire, lors de cette rencontre qui s’est inscrite dans le cadre du projet Alliance Transformatrice, avec comme objectif de “soutenir la force transformative des mouvements collectifs de la société civile pour accélérer la progression des droits en santé sexuelle et et reproductive – DSSR, des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest” dans six pays : Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal et Côte d’Ivoire.
La juriste, Adou Honorine, Juriste-Expert-Formatrice VBG, Responsable de la Formation à l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI) a éclairé le cadre légal et les mécanismes de protection des victimes ; le médecin, le médecin Dr Toh Zeregbe a expliqué les impacts physiques, psychologiques et sociaux des VBG et le sociologue, Ghislain Pelbien Coulibaly, Spécialiste Genre et masculinité positive, a analysé les dynamiques sociales et culturelles qui favorisent les violences et les inégalités de genre.
Ces panelistes ont souligné l’existence de plusieurs types de Violences Basées sur le Genre–VBG entre autres : les violences physiques, (coups et blessures volontaires), violences sexuelles (agression sexuelle, viol), violences psychologiques ou morale(harcèlement moral et physique), violences économiques (déni de ressources, d’opportunités, de services), enlèvements et séquestrations, mariages forcés et précoces, violences patrimoniales, pratiques traditionnelles néfastes, violences numériques, violences administratives…

Et ce, dans un contexte d’idéologie patriarcale favorisant le déni des violences qui s’appuient sur des croyances, stéréotypes, représentations sociales etc., du fait de la culture du silence.
Pour freiner ces violences, la dénonciation est présentée par les panélistes comme première grande solution. Le réseau Alliance Droits et Santé présent dans ces six pays de l’Afrique de l’ouest a présenté une dimension des VBG dans ces pays.
Par exemple, au Bénin : les violences domestiques et les agressions sexuelles restent fréquentes malgré l’existence de lois de protection. 69% des béninois des affirment avoir subi des violettes au moins dans leur vie (Source afro baromètre.org). 86% de femmes affirment avoir subi des violences verbales ou psychologiques, 76% des violences physiques… Il ressort que les infrastructures de prise en charge restent insuffisantes et l’accès aux soins et au soutien juridique est limité.
Au Burkina Faso : la crise sécuritaire a exacerbé la vulnérabilité des femmes et l’accès aux services d’assistance demeure limité. En décembre 2023, le ministre de la justice de ce pays, Me Edasso, soutenait qu’en 2022, 11 116 cas de VBG dont 8764 femmes et 2352 hommes ont été constatés.
En Côte d’Ivoire : la stigmatisation sociale est l’une des principales raisons qui empêche de nombreuses survivantes de dénoncer leurs agresseurs. Ce qui ne permet au système national de collecte de données sur les VBG d’avoir de statistiques se rapprochant de la réalité…Cependant, en 2022, 7919 cas de VBG ont été rapportés et pris en charge, dont près de 79% perpétrés sur des enfants de moins de 18 ans. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a enregistré 9 607 cas de VBG en 2024, dont 920 viols, 2 030 agressions physiques, 1 798 violences psychologiques, 287 agressions sexuelles, 153 mariages forcés et 25 cas de mutilations génitales féminines.

Le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a révélé qu’en 2024 ce sont 9607 cas de VBG qui ont été déclarés et pris en charge. 26% des femmes de 15 ans à 49 ans ont subi des actes de violences physiques depuis l’âge de 15 ans.
Le pays manque d’un cadre budgétisé spécifique pour une prise en charge holistique des victimes survivantes. La gratuité du certificat médical, malgré, la circulaire du ministère de la Santé n’est pas encore une réalité en Côte d’Ivoire.
Au Mali : la crise sécuritaire a renforcé l’impunité des acteurs des VBG. En 2023, ont été recensé, 15 993 cas de VBG, soit une augmentation de 12% par rapport aux données de l’année précédente. 43% sont des cas de violences sexuelles, dont 25% de cas de Viol, 18% d’agression sexuelle (dont 11% de mutilations sexuelles féminines). Des chiffres qui mettent en lumière la gravité de la situation. L’instabilité politique compromet la mise en place de mesures concrètes de soutien aux victimes.
Au Niger : le mariage des enfants est la dominante. Parmi les femmes de 25 et 29 ans, environ une femme sur quatre (24,9%) était déjà mariée avant l’âge de 15 ans, selon une étude nationale. Le manque de financement limite les interventions de prévention et d’assistance.

Au Sénégal : malgré une législation avancée, le manque de structures de prise en charge et la persistance de normes discriminatoires freinent les progrès dans la lutte contre les VBG. 27% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déjà subi des violences physiques. Dans 55% des cas, le mari ou le partenaire est l’auteur des actes. Malgré l’existence des textes de protection contre les violences, le phénomène persiste et prend et son ampleur est visible.
Devant ce vaste tableau noir dans tous ces pays, les panelistes appellent à une mutualisation des efforts par la mise en œuvre de programmes efficace de prévention qui passe par la dénonciation.
Des efforts sont faits face à cette situation
L’adoption récente d’une de la Convention de l’Union Africaine sur l’Élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, représente une avancée significative. Mais les insuffisances de financement restent un obstacle dans la lutte. Un appel est lancé aux gouvernements. La gratuité du certificat médical a été recommandée.
Dans ce contexte, l’Alliance régionale encourage l’organisation de rencontres visant à créer des espaces d’échanges conviviaux, intergénérationnels et constructifs autour de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Ces rencontres ont pour but d’encourager l’expression, de sensibiliser les communautés et de rassembler les intervenants locaux en vue d’une prévention accrue des violences et d’une prise en charge plus globale des survivantes.

En Côte d’Ivoire, la persistance des VBG reste un enjeu crucial en matière de santé publique, de droits humains et de développement. Le réseau Alliance Droits et Santé Côte d’Ivoire (Alliance 225), regroupant l’AFJCI, l’ASAPSU, LEADAFRICAINES, MESSI, ONEF et RIJES, a appelé les autorités notamment, le président de la République, afin d’obtenir une mobilisation accrue des ressources et un engagement politique plus fort pour assurer une prise en charge holistique (considérer la victime dans sa globalité), durable et efficace des victimes de violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire.
« Aujourd’hui, nous avons pu booster la culture de la dénonciation. Aujourd’hui, les chiffres montrent que la culture de la dénonciation devient réalité en Côte d’Ivoire grâce à la synergie d’action. Petit à petit, avec l’accès aux réseaux sociaux et autres, nous avons une prise de conscience. Les jeunes et les autres couches sociales commencent à dénoncer le cycle infernal des violences basées sur les genres…» se sont satisfait les panélistes et organisateurs du café pour la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG).
Ledebativoirien.net
H. Makré
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