Dans une commune en pleine croissance comme Mankono, où vivent plus de 42 000 habitants, l’absence d’un espace gastronomique digne de ce nom reste une anomalie qui interpelle. Car dans cette cité au riche patrimoine culinaire et aux traditions vivantes, il n’existe pas encore de cadre structuré où la gastronomie locale et moderne puisse s’épanouir, se transmettre et générer des revenus. Un vide qui pèse lourdement sur la vie sociale, culturelle et économique de la population.
Une carence qui freine le dynamisme local
Alors que de nombreuses villes ivoiriennes se dotent progressivement de marchés modernes, de restaurants collectifs ou de villages gastronomiques, Mankono reste en marge. Les repas se consomment dans des espaces informels, souvent précaires, où ni la sécurité alimentaire, ni l’hygiène, ni la valorisation des produits locaux ne sont véritablement assurées.
Ce manque ôte aux femmes, principales actrices de la restauration, de nombreuses opportunités économiques durables. Il limite aussi les jeunes dans leurs perspectives professionnelles et empêche la commune de tirer profit de son potentiel culinaire comme levier de développement et d’attractivité.
Des voix locales qui s’impatientent
La frustration est palpable au sein de la communauté. Pour Mahoula Dosso, représentant le Chef de canton de Mankono, la situation est préoccupante. « Nous avons des traditions culinaires riches, mais elles ne sont pas mises en valeur. Ce vide prive nos enfants et nos épouses d’emplois durables. Mankono mérite mieux. ». Même constat du côté des femmes. Fofana Dogoni, Présidente des femmes de Mankono. « Nous avons le talent et la volonté. Mais sans espace structuré, nous restons confinées dans la précarité. C’est un besoin urgent et concret », a-t-elle déploré.
Les jeunes, eux, s’interrogent sur leur avenir. Meboua Dosso, Président des jeunes de Mankono. « Nous n’avons pas de lieu pour apprendre, innover ou entreprendre dans le domaine culinaire. Ce manque est une perte énorme pour notre génération », a-t-il expliqué.
Une absence qui freine la cohésion sociale
Pour beaucoup, l’inexistence d’un tel espace prive Mankono d’un catalyseur de convivialité et de cohésion sociale. Yeo Lahagnon, Président d’une association de fonctionnaires, résume. « Il n’existe pas de cadre où les habitants, commerçants et fonctionnaires peuvent se retrouver dans un environnement convivial. Cela manque cruellement ».
Le maire de la commune, Vagbama Tambla, reconnaît le besoin. « La municipalité est consciente de cette carence. Un espace gastronomique s’inscrirait parfaitement dans notre plan de développement. Mais il reste à trouver les moyens pour le concrétiser », a-t-il fait savoir.
Un projet attendu, mais encore inexistant
L’idée d’un espace gastronomique à Mankono est régulièrement évoquée : un lieu structuré autour de pôles culinaires, de formations pour les jeunes et les femmes, d’un marché nocturne et d’espaces culturels. Mais pour l’heure, rien de concret n’a été engagé. Le projet reste à l’état de souhait, alors que les besoins sont urgents et pressants.
Ce retard empêche la commune de profiter d’opportunités majeures : autonomisation économique des femmes, création d’emplois, valorisation des produits locaux, réduction de la pauvreté et dynamisation du tissu social.
Un appel à l’action collective
L’absence d’un espace gastronomique à Mankono ne relève pas d’un simple détail, mais bien d’un enjeu stratégique pour la commune. Il appelle à une mobilisation collective des autorités locales, des ONG, des investisseurs privés et des citoyens. Car si rien n’est fait, Mankono risque de continuer à se développer avec un déficit majeur dans son offre culinaire, sociale et économique.
En somme, Mankono ne peut plus se contenter de bricolages ou de marchés improvisés. L’heure est venue de transformer le vide actuel en opportunité, et de faire de la gastronomie un levier de développement durable et inclusif pour toute la communauté.
Ledebativoirien.net
H.KARA

