Du boycott présidentiel à une possible participation législative?
Pétrouce Gnagne est Citoyen ivoirien engagé, Observateur libre des silences politiques et témoin lucide des stratégies manquées. Si Gbagbo n’est pas éligible, alors tout le PPA-CI est-il disqualifié ? Si Thiam n’est pas prêt, alors tout le PDCI-RDA doit-il s’effacer ? Cette posture soulève une erreur politique grave que les deux partis risquent de regretter en murmurant : « Si je savais…», mais comme on dit à Abidjan, « Si je savais n’a pas de queue ». Suivez la CHRONIQUE de Petrouce!

« On ne bâtit pas un parti sur les sautes d’humeur, ni sur la seule intelligence d’un homme, aussi charismatique soit-il. Car quand ce dernier est enrhumé, c’est tout le parti qui tousse. Et quand il est dépassé par les événements du moment, c’est tout le parti qui vacille.
La politique ne peut se réduire à une loyauté affective ou à une dépendance solitaire. Elle exige une vision partagée, une capacité à transmettre et une stratégie collective. Et comme le dit la sagesse dans Ecclésiaste 7 :8 : « Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement ». Encore faut-il que cette fin soit assumée, préparée et porteuse d’un nouveau souffle politique ?
Volet 1 – Une alliance en quête de clarté électorale, confrontée à un déficit de vision et de stratégie politique :
Élections législatives de décembre 2025 : Quel argument pour le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA version Tidjane Thiam ?
À l’approche des législatives du 27 décembre 2025, une interrogation s’impose : avec quel discours, quelle cohérence et quelle légitimité le PPA-CI et le PDCI-RDA comptent-ils convaincre l’électorat ?

Deux mois plus tôt, lors de la présidentielle du 25 octobre, Laurent Gbagbo, figure historique de la politique ivoirienne, et Tidjane Thiam, leader encore en apprentissage, ont choisi de ne pas désigner de dauphins. Une décision lourde de conséquences.
Faut-il y voir une abstention coûteuse ? Un repli stratégique devenu erreur politique ? Ou simplement une incapacité à transmettre, à construire une relève, à penser au-delà du moi ? Ce mutisme présidentiel affaiblit considérablement leur position à l’approche des législatives.
Comment incarner l’alternance quand on a refusé de se confronter à l’échéance la plus décisive du calendrier électoral ? Comment espérer mobiliser une base électorale quand les revendications essentielles, réforme de la CEI, révision de la liste électorale, réintégration des leaders exclus sont restées sans réponse, sans avancée, sans volonté politique visible ?
Une absence de candidature présidentielle qui fragilise la posture législative :

Ne pas participer à la présidentielle tout en validant sa présence aux législatives, c’est ce qu’on pourrait appeler, déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ce qui est regrettable, c’est que ni Laurent Gbagbo ni Tidjane Thiam ne seront candidats aux législatives, mais donneront leur feu vert à leurs partis pour y participer.
Non pas par conviction électorale, mais par crainte de voir émerger des candidatures indépendantes en leur sein et de provoquer une fragmentation interne. Comment justifier un retour dans le jeu électoral sans avoir assumé, ni même affronté, le combat présidentiel ? Ce paradoxe stratégique, ce repli tactique, ce silence calculé… tout cela s’apparente à une manœuvre politique sans cap, sans vision et sans courage institutionnel.
Législative : 63 jours pour convaincre, mobiliser et exister politiquement
Entre le samedi 25 octobre (présidentielle) et le samedi 27 décembre (législatives), il s’écoule 63 jours. 63 jours pour construire un discours cohérent. 63 jours pour mobiliser une base démobilisée. 63 jours pour exister politiquement, après avoir déserté l’échéance majeure.
Volet 2 : PPA-CI – PDCI-RDA : Une alliance sans vision claire, en quête de cohérence

Le PPA-CI et le PDCI-RDA affichent un front commun, mais derrière cette façade unitaire, les fractures sont profondes. Car, au fond, les problèmes politiques du PPA-CI et ceux du PDCI-RDA sont fondamentalement différents, tant dans leur nature que dans leur gestion interne.
L’un est en quête de légitimité historique, l’autre cherche une renaissance institutionnelle. L’un s’appuie sur un leader charismatique en retrait, l’autre sur un dirigeant encore en construction. Cette alliance, née d’un calcul électoral, manque de vision partagée, de stratégie coordonnée et de cohérence idéologique.
Tôt ou tard, le front commun risque de devenir un front divisé. Et si les divergences ne sont pas clarifiées, assumées et dépassées, cette union pourrait se transformer en désunion stratégique au détriment de l’alternance et au profit du statu quo.
Volet 3 : PPA-CI – PDCI-RDA : Une alliance face à ses contradictions stratégiques :
Le PPA-CI et le PDCI-RDA se retrouvent aujourd’hui à la croisée des chemins, confrontés à un dilemme politique majeur : Comment revendiquer une légitimité électorale sans avoir incarné l’alternance présidentielle ? Comment participer à une législative avec les mêmes institutions qu’ils ont longtemps contestées ? Comment mobiliser sans avoir transmis ni préparé une relève crédible ?
Cette alliance, qui suscite encore l’espoir chez certains militants, risque de s’essouffler si elle ne clarifie pas ses intentions et ne redéfinit pas sa stratégie. Car pour survivre politiquement, elle devra répondre à une question essentielle que se posent de nombreux Ivoiriens : Pourquoi le PPA-CI et le PDCI-RDA n’ont-ils pas consenti à des concessions alternatives pour participer à la présidentielle du 25 octobre 2025, alors qu’ils en feront pour les législatives du 27 décembre ?
Une deuxième interrogation cruciale s’impose :

Comment le PPA-CI et le PDCI-RDA peuvent-ils espérer mobiliser leurs bases, justifier leur absence à la présidentielle, et bâtir une stratégie électorale cohérente, alors même que leurs leaders respectifs ont sciemment refusé de désigner un successeur ou un remplaçant pour l’échéance du 25 octobre 2025 ?
Ce vide assumé au sommet interroge : est-ce un choix stratégique ou un aveu d’impréparation ?
Dans un contexte sous lequel l’alternance se construit aussi par la transmission, cette absence de relais fragilise la dynamique militante, brouille le message politique et affaiblit la crédibilité de l’alliance. Comment convaincre les électeurs de s’engager dans une bataille législative, quand la bataille présidentielle a été esquivée ?
Une dynamique législative en quête de leadership politique :
Enfin, une troisième interrogation s’impose : comment convaincre les électeurs de s’engager dans une dynamique législative crédible, alors que l’alternance n’a ni visage ni structure claire ? L’absence de leadership affirmé, de transmission politique assumée et de vision commune fragilise la mobilisation.
Le PPA-CI et le PDCI-RDA peinent à incarner une relève cohérente face à leur adversaire politique majeur, le RHDP. Sans renouvellement des élites ni stratégie lisible, leur capacité à se projeter dans l’avenir reste incertaine. Et dans une Côte d’Ivoire électoralement éveillée, les discours ne suffisent plus : seule une alternance incarnée peut rallier les suffrages.
Volet 4 : Le PPA-CI et le PDCI-RDA vont-ils se dédire honteusement en participant aux législatives après avoir boycotté la présidentielle ?

Après avoir boycotté la présidentielle du 25 octobre 2025, dénonçant une CEI jugée partiale, une liste électorale non révisée et leur propre exclusion du corps électoral, le PPA-CI et le PDCI-RDA se retrouvent face à un dilemme politique majeur : participer aux législatives du 27 décembre dans les mêmes conditions qu’ils ont rejetées deux mois plus tôt.
Cette posture soulève une question brûlante : vont-ils se dédire publiquement en validant un processus électoral qu’ils ont eux-mêmes contesté ? Pour certains, c’est une contradiction embarrassante, un reniement politique. Pour d’autres, c’est une tentative de rester dans le jeu, de sauver ce qui peut l’être en espérant peser à l’Assemblée nationale. Une manœuvre tactique qui ressemble à déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Mais si cette participation se confirme, elle devra être expliquée avec finesse et cohérence. Car comment justifier auprès des militants qu’on refuse la présidentielle mais qu’on accepte les législatives, sans avoir obtenu gain de cause sur les revendications fondamentales ? Ce revirement risque de fragiliser leur crédibilité, de semer le doute dans leurs bases, et d’exposer les limites d’une alliance déjà contestée.
Volet 5 : Si leur participation aux législatives se confirmait, comment les Ivoiriens jugeront-ils Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam au-delà des cercles militants ?

Si le PPA-CI et le PDCI-RDA participent aux législatives de décembre 2025 après avoir boycotté la présidentielle du 25 octobre, les Ivoiriens ne se contenteront pas d’un regard partisan.
Ce revirement, dans un contexte électoral inchangé, interrogera la cohérence politique de leurs leaders : Gbagbo, figure historique, et Thiam, novice sans expérience électorale. Une contradiction qui risque d’éroder leur crédibilité nationale.
Pour une partie de l’opinion publique, cette posture pourrait être perçue comme une contradiction embarrassante, voire une manœuvre opportuniste. Refuser la présidentielle au nom de principes, puis accepter les législatives sans conditions nouvelles, risque d’éroder la crédibilité des deux partis.
Les électeurs, au-delà des cercles militants, jugeront non seulement les actes, mais aussi la capacité des leaders à incarner une vision claire, constante et courageuse. D’autres Ivoiriens, plus pragmatiques, pourraient y voir une tentative de rester dans le jeu électoral, de ne pas disparaître du paysage politique, même au prix d’un compromis.

En somme, la participation aux législatives, si elle se confirme, sera jugée à l’aune de la sincérité, de la constance et de la capacité à convaincre au-delà des discours de façade. Et dans une Côte d’Ivoire politiquement éveillée, le regard du peuple sera plus tranchant que celui des militants. Ah, la politique ivoirienne… ses alliances qui nous soulèvent avec espoir, mais nous déposent trop souvent dans l’incertitude.
Chronique Par Petrouce Pierre Nicaise GNAGNE (Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA-Analyste politique – Chroniqueur – Éditorialiste -Consultant en Stratégie Électorale et Gouvernance).
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