La Pyramide. Cet immeuble situé au cœur du Plateau dont l’architecture est la copie conforme des pyramides d’Egypte, est tombé dans l’escarcelle d’un particulier depuis 2005. Selon le ministre de la Construction, du logement et de l’Urbanisme, l’Etat se bat pour récupérer ce bien immobilier. En attendant la Pyramide continue de se délabrer et d’être le nid de Sans domicile fixe. L’information tweetée, le week-end du 3 juin 2021, a fait l’effet d’une bombe. L’immeuble La Pyramide ne fait plus partie du patrimoine de l’État.
Cette affaire de cession illégale d’un patrimoine de l’État cache pourtant des zones d’ombre de nature à arroser l’arroseur. Car de 2005 à 2010, le RDR détenait sept portefeuilles dans le gouvernement dit abusivement de réconciliation, dont celui de la Construction, de l’Habitat et de l’Urbanisme géré par Marcel Amon-Tanoh, militant du parti.
Ce responsable du RDR est resté dans l’Exécutif (directeur de cabinet d’Alassane Ouattara et ministre des Affaires étrangères) jusqu’à sa démission en 2020. Et ni rumeurs ni accusations de vente de La Pyramide à un privé. Aussi, la réhabilitation et l’exploitation de ce bâtiment, déclaré sinistré, ont-elles été à l’ordre du jour pour un coût de 18 milliards de nos francs.
Et au nombre de ces projets, la rénovation de l’immeuble La Pyramide. Le comité national de pilotage des partenariats publics-privés reconnaissait, dans la présentation du projet, que ce bâtiment appartenait bel et bien au patrimoine de l’État.
« L’immeuble La Pyramide, bâtiment de douze étages, édifice public à usage de bureaux, magasins et habitations, a été construit dans les années 1970 et présente, depuis quelques années, des dysfonctionnements liés à d’importantes dégradations », lit-on dans la feuille de présentation du projet.
Donc, en 2015, La Pyramide était encore édifice public et patrimoine de l’État. Cela est d’autant plus vrai que, le 13 novembre 2018, Bruno Nabagné Koné, ministre, depuis le 10 juillet de la même année, de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, recevait Vincent Tiémoko, mandataire du groupe espagnol Barranco.
Et dans un tweet, il annonçait « la relance des négociations sur la réhabilitation de La Pyramide ». Donc, en 2018, La Pyramide était encore édifice public et appartenait au patrimoine de l’État.
C’est à couper le souffle. Que s’est-il passé pour que « tout à coup, soudain et brusquement », selon l’humour des Ivoiriens, ce patrimoine de l’État change de statut, avec des procès dont personne n’a jamais entendu parler!?
Alors que les audits et autres opérations « mains propres » battent leur plein, il y a anguille sous roche dans cette affaire abracadabrantesque qui sent manifestement le roussi.