Avec le déclenchement de la rébellion armée du 19 Septembre 2002, tout ne sera plus au même niveau au Front Populaire Ivoirien. Et depuis, l’opinion assiste à la difficile cohabitation entre une branche de socialistes marxistes, radicaux, souverainistes, nationalistes et extrémistes voire violents et la branche des socialistes-démocrates, plus contemporains, plus modérés, agissant en fonction de l’évolution des mutations et des réalités politiques du moment. Toutes les deux branches, devenues officielles, depuis le mardi 9 août et le samedi 14 août 2021, veulent s’engager pour la reconquête du pouvoir d’État. Mais comment souhaitent-elles s’y prendre? Atteindront-elles leur objectif ?
«On a fait une réunion pour notre organisation marxiste à Yopougon, où on a décidé de créer une organisation luttant pour le multipartisme et la démocratie» révèle Laurent Ggagbo, lors du comité central avec ses partisans le mardi 9 août 2021 au palais de la culture de Treichville. Temps de joie et de frénésie pour les thuriféraires de l’ex-pensionnaire de la Cour Pénale Internationale pour avoir marqué le schisme d’avec celui dont l’attitude a été qualifiée de «louvoiements» par Laurent Gbagbo.
Cependant, la punchline n’a durée que six (06) jours pour se faire entendre du côté de l’ex-siège de la fondation Memel Foté sis à Cocody, deux plateaux, vallons devenu celui du Front Populaire Ivoirien dirigé par le lion du Moronou. Pascal Affi N’Guessan convoque un comité central extraordinaire le samedi 14 août 2021 au siège du FPI pour analyser la déclaration de Laurent Gbagbo d’abandonner le parti entre ses mains avec une « enveloppe vide » et entrevoir les perspectives à la suite de cette rupture délibérée du fondateur principal du FPI. Dès lors, le socialisme ivoirien connaîtra deux tendances. La tendance des marxistes incarnée par l’ex-président Laurent Gbagbo et celle des socialistes-démocrates avec à sa tête l’ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan pour la reconquête du pouvoir d’État.
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a besoin de rattraper son retard de développement depuis la mort du père de la nation, feu Félix Houphouët-Boigny en 1993. Le retard de développement au niveau des infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, etc.), le retard de développement au niveau des équipements (routes bitumées, ponts et échangeurs, bureaux administratifs, stades etc.)
En revanche, Alassane Ouattara n’est pas le seul à comprendre les besoins actuels des ivoiriens. Pascal Affi N’Guessan les a également saisis. Et depuis, le président du FPI travaille à cela. Ainsi, la rupture occasionnée par Laurent Gbagbo avec le parti qu’il dirige, serait une aubaine pour ce fin analyste des préoccupations contemporaines des ivoiriens d’asseoir une nouvelle ligne politique au FPI qui serait débarrasser des discours et pratiques souverainistes, nationalistes, xénophobes et extrémistes violents. Une attitude ou une manière de faire la politique qui a fermé beaucoup de portes à ce parti au plan national et international. C’est à dire, Affi N’Guessan voudrait un socialisme contemporain promu par des socialistes démocrates avec pour objectif I‘amélioration de l’image du Front Populaire Ivoirien après le départ de son « père fondateur » pour la reconquête du pouvoir d’État.
Pour l’heure, Pascal Affi N’Guessan et ses militants s’activent pour l’organisation d’un congrès qui sonnera, sans doute, le début de cette nouvelle ligne politique en phase avec l’aspiration contemporaine des ivoiriens et des ivoiriennes, qui, évoluent, aujourd’hui, aux rythmes de l’Occident. Une génération qui ne juge plus nécessaire d’affronter « le blanc » mais qui veut vivre comme « le blanc ». Et les espaces commerciaux comme Carrefour ou Cosmos ne disent pas le contraire. Encore moins le flux de migrants ivoiriens sur les eaux internationales.
Pour la reconquête du pouvoir d’État comment s’en sortiront, le Nouveau parti de Laurent Gbagbo et le FPI de Pascal Affi N’Guessan. Un combat de titans du socialisme ivoirien, tiraillés entre Marxistes et socialistes démocrates. L’opposition ivoirienne est-elle engagée dans un chemin effrayant pour 2025 ?
H.KARA