Oumar Thomson Belem, président de l’Institut Africa Solidarité (IAS) , présent à Lomé (Togo en Afrique de l’Ouest ) pour le 9è congrès Panafricain (qui se tient du 8 au 12 décembre 2025 sur le thème « Renouveau du panafricanisme et le rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales afin de mobiliser les ressources et se réinventer pour agir »), où il intervenait en tant qu’observateur reconnu des processus démocratiques, a accepté de revenir sur les évènements qui ont secoué la Guinée-Bissau.
Premier témoin direct du renversement du président Umaro Sissoco Embaló, il livre au média L’EpresseNews, sans détours, un récit évoquant »un vrai coup d’Etat’, les manipulations attribuées à l’opposition et les défaillances de la CEDEAO.
Selon Oumar Thomson Belem, rapporte le média, les évènements du 26 et 27 novembre 2025 ne laissent aucune ambiguïté. Il raconte avoir été convoqué en toute discrétion par le président Embaló au palais, où il découvre une atmosphère tendue et des soupçons de manipulation électorale imputés à l’opposition.
Le lendemain, les tensions montent d’un cran lorsque l’opposition se rend à la Commission électorale pour s’emparer des résultats. Umaro Sissoco Embaló est alors intercepté par des officiers – le CMAG- (Chef d’Etat-major général), le général Thomas Gassy et, le président de la CNE, le général Orta Inka- qui l’emmènent à l’état-major. « Il était même prévu de l’exécuter. C’est le CMGA qui a refusé » affirme Oumar Thomson Belem.
Une intervention diplomatique de dernière minute a permis d’exfiltrer le président vers Dakar, puis Brazzaville. « Ce n’est pas parce qu’il avait encore son téléphone que ce n’était pas un vrai coup d’Etat« , insiste-t-il. Contrairement à ce qui a circulé, Oumar Thomson Belem assure qu’Embalo ne s’était pas autoproclamé vainqueur.
» C’est la Commission électorale qui lui donnait 65% des voix. Ce sont les résultats provisoires », rappelle-t-il. Il accuse l’opposition d’avoir fait venir des ressortissants étrangers pour manipuler les suffrages et d’avoir subtilisé les vrais procès-verbaux. « A partir de ce moment, il était impossible d’annoncer les résultats ». La CEDEAO n’interviendra pas: c’est du fake ».
L’autre point sur lequel Oumar Thomson Belem est catégorique et l’idée d’une intervention de la CEDEAO pour rétablir Umaro Sissoco Embaló serait totalement infondé. « La CEDEAO aurait dû intervenir le 27 novembre. Pas maintenant. Ce qu’on raconte aujourd’hui, c’est du fake », tranche-t-il. Selon lui, l’organisation régionale souffre d’un profond manque de solidarité interne et traverse une crise existentielle: « Elle risque même de disparaitre« .
A la question d’un éventuel retour au pouvoir du président renversé, Oumar Thomson Belem est clair. Le président de l’IAS souligne qu’il n’a aucune chance que le Chef de l’Eta soit rétabli. Mais, il estime qu’en cas de nouvelle élection, Umaro Sissoco Embaló resterait le candidat le plus populaire.
« Il a affronté les narcotrafiquants qui dominaient le pays depuis des années » a révélé Oumar Thomson Belem.
Selon lui, les putschs successifs en Afrique de l’Ouest sont la conséquence directe d’un manque de cohésion politique régionale. « Un chef d’Etat peut convoquer un sommet et personne ne vient. Il n’y a pas de solidarité entre eux« , déplore-t-il.
En guise de conclusion, l’observateur lance un appel à la vigilance. « Les narcotrafiquants veulent reprendre la main. Le peuple doit protéger son peuple. Embaló est l’un des rares à pouvoir gérer ces menaces« , termine, LexpresseNews.com.
Ledebativoirien.net

