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Trafic illicite  du Café-Cacao en Côte d’Ivoire : la  montée en puissance des opérations signalée  à l’ouest du pays

Trafic illicite  du Café-cacao en Côte d’Ivoire : la  montée en puissance des  opérations signalée  à l’ouest du pays; Ledebativoirien.net

À l’ouest de la Côte d’Ivoire, dans les zones frontalières, Libéra-Guinée, le trafic illicite de fèves reprend avec force, inquiétant de nouveau les planteurs et menaçant l’économie nationale. Pendant que  nous mettions sous presse, la rédaction continuait de recevoir des alertes faisant état de 3 véhicules remorques chargés de cacao en route pour le Liberia via Bloléquin.

Dire qu’à Abidjan, le Vice-Président Tiémoko Meyliet Koné a inauguré  en grande pompe le complexe industriel Transcao PK 24, symbole des ambitions du gouvernement ivoirien en matière de transformation locale du cacao, qu’une réalité bien différente se joue à l’autre bout du pays.

Une recrudescence inquiétante du trafic vers la Guinée et le Liberia

Après une période d’accalmie  consécutive à l’arrestation de certains complices locaux, les réseaux de contrebande semblent avoir repris du poil de la bête. Le 24 juin 2025, un collectif de planteurs a tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué : « Depuis le mois de mai, les trafiquants ont repris leurs activités. À notre grande surprise, des tonnes de cacao franchissent la frontière sous les yeux des autorités, sans aucune intervention. »

Des zones stratégiques transformées en plaques tournantes

Les localités de Ouaninou, Biankouma, Danané, Sipilou et Man sont particulièrement touchées. Sur le terrain, des noms bien connus des habitants émergent comme figures clés de cette économie parallèle. À Ouaninou, c’est un certain Lamté qui serait aux manettes. À Biankouma, les soupçons se portent sur un individu nommé Siakadjan. Les réseaux de Danané et Sipilou seraient dirigés respectivement par B. Cissé et Djakiss. Mais c’est à Man que la situation atteint un niveau préoccupant. Là-bas, Sacko, un homme pourtant bien identifié par les services du Conseil du Café-Cacao (CCC), jouerait un rôle central. Grâce à des codes d’enregistrement officiels pour la gestion de coopératives, il donnerait une apparence légale à ses opérations frauduleuses.

Des milliards de francs CFA évaporés

Chaque tonne de cacao qui quitte le pays illégalement représente un manque à gagner considérable pour les finances publiques. Des milliards de francs CFA échappent ainsi chaque année à l’État. Pis encore, les corridors routiers censés surveiller étroitement le transport des produits agricoles semblent avoir été « neutralisés ». Des témoignages évoquent des complicités au sein même des forces de contrôle. Un producteur, excédé, résume le sentiment général : « Si l’on peut faire passer autant de cacao sans être inquiété, qu’est-ce qui empêcherait demain le passage d’armes ou d’autres marchandises dangereuses ? »

Entre menace économique et risque sécuritaire

Le danger ne se limite pas à l’économie. Dans une région frontalière historiquement instable, la résurgence de ces réseaux mafieux fait craindre la naissance d’un véritable État parallèle, hors de tout contrôle officiel. Les planteurs, premières victimes de ce système, appellent solennellement le président Alassane Ouattara à agir :  « Nous demandons au chef de l’État de prendre ses responsabilités. Il est garant de notre sécurité et de la stabilité du pays. »

Un silence officiel qui alimente le malaise

Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été enregistrée. Ce mutisme renforce chez les planteurs un profond sentiment d’abandon, alors même qu’ils constituent la base d’une filière essentielle à l’économie nationale. La lutte contre la fraude dans le secteur cacao – pilier des exportations ivoiriennes – devrait pourtant être une priorité absolue. Il en va non seulement de la crédibilité des institutions, mais aussi de la survie économique de milliers de familles rurales.

Alors que la Côte d’Ivoire cherche à se positionner en leader de la transformation locale avec des projets structurants comme l’usine Transcao, la résurgence de ce trafic illégal vient cruellement rappeler les failles d’un système miné par la complicité, l’impunité et l’absence de volonté politique. n’est-il pas urgent que les administrations en charge de la lutte contre le trafic adoptent le même esprit de patriotisme que celui incarné par le Conseil du Café-Cacao, sous la direction de son Directeur Général, à travers des initiatives structurantes comme Transcao.  Quelles sont  les  ramifications de ce trafic tentaculaire ? A SUIVRE.

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