Les mesures fortes du Premier Ministre ivoirien Gon Coulibaly
Suspension des contrôles fiscaux pour 3 mois; Différés pour une période de 3 mois les impôts; Réduire de 25% la patente; Remboursement de la TVA; Paiement les fournisseurs de l’Etat; Paiement des frais de magasinage; Mise en place d’un fonds de soutien au secteur privé de 250 Milliards; Mise en place d’un fonds d’appui au secteur informel; Soutien au domaine de l’agriculture; Soutien au domaine vivrier; Date limite de paiement des factures reportée; Prise en charge des factures d’eau et d’électricité pour les ménages à faibles revenus soit 6 millions d’habitants; Élargissement des filets sociaux; Mise en place de l’enseignement à distance (CM2, 3ème et Terminale)…
Le message à la nation du premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly annonçant les mesures de soutien du gouvernement aux opérateurs économiques et aux populations éprouvées par la crise sanitaire liée au Covid-19 la pandémie.
L’intégralité de son discours
A l’instar de plusieurs pays dans le monde, notre pays fait face à la propagation de la maladie à coronavirus (COVID-19) qui constitue un défi de santé publique à l’échelle de la planète. Aujourd’hui, cette pandémie touche environ 200 pays et territoires dans le monde avec plus de sept cent mille (700 000) cas confirmés, près de 35 000 décès et plus de 150 000 qui ont été guéris. Dans notre Pays, nous enregistrons, 168 cas confirmés, 1 décès et 6 patients guéris à la date du 30 mars 2020.
Le Président de la République, SEM. Alassane OUATTARA, dans son message à la nation, le 23 mars 2020, a annoncé d’importantes mesures qui visaient à renforcer celles déjà prises par le Conseil National de Sécurité le 16 mars 2020, dans le cadre de la lutte contre la pandémie à coronavirus. Dans ce contexte, l’état d’urgence, le couvre-feu et l’interdiction des voyages de personnes entre le Grand Abidjan et l’intérieur du Pays s’imposaient pour endiguer la propagation de l’épidémie dans notre pays.
Le Gouvernement s’attèle à la mise en œuvre rapide de ce plan pour lequel il a été mis en place sur nos ressources propres, un fonds de 25 milliards de FCFA. Les discussions sont en cours avec les partenaires techniques et financiers pour mobiliser des ressources complémentaires.
L’état d’avancement de la mise en œuvre du plan de riposte sanitaire fait apparaître la situation suivante :
Lors de son adresse à la Nation, le Président de la République a également instruit le Gouvernement de faire une évaluation de l’impact économique et financier de la pandémie et de lui proposer un plan de soutien aux populations ainsi qu’au secteur privé.
Mesdames et Messieurs,
Selon les données actuelles, la croissance économique estimée à 7,2% pour l’année 2020 serait réduite de moitié et s’établirait à 3,6%, dans l’hypothèse d’une maîtrise de la pandémie à fin juin 2020. L’Afrique quant à elle connaitrait, sur la base des données provisoires disponibles, une réduction de sa croissance au niveau du continent de 3,2 % à 1,8 % et au niveau mondial, il est projeté une récession.
Par conséquent, les populations sont durement frappées au plan socio- économique par cette pandémie. Le Gouvernement est conscient que notre pays vit une période particulièrement difficile. La crise est à la fois sanitaire, sociale et économique.
Ces consultations ont permis d’élaborer un Plan de Soutien Economique, Social et Humanitaire évalué à 1700 milliards de FCFA, soit environ 5% du PIB. Ce plan permettra d’atténuer l’impact de la pandémie sur les populations et les acteurs économiques des secteurs formels et informels. Il permettra également de préparer une reprise rapide des activités à la fin de la pandémie.
A cet égard, le Gouvernement prendra les dispositions ci-après :
– suspendre les contrôles fiscaux pour une période de trois mois ;
– reporter de trois mois le paiement des taxes forfaitaires pour les petits commerçants et artisans (notamment les maquis, les restaurants, les boites de nuit, les bars, les cinémas et les lieux de spectacles) ;
– réduire de 25% la patente transport ;
– différer pour période de trois (3) mois le paiement de l’impôt sur les revenus de capitaux (IRC) aux entreprises du tourisme et de l’hôtellerie qui éprouvent des difficultés ;
– exonérer les droits et taxes de porte sur les équipements de santé, matériels et autres intrants sanitaires entrant dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 ;
– annuler les pénalités de retards dans le cadre de l’exécution des marchés et commandes publics avec l’État et ses démembrements durant la période de crise ;
– rembourser les crédits de TVA sous un délai de deux (2) semaines, grâce à un allègement des contrôles à priori et le renforcement des contrôles à posteriori ;
– réaménager en liaison avec les Ports Autonomes d’Abidjan et de San Pedro le paiement des frais de magasinage durant la période de la pandémie pour surseoir aux pénalités et suspendre la facturation de surestaries, c’est-à-dire les pénalités dues en cas de dépassement des délais de présence des navires.
Au titre des dispositions de préservation de l’outil de production et de l’emploi, les mesures retenues concernent :
– la mise en place d’un fonds spécifique d’appui aux entreprises du secteur informel touchées par la crise pour un montant de 100 milliards de FCFA. Cette mesure sera pérennisée après la crise avec une fiscalité simple et des modalités novatrices de financement ;
– le soutien aux principales filières de l’économie nationale, notamment l’anacarde, le coton, l’hévéa, le palmier à huile, le cacao, le café, pour un montant de 250 milliards de FCFA ;
– le soutien à la production vivrière, maraichère et fruitière pour un montant de 50 milliards de FCFA, dont 20 milliards au titre des intrants ;
Au titre des mesures sociales, le Gouvernement entend :
- décaler, pour l’ensemble des abonnés, les dates limites de paiement des factures d’électricité et d’eau, d’avril à juillet 2020, et de mai à août 2020. A cet effet, des facilités de paiement seront proposées pour soulager les populations ;
- prendre en charge les factures d’électricité et d’eau, devant être payées en avril et en mai 2020, des couches défavorisées c’est-à-dire des ménages abonnés au tarif social d’électricité, et des ménages facturés uniquement dans la tranche sociale pour l’eau. Cela concerne plus d’un million de ménages soit environ 6 millions de nos concitoyens ;
instaurer un fonds de solidarité pour un montant de 170 milliards de FCFA, en vue de financer les populations les plus vulnérables dans le cadre du soutien humanitaire d’urgence, à travers notamment l’élargissement du champ des filets sociaux ;- renforcer le contrôle des produits de grande consommation et appliquer des sanctions aux contrevenants ;
- Inciter les propriétaires de logements à faire preuve de souplesse et à discuter avec leurs locataires ;
- Assurer une éducation à distance en commençant par les classes d’examens (CM2, Troisième et Terminale) par le biais de la télévision.
- Mesdames et Messieurs,
C’est pourquoi, je voudrais, à la suite du Président de la République, lancer un appel au civisme, à la discipline et au strict respect des mesures prises par le Gouvernement. J’exhorte, à nouveau, chacune et chacun de nos concitoyens à mettre en application les mesures de prévention et à adopter les gestes simples qui aideront à réduire la propagation du coronavirus dans notre Pays. Il s’agit :
– de saluer sans se serrer la main ; éviter les accolades et les embrassades ; – d’observer une distance d’au moins 1m entre les personnes ; – d’éviter les rassemblements et les déplacements non indispensables.
J’appelle au renforcement de la solidarité nationale et internationale pour accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre des plans de riposte et de soutien économique adoptés.
Je voudrais rendre un hommage aux personnels de santé, aux forces de défense et de sécurité et à tous les agents publics engagés dans la lutte contre cette pandémie. Aussi, le Président de la République a-t–il décidé de l’octroi d’une prime exceptionnelle à tous ces agents, sur la période de durée de la crise, en guise de reconnaissance de leurs efforts.
AMADOU GON COULIBALY
PREMIER MINISTRE DE COTE D’IVOIRE