«SOS pour ces femmes qui s’en tiennent dangereusement à des chiffons ou morceaux de tissus pleins de bactéries pour satisfaire leur hygiène menstruelle dans les prisons»
L’urgence face à la précarité menstruelle de la gente féminine est un sujet presque inexistant dans le budget annuel de l’action gouvernementale de Côte d’Ivoire et un tabou au sein de la majorité des communautés du pays. Mais l’ONG Soutien des Mères et Enfants en Détresse de Côte d’Ivoire (SMED-CI) présidée par Madoussou Touré en a fait son combat quotidien pour la dignité de toutes les femmes en Côte d’Ivoire et particulièrement celles qui sont incarcérées dans les prisons.
«La précarité menstruelle est la difficulté ou manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques par pauvreté. En termes de statistiques qui évoluent chaque année, ce sont plus de 300 millions de femmes au monde qui n’ont pas accès aux produits d’hygiène menstruelle. En France, elles sont 1,7 millions de femmes qui vivent dans la précarité menstruelle chaque jour. En Côte d’Ivoire, pays africain où au moins 59% de la population gagne moins de 550 F CFA par jour alors imaginons l’embarras dans lequel se trouvent les femmes aux foyers lorsqu’elles doivent choisir entre offrir un kilo de riz qui coûte au moins 500 FCFA en repas à la famille et s’acheter un paquet de serviettes hygiéniques, qui, lui, coûte également en moyenne 500 F CFA pour se protéger lors des menstrues.
Et si c’est difficile pour les femmes en liberté, imaginez pour celles qui sont incarcérées ! Privées de liberté, d’activités génératrices de revenus, de soutiens matériels et financiers. Elles s’en tiennent dangereusement à des chiffons ou morceaux de tissus pleins de bactéries pour satisfaire leur hygiène menstruelle », dévoile la présidente.
« En Côte d’Ivoire, ce sont plus de deux cents (200) de femmes en situation de précarité menstruelle à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) qui sont devenues une préoccupation majeure », indique Mme Madoussou Touré, Juriste et experte en genre. Elle travaille d’arrache-pied avec son équipe pour fournir des serviettes périodiques aux femmes détenues. L’action de SMED CI reste insuffisante pour couvrir les besoins en serviettes hygiéniques de ces femmes en prison. «Le besoin de ces femmes en serviettes périodiques est de 100%. Nous faisons ce que nous pouvons afin de permettre à ces femmes incarcérées, qui, bien que privées de liberté mais pas de dignité, d’avoir le minimum de serviettes périodiques pour leur hygiène menstruelle. La demande est grande et l’offre de produits hygiéniques est insuffisante pour ces femmes» regrette-t-elle.
C’est pourquoi, Pour y arriver, Madoussou Touré sollicite la mobilisation de tout le monde autour de la problématique de la précarité menstruelle des femmes en général et celles des détenues en particulier afin de couvrir les besoins de celles-ci en serviettes hygiéniques pendant leurs périodes de menstrues. «L’État pour l’instant fait ce qu’il peut mais c’est largement insuffisant. Nous souhaiterions qu’il aille plus loin en exonérant de taxes les serviettes périodiques pour permettre aux femmes en général d’en avoir facilement accès. Et pour les femmes incarcérées.
En perspective, Madoussou Touré compte élargir ses actions de dons en serviettes périodiques aux élèves filles des établissements scolaires, universitaires et aux femmes des zones rurales de la Côte d’Ivoire. Elle a bénéficié de l’appui d’une journaliste Belge qui s’est déplacée spécialement avec ses matériels en Côte d’Ivoire pour réaliser un film documentaire pour cette campagne de sensibilisation et de collecte de serviettes hygiéniques.
H.KARA
