AGO CHRISTIAN KODIA mène une grosse réflexion adans une tribune parue dans le journal gouvernemental ivoirien fraternité matin du jeudi 20 mars 2014. Une tribune des rubriques »débats et opinions » qui pose les problématiques électorales vécues aujourd’hui en 2020 en ces termes: «Quel organe pour l’organisation des élections en 2 015 ?». Une alerte du Consultant en Gestion des Elections AGO CHRISTIAN KODIA. La Côte d’Ivoire interrogée en 2014 a-t-elle pris les mesures pour répondre à la question en 2020? Suivez-le Consultant averti..
par AGO CHRISTIAN KODIA
En effet, pour le citoyen lambda, les élections, ce sont la campagne, le jour du vote et, bien plus, la proclamation des résultats. Si ces trois évènements sont caractéristiques des élections, la démocratie, elle, demande bien plus et son expression requiert plus de technicité. De mémoire d’expert électoral, nous pouvons affirmer sans grand risque qu’aucune contestation ou crise post-électorale n’a jamais eu pour base une divergence politique. C’est toujours sur des arguments techniques que les politiques fondent leurs contestations.
Ce qui, clairement, démontre que l’organe chargé de conduire les élections doit d’abord être technique, si nous voulons anticiper sur les différends. D’aucuns diront que les élections sont d’abord politique, oui certainement. Mais, les controverses politiques se manifestent à la phase préélectorale. Le cadre juridique et le consensus politique sont la réponse à ces contestations. Cependant, la crise post-électorale, elle, malheureusement passe par un lot de violences et de déchirement social, sur fond de chicanes techniques.
Tout en lui rendant hommage, nous saluons l’œuvre des nombreux Ivoiriens techniciens et spécialistes des élections de par le monde et dont l’appui à leur pays nous garantira sûrement l’émergence démocratique. Partout, dans le monde, il y a des organes chargés d’organiser les élections. Pis, il y a des contestations électorales. Mais pourquoi ces querelles n’aboutissent-elles pas à la violence ? Tout simplement parce que l’organisation technique ne laisse pas les contestations sans réponse et ne donne pas des réponses évasives.
La bonne préparation technique des élections, gage d’une maîtrise des coûts, est un instrument de prévention et de gestion des conflits.
Une commission composée de techniciens est l’organigramme qui semble être le mieux adapté pour un pays comme le nôtre, sortant d’une crise née d’un contentieux électoral. Si l’on est en passe d’aboutir à un consensus politique sur la composition de l’organe qui aura la gestion des futures élections, a-t-on déjà trouvé le consensus technique ? Les dispositions sont-elles prises pour éviter à notre pays ce qui s’est passé en 2011 ?
Allons-nous continuer de nous mettre d’accord politiquement et ensuite mettre en péril la vie des militants ou des citoyens? L’organe en charge des élections, comme toute administration, doit être technique et au service du peuple. En Côte d’Ivoire, il est même indépendant. Mais comment concevoir son autonomie s’il est issu des partis politiques ? Le règlement intérieur prévoit qu’une fois désignés, les membres sont tenus au secret des délibérations et sont indépendants vis-à-vis de leur chapelle politique. Mais, à la réalité, « qui peut scier la branche sur laquelle il est assis »?
Faisons de l’organe en charge de la gestion des élections une administration permanente, animée par des techniciens démographes, juristes, administrateurs civils, cartographes, informaticiens, sociologues…
et la classer parmi les pays démocratiques du monde dont l’objectif, aujourd’hui, n’est plus qui va diriger le pays mais comment va-t-il le diriger. Dans ces pays, le peuple ne meurt plus pour les élections et le pays n’attrape pas la fièvre dès que se profile la saison électorale».
PAR AGO CHRISTIAN KODIA (*)- CONSULTANT EN GESTION DES ELECTION

