Message à Emmanuel Macron
Monsieur le président de la République française,
Vous recevrez ce jeudi (2aout 2020) Alassane Ouattara au Palais de l’Elysée. Il est encore le chef de l’Etat de la République de Côte d’Ivoire, mais il n’est déjà plus exclusivement cela. Depuis le 29 juillet, il est surtout candidat déclaré à sa propre succession. Jeudi, vous recevrez le candidat…Candidat et en réalité inéligible !
À l’époque, vous aviez chaudement salué «cette décision historique d’un homme de parole et d’honneur». À l’époque, vous vous réjouissiez de voir la Côte d’Ivoire « donner l’exemple ».
Cinq mois plus tard, le masque de la respectabilité est tombé et l’imposture démocratique se dévoile à la face du monde. Le régime montre son vrai visage d’autoritarisme et d’exclusion. L’exclusion frappe des Ivoiriens illustres privés de passeport, radiés de la liste électorale, à l’image de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, pourtant acquittés par la justice internationale, mais aussi de Guillaume Soro.
Pourtant, ce jeudi, Alassane Ouattara vient vous demander sinon votre soutien à sa forfaiture, du moins une bienveillante neutralité. Il est en réalité porteur d’un seul message : lui seul serait le garant d’une certaine forme de stabilité de la Côte d’Ivoire dans une sous-région profondément ébranlée par le terrorisme. Cette argumentation ne résiste pas à l’analyse.
Elle ne résiste pas à l’analyse parce que le président sortant n’envisage pas de perdre. Or, chacun pressent qu’une victoire entachée d’irrégularités se traduirait par une crise post-électorale aux conséquences terriblement meurtrières. Au-delà de la Côte d’Ivoire une nouvelle fois blessée, les répercussions s’étendraient à toute la sous-région.Elle ne résiste pas à l’analyse parce que la stabilité se nourrit de réconciliation, d’inclusion et de développement. La stabilité implique une unité nationale qui se construit dans une dynamique d’apaisement.
Monsieur le Président, votre silence est, vous ne l’ignorez pas, diversement interprété dans mon pays. Il est commenté en raison de mots laudateurs que vous aviez prononcés. Il est analysé car il autorise toutes les supputations : celle de l’indifférence, du laisser-faire, de l’embarras et finalement de l’impuissance de la communauté internationale.
Votre parole est, à contrario, très attendue. En ne cautionnant pas ce coup de force institutionnel, en exigeant des
Pascal Affi N’Guessan
Ancien Premier Ministre
Candidat du FPI à l’élection présidentielle