Valérie Yapo, la militante du PDCI RDA qui crève aujourd’hui les écrans en Côte d’Ivoire dans la saga judiciaire l’opposant à la direction de son parti, est descendue dans une délégation de Yopougon, dans la soirée du dimanche 18 mai 2025. La première étape d’une tournée nationale d’explication de sa potion face à la direction du parti qui l’a conduite devant les tribunaux.
Elle était devant plus d’une centaine de militants (pas tout à fait acquis à sa cause, mais bien curieux de saisir sa démarche) qui ont pris d’assaut l’espace réservé pour son grand oral, puisque elle aura eu droit à des échanges directs avec l’auditoire. «Pourquoi, Je suis devant les Tribunaux avec la direction de notre parti, le PDCI-RDA ? »
Voici le décor en vue de répondre à l’invitaion de délégués du PDCI-RDA Yopougon! Pour conduire son auditoire à la suivre dans son développement, l’ex délégué départemental et membre du bureau politique a dû puiser dans son riche passé de militante engagée pour le PDCI-RDA. Un tableau faite de luttes de 35 ans qui l’ont fait gravir les marches de la simple militante de base à la militante membre du Bureau politique, la plus haute instance en dehors du congrès du parti.
Il lui a fallu faire ses classes et preuves. Tout va s’accélérer avec le décès du président du parti Henri Konan Bédié, le 1ᵉʳ août 2023 à Abidjan. La suite, elle fait face à la direction de son parti devant les tribunaux. Et pour cause.
Valerie Yapo déroule
« (…) en cours de chemin, le 1er août 2023, le président Bédié nous quitte. Nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas que le PDCI soit divisé. Donc, nous nous sommes réunis le 2 août, les secrétaires exécutifs,- j’étais membre de secrétariat- et les vice-présidents, nous avons décidé de respecter nos textes.
Nos textes disent au PDCI-RDA, quand un président est décédé, le doyen d’âge des vice-présidents assure l’intérim de 6 mois pour organiser un congrès extraordinaire, pour élire un nouveau président.
J’ai demandé d’appliquer les textes pour le choix du président du PDCI-RDA. Mes problèmes ont commencé. Parce que les gens avaient un plan derrière leur tête. Tout le monde peut déposer sa candidature, mais il y a une seule condition. Il faut remplir les conditions », a commencé dans son exposé, la militante Valérie Yapo, qui, à l’observation fascinait son auditoire, tant l’attention accordée était palpable.
« Il se trouve un candidat du nom de Tidjane Thiam qui ne sait pas les conditions. Il faut avoir 10 ans de bureau politique. Le président Bédié l’a nommé en mai 2023. Et en décembre, on nous dit qu’il a 10 ans de bureau politique. J’ai dit que ce n’est pas bon. Ne trichons pas dans le départ. Parce que si on veut gérer la Côte d’Ivoire, on ne va pas tricher.
Ne trichons pas. Donnons la chance à ceux qui remplissent les conditions d’être candidat. Parce que le PDCI est comme une armée. Quel que soit celui qui est devant, même si c’est un mouton, mais qui remplit la condition, il peut gagner. Et j’ai parlé de ça, tout le monde s’est fâché avec moi…», lâche, celle qui lutte pour sa réhabilitation. Elle poursuit.
surprise radiation
« J’étais tranquille dans mon coin, le 12 février et je reçois une décision. On dit ‘‘toi tu es chassée du PDCI-RDA’’. Je dis attends, il se passe quoi là ? On me dit « tu es chassée. » Parce que tu ne vas pas dans le même sens que monsieur Thiam. On me dit de ne pas porter un logo du PDCI, moi qui ai 35 ans de militantisme. Je ne dois plus rentrer à la maison du PDCI.
Je ne dois plus faire de réunion du PDCI. Je ne dois plus porter le pagne du PDCI. Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire ? Mais, qu’est-ce que j’ai fait ? Je ne suis pas allé dans un autre parti politique. J’ai dit : je ne suis pas d’accord avec ce que vous faites au PDCI.
Le monsieur ne remplit pas les conditions, vous le mettez président. Et tout ce que vous faites comme nomination, c’est vraiment injuste. J’ai fait la prison, j’ai été arrêtée, j’ai été battue pour le PDCI-RDA et vous me renvoyez !
Je dis, « je ne veux pas accepter. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je ne suis pas allée au RHDP, je ne suis pas allé au PPA-CI, je ne suis pas allée au MGC. Et puis je n’ai jamais dit même que je vais quelque part. Mais comment on peut me donner une sanction aussi lourde ? Je ne peux pas accepter. J’ai décidé de saisir la justice et la justice va me rétablir selon le droit. Parce qu’ils n’ont pas le droit.
Donc c’est pour ça vous me voyez sur les réseaux sociaux. Je suis en train de battre contre l’injustice. Non seulement contre l’injustice, mais contre le faux qui est en train de se faire au PDCI-RDA. Parce qu’on ne nous a pas appris le faux. Bédié que moi-même je connaissais personnellement, ne nous a jamais appris à tricher. Pour lui, c’était le dialogue. C’est ce qu’il nous a laissé.
Exclure quelqu’un pour des raisons comme ça ! Ceux qui ont été exclus, c’est parce qu’ils sont partis dans d’autres partis politiques. Mais moi, j’ai fait quoi. Donc, je dis je vais me battre pour la justice. Et puis pour sauver le PDCI-RDA. Parce que, ce qui se passe là-bas, il ne s’agit pas que de moi seule.
Il y a trop d’injustice au PDCI. Je veux qu’on sauve le PDCI. Je dis la vérité et je ne le cache pas. Pour ce que j’ai subi, je pense que je dois pouvoir parler. Et j’ai demandé à la justice de me rétablir », déclare-t-elle suivie d’un tonnerre d’applaudissements, signe que sa cause est saisie.
Valérie Yapo ne veut plus s’arrêter : le plan B
« Ce n’est pas que le PDCI n’est pas bon, ce sont les nouveaux dirigeants qui ne sont pas bons, et j’insiste. Les nouveaux dirigeants ne sont pas bons. Parce que tu ne peux pas sortir de la boue, tu veux te nettoyer et puis tu te nettoies encore avec la boue. Mais, c’est que tu n’as rien fait, c’est que tu n’es pas lavé.
Même si la boue est plus propre, mais c’est de la boue. Il faut te laver avec de l’eau pure pour que tu sois finalement propre. Donc c’est pour ça que je me bats. Il faut qu’on sauve le PDCI-RDA. On ne peut pas faire tout ce qu’on a vu au PDCI pour un individu. Il faut que le PDCI soit sauvé. C’est pourquoi j’ai parlé de plan B. Il faut un plan B.
Quand je parlais de plan B, monsieur Thiam n’était même pas encore radié de la liste électorale. C’est comme si je savais. Mais plan B là même, c’est quoi ! Alliance avec le RHDP, c’est plan B. Le plan B, ça peut être pour aller avec Gbagbo ! Plan B, c’est plan B.
Mais on est en politique. Rien n’est impossible. Plan c’est plan. Mais le plan qui est là, c’est un plan qui est basé sur le faux. Ce n’est pas un bon plan. Ce n’est pas parce qu’un individu n’est pas sur la liste, qu’on n’a pas le droit de choisir quelqu’un d’autre. ». Applausiddements.
Il faut sauver le PDCI-RDA
« Mon combat, c’est ça. Il faut sauver le PDCI. Aujourd’hui, Tidjane Thiam a été radié de la liste électorale. J’ai mal au cœur. Les gens disent » c’est parce que tu es à la justice qu’il est radié. » Non, c’est les Ivoiriens, je ne suis même pas dans la liste des plaignants. C’est dans ce sens-là que je vous dis qu’on doit sauver le PDCI. Le PDCI ne doit va pas mourir.
Moi je me bats avec la justice. Je demande à la justice de me rétablir. Mais ce que je pourrais attendre de vous C’est de passer mon message. Ce n’est pas un message de violence. Ce que je fais, ce n’est pas pour diviser le PDCI-RDA. C’est pour sauver plutôt le PDCI-RDA. Les Ivoiriens vont me comprendre un jour. C’est un combat pour les Ivoiriens que je fais.
C’est un combat pour les Ivoiriens que je suis en train de faire. Parce que, quand ils venaient installer monsieur Thiam, ils ont dit : la France est derrière lui. J’ai dit ; « Ah, la France est derrière lui. » Mais vous ne voyez pas ce qui se passe au Burkina et tout ça. France est derrière quelqu’un encore en Afrique ici ? On peut parler de France encore ? Ce n’est pas bon. Nous, on est en train de se libérer de la France, toi tu dis la France est derrière toi.
Aujourd’hui, si la France est derrière quelqu’un, il y a beaucoup de choses qui vont venir derrière. Le combat que je fais, je fais pour les Ivoiriens. Si on élit quelqu’un aujourd’hui qui dit que c’est la France qui le soutient. Faites très attention.
Ce qui va venir dans le pays n’est pas bon. Je fais un combat national pour les Ivoiriens. Il faut qu’on arrête ça. La politique là, c’est celui qui aime son pays qui le dirige…..Nous attendons le verdict du procès…», souligne Valérie Yapo qui donne rendez-vous aux militants du parti Vert et Blanc et autres épris de justice et de liberté, le 22 mai 2025, pour le verdict dans l’affaire l’opposant à la direction dudit parti.
H. MAKRE