« Le vrai problème n’est pas Billon…Voter pour Billon n’est pas une trahison»

Petrouce Pierre Nicaise GNAGNE est membre du Bureau Politique du PDCI-RDA. Il est aussi Analyste politique, Chroniqueur, Éditorialiste, Consultant en Stratégie Électorale et Gouvernance. Il décrypte l’actualité du PDCI sa formation politique en cette période électorale. Suivez la chronique de Petrouce !
Volet 1 : Jean-Louis Billon
Les militants du PDCI-RDA peuvent-ils voter pour Billon si Thiam s’y oppose ?
J’ai entendu un cacique fraîchement converti à la politique, propulsé sans racines militantes, s’imposer comme maître absolu dans un PDCI-RDA affaibli, où la paix interne semble reléguée au second plan. Et c’est avec une arrogance déconcertante, une voix grave et hautaine presque dictatoriale dans sa posture qu’il s’est permis de déclarer :
« Nous entendons dire qu’il y aurait des discussions entre l’équipe de Jean-Louis Billon et la direction du PDCI-RDA. À ce jour, il n’y a eu aucun contact. Même le Président Thiam ne peut pas oser. Il ne faut pas que ces gens rêvent. »

Cette sortie, empreinte de mépris et de fermeté, illustre parfaitement le climat de verrouillage politique qui règne actuellement au sein du parti. Elle révèle une posture autoritaire qui refuse le dialogue, nie les dynamiques internes et piétine toute tentative de réconciliation ou de rassemblement.
Dans une démocratie vivante, le vote est un acte de conscience, pas un ordre de parti. Et dans le contexte actuel du PDCI-RDA, marqué par des fractures internes et une gouvernance contestée, il serait illusoire de croire que l’appareil peut dicter aux militants leur choix électoral.
Peut-on empêcher des militants du PDCI-RDA de voter pour Jean-Louis Billon ? Absolument pas. Le débat est lancé, et il est légitime : le PDCI RDA peut-il empêcher ses militants de voter pour Jean-Louis Billon, candidat indépendant issu de ses propres rangs ? Ma réponse est claire : non, il ne le peut pas. Et il ne le doit pas. Jean-Louis Billon n’est pas un dissident de circonstance ni un opportuniste politique.
Il est un cadre historique du PDCI-RDA, un homme qui a bâti sa carrière au sein du parti, qui a porté ses couleurs dans les moments difficiles et qui reste, à ce jour, le seul élu de l’opposition dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Ce fait seul devrait suffire à lui garantir respect et reconnaissance.
Empêcher les militants de voter pour lui reviendrait à nier leur liberté de conscience, leur attachement à un homme qui, malgré les turbulences internes, n’a jamais renié son identité politique. Et dans un parti dans lequel les exclusions ont remplacé le dialogue, où les ambitions personnelles ont pris le pas sur la vision collective, il est naturel que certains militants se tournent vers une figure qu’ils considèrent comme fidèle, crédible et enracinée.
Le vrai problème n’est pas Billon

Le juste problème, c’est le PDCI RDA qui peine à rassembler ses talents. Pourquoi un homme comme lui, au lieu d’être porté par son parti, se retrouve contraint de se présenter en indépendant ? Pourquoi le parti exclut au lieu d’intégrer ? Pourquoi la parole militante est-elle étouffée au lieu d’être écoutée ?
Le PDCI-RDA ne peut espérer reconquérir la Côte d’Ivoire en excluant ceux qui l’ont défendu dans les zones les plus hostiles. Il ne peut prétendre à l’unité nationale en cultivant la division interne. Et il ne peut empêcher les militants de voter avec leur cœur, leur mémoire et leur bon sens. Jean Louis Billon est un fils de la maison. Et aucune stratégie politique ne pourra effacer cette vérité.
Jean-Louis Billon n’est pas un corps étranger au parti. Il est l’un des visages les plus visibles et les plus constants du PDCI-RDA, un homme qui a traversé les épreuves sans renier son engagement. Ministre, député, stratège, il a incarné le parti dans des zones où l’opposition peine à exister : notamment dans le Nord, où il reste le seul élu de l’opposition. Ce n’est pas un détail, c’est un symbole.
Face à une direction du parti qui peine à rassembler, qui exclut au lieu d’unir et qui confond autorité avec autoritarisme, les militants se réapproprient leur liberté de choix. Et ce choix peut très bien se porter sur un homme comme Billon, qui incarne une fidélité politique, une proximité territoriale et une vision alternative.
Jean-Louis Billon : un choix politique, pas une trahison Thiam et ses caciques autoritaires n’ont même pas été capables d’organiser une primaire transparente entre lui et Jean-Louis Billon. Et pourtant, on voudrait que Billon se condamne à ne pas se présenter à la présidentielle, simplement parce que Thiam n’a pas su se décider à temps ?
Quelle absurdité politique. Faut-il rappeler aux nouveaux hommes forts du PDCI-RDA que nous sommes au XXIe siècle ? À l’ère du numérique, de l’information instantanée, de la transparence exigée par les citoyens ? Ce n’est plus le temps des conciliabules en coulisses, des décisions imposées sans débat, ni des exclusions silencieuses.

Aujourd’hui, tout se sait, tout se partage. Facebook, Messenger, WhatsApp, TikTok, X (Twitter)… les militants parlent, s’organisent, dénoncent. Le peuple observe. Et l’histoire s’écrit en direct. Vouloir étouffer une candidature légitime comme celle de Jean Louis Billon, sans débat, sans primaire, sans respect des règles démocratiques internes, c’est prendre le risque de se retrouver du mauvais côté de l’histoire.
Le PDCI-RDA ne peut se permettre une telle erreur. Car dans ce siècle, ce sont les idées, la transparence et le courage politique qui triomphent, pas les manœuvres d’appareil.
Volet 2 – Voter pour Jean-Louis Billon n’est pas une trahison
C’est un acte politique légitime, fondé sur la mémoire, la fidélité et la lucidité. Billon n’a jamais quitté le PDCI-RDA par opportunisme ni par caprice. Il n’a jamais renié son engagement ni tourné le dos à ses convictions profondes vis-à-vis du parti. Il s’est simplement retrouvé dans une impasse politique, exclu d’un processus verrouillé, marginalisé dans une maison qu’il a pourtant servie avec constance, loyauté et courage.
Jean-Louis Billon est aujourd’hui victime de ses idées, de sa vision politique interne et de son refus de se plier aux injonctions d’un système autoritaire au sein du PDCI-RDA. Les caciques qui gravitent autour de Tidjane Thiam l’ont artificiellement opposé à ce dernier, non pas par conviction, mais par calcul.
Ils veulent faire croire qu’ils aiment Thiam plus que nous autres, alors qu’en réalité, ils instrumentalisent le leadership pour mieux verrouiller le débat. Mais ce qu’ils refusent d’admettre, c’est que la démocratie interne ne consiste pas à choisir entre deux hommes dans l’ombre, mais à organiser un débat ouvert, transparent et respectueux des militants. Ce qu’ils appellent loyauté est en réalité soumission.
Ce qu’ils appellent unité est en fait exclusion. Son choix de se présenter en indépendant est une réponse à un climat de fermeture, pas une rupture idéologique. Et les militants le savent. Son indépendance n’est pas une fuite, c’est une affirmation. Une manière de dire que l’on peut rester fidèle à une vision sans se soumettre à une mécanique partisane qui exclut au lieu d’unir.
Le parti doit entendre ce message. Il doit comprendre que la fidélité ne se décrète pas, elle se mérite. Et que les militants, dans leur sagesse, savent reconnaître ceux qui ont marché avec eux, même dans les tempêtes.
Volet 3 – Les conséquences politiques d’un rejet

Billon, miroir d’un malaise interne : Le cas Jean-Louis Billon est le symptôme d’un malaise profond au sein du PDCI-RDA. Son exclusion ou son éloignement forcé révèle une crise de gouvernance, de vision et de stratégie.
En refusant de porter un cadre aussi visible, enraciné et actif, le PDCI-RDA s’est amputé d’une partie de sa force électorale, notamment dans le Nord. Mais président de la République de Côte d’Ivoire au soir du samedi 25 octobre ? Que répondrons nous à ceux qui auront tenté de le discréditer, de le marginaliser, de le présenter comme un intrus dans sa propre famille politique ? Que dirons-nous aux militants qu’on aura culpabilisés pour avoir cru en lui ?
Et surtout, que dirons-nous à l’histoire du PDCI-RDA, qui aura vu l’un de ses fils accéder à la magistrature suprême… sans le soutien de sa propre maison ? Ce jour-là, les silences auront un goût amer, et les postures rigides auront perdu leur sens. Car l’histoire ne se plie Thiam qui est interrogée. Peut-on diriger un parti comme une entreprise ? Peut-on imposer une vision sans dialogue ? Peut-on exclure sans écouter ?
La réponse est non. Jean-Louis Billon est devenu, malgré lui, le miroir d’un parti qui se cherche. Et tant que cette introspection ne sera pas menée avec courage, le PDCI-RDA continuera de perdre ce qui fait sa force : ses hommes, ses racines et sa mémoire.
Volet 3 – Le leadership à l’épreuve : Thiam face à ses responsabilités

Le leadership ne se mesure pas à l’autorité, mais à la capacité de rassembler. Tidjane Thiam doit comprendre que son rôle ne consiste pas à imposer une ligne unique, mais à fédérer les sensibilités, à écouter les voix discordantes et à réconcilier les ambitions autour d’un projet commun. Exclure Jean-Louis Billon, marginaliser Maurice Kakou Guikahué, ignorer les cadres historiques, c’est affaiblir le socle du parti.
C’est tourner le dos à l’héritage de Félix Houphouët Boigny et d’Aimé Henri Konan Bédié, qui ont toujours prôné la paix, le dialogue et le rassemblement. Le PDCI-RDA ne peut se reconstruire dans le silence imposé. Il doit retrouver sa voix, sa pluralité et sa potentialité à faire coexister les différences. Et cela commence par un geste fort du président Thiam : reconnaître les erreurs, rouvrir les portes et replacer l’intérêt du parti au-dessus des intérêts personnels.
Volet 5 – Sortir de l’impasse : reconstruire le PDCI-RDA par le dialogue et la mémoire
Le PDCI-RDA traverse une période de turbulence politique qui ne peut être ignorée. L’affaire Billon est une opportunité historique : celle de repenser le leadership, de réconcilier les sensibilités et de reconstruire le parti autour de ses valeurs fondatrices. Reconstruire le PDCI-RDA exige plus qu’un slogan : cela demande de rétablir le dialogue, de reconnaître les erreurs, de valoriser les figures de terrain, et surtout de revenir à l’esprit Houphouëtiste et Bédéiste celui du rassemblement, de la paix et de la fidélité aux militants.
Le PDCI-RDA ne peut prétendre reconquérir la Côte d’Ivoire sans s’être d’abord reconquis lui-même. Et cela, Tidjane Thiam doit le comprendre. Car aujourd’hui, il écrit son histoire sans en mesurer les conséquences. Il ne voit pas ses erreurs, il ne sent pas les fractures. Mais demain, il sera trop tard. Et plus tard, il devra faire face à cette histoire, devant la mémoire militante collective, devant les silences qu’il aura imposés, et les voix qu’il aura ignorées.

Tidjane Thiam porte une responsabilité historique. Il peut choisir de rester enfermé dans une posture verticale, technocratique et solitaire. Ou il peut décider d’ouvrir une nouvelle page, fondée sur l’unité, la mémoire et la vision partagée. Ce choix lui appartient. Mais le temps presse. Car Thiam passera un jour, comme tous les hommes politiques. Mais le PDCI-RDA de Félix Houphouët Boigny, lui, restera. Il est le premier patrimoine politique de la Côte d’Ivoire, et le deuxième d’Afrique, après L’ANC de Nelson Mandela.
Il est une mémoire vivante, une colonne vertébrale nationale. Et les militants, eux, voteront avec leur cœur, leur conscience et leur fidélité à cette histoire. Personne ne pourra leur dicter ce choix.
Conclusion : Le PDCI-RDA ne se reconquiert pas sans introspection
Une erreur politique aux conséquences irréparables si jamais…
Et les militants, eux, voteront avec leur cœur, leur conscience et leur fidélité à cette histoire. Personne ne pourra leur dicter ce choix. Empêcher ou mettre la pression sur les militants du PDCI-RDA pour qu’ils ne votent pas en faveur de Jean-Louis Billon, candidat indépendant issu du sérail du parti, serait une erreur politique grave, sans précédent et irréparable.
Ce serait une faute contre la mémoire militante, contre l’histoire du parti, et contre la liberté de conscience de ceux qui ont toujours porté le PDCI-RDA dans les moments les plus difficiles. Et que dirons-nous, si par la volonté de Dieu, l’homme d’affaires, riche, influent et militant de longue date, Jean-Louis Billon, est élu pas aux injonctions d’appareil.

Elle suit le souffle du peuple, la mémoire militante, et la force des convictions. Que dirons-nous à la mémoire de Félix Houphouët-Boigny et Aimé Henri Konan Bédié, qui ont toujours prôné le rassemblement, la paix et la fidélité aux valeurs du parti ? Le PDCI-RDA version Thiam doit comprendre une chose essentielle : l’histoire ne se contrôle pas, elle se construit.
Et elle se construit avec les hommes de conviction, les figures de terrain, les héritiers politiques authentiques ceux qui ont gardé le temple pendant les 23 années d’absence de Tidjane Thiam. Les militants, eux, n’oublient pas. Ils savent reconnaître les visages de la constance, les voix de la fidélité, les mains qui ont tenu le flambeau quand d’autres étaient ailleurs. Qui vivra verra. Mais que nul ne dise qu’il n’a pas été prévenu… ».
Petrouce Pierre Nicaise GNAGNE- membre du Bureau Politique du PDCI-RDA
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