La suppression de toutes les associations ou mouvements d’étudiants et l’instauration d’un syndicat central d’étudiants par le gouvernement ivoirien, toujours pensée par le gouvernement ivoirien, à la suite de violences policières sur les cités universitaires. Il y a eu aussi la bagarre entre deux associations d’étudiants ivoiriens, la Fesci et l’Agee-ci, deux syndicats réputés être très proches de l’opposition ivoirienne. Dans cette logique, la bataille pour le contrôle du quai de bus étudiant, engagée par la Fesci et l’Ageeci, a causé la mort de l’étudiant Wilfried Konin.
A l’interrogation, le gouvernement ivoirien ne profitait-t-il pas de ce fait tragique pour asseoir son contrôle et étendre sa main mise sur l’ensemble des étudiants de Côte d’Ivoire ? la dernières crise sur la cité universitaire Mermoz, chauffe toujours l’esprit du gouvernement d’Abdjan.
Les universités ou miroirs de la société :
Plus l’enseignement va mal plus la société se détériore. Les Universités dans cette logique sont assimilables à des «baromètres sociétaux». Elles sont des lieux d’expressions plurielles, de promotion de la diversité politique, sociale, culturelle et religieuse.
Lieux de revendications
Dans cette perspective, les universités participent à l’éveil des consciences. Elles sont des lieux de revendications sociales. A ce propos, en 2015-2016 en Afrique du Sud, la révolte des étudiants des universités de Pretoria et de Johannesburg a contraint le gouvernement du Président Zuma à baisser les frais d’inscriptions dans les universités publiques sud-africaines. De même, en Côte d’Ivoire, dans les années 90, la lutte pour l’instauration du pluralisme les étudiants ont été capables de faire plier l’échine face aux autorités universitaires. La bataille pour le multipartisme s’est déclenchée depuis les résidences universitaires.
La future décision du gouvernement Ouattara est donc un viol des libertés. Le front social constitué par les étudiants, les groupuscules opposés au Président Houphouët-Boigny et la société civile ont permis de faire reculer le régime dictatorial d’alors et à autoriser le multipartisme en Côte d’Ivoire.
Ainsi, nous constatons le rôle important que peuvent jouer les universités dans l’instauration de la démocratie et la défense des libertés et des droits fondamentaux. Toutefois, la décision future du gouvernement ivoirien aura sans nul doute de multiples conséquences sur le bon fonctionnement des universités ivoiriennes en particulier et pour l’enseignement ivoirien de manière plus générale.
Ainsi, de nombreuses organisations syndicales ivoiriennes se sont opposées à cette mesure plus qu’autoritaire.
En effet, la Coordination Nationale des Enseignants de Côte d’Ivoire (Cnec) par la voix de son Secrétaire Général, le Professeur Johnson Kouassi, a qualifié une telle mesure d’«anticonstitutionnelle». Plusieurs articles de la constitution ivoirienne, relatifs aux droits et aux libertés autorisent tout un chacun à exprimer et à diffuser librement ses idées. La seule exception faite par la loi fondamentale consiste à proscrire toute association dont la propagande a pour but de favoriser un groupe social par rapport à un autre et à encourager la haine raciale.
Aussi, est-il du devoir du gouvernement ivoirien de se pencher sur les racines de la violence sur les campus universitaires: manque de matériels de laboratoire, difficulté d’obtention de documents administratifs universitaires, surpeuplement des amphithéâtres, manque de chambres dans les résidences universitaires, défaut de professeurs qualifiés, grèves répétées des enseignants…
Cela implique une approche globale participative qui vise les facteurs socioéconomiques générant la violence, et non une approche autoritaire et répressive. Par ailleurs, plusieurs efforts ont été faits par les nouveaux dirigeants des deux associations pour redorer leurs images. Cela leur a permis d’être à maintes reprises reçues par le précédent Ministre Gnamien Konan pour les féliciter.
A ce jour, ces organisations estudiantines constituent les seules véritables associations fondamentales d’association et de réunion tels que prévues par la constitution ivoirienne. S’il est normal que le gouvernement veuille régler l’épineux et vieux problème de la violence sur les campus ivoiriens, ses décisions ne doivent être prises au détriment des droits et libertés fondamentales. Une approche inclusive de toutes les organisations universitaires afin de créer un climat de paix favorable à tous sur les campus serait préférable que ces mesures répressives et autoritaires.
A moins que le gouvernement ait pour objectif d’instaurer une main mise sur les étudiants
Car malheureusement en Afrique que les gouvernements cherchent toujours à manipuler et à contrôler l’opposition. Quant à la société civile, elle est très souvent absente lors de vrais débats ou ne dispose que de très peu de moyens pour se faire entendre et empêcher les gouvernants de mettre à exécution toutes leurs décisions. Il est donc du devoir de la jeunesse de jouer ce rôle de contrepouvoir et de s’opposer au «diktat» que lui impose le gouvernement. Les révoltes arabes et burkinabè nous ont montré combien il ne fallait pas minimiser la force de cette tranche de la société qui est très peu concertée lors des prises de décisions.
Enfin, le véritable danger de l’ambition du gouvernement ivoirien de contrôler ou supprimer les associations et mouvements politiques estudiantins est ce risque du recul de la pensée plurielle en Côte d’Ivoire. Toutes les décisions seront centralisées et prises depuis le sommet. Elles devront être appliquées à l’ensemble des étudiants sans qu’il y ait une quelconque opposition. Le grand danger est qu’une jeunesse dans l’impossibilité de s’exprimer risque de ne trouver refuge que dans la violence.
Par Noël BLE
Etudiant en Droit et Science politique à l’Université Félix Houphouët-Boigny
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