Urgent:-Geoffroy Kouao (politologue) formel: « L’organisation d’une élection apaisée le 31 octobre 2020, en Côte d’Ivoire,  est hypothéquée »-les 5 plaies

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5 désaccords pèsent sur le processus

Invité par le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (WANEP-CI) dans le cadre de son projet « La société civile engagée et mobilisée pour des élections pacifiques et crédibles en Côte d’Ivoire 2020 », Geoffroy Julien Kouao, écrivain-juriste et politologue planche  sur le thème: « Bilan à mi-parcours du processus électoral de 2020 ». Ici le décryptage qu’il fait à 36 jours de la présidentielle du 31 octobre 2020.

A cinq semaines du scrutin présidentiel du samedi 31 octobre 2020, quel bilan partiel établir relativement au processus électoral ? L’élection du président de la république de Côte d’Ivoire se tiendra-t-elle, effectivement,  à la date indiquée par l’alinéa 2 de l’article 56 de la constitution ? Dans un climat apaisé comme souhaité par les populations ? Pour répondre à ces interrogations, voyons successivement, le cadre juridique (I), le cadre institutionnel (II) et le cadre opérationnel (III) du processus électoral.

I-Du cadre juridique

Dans la perspective de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, le pouvoir constituant dérivé a opéré une révision du code électoral. Cette révision est l’œuvre de l’exécutif. En effet, la révision a pour fondement juridique l’ordonnance n°2020-356 du 8 avril 2020. La régularité de cette ordonnance  a divisé, non seulement, la classe politique mais, la communauté des juristes, surtout sur la question de l’existence de la loi d’habilitation. Par ailleurs, l’opposition politique a dénoncé l’absence de consensus sur les matières, objets de la révision qui sont entre autre, le cautionnement qui passe de 20 millions à 50 millions et surtout l’instauration du parrainage citoyen. Premier désaccord.

II-Du cadre institutionnel

Il s’agit de la CEI et du conseil Constitutionnel

1-De la CEI

A quelques semaines du scrutin du 31 octobre 2020, la commission centrale de la CEI n’est pas au complet. En effet, le représentant du PDCI-RDA, chef de file de l’opposition, refuse de prêter serment devant le juge constitutionnel. En sus, toute l’opposition refuse de participer à la réorganisation des CEI locales tel que  recommander par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. L’opposition exige maintenant la dissolution  de la CEI.  Deuxième désaccord.

2-Du Conseil constitutionnel

Après la proclamation de la liste définitive des candidats  à l’élection du 31 octobre 2020, l’opposition politique demande la dissolution du Conseil Constitutionnel. Troisième désaccord.

III-Du cadre opérationnel

Il concerne la révision de la liste électorale (1) et les candidatures (2) à l’élection du président de la république

1-De la révision de la liste électorale

Le recensement électoral, le traitement des données recueillies, la publication de la liste provisoire, le contentieux de la liste électorale et, dans l’attente de la publication de la liste électorale définitive…. toutes ces étapes ont donné lieu  à des passes d’armes entre la majorité et l’opposition,  et celle-ci réclame, aujourd’hui, un audit international de la liste électorale. Quatrième désaccord.

2-Des candidatures

Sur 44 dossiers de  candidats à la candidature  reçus par la CEI et transmis au Conseil constitutionnel, le juge constitutionnel n’a en validé que 4. Certains candidats recalés, dénoncent la partialité du Conseil Constitutionnel,  contestent la légalité de la décision concernant le candidat du RHDP,  d’autres,  affirment qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre 2020.  Cinquième désaccord.

De ce qui précède, nous remarquons de profonds désaccords entre les acteurs politiques à quelques jours du scrutin présidentiel,  ce qui, à l’évidence,  favorise un climat électoral anxiogène. D’ailleurs, nous assistons, depuis l’annonce de la  candidature du président de la république sortant,  à une crise pré-électorale avec des pertes en vie humaines et de destructions de biens publics et privés. Le spectre de 2010 est présent. C’est dans ce contexte  électoral électrique que l’opposition politique annonce la désobéissance civile.

A l’observation, l’organisation d’une élection apaisée le 31 octobre 2020, en Côte d’Ivoire,  est hypothéquée

La crise préélectorale, actuelle, montre bien que le problème du troisième mandat du président sortant, celui du rejet  des candidatures de MM Gbagbo et Soro, ne sont  plus juridiques mais politiques. Il faut donc une solution politique. Je pense que, dès maintenant, les autorités administratives et morales doivent initier un dialogue politique entre la majorité et l’opposition.

En effet, le médiateur de la république, le président de la chambre des rois et chefs traditionnels, le chef de la communauté musulmane, le chef de la communauté catholique, le chef de la communauté protestante et évangélique  doivent, ensemble, faciliter un dialogue politique entre MM. Ouattara, Bédié, Gbagbo et Soro. A défaut, une médiation sous-régionale ou des partenaires au développement serait souhaitable et ce, au nom de la paix et de la cohésion sociale. La paix est à l’Etat,  ce que la santé est à l’homme. La Cote d’Ivoire  ne peut pas se payer le luxe d’une autre guerre électorale après celle de 2010″.

Par Geoffroy-Julien KOUAO

Politologue et Écrivain

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