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Danger de l’Orpaillage à Koun-Fao et Tankessé : menace de disparition de 11 villages et 665,9 hectares des terres (Reportage exclusif 2è Partie)

Danger à Koun-Fao et Tankessé: dégâts monstrueux de l'Orpaillage sauvage menaçant 11 villages de disparition ; ledebativoirien.net

Nous sommes toujours  dans le labyrinthe souterrain de la Région du Gontougo, précisément dans la Sous-préfecture de Tankessé sous surveillance du chef-lieu du département, Koun-Fao. La terre semble s’écrouler sous les pieds des communautés de onze (11)  des villages parés d’or : ADOUKRO, ASSEMPANAYE, BOFFOUEKRO, BROUKRO-BANOUAN, DIHINIBO, NDAKRO, OUANGUI, PAMBARIBA, PENGAKRO, YAOKRO et YOBOUAKRO. Reportage exclusif 2ème Partie Ledebativoirien.net

La résistance s’organise: des rencontres décisives du collectif des mutuelles du département 

Un pas majeur est posé à Abidjan, le 28 octobre 2023. Le lycée Amondji à Adjamé Liberté abrite une réunion décisive des mutuelles des villages impactés par les projets d’extraction d’or à Tankessé. Et ce, à l’invitation du président de la mutuelle de développement de N’Dakro, Kindo Yao Adam’s. Les projets d’exploitation de l’or dans le département et la création d’une association des mutuelles de la zone seront les sujets.

Un Comité de veille dans chaque village est créé ; un Comité pour sillonner les villages concernés à travers des tournées est adopté ; une Association des mutuelles des villages concernés est créée et devient la Fédération des mutuelles.

Depuis cette rencontre, c’est  une vision commune qui est portée par les filles et fils des villages de Tankessé unis par un destin commun, face  à  la menace de  l’orpaillage. Cette fédération des mutuelles élève la voix de plus en plus, portant les oppositions à l’exploitation d’or à la Sous-préfecture de Tankessé, département de Koun-Fao.

Événements de 2024 et  BOFFOUÉKRO 

Le 05 mars 2024 les villages : Ouangui, Pambariba, Tankessé et Boffouékro s’organisent. Le combat est désormais commun face au danger. Ilssaisissent le Sous-Préfet de Tankessé pour une réaffirmation de l’opposition   à la demande d’exploitation d’or à Boffouékro  formulée le 23 mai 2023 par la société New Gold Invest.

Le 19 juin 2023, les populations des localités voisines à Boffouékro, (Ouangui, Pambariba et Tankessé), ayant la rivière Bah’, un cours d’eau en commun sous le poids de la pollution ont exprimé, dans le registre ouvert à cet effet à la sous-préfecture de Tankessé leur opposition au projet d’exploitation semi-industrielle d’or sur leurs parcelles de cultures avec force.

Petite surprise

La colère des  mutuelles sera encore grande  à  l’avènement d’un fait. C’est que, contre toute attente, sans avoir le retour de l’enquête de commodo et incommodo, par affichage à la sous-préfecture ou avis à tous les villages concernés, les mutuelles des  villages, prennent connaissance d’une note circulant liée à l’enquête publique organisée du jeudi 22 février 2024 au mercredi 6 mars 2024, dans le cadre de la validation d’un rapport de l’Étude d’Impact Environnement et Social du projet d’Exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro, présentée par la société New Gold Invest.

« Cette note curieusement mentionne: ‘‘les Autorités administratives et coutumières reconnaissent l’importance de l’installation de l’activité minière dans la zone car étant une opportunité de développement et y adhèrent totalement’’.

Elle mentionne également que ce site de 98,84 hectares appartient à des propriétaires terriens, tous appartenant au village de Boffouékro. Et qu’un protocole d’accord aurait été signé, sous la supervision du Sous-préfet de Tankessé, entre l’entreprise et les propriétaires terriens, pour encadrer les relations qui les lieront », expliquent les responsables des mutuelles.

«Ce processus de traitement de la demande d’exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro aux contours flous immédiatement dénoncé par les populations. Les résultats d’une consultation ne s’achèvent pas qu’une autre étape est entamée à dessein s’interroge la population. Quelles sont les conclusions de l’enquête de commodo et incommodo ? À quel moment le préfet a-t-il supervisé la signature d’un protocole d’accord entre la société New Gold Invest et les propriétaires terriens de Boffouékro ?

Pourquoi la note d’enquête publique n’est-elle pas  à ce  jour rendue public?», interrogent  les mutuelles.  « Nous rejetons et dénonçons ce passage en force de ce projet d’exploitation d’or mené par le Sous-préfet….», déclarent-elles Face  aux  interrogations sans réponse des autorités, les communautés des villages réaffirment continuent de s’opposer à l’exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro.  

En 2025 et un autre vent menace du côté de Ouangui

Lors de  notre passage dans le département de Koun-Fao, nous prenions connaissance d’une autre  menace d’orpaillage clandestin se précisant dans le village Ouangui. Nous prenons donc la route pour Ouangui. Il nous est indiqué  qu’une demande d’exploitation minière formulée par une délégation venue de Koun-Fao agite ledit village.

Les informations révèlent que des jeunes du village, craignant de voir leurs parcelles mitoyennes au chantier exploité illicitement à village Yobouakro ont pris attache avec un exploitant aurifère à Boffouékro, village  sous la menace de l’orpaillage.

Une prospection à l’insu de l’autorité coutumière est entreprise sur le site, « Bah N’si, situé derrière la rivière Bah, qui autrefois approvisionnait les villages en poissons. Suite à des soupçons, une interpellation de jeunes du village à la cour royale  conduit à des aveux impliquant les commanditaires. Une sanction coutumière est infligée au principal commanditaire: « Un mouton et deux bouteilles de Gin, avec interdiction formelle de poursuivre sa manœuvre », nous rapportent les habitants du village Ouangui.  

Cependant, un mois plus tard, une autre délégation se présente dans le  même village, le samedi 4 octobre 2025 pour négocier l’exploitation du site, à l’invitation du chef Nanan Boni Kouadio. « Je veux qu’on construise un centre de santé pour le village », nous confia-t-il lors de nos échanges. Quid des dangers et oppositions : « Nous allons discuter avec la mutuelle du village pour nous attendre » déclare-t-il à notre micro, le jeudi 23 octobre dernier.

Mais déjà, le samedi 11 octobre 2025 à la demande du  Chef de tribu, Nanan Doukounou, une consultation des cadres et de la communauté villageoise concernant la menace d’orpaillage clandestin dans le village Ouangui est initiée. Ouangui et Tankessé, deux localités administrées par un seul et même Chef de tribu. Des décisions et orientations sont prises autour d’un refus catégorique d’autoriser toute exploitation du site « Bah N’si ».

« Elle demeure la position du village et de la mutuelle de développement du village Ouangui », déclare la fédération des Mutuelles qui multiplie desrencontres. L’une s’est tenue à Yaokro, en août dernier, chez le chef canton avec tous les représentants des villages pour insister sur les méfaits de l’orpaillage et s’opposer à  tout projet d’orpaillage dans la Sous-préfecture de Tankessé.

Notre visite chez le Préfet et Sous-préfet  

Le jeudi 24 octobre 2025, nous partons de la cité d’Agnibilékrou qui ne semble pas encore agitée par la menace de l’orpaillage (!). Poursuivant la collecte de données auprès des populations, nous décidons de mettre le cap sur la Sous-préfecture de Tankessé et la Préfecture de Koun-Fao. Il est question pour notre équipe d’obtenir quelques clarifications des premiers responsables de ces deux administrations au centre des accusations.

Chez le Sous-préfet Abel Olivier Decoster 

Après quelques  kilomètres, nous y sommes; Tankessé. De petits renseignements pour avoir la position exacte du maître administratif du lieu. Dernière résolution, le joindre par téléphone pour obtenir une invitation  à passer à son bureau. Une fois joint avec notre identité, nous lui expliquons la raison de notre visite dans sa cité et notre volonté de le rencontrer. Il prête une oreille attentive  à nos questions bien qu’étant avec l’Inspecteur de l’Enseignement du Primaire pour dit-il transmission  de rapport à sa hiérarchie.

Le Sous-préfet : «Je ne suis pas autorisé à avoir des rencontres avec vous. Si vous voulez des  informations concernant le sujet en question, référez-vous  à  ma hiérarchie…», lâche l’administrateur devant notre insistance d’en savoir davantage.

Quelques minutes plus tard, il nous contacte : « …. Je suis désolé, parce que je ne suis pas autorisé à m’entretenir avec vous sans l’autorisation de ma hiérarchie. Quand je parle de hiérarchie, je veux parler du Préfet, la Direction générale de l’administration du Territoire et il y a le Ministre. C’est  un peu cela, vraiment désolé… Moi je ne suis pas autorisé à avoir une interview avec les  journalistes…», explique-t-il.  

Nous insistons  sur  les oppositions des populations aux différents avis d’enquête de commodo et incommodo pour les exploitations d’or à Tankessé. « Oui bien sûr, bien sûr, il y a eu des oppositions », avoue le Sous-Préfet de Tankessé, et de poursuivre : « Quand on lance  une enquête de commodo et incommodo, il y a un registre  à  la Sous-préfecture où tout est noté. Nous avons pris tout cela en compte.

Donc que les populations se tranquillisent. Nous faisons une procédure, après  nous ferons notre rapport  à  la personne qui nous a instruit de faire l’enquête : notre hiérarchie. C’est elle qui apprécie, ce n’est pas  moi. Désolé et,  à  nous revoir…», coupe l’administrateur. C’est une  partie  remise promettons-nous. 

Nous voici en face de Mme Okoubo Marie-Thérèse Épouse Okou, Préfet de Koun-Fao

Il est 13 heures quand nous faisons notre entrée dans la cour de la Préfecture. Une  minute plus tard, Madame le Préfet arrive. Nous sommes soulagés. Nous n’avons pu voir de visu le Sous-Préfet, mais, le Préfet est là, Mme Okoubo Marie-Thérèse Épouse Okou. Après quelques civilités, nous sommes reçus par le chef du cabinet du Préfet. Quelques échanges sur l’objet de notre présence et le ton est donné. Il n’est pas agréable d’aborder la question, à l’observation.

« L’on veut aider des populations pauvres et nous ne comprenons pas leur attitude. Il y a la mine d’or d’Ity  à l’ouest et les populations vivent là-bas…», murmure un peu courroucé le collaborateur du Préfet. Quelques minutes suivent, nous sommes reçus  par madame le Préfet en présence du Secrétaire Général de la préfecture et du chef du cabinet. Visiblement l’atmosphère est lourde  à  défaut d’être tendue. Nous exposons brièvement sur la présence de l’équipe de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ dans son département.

Réaction de la Préfète : « Je ne peux pas parler de ces questions sans l’autorisation de ma hiérarchie ». Nous avons déjà entendu cela quelque  part. Nous repartons  à  la charge en expliquant que les populations la tiennent  responsable de la persistance des demandes des sociétés minières qui parcourent le département.

Avec un rappel de son passage  dans le département de Hiré où l’orpaillage gagne du terrain. Nous évoquons également la rencontre initiée par elle à l’effet de solliciter les populations afin qu’elles donnent des avis favorables aux projets d’exploitation d’or sur leurs terres. Une grande rencontre tenue en 2024 à Koun-Fao à cet effet, au motif que lesdits projets seraient économiquement rentables pour les populations. Qu’en dit-elle!

Et là, elle se rassoit très bien, mais très inconfortable. Nous attendons sa réaction. Léger silence. Elle décide de rompre : « L’enquête de commodo et incommodo vient à peine, comme vous le dites,  de se  terminer. Attendons le résultat. Mais je n’en dis pas plus sans l’autorisation de ma hiérarchie… ». Le ministre! « Je n’en dis  pas plus. Merci monsieur le journaliste ». Nous la remercions pour la réception.

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La belle tactique de persuasion

Il ressort que le lobbying des entreprises minières est bien appuyé d’une bonne méthodologie mise en route  par l’autorité administrative départementale. Et pour s’en convaincre, visitons le temps des séminaires et autres ateliers dits de «renforcement de  capacités» des populations et des groupements organisés du département. A titre d’exemple, voici ce que  rapportait pour l’approche persuasive,  l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), en juillet 2024.

Le foyer des de Koun-Fao a accueilli des ateliers de renforcement de capacités des chefs des villages, des présidents des jeunes, des mutuelles…, le jeudi 25 juillet 2024. Plus de 300 participants enregistrés relativement à la stratégie de l’administration de sensibilisation des chefs du village et président de mutuelles de développement sous le couvert d’atelier. L’une des recommandations majeures a été le renforcement de la sensibilisation des couches sociales, à l’effet d’aplanir les différends et les incompréhensions dans « les responsabilités et rôles des chefs de village et des présidents de mutuelles dans le département».

C’est le thème développé par le Directeur général adjoint de l’administration du territoire, qui, a largement exposé sur le rôle imparti à chaque acteur dans l’administration de la chose publique. C’est  au regard de la résurgence de nombreux malentendus observés avec les villages que le préfet de Koun-Fao, Okoubo Marie-Thérèse épouse Okou  a initié ledit  séminaire précise l’Agence de presse ivoirienne.

Après moult échanges, le conférencier a signifié à l’assistance que «le premier responsable représentant de l’État dans les villages demeure le chef du village dont l’autorité ne peut être contestée par les présidents de mutuelle qui sont des adjuvants à la gestion commune du village » (…), rapporte AIP (25/7/24).

Un message subliminal avec pour but de faire passer dans l’opinion des communautés villageoises, que seul l’avis du chef du village importe pour elles. A cet effet, la tentative de la mise en avant de la position du chef du village transparaît dans la plupart des cas des projets d’explorations des terres.  D’autres thématiques ont été aussi  abordées ce jour-là : « L’exploitation  légale et illégale de l’or en Côte d’Ivoire : avantages et inconvénients », présenté par le Directeur régional des mines et de la géologie du Gontougo.

« La gouvernance environnementale des projets miniers en Côte d’Ivoire : rôle de chaque acteur», exposée par madame la cheffe du Service Suivi Environnemental et Social à l’ANDE (Agence nationale de l’Environnement). Des conférences dissuasives pour les communautés devant leur opposition à tout projet d’extraction d’or sur leurs terres. Ne dites pas, à  la grande satisfaction du préfet de Koun-Fao, Mme Okou Marie-Thérèse, initiatrice des rencontres. « Je n’en dis pas plus » soutient avec force la Préfète.

La voix des enterprises WASS GOLD, NEW GOLD INVEST, KASSERE MINING ou AFEMA SMALL SKAY MINING  

Une seule nous répondra

L’équipe de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ sortie du tourbillon de Koun-Fao et Tankessé après deux jours de pérégrination, une fois de retour à Abidjan entreprend immédiatement de contacter les différentes sociétés minières très actives dans la zone ces dernières années. Des appels téléphoniques et courriers sont émis en leur endroit dès le vendredi 24 octobre 2025. Le mardi suivant, l’une d’entre elles nous répond.  

C’est la société KASSERE MINING qui parle.

«Le dossier est au niveau de l’enquête commodo et incommodo. Vous savez qu’on n’est même pas encore arrivé à l’état de l’étude d’impact environnemental. La population n’a même pas encore donné l’avis. Donc le projet peut s’arrêter là ou bien peut continuer. Si l’avis est défavorable, on arrête. Pour avoir l’autorisation, il faut d’abord que l’enquête finisse, et qu’il y ait un processus d’accord avec la communauté avant même qu’on ait un autre pas. Il y a des oppositions, il faut veiller à les lever. Après on va continuer. On est au stade des enquêtes. Donc, il faut que les gens  se prononcent, on va discuter, on va lever les oppositions. Et, après, on va continuer.

 Maintenant, là où il y a des projets qui sont autorisés, ce n’est pas  à  Tankessé. Nous, on n’a pas encore de projet autorisé à Tankessé. C’est à Koun-Fao que nous avons  un projet…Merci de nous avoir contactés et  à  très  bientôt…», explique le Directeur des Opérations de la société KASSERE MINING. Les autres sociétés et la SODEMI observent encore.

 Au constat, la destruction des activités locales : agriculture, pêche, artisanat est palpable dans le département de Koun-Fao, comme cela est observé dans toutes les localités  où l’orpaillage sévit partout en Côte d’Ivoire. Les années passent et rien ne change dans l’obsession d’extraire l’or des terres du département de Koun-Fao (Nord-est, région du Gontougo) et sa Sous-préfecture Tankessé.

Un expert explique le processus pour la réalisation d’une exploitation minière

Des «tapes essentielles sont à observer» déclare l’expert contacté par ‘‘LE DEBATIVOIRIEN’’-  D’abord, une demande est faite au niveau du Cadastre Minier. Un  droit fixe de 500 mille FCFA est payé. Le dossier pour l’avis d’enquête et les avis des structures techniques de l’État est soumis. En l’occurrence, le ministère de l’Agriculture pour l’expertise agricole, le ministère de l’Environnement pour un constat environnemental. Les Eaux et forêts pour voir si la parcelle oui ou non est située dans une forêt classée, la direction des mines, de l’énergie et du pétrole, ministère de la Santé, ministère de l’Hydraulique, ministère des Infrastructures etc. Par la suite,  il y a l’avis du Préfet qui en réalité est  l’avis des populations.

Une enquête de commodo et incommodo d’un mois est lancée auprès de toutes les communautés. Ceux qui ont un intérêt sur la parcelle viennent se prononcer. À la fin de l’enquête, le Sous-préfet fait le rapport. Le préfet émet l’avis des populations. S’il est favorable, la procédure continue. S’il est défavorable, la procédure est arrêtée.  Donc, quand l’avis est favorable et que la procédure doit continuer, un protocole d’accord avec les communautés du village est établi, et associé à l’avis technique de toute l’institution de l’État partie prenante du projet d’exploitation d’or.

L’agence nationale de développement de l’environnement,  l’ANDE est sollicitée par la société minière pour des termes de références en vue d’une étude d’impact environnemental et social. À l’obtention des TDR, un cabinet chargé de l’environnement agréé,  se charge de conduire cette étude. Ce cabinet vérifie le protocole d’accord avec les communautés et va rencontrer les parties prenantes au projet, en l’occurrence, tous les ministères qui ont donné leurs avis sur le projet.  

Et après,  l’ANDE lance l’enquête publique, qui est en fait, une consultation publique.  Il s’agit de relever les avis de différentes couches de la société durant 10 jours ouvrés. A cette occasion, l’ANDE vient présenter le projet et le promoteur à toute la communauté. L’enquête publique vient infirmer  ou entériner l’enquête de commodo et incommodo.

 Si, au cours de l’enquête publique, les communautés disent, nous avons signé un protocole d’accord,  mais nous ne sommes plus d’accord sur le projet, tout est arrêté là.  Si les populations donnent leurs avis favorables,  le Préfet émet le rapport de l’enquête publique qu’il transmet à l’Agence nationale de développement de l’environnement, pour les amenés techniques.

Par la suite, l’ANDE convoque toutes les structures, toutes les parties prenantes, y compris les communautés, tous ceux qui ont signé le protocole d’accord  et les structures de l’État,  pour un examen technique à la direction générale de l’Agence.  Et à cette occasion, c’est le comité interministériel chargé des questions environnementales qui dit si oui ou non, le projet est viable ou pas.  Voire, 15 ministères qui ont intérêt dans le projet viennent pour la validation du projet, y compris les communautés et l’opérateur….Voilà ! 

« Si cette procédure n’est pas suivie. Le projet ne peut être exécuté. S’il y a extraction d’or sur une terre, le projet est illégal», indique l’Expert consulté par la rédaction de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’.

Eaux et sol détruits

Les impacts de l’activité d’exploitation d’or sont négativement visibles pourtour sur  l’environnement social et écosystémique, avec destruction de la faune et de la flore des  villages visités à Tankessé. Avec pollution des sols et des eaux.  Lors de notre passage, une visite des affluents de la rivière Bâh qui prennent leurs sources dans la localité de Boffouékro a permis de constater le degré de pollution des eaux du secteur.  L’alimentation en eau, à partir du forage situé non loin de la rivière « Bah » bordant  les localités de N’dakro, Dihinibo est suspendue.

«  À cause du soupçon de contamination de la nappe », indique la population. De nombreuses externalités négatives attisent également la colère des populations avec ces différents projets d’extractions d’or: vol, viol, braquage, drogue, intrusion et développement de l’orpaillage clandestin dans la zone. Des prises images du lit mineur de la rivière « Bah », affluent du fleuve Comoé montrent l’absence d’écoulement à cette période pluvieuse lors de notre passage. « Chose inhabituelle. Cela est dû à la digue construite en amont vers Yobouakro par les orpailleurs », indiquent les chefs des villages. La couleur de l’eau observée laisse entrevoir l’utilisation de produits toxiques (mercure et autres).

Il y a aussi mort de poissons ou bizarrement tâchés non consommables. Les localités de Pambariba, Ouangui, Broukro Banouan, N’dakro, Dihinibo, Bagoua, Assempanayè ou Pengakro traversées autrefois par ce cours d’eau subissent cruellement les effets de l’exploitation anarchique de l’orpaillage. « Pour ces raisons tous les villages s’opposent avec fermeté aux projets d’exploitation d’or », déclarent  toutes les mutuelles des villages victimes à Tankessé.

Un regard percutant de l’Etat est attendu pour le département de Koun-Fao, afin de voler au secours des populations de Tankessé face à la menace de l’orpaillage montant. Phénomène clandestin ou semi-industriel, l’orpaillage maintient en éveil permanent les populations et les mutuelles du département sont à cheval sur leur opposition à tout  projet de fouille de leurs terres qui menace l’essence même de leurs villages, donc leur existence.

« Nous voulons des projets du gouvernement », indiquent en chœur ADOUKRO, ASSEMPANAYE, BOFFOUEKRO, BROUKRO BANOUAN, DIHINIBO, NDAKRO, OUANGUI, PAMBARIBA, PENGAKRO, YAOKRO et YOBOUAKRO. Si d’ici là, ils n’ont pas encore disparu, que leur réserve-t-on avec la nouvelle ère qui s’ouvre: «Avec ADO, pour une Grande Côte-d’Ivoire». A SUIVRE…

Ledebativoirien.net

HERVE MAKRE

Envoyé spécial à Koun Fao/Tankessé

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