Le film de la conquête des libertés se poursuit, toujours en Côte d’Ivoire. Le Tribunal du Plateau déclare Yodé et Siro coupables des faits qui leur sont reprochés, ce jeudi 3 décembre 2020. Il les condamne à 12 mois d’emprisonnement avec sursis et à 5.000.000 de FCFA d’amende chacun », pour outrage à un magistrat. La condamnation des artistes chanteurs ivoiriens pour avoir interpellé sur un cas de figure de justice, le procureur de la république ivoirienne, interroge. Jusqu’où ira la justice ivoirienne ?Décryptage.
Une tête a été coupée à Daoukro, celle de Toussaint Koffi et servie de ballon. La scène circule encore dans les médias et autre support numériques. Cependant, aucune sortie médiatique du procureur de la république pour déplorer un avis de recherche médiatisé contre ces criminels visibles sur des vidéos des réseaux sociaux.
Soro Kanigui a été inculpé pour atteinte à la sûreté comme les autres cadres de GPS qui ont été arrêtés le 23 décembre 2019. Mais, il a été sorti de prison et reçu même par le Chef de l’État, Alassane Ouattara. Les ivoiriens et ivoiriennes attendent toujours une explication du procureur Adou Richard sur cette libération de cet ex-compagnon de Guillaume Soro. Autant d’incongruités dans le système judiciaire ivoirien qui a même fait réagir Human Watch Rigths.
Le film des propos de la voix des sans voix sur le podium du maquis «l’Internat» à Yopougon
Voulant imager le long silence du procureur Adou Richard, lors d’un concert à Yopougon, les artistes zouglou, Daly Djedje Gervais (Yodé) et Aba Sylvain Decarvailles (Siro), engagés depuis toujours dans leurs œuvres discographiques au moment des différents régimes qui se sont succédé en Côte d’Ivoire, ont affirmé sans gants qu’ « il n’y’a pas de démocratie en Côte d’Ivoire. Le procureur lui-même n’est plus procureur. Il est devenu le procureur d’un camp». Une manière de signifier l’incompréhension des ivoiriens vis-à-vis de l’attitude du procureur Adou Richard dans la lutte contre l’impunité en Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, cette histoire semble être identique à celle du mythique groupe américain de rap N.W.A, regroupant Eazy-E, I-Cube, Dr. Dre etc., qui dénonçait dans leurs chansons et les concerts, les pratiques et actes de violence sur les noirs lors de leurs interpellations par les forces de l’ordre. Interrogé sur la motivation du groupe N.W.A dans leur engagement, le meneur du groupe, Eazy-E, de son vrai nom Eric Lynn Wright, avait répondu aux journalistes lors d’une conférence de presse : «Vous êtes des journalistes, nous également. Seulement nous disons « cash » ce que vous maquillez », a-t-il précisé.
L’artiste dénonce également l’attitude des fonctionnaires de la sécurité publique. Par conséquent, Adou Richard est-il exempt de reproches dans l’exercice de sa fonction ? Sert-il finalement le peuple ou ses propres intérêts ? Ne dit-on pas que le peuple a le dernier mot sur la gestion des affaires de la cité ?
Rappelons que la Cote d’Ivoire vit aujourd’hui une crise postélectorale engendrée par la validation de la candidature d’Alassane Ouattara par le Conseil Constitutionnel à la présidentielle d’octobre 2020 pour un troisième mandat bien que la Constitution ivoirienne actuelle n’autorise que deux mandats selon son article 183. Un argument défendu et confirmé par Cissé Bacongo, Ouraga Obou et Sansan Kambilé tous proches d’Alassane Ouattara.
H.KARA
Ledebativoirien.net
