À la différence de soixante millions de français, la diplomatie française au Togo, ne semble pas vouloir rester confinée… Ainsi avons-nous assisté en pleine épidémie de Coronavirus l’obtention de la part de l’ambassadeur de France au Togo de la HAAC, la suspension et l’interdiction de parution des journaux L’Alternative, Liberté, et Fraternité, qui au lendemain de l’élection présidentielle du 22 février 2020, avaient osé donner leur avis quant au soutien sans retenue de l’ambassadeur de France à Faure Gnassingbé, dénonçant des entorses à la neutralité.
Cette suspension fut perçue comme l’art de souffler le chaud et le froid, dans les relations entre la France et le Togo, l’art de manier la carotte et le bâton.
Faisant fi des querelles secondaires, une partie de la presse togolaise, la presse debout, lassée des atteintes répétées contre son indépendance, est entrée au Togo dans un affrontement direct et non plus à fleurets mouchetés avec une partie de la diplomatie internationale représentée au Togo, notamment la France. Sans faire un foin du diable, ni entrer dans la gesticulation stérile, ils ont décidé de porter leur riposte au seul niveau qui convient, à savoir le ministre de tutelle de l’ambassadeur de France au Togo, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian.
Ainsi le Comité de soutien aux journaux Alternative et Liberté a adressé les 19 mars 2020 au ministre français une lettre de protestation reproduite en annexe dont l’objet affichait clairement la couleur : «Atteinte à la liberté de presse – Protestation contre Marc Vizy Ambassadeur de France au Togo»
Il est possible d’interpréter la demande formulée au ministre par le comité de soutien comme une demande de condamnation d’une forme de « diplomatie compradore », qui consiste à vouloir éradiquer la possibilité d’expression de toute forme de critique de l’action publique, voire d’instituer comme règle l’occultation de la vérité. !
Les journalistes togolais considèrent que l’ambassadeur de France, pas plus qu’il n’était qualifié, es-qualité d’expert sanitaire, pour démontrer que la brasserie BB Lomé propriété du groupe français Castel Frères, respectait ou non les règles sanitaires, ne pouvait davantage démontrer que les critiques formulées à son égard quant à ses propos systématiquement laudateurs du régime Gnassingbé n’étaient pas fondées, à la lecture et à l’écoute de ses nombreuses déclarations publiques relayées par la presse togolaise.
Le quotidien Liberté qui pour la première fois en quinze ans d’existence a été obliger de baisser le rideau pendant quinze jours, avait écrit que : « Depuis son arrivée au Togo, l’ambassadeur de France au Togo, s’est toujours comporté comme si te Togo n’avait aucun déficit démocratique et que chacune des institutions jouait véritablement son rôle. »
La période actuelle caractérisée par la crise sanitaire provoquée par la pandémie du Covid-19, ne semble pas plaider en faveur de la France et atteste que celle-ci parait bien mal placée pour distribuer des accessits dans la mesure ou jour après jour la gestion de la crise par le gouvernement français montre l’amateurisme et des capacités d’organisation défaillantes. Vivement le retour de Liberté, L’alternative et Fraternité dans les kiosques et plein soutien à tous ces journalistes courageux qui mènent sans faillir le combat pour la liberté d’expression.
François FABREGAT
https://blogs.mediapart.fr/francois-fabregat/blog/170420/ la-france-interdit-des-journaux
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.ledebativoirien.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur LE DEBAT IVOIRIEN
Subscribe to get the latest posts sent to your email.