Le conflit foncier qui oppose le Centre national de recherche agronomique (CNRA) aux villages d’Abadjin-Doumé et d’Abadjin-Kouté n’a pas encore atteint son épilogue. Mercredi 8 juillet, les chefs des deux villages ont rencontré le commandant de la brigade de la gendarmerie de Songon dont dépend la zone conflictuelle pour se dresser contre l’attitude malencontreuse de la direction dudit centre agronomique.
«Aujourd’hui encore, la direction du CNRA a brillé par son absence à cette rencontre voulue par le Commandant de brigade. Je vous apprends qu’ils ont eu la même attitude quand le sous-préfet d’alors leur avait adressé un courrier pour avoir leur avis quand on était à l’étape de l’enquête de commodo et d’incommodo. Ils n’ont jamais répondu au courrier du sous-préfet jusqu’à la fin de l’enquête qui a abouti à l’approbation de notre parcelle. Cela parce qu’il n’avait aucun document pour se prévaloir de ces terres puisqu’aucun chef ne leur a jamais délivré de document à cet effet», nous apprend Ballé Abel.
«Tout ce que le CNRA est en train de faire est du faux. C’est une structure étatique qui dépend d’un ministère et si depuis leur ministère de tutelle ne se mêle pas de cette affaire, ça ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il y a anguille sous roche. C’est que c’est le directeur général qui a des problèmes avec les propriétaires terriens et non le CNRA. La preuve, depuis les procès jusqu’à présent, c’est lui qui se débat. D’ailleurs selon des informations en notre possession, la direction aurait vendu des parcelles de nos terres à des privés. Nous sommes en train de mener nos enquêtes pour vérifier ces informations. C’est certainement ce qui a poussé le directeur général à demander un ACD global sur notre patrimoine, mais heureusement pour nous sa demande a été rejetée», nous a-t-il révélé.
«Le CNRA fait intervenir des gendarmes dont la zone de compétence n’est pas Songon pour faire arrêter les travaux sur notre parcelle sous le prétexte qu’ils exécutent l’ordre reçu de leur hiérarchie qui aurait reçu à son tour l’ordre du Commandant supérieur de la Gendarmerie qui à son tour aurait reçu l’ordre du ministre d’Etat, ministre de la Défense Hamed Bakayoko. Nous croyons que c’est une manigance du directeur général du CNRA. Nous avons une décision de justice et nul n’est au-dessus de la loi.
Pire, Gnahoua Guy Modeste qui est le directeur de leur patrimoine est même venu sur notre site et a porté des coups et blessures à un ouvrier. Suite à son attitude, il a été mis aux arrêts à la brigade de gendarmerie de Songon et a été relaxé la même nuit après l’intervention du sous-préfet auprès de qui M. Yté Wongbé a plaidé. On a été en procès et nous avons été rétablis dans nos droits. Qu’il s’en réfère et qu’il respecte les décisions de la justice ivoirienne», s’indigne Ballé Djoman Abel.
C’est que, depuis quelques temps, la direction générale du CNRA qui ne possède qu’environ 19 hectares à Songon sur la route de Dabou, tente d’empêcher les communautés villageoises d’Abadjin-Doumé et d’Abadjin-Kouté d’exploiter leur patrimoine foncier. Cela en dépit d’une décision de justice qui confirme le droit de propriété des deux villages.
Nadège Kondo