«Mais auparavant, notre nation aura reformé l’environnement électoral»
Son décryptage
«Depuis le 6 août dernier, date de l’annonce malheureuse et anticonstitutionnelle de sa candidature à ‘élection présidentielle d’octobre 2020, M. Alassane Dramane Ouattara a, de nouveau, précipité notre pays, la Côte d’lvoire dans une zone de turbulence à l’issue incertaine.
En effet, depuis quelques semaines, de l’Est à l’Ouest, du Sud au Nord en passant par le Centre, des manifestations de protestation contre cet autre viol de la Constitution par celui-là même qui est sensé en être le garant, sont régulièrement organisées par le peuple de Côte d’lvoire.
Les populations, particulièrement les jeunes et les femmes d’Abengourou, Adzopé,Akoupé, Agboville, Alépé, Yakassé-Attobrou, Yakassé-Mé, Tanda, Dimbokro, Sankadiokro, Aniassué, Prikro, Koun-Fao, Tankessé, Daoukro, Toumodi, Tiébissou, Divo, Guibéroua, Gagnoa, Soubré, Saioua, Issia, Grand-Zatry, Zoukougbeu, Sinfra, Bangolo, Guiglo, Duékoué,
Kouibly, Facobly, Ferkessédougou, Korhogo, Tabou, Dabou, Sikensi, Tiassalé, N’douci, Elibou, Bonoua, Bingerville, Songon, Yopougon, Akouédo, Anono, Port-Bouët, Abobo-doumé, Belle-ville Abobo, pour ne citer que ces villes et communes d’Abidjan, conformément à leur droit constitutionnel, se sont dressées, les mains nues, pour protester contre cette autre imposture.
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Notre pays est en train de basculer dans des violences inacceptables parce que, des gens, contre la volonté du peuple, et contre le droit constitutionnel, ont décidé de prendre en otage le pays en s’enracinent au pouvoir par tous les moyens, même s’il faut marcher dans le sang des Ivoiriens, allant jusqu’à organiser des affrontements intercommunautaires; autant d’actes passibles de poursuites devant la haute cour de justice ivoirienne et les juridictions interafricaines. Face à cela, je ne peux me taire.
Je présente mes condoléances aux familles endeuillées par cette méchanceté inutile. A nos concitoyens meurtris dans leur chair, qui porteront pour certains et peut-être, pour toujours des séquelles, à ceux qui ont perdu leurs commerces, leurs entreprises, leurs logements, leurs biens acquis au prix de durs labeurs, à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont été des victimes des effets directs ou collatéraux de cette crise préélectorale, je dis YAKO! Je vous exprime toute ma compassion.
Je déclare ici, fermement, que nous ne céderons ni à aucune intimidation, ni à la répression. Ceci dit, je voudrais revenir sur une proposition que j’avais faite lors de mon point de presse J’avais demandé que pour la paix et la réconciliation nationale, et afin que les élections programmées se déroulent dans un environnement apaisé,
En réponse à ma requête, le pouvoir a durci sa position: non seulement la Commission Electorale Indépendante (CEI) a maintenu le retrait du nom du Président Laurent Gbagbo de la liste électorale, mais les juges de première instance viennent d’entériner ce retrait en prononçant sa radiation définitive des listes.
Nous continuons d’espérer que M. Laurent GBAGBO sera rétabli dans ses droits
Ouattara, lors de son investiture en tant que candidat du RHDP, se gargarisant de sa prochaine victoire, s’est cru bien fondé de menacer que quiconque voudra perturber les élections le trouvera sur son chemin.
A propos des élections, tous les observateurs attentifs de la vie politique de notre pays s’accordent pour dire que toutes les conditions ne sont pas réunies pour obtenir des votes propres et transparents, dans un environnement sécuritaire sain. Beaucoup de manquements entourent l’organisation de ces élections.
Premièrement concernant le Président de la CEl
Me Claude Mentenon, ancien bâtonnier, Avocat à la cour dans son développement publie dans la presse locale, notait ceci parlant du président de la CEl. Mais il n’a pas pu échapper au Président de la CEI, lui-même magistrat de formation et de fonction récente, que son intervention télévisée sur un sujet aussi sensible, en cours d’instruction devant la juridiction électorale que lui-même préside, et qui, à la date de son intervention, n’avait pas encore vidé sa saisine, constitue une faute professionnelle incontestablement disqualificative qui eut nourrit suspicion légitime et commande sa récusation dans un contentieux classique.
Bien mieux, une telle sortie médiatique le 16 août 2020 alors même que la CEI saisie depuis le 5 août du contentieux de l’inscription de M. Laurent GBAGBO sur la liste électorale, n’avait pas encore vidé officiellement sa saisine à la date du 16 août, contrevenait aux dispositions de l’article 22 de la loi portant création, organisation et fonctionnement de la
La révision de la CEl ne concerne pas seulement la justice et l’équité de cette institution, mais également et surtout, sa neutralité et son équilibre. Entre les mains de personnalités partisanes, cet instrument devient une arme, un moyen redoutable de manipulation et de falsification.
En 2010, le Président Laurent Gbagbo avait cru bien faire, en cédant la présidence de la CEl à ses adversaires et c’est ainsi qu’après M. Mambé Robert, un autre cadre PDCI, allié du RDR, en l’occurrence M. Youssouf Bakayoko,
Quant à moi, j’ai toujours souhaité que la CEl soit vraiment indépendante et par conséquent dirigée par des personnalités qui n’ont aucune filiation avec les Partis politiques. Ces derniers devraient y affecter des représentants chargés de contrôler l’équité et la neutralité effectives des actes posés par cet organe constitutionnel.
Deuxièmement sur l’organisation des élections
7 000 inscrits sans père ni mère
35 Burkinabés en possession de cartes d’électeurs
7 inscrits âgés de moins de 1 an
– 20 électeurs inscrits dans 7 bureaux de vote.
Une (1) personne qui se retrouve elle seule à Koumassi, Abobo, Marcory, Bassam,Cocody, Adjamé, Attécoube, Anyama, Bingerville, Yopougon, Treichville, Port-Bouët et Plateau. Elle a elle seule, 13 cartes d’électeurs. Des décédés sur la liste (cas Charles Diby Koffi). Des augmentations anormales du nombre d’électeurs
La commune de Port-Bouët qui comptait en 2015 : 97.617 électeurs, compte aujourd’hui en 2020 : 134. 365 électeurs. Ce qui correspond à 36.000 électeurs en plus. Soit une augmentation de 37,65%.
Ces élections-ci ne doivent pas se tenir tant que les graves anomalies constatées sur leur organisation ne sont pas corrigées, notamment: La constitution même de l’organe, les radiations contre-performantes,
L’audit de la liste électorale
Organisées en l’état, ces élections seront loin d’être justes, équitables et transparentes. Nous ne voulons pas de semblant d’élection présidentielle. Cette élection-ci est pipée d’avance.
Frères et sœurs, il ne s’agit ici ni de nos ambitions personnelles, ni de nos convictions idéologiques
Ce qui est en jeu, c’est ‘intégrité de notre nation, c’est notre sécurité à l’intérieur de nos frontières. Il s’agit de nous réapproprier le destin de notre pays. Cette question-là interpelle chacun d’entre nous. Elle interpelle tout le corps social de notre pays les hommes d’affaires, les intellectuels, les spécialistes de droit et de justice, les travailleurs, les fonctionnaires et agents de l’Etat, le monde paysan, les forces de l’ordre ou de sécurité, les étudiants, les jeunes et les femmes, les sans emploi, etc. Tous, nous sommes concernés.
Je dis une fois encore, levons-nous pour notre nation, quelle que soit notre ethnie, quelle que soit, notre religion. Barrons la route à toute forme de forfaiture, à toute forme d’arrogance. Reprenons notre pays en main. Quand un peuple le veut, il peut. Nous sommes à la croisée des chemins. L’avenir de toute la Côte d’lvoire se joue ici et maintenant. Et pour adresser cette question vitale, j’ai « déposé mon cœur dans l’eau ». Non, il n’y a en moi, ni peur, ni colère, ni irritation, ni haine.
Nous restons adossés aux lois humaines que nous nous sommes nous-mêmes librement données, et aux lois divines. Les versets 35 et 36 du Psaumes 37, déclare au demeurant: « J’ai vu le méchant dans toute sa puissance; Il s’étendait comme un arbre verdoyant. Il a passé, et voici, il n’est plus; Je le cherche, et il ne se trouve plus.
Je dis à tous les candidats, à tous les ivoiriens que des élections auront lieu dans ce pays, et nous y participerons, mais auparavant, notre nation aura reformé l’environnement électoral, et aura reconquis sa paix, sa justice, sa sécurité.
Que Dieu garde la Côte d’lvoire. Que Dieu protège la Côte d’lvoire. Je vous remercie ».
SIMONE GBAGBO EHIVET
Vice-président du FPI