C’est que, depuis des jours des levées de voix et de boucliers contre le Directeur Général du Conseil du Café Cacao de Côte d’Ivoire. En témoigne : « Je viens ce matin demander à chacun et chacune de nous de rester serein car rien n’a encore été fait dans le cadre de la mise en place de l’interprofession filière café-cacao jusqu’à ce jour donnant une quelconque victoire à qui que ce soit.

Nous n’accepterons jamais la forfaiture et le bradage de la filière café-cacao à n’importe qui et à n’importe quel prix», déclare, Marcel TIA, Président du CONASA-CI et de la COOP CA USCOA-CI, dans une note dont la rédaction a reçu copie, ce samedi 12 juillet 2025.
Une déclaration qui donne le degré du thermomètre dans la filière café cacao en Côte d’Ire, ces temps-ci.
Braquage silencieux du CCC au profit d’une organisation ?
C’est une vraie tempête qui secoue actuellement le monde du café-cacao en Côte d’Ivoire. Ce secteur vital pour l’économie nationale – pilier de millions de producteurs et source majeure de devises – est au cœur d’une controverse explosive. En ligne de mire : Yves Brahima Koné, Directeur Général du Conseil du Café-Cacao (CCC).
Il est soupçonné par de nombreux acteurs du secteur d’avoir orchestré un véritable coup de force pour imposer l’ONPCCI, une organisation fraîchement créée, comme unique représentante des producteurs dans le cadre de la mise en place de l’interprofession.
Une désignation qui interroge…

président du Comité Technique OIA Café Cacao
Un communiqué n°003/7/2025 du Comité Café Cacao, du 7 juillet 2025, tombe comme un séisme dans le monde agricole en Côte d’Ivoire, notamment de la filière café-cacao.
Et ce, dans la cadre de la mise en place du Collège des producteurs en vue de la création de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole-OIA- de la filière Café Cacao. Un processus confié au Cabinet Jad’Expertise travaillant sous la supervision du Comité Technique OIA Café Cacao installé par le ministre de l’Agriculture.
Selon le communiqué, ce cabinet a rendu son rapport d’une mission effectuée du 10 au 21 juin 2025 dans les 13 délégations régionales du Conseil du Café-Cacao en vue de la vérification des représentativités revendiquées par des organisations agricoles de la filière.
Une mission spécifique déployée pour la cause des deux entités se disputant le leadership dans la filière. Il s’agit de l’Organisation Nationale des Producteurs de Café Cacao de Côte d’Ivoire-ONPCC-CI et de l’Association des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire-ASPCACC-CI.

Jusque-là, tout va bien. Mais, l’issue de la mission du Cabinet sera révoltante pour des producteurs, lorsque le 1er juillet 2025 ledit cabinet rend son rapport. Un tollé général dans la filière et pour cause. Une structure dite née en janvier 2025, donc à peine six mois d’existence est déclarée apte à tenir la tête de l’interprofession représentative de la majorité des producteurs. Scandale crient les producteurs. Les raisons? Suivez.
Une désignation qui choque
C’est une note officielle signée par le vice-président du Comité Technique en charge du processus qui a mis le feu aux poudres. Ce document affirme que seule l’Organisation Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ONPCCI) remplit les conditions pour représenter les producteurs. Le hic ? L’ONPCCI a vu le jour en janvier 2025, soit à peine six mois avant sa miraculeuse ascension à la tête d’une interprofession censée être inclusive, transparente et représentative de la majorité des producteurs.
Selon la note, l’ONPCCI contrôlerait 53 % de la production nationale. Pis, un rapport du cabinet JAADEx évoque même un taux de représentation de 63 % des producteurs. Des chiffres que de nombreux professionnels qualifient d’irréalistes, voire d’imposture statistique. « C’est un exploit qui mérite le Guinness des records ! », ironise un cadre de coopérative, stupéfait par ce qu’il appelle «une mise en scène grotesque ».
Une organisation sortie de nulle part

Jusqu’à une récente date, l’ONPCCI était inconnue au bataillon des organisations agricoles en Côte d’Ivoire. Ni les fédérations historiques, ni les faîtières reconnues, ni même les coopératives régionales ne peuvent en témoigner de la légitimité.
Aucun acte de vente, aucune commercialisation, aucune action sur le terrain n’atteste de son influence. Comment alors un cabinet comme JAADEx aurait-il pu attester de son poids dans la production nationale sans aucune traçabilité ?
Des sources internes vont plus loin. Elles affirment que le DG Yves Brahima aurait personnellement ordonné la transmission du fichier confidentiel du recensement des producteurs à l’ONPCCI, lui offrant ainsi un accès stratégique à des données sensibles. Une décision qui, si elle est avérée, constitue une grave entorse à la confidentialité et à l’impartialité attendues d’une administration publique.
Annonces Légales- Avis Déclaration d’association organisation nationale des producteurs de café cacao de côte d’ivoire (onpcc-ci)-Publié le Mercredi 5 février 2025 | Fraternité Matin
Organisation Nationale Des Producteurs De Café Cacao De Côte D’ivoire (Onpcc-Ci).
Déclaration d’association organisation nationale des producteurs de café-cacao de côte d’ivoiren°0044/ mis/Dgat/Dag/Sdva dossier enregistré sous le n°6186/Dgat du 31/12/2024
Le directeur général de l’administration du territoire soussigne, atteste qu’il a été déposé dans ses services aux fins d’en recevoir récépissé de dépôt, un dossier constitutif d’une association, définie comme suit :
Dénomination : organisation nationale des producteurs de café cacao de Côte d’ivoire-sigle : ONPCC-CI. (…) Bureau exécutif national président: Siaka Diakité fait à Abidjan le 08/01/2025-le directeur general adjoint Doin Doh, préfet hors grade.
Un président aux multiples casquettes

Le malaise grandit d’autant plus que le président de l’ONPCCI serait simultanément un exportateur agréé sous le numéro 44, fournisseur officiel de sacherie pour le compte du Conseil Café Cacao, et transformateur. Un mélange de rôles qui, selon de nombreux observateurs affaiblit toute prétention à défendre l’intérêt des petits producteurs. « Comment une telle personne peut-elle prétendre porter la voix de ceux qu’elle achète à bas prix ? », s’indigne un délégué régional.
Plusieurs responsables agricoles dénoncent un conflit d’intérêts flagrant, voire un plan soigneusement élaboré pour verrouiller l’interprofession au profit d’intérêts privés. « C’est une mascarade, un braquage silencieux qui se joue sur le dos des producteurs », fulmine un acteur de la filière à Gagnoa.
Le Président de la République est-informé ?
Face à ce que les producteurs qualifient d’injustice criante, des dizaines d’organisations de producteurs, de coopératives et d’acteurs de terrain demandent l’intervention urgente du Président Alassane Ouattara. Pour eux, il s’agit d’un enjeu national, d’un symbole d’équité, mais surtout de la crédibilité même de l’interprofession ivoirienne, promise à jouer un rôle clé dans la régulation, la défense des revenus des producteurs et la transparence des chaînes de valeur.

« L’interprofession n’est pas un cadeau à offrir à un ami ou un allié économique», confie un responsable sous anonymat. « C’est un instrument vital qui doit émerger de la base, porté par ceux qui vivent chaque jour les réalités du terrain. »
LIRE AUSSI : Scandale autour de la remise illégale du fichier de recensement à l’ONPCCI (source 16/5/25 enquetemedia.info).
Le Comité technique piétine-t-elle l’ordonnance présidentielle ?
Le Comité technique epourtant un organe consultatif est devenu, selon les producteurs, hors contrôle. L’ordonnance présidentielle d’Alassane Ouattara est pourtant claire : les représentants des producteurs doivent être indépendants, choisis en dehors des organisations existantes.
Le fichier de recensement contenant des informations stratégiques sur des centaines de milliers de producteurs, pourquoi peut-elle être remise à une organisation, ouvrant ainsi à un détournement de la représentativité. Cet qui viole l’esprit de la réforme et sert des intérêts particuliers.
Théoriquement neutre, le Comité technique s’est arrogé des pouvoirs qu’il ne devrait pas avoir : Organisation des élections alors qu’il n’a aucun mandat pour le faire. Désignation arbitraire de « lauréats » au lieu de respecter le choix des producteurs. Imposition de l’ONPCCI sans base légale, au mépris des textes en vigueur. La crédibilité de l’Interprofession est en jeu.
La colère monte sur le terrain

Selon des informations parvenant à la rédaction, des réunions d’urgence se multiplient dans plusieurs régions – Daloa, Man, Soubré, San Pedro – où les producteurs organisent la riposte. Des actions de protestation, des marches et même des recours en justice sont à l’étude. La grogne est réelle, et le climat est électrique.
« Le café-cacao ivoirien mérite mieux, clament les producteurs. Ils réclament une interprofession libre, légitime, démocratique, et non une coquille vide imposée depuis les bureaux d’Abidjan. Si rien n’est fait, préviennent certains leaders, le cœur économique de la Côte d’Ivoire pourrait bien entrer dans une zone de turbulence sociale aux conséquences imprévisibles » déclare un président de coopérative.
« Chers camarades producteurs et productrices de café et de cacao de Côte d’Ivoire.
Je suis Monsieur Marcel TIA, Président du CONASA-CI et Président de la COOP CA USCOA-CI. Je viens ce matin demander à chacun et chacune de nous de rester serein car rien n’a encore été fait dans le cadre de la mise en place de l’interprofession filière café-cacao jusqu’à ce jour donnant une quelconque victoire à qui que ce soit.

C’est maintenant que la vraie bataille va commencer pour préserver non seulement nos acquis mais aussi pour réclamer nos droits. Restons tous mobiliser pour la grande bataille à venir. Nous n’accepterons jamais la forfaiture et le bradage de la filière café-cacao à n’importe qui et à n’importe quel prix. Soyons tous à l’écoute.
Dans les jours à venir, nous allons nous faire entendre de la bonne manière possible. Excellente journée à tous et à toutes », une déclaration de Marcel TIA, Président du CONASA-CI et de la COOP CA USCOA-CI, dont ledebativoirien.net a reçu copie .
Dans nos prochaines parutions, la réaction de la direction de communication du Conseil du Café Cacao que nous avons contactée.
Ledebativoirien.net
H. MAKRE
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