Sous le regard des autorités préfectorales la pression massive des exploitants miniers dans le département
Adoukro, Assempanayé, Boffouékro, Broukro-Banouan, Dihinibo, N’dakro, Ouangui, Pambariba, Pengakro, Yaokro et Yobouakro : « Nous disons non à l’orpaillage sur nos terres »
En dépit de l’opposition des populations, des exploitants miniers s’obstinent à s’installer dans le département de Koun-Fao. Malgré la levée de boucliers des populations locales contre l’exploitation artisanale semi-industrielle d’or, des exploitants miniers poursuivent leur lobbying auprès des autorités administratives et coutumières de certaines localités du département, à l’effet de s’y implanter, ce qui suscite colère, inquiétude et incompréhension parmi les habitants.
La colère des populations dans cette partie de la Côte d’ivoire est-elle légitime contre le forcing de l’extraction aurifère? C’est dans une ambiance de contestation, voire de protestations continuelles que l’équipe du journal ‘‘LEDEBAT IVOIRIEN’’ a foulé le sol en OR du district du Zanzan, le mercredi 22 octobre 2025 pour un séjour de 02 jours. Notre déplacement dans cette zone ouvrira certainement une zone de réponses sur cette menace vertigineuse de l’orpaillage à Tankessé et Koun-Fao…..Suivez.
Menace environnementale et sociale de l’action des exploitants miniers à Koun-Fao et Tankesé
Depuis quatre années, des enquêtes de commodo et incommodo sont lancées à propos de permis d’exploitation d’or dans des localités du département de Koun-Fao et la Sous-Préfecture Tankessé. Objectif affiché : procéder à des prospections en vue de l’ouverture de sites d’orpaillage. Une perspective que rejettent catégoriquement les communautés villageoises, arguant des risques environnementaux et sociaux majeurs que ces projets comportent.
Les populations, réunies au sein des mutuelles de développement et comités villageois ont massivement investi les locaux de la sous-préfecture de Tankessé pour marquer leur opposition à tout projet d’exploitation d’or, dénonçant ce qu’elles qualifient d’implantation forcée. À Koun-Fao, une pétition rassemblant plusieurs centaines de signatures a récemment été déposée à la préfecture.
Sur le terrain, la méfiance demeure avec des populations qui redoutent une répétition de scénarios observés dans d’autres régions de la Côte d’Ivoire où des exploitations minières ont provoqué la dégradation des sols, la disparition des forêts, la contamination des rivières, vols et agressions etc. « Nous ne sommes pas contre le développement, mais pas au prix de notre santé et de notre environnement », insistent les populations. Notre–Enquête. Grand-reportage Ledebativoirien.net.
Une alerte venue du côté de M’bahiakro (Centre-Est)
« L’orpaillage est en train de détruire notre village. On ne peut même pas aller dans nos champs. Nous sommes en danger !… ». Ce cri qui montait d’une forêt début septembre 2025 est celui de la jeunesse d’Angamankro, sous-préfecture de M’bahiakro, à 5 km de Ouellé, dans la région de l’Iffou. Une zone de forte exploitation minière anarchique au centre de la Côte d’Ivoire. Les populations de ce bourg ont dénoncé le décès tragique d’un jeune dudit village dans les eaux minières usées.
Un vaste mouvement de colère de la jeunesse est monté contre la destruction des forêts du village d’Angamankro. Ne dites pas sans conséquences dévastatrices des eaux minières usées. « Non à l’orpaillage dans nos villages», crientces jeunes Angamankro, depuis lors. Des hurlements qui ne s’arrêtent plus et dont les échos sont ressentis du côté de Tankessé dans le département de Koun-Fao.
Ambiance à Koun-Fao
Nous plongeons ici dans le labyrinthe souterrain de la Région du Gontougo, précisément dans la Sous-préfecture de Tankessé sous surveillance du chef-lieu du département, Koun-Fao. La terre semble s’écrouler sous les pieds des communautés de onze (11) des villages parés d’or :
ADOUKRO, ASSEMPANAYE, BOFFOUEKRO, BROUKRO-BANOUAN, DIHINIBO, NDAKRO, OUANGUI, PAMBARIBA, PENGAKRO, YAOKRO et YOBOUAKRO. C’est dire que la carte de la Côte d’Ivoire sera certainement redessinée ou retracée sans les noms de ces villages. Les populations y sont dressées face à la menace des multiples projets d’exploitations d’or qu’elles refusent depuis 2022.
En 2025, elles continuent de dénoncer des doigts manœuvrant de la sous-préfecture de Tankessé et préfecture de Koun-Fao. Avec la pression de se voir imposer des projets imminents d’exploitation d’or dans les villages de Pengakro, Broukro-Banouan ou encore Ouangui, plus loin Boffouekro, (où les affluents de la rivière Bâh prennent leurs sources vers les autres localités), et ce, en dépit des oppositions depuis 2022…
Des sociétés privées à l’image de : WASS GOLD, NEW GOLD INVEST, KASSERE MINING ou AFEMA SMALL SKAY MINING, sous l’impulsion des autorités administratives du département veulent percer le sol à la recherche de pépites d’or contre la volonté des habitants des terres. Et là, tous les regards sont tournés vers le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité ; les Mines, du Pétrole et de l’Energie ; l’Inspection Générale des Services de l’Administration du Territoire et aussi du côté du Préfet de la Région du Gontougo.
L’Or et les muscles administratives à Tankéssé, département de Koun-Fao
Situé dans la région du Gontougo, à l’Est de la Côte d’Ivoire, le département de Koun-Fao est essentiellement agricole, avec une population vivant majoritairement de la culture du cacao, de l’anacarde et de l’igname. Ces dernières années, la découverte de gisements aurifères a suscité la convoitise de plusieurs entreprises minières, au grand dam des communautés rurales attachées à la préservation de leurs terres.
C’est bien dans un tel décor d’alerte maximale que l’équipe de ‘‘LEDEBAT IVOIRIEN’’ foule le sol du département de Koun-FAO le mercredi 22 octobre 2025 à 19H 45 minutes. Partie d’Abidjan traversant Anyama-Azaguié-Adzopé-Abengourou-Agnibilékro pour Tankessé, le premier village qui nous accueille est Assempanayé, puis Broukro-Banouan, la même nuit. Ce dernier village fait l’objet d’une enquête de commodo et incommodo qui vient de s’achever le 19 octobre 2025, pour une exploitation d’or contestée par l’ensemble des villages environnant….Nous y reviendrons. Le périple de 2 jours nous conduit aussi du village Assempanayé à Ouangui, Pambariba etc., puis Tankessé et Koun-Fao.
Une opposition massive des couches sociales
C’est sans difficultés qu’il nous est souligné qu’en dépit de la-quasi opposition des villages concernés, malgré la levée de boucliers des populations locales contre l’exploitation artisanale semi-industrielle d’or, des exploitants miniers poursuivent leur lobbying auprès des autorités administratives et coutumières de certaines localités du département de Koun-Fao, à l’effet de plier la volonté d’opposition des communautés en vue de s’y implanter. Un environnement qui suscite colère, inquiétude et incompréhension des villages.
Depuis quatre années (2022-2025), nous confie-t-on, une pléthore d’avis d’enquêtes de commodo et incommodo sont lancés au sujet de permis d’exploitation d’or dans des localités de la Sous-préfecture de Tankessé. Une perspective que rejettent catégoriquement les communautés villageoises, arguant des risques environnementaux et sociaux majeurs de l’ouverture de sites d’orpaillage.
Les populations réunies au sein de leurs différentes mutuelles de développement et comités villageois investissent constamment les locaux de la Sous-préfecture de Tankessé pour marquer leur opposition à tout projet d’exploitation d’or sur leurs terres.
Elles dénoncent sans relâche ce qu’elles qualifient d’implantation forcée de sociétés minières privées. À la préfecture de Koun-Fao, une pétition rassemblant plusieurs centaines de signatures a récemment été déposée. Selon les populations, aucune étude d’impact environnemental des exploitants opérant sous couvert de permis délivrés à des partenaires privés, n’est portée à leur connaissance. Aucune consultation publique, pourtant exigée par la réglementation ivoirienne sur les activités minières, n’est menée auprès d’elles.
Sur le terrain, la méfiance demeure. Les habitants redoutent une répétition des scénarios observés dans d’autres régions du pays, où des exploitations minières ont provoqué la dégradation des sols, la disparition des forêts et la contamination des eaux.
« Nous ne sommes pas contre le développement, mais pas au prix de notre santé et de notre environnement », déclare le chef du village d’Assempanayé, Nanan Nanan Koffi N’gouan, qui accueille notre équipe, la nuit du mercredi 22 octobre 2025.
Une ambiance des préparatifs de la »fête des ignames’’, attendue le vendredi 24 octobre plane sur le village. « Des engins tentent avec force de creuser à Ouangui et Pambariba dans un climat de tension palpable. Tout notre village est traversé par un filon d’or. Si nous acceptons, l’exploitation, c’est que ne nous seront plus jamais ici. Et où on va ? Notre village Assempanayé n’existera plus. Nous ne pouvons l’accepter», lâche-t-il calmement. C’est dans cette atmosphère que nous avons tenté d’appréhender ce qui menace cette partie de la Côte d’Ivoire depuis 2022.
2025-résurgence de la menace avec le projet d’exploitation d’or à Broukro-Banouan
En juillet 2025, un avis d’enquête de commodo et incommodo (il y en a eu bien d’autres avant) du 19 septembre au 18 octobre 2025 est lancé par le Sous-préfet de Tankessé. Une autre demande d’autorisation d’exploitation semi-industrielle d’or à Broukro-Banouan, sur une parcelle de 99,88 hectares, formulée par la société AFEMA SMALL SKAY MINING. L’enquête venait de s’achever lorsque notre équipe est arrivée dans le village Assempanayé.
« Le présent registre contenant quarante-neuf (49) feuillets a été côté et paraphé par nous Abel Olivier Decoster Konan, Sous-Préfet de Tankessé pour servir de registre d’opposition à la Sous-préfecture au sujet d’une exploitation semi-industrielle d’or à Broukro-Banouan, formulée par la société AFEMA SMALL SKAY MINING qui couvre la superficie de 99,98 hectares et une autre de 99,42 hectares pour un durée de 30 jours. Tankéssé, le 19/9/2025, le Sous-préfet« , peut-on lire à la première page du registre. Idem pour le registre pour les avis favorables. Selon les témoignages recueillis, le registre de l’opposition n’a pu contenir les signatures, tant le refus à l’observation est massif.
Particularité d’Assempanayé et Broukro-Banouan
La création du village d’Assempanayé comme nous l’a expliqué la nuit de notre arrivée le 9è chef du village, Nanan Koffi N’gouan, s’inscrit dans le vaste mouvement migratoire des Akan venus du Ghana s’installer en Côte d’Ivoire. Appartenant au canton Agbaou Dinguira, « les populations d’Assempanayé ont transité par Broukro, un village de la sous-préfecture de Tanda à la recherche de l’or pour s’installer sur l’actuel site vers 1800.
Par la suite, des frères de notre village se détachent à environ 3 kilomètres pour fonder le village de Broukro-Banouan. Les deux villages partagent désormais des terres communes, selon les familles. C’est donc à raison que les populations d’Assempanayé s’opposent au projet d’exploitation d’or à Broukro-Banouan objet d’enquête (de commodo et incommodo n°115/RG/D.KF/SP-TANK du 18 septembre 2025) qui empiète sur notre propriété foncière et des de localités voisines », précise le chef Nanan Koffi N’gouan.
Opposition forte
Ainsi, Assempanayé et les autres villages impactés par la découverte d’un filon de plus de trois (3) kilomètres d’or par des exploitants, évoquent plusieurs raisons motivant le refus de céder leur sol avec l’avis d’exploitation à Broukro-Banouan. Les populations à notre micro sont intransigeantes dans leur opposition devant la menace de l’orpaillage. Elles évoquent entre autres, des raisons environnementales :
« Il y a incontestablement une forte pollution des sols et des eaux. Il est clair que l’orpaillage industriel ou semi-industriel utilisant du mercure ou du cyanure, contaminera les rivières et les nappes phréatiques. Une déforestation systématique avec la perte de la biodiversité, traduite par la destruction des terres agricoles ou habitats naturels. Tout ceci entraînera une dégradation des terres avec des trous laissés par l’exploitation rendant la terre inutilisable pour l’agriculture une fois l’exploitation terminée ».
Des raisons sanitaires sont avancées : « Cette situation entraînera pour toutes les populations devenues désormais vulnérables, de l’intoxication, des maladies respiratoires, des malformations néonatales, mais aussi la propagation de maladies avec l’arrivée massive de travailleurs extérieurs... ». Des raisons sociales aussi selon toujours ces populations. «Cette activité entraînera des conflits fonciers. L’exploitation accaparant les terres agricoles, elle provoquera des tensions familiales, des villages face à la rareté d’espace cultivables ; mais aussi verra l’explosion de la criminalité avec l’avènement des réseaux illégaux de trafiquants dans notre zone ».
Des raisons économiques aussi, selon toujours les populations : « Une forte dépendance de l’activité s’installera avec un appauvrissement total observé à terme, puisque nous ne serons pas les bénéficiers de l’exploitation de l’or de nos terres. Une fois l’or épuisé, les villages se retrouveront sans ressources, puisque plus d’espaces cultivables avec des terres quasiment détruites….Pour ces raisons tous les villages s’opposent avec fermeté aux projets d’exploitation d’or, notamment celui de Broukro-Banouan », explique le chef du village Assempanayé et les populations interrogées.
A Broukro-Banouan : résister ou disparaître
Broukro-Banouan, situé à quelques kilomètres d’Assempanayé. Nous décidons d’y aller. Il est 20 heures.Mais nous y sommes attendus.Une fois dans ce village objet d’enquête de commodo et incommodo lancée par le Sous-préfet pour exploitation d’or, un curieux constat s’est dégagé. Une opposition farouche au projet à la demande de la société AFEMA SMALL SKAY MINING à l’effet d’exploiter deux parcelles d’une superficie totale de 199,4 hectares qui fait face, à l’avis dit-on favorable du seul chef du village. Pourquoi ? La question posée par notre équipe est restée sans réponse.
« Des personnes ont débarqué un jour sur nos terres avec des équipements et procéder à l’exploration du sous-sol. L’on ne sait trop à l’invitation de qui, l’exploration est faite. Mais, l’on nous fait savoir que notre sol regorge d’or. Il se trouve aussi que la grande partie selon la cartographie du site exploré se trouve sur le site du village voisin Assempanayé. Plusieurs autres villages sont impactés par le projet….», indiquent des notables qui nous reçoivent. « Même si le chef semble d’accord, tout le reste du village dit NON !».
Nos hôtes expliquent que, face à cette situation, le 30 septembre 2025, les habitants du village avec le soutien de la mutuelle de développement de Broukro-Banouan ont saisi le Préfet de Koun-Fao pour exprimer une forte opposition au projet.« A Broukro-Banouan nous ne connaissons que l’agriculture comme activité.
La zone supposée être le site d’extraction d’or est le grenier du village. Il y est cultivé, l’igname, le manioc, le cacao, l’anacarde, l’hévéa et toutes sortes de cultures vivrières servant autant à la consommation des villageois qu’à la consommation urbaine. Accorder un tel projet serait déposséder la population de Broukro-Banouan et des autres villages impactés, de terres cultivables et les laisser sans activité. Ce serait créer de façon expresse la famine et la pauvreté des populations.
Vu tous les problèmes que pourraient entraîner le projet d’extraction d’or nous réaffirmons notre désaccord et la suspension des démarches de validation du projet », afait noter au préfet de Koun-Fao, le président de la mutuelle de Broukro-Banouan, N’Da Yao avec le soutien de tous les autresvillages voisins.
Après les échanges, nous cherchons à rencontrer le chef dudit village. « Il n’est pas là », lance un membre de la notabilité. Nous n’insistons pas. Il est 21 heures lorsque nous quittons, le village avec l’idée de poursuivre la visite le lendemain.
Un long forcing pour l’exploitation du sous-sol des villages de Tankessé
Des documents parcourus par ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ retracent la longue marche de la menace de l’orpaillage qui pèse sur les villages à Tankessé.
2022 : le 07 juin 2022, un avis d’enquête de commodo et incommodo est lancé par le Sous-préfet ; portant sur quatre demandes d’exploitation semi-industrielle d’or dans le village de PENGAKRO dans la sous-préfecture de Tankessé, département de Koun-Fao, portant sur quatre parcelles voisines de superficies respectives de 99,07 hectares, 69,29 hectares, 99,88 hectares et 99,42 hectares, soit une superficie totale de 367,66 hectares, formulées par la société privée WASS GOLD.
2023 : le 23 mai 2023, un avis d’ouverture d’une enquête de commodo et incommodo, d’une durée de trente (30) jours, au sujet de la demande d’exploitation semi-industrielle d’or à BOFFOUEKRO, dans la sous-préfecture de Tankessé, formulée par la société NEW GOLD INVEST est lancé par le Sous-préfet. La parcelle sollicitée couvre une superficie de 98,84 hectares.
Novembre-décembre 2023 : un premier avis d’enquête de commodo et incommodo du 20 novembre au 19 décembre 2023 portant sur une demande d’exploitation semi-industrielle d’or à BROUKRO-BANOUAN toujours dans la sous-préfecture de Tankessé formulée cette fois par la société KASSERE MINING sur une parcelle de 99,23 hectares est encore lancé par le Sous-préfet.
2025 : en juillet 2025. un deuxième avis d’enquête de commodo et incommodo du 19 septembre au 18 octobre 2025 formulé par la société AFEMA SMALL SKAY MINING, est encore lancé par le Sous-préfet.
Rien que pour cette zone de la Côte d’Ivoire, ce sont 665, 9 hectares des villages qui seront saccagés sur l’autel aurifère. La colère est désormais portée par une fédération des mutuelles de villages de la sous-préfecture de Tankéssé depuis 2023 devant ce harcèlement territorial. Elle naît pour conduire l’opposition face aux velléités de projets d’extraction d’or par les différentes sociétés dans les villages.
Déjà, en septembre et novembre 2022
Le Sous-préfet de Tankessé est saisi pour se voir réaffirmer la ferme opposition de la communauté villageoise de Pengakro, avec suivi au Préfet du Département de Koun-Fao. Cette autre opposition exprimée est restée sans réactions de l’Administration départementale à ce jour. « Ni le Sous-préfet de Tankessé, ni le Préfet du département de Koun-Fao, n’a daigné aucunement inviter, les couches sociales, entités et organisations représentatives du village et les propriétaires terriens qui rejettent fermement ce projet, à l’effet de les écouter ou tenir compte de leur avis », nous confie-t-on à Pengakro.
Face à cette farouche opposition du village soutenue par l’ensemble des villages du département, une réunion d’information et de sensibilisation est initiée par le Préfet tenue le mercredi 23 novembre 2022 dans la salle de conférence de la préfecture de Koun-Fao.
A cette rencontre, les couches sociales, entités et organisations représentatives des villages réaffirment leur opposition aux demandes d’exploitation semi-industrielle d’or à Pengakro et ailleurs formulées par la société WASS GOLD, à ce jour, pour plusieurs raisons.
Petite animation à la réunion du 23 novembre 2022
Ce jour-là, confie-t-on, grand a été l’étonnement dans la salle d’entendre le Préfet affirmer que les populations et les propriétaires terriens sont favorables au projet, au vu du rapport d’enquête de commodo et incommodo du Sous-préfet de Tankessé, sur la demande d’exploitation d’or formulée par la société WASS GOLD. «Il qualifiait de juste quelques grincements de dents», les oppositions exprimées par le chef, les populations, les couches sociales et organisations représentatives du village de Pengakro.
« Sur quelle base, affirme-t-il que les populations et les propriétaires terriens sont favorables aux demandes d’exploitation d’or ? Comment atteste-t-il que des personnes se réclamant propriétaires terriens et favorables à ce projet, le sont effectivement ? A-t-il consulté les autorités coutumières et les organes en charge de la gestion du foncier dans le village, qui ont exprimé leur ferme opposition aux projets sur nos terres? » Autant de réserves et préoccupations exprimées par les communautés villageoises qui n’ont à ce jour pas trouvé de réponses.
« Nous rejetons et dénonçons des conclusions unilatérales du Sous-préfet de Tankessé qui sont contraires aux oppositions exprimées par les communautés villageoises et qui ne peuvent être qualifiées que de passage en force. Nous dénonçons le fait de qualifier de ‘‘juste quelques grincements de dents’’ les oppositions exprimées par notre communauté villageoise avec à sa tête le chef du village, qui sont des oppositions fermes que nous voudrions voir respecter.
Nous rejetons et dénonçons ce passage en force mené par le sous-préfet de Tankessé dont nous n’avons pas encore le rapport d’enquête depuis la réunion du 23 novembre 2022 », déclarent les membres des mutuelles soulignant que les conséquences de ce passage en force des autorités administratives risque d’engendrer des troubles sociaux et conflits fonciers pour lesquels les communautés villageoises « ne sauraient être tenues pour responsables ».
La résistance s’organise: des rencontres décisives du collectif des mutuelles du département
Un pas majeur est posé à Abidjan, le 28 octobre 2023. Le lycée Amondji à Adjamé Liberté abrite une réunion décisive des mutuelles des villages impactés par les projets d’extraction d’or à Tankessé. Et ce, à l’invitation du président de la mutuelle de développement de N’Dakro, Kindo Yao Adam’s. Les projets d’exploitation de l’or dans le département et la création d’une association des mutuelles de la zone seront les sujets.
Un Comité de veille dans chaque village est créé ; un Comité pour sillonner les villages concernés à travers des tournées est adopté ; une Association des mutuelles des villages concernés est créée et devient la Fédération des mutuelles.
Depuis cette rencontre, c’est une vision commune qui est portée par les filles et fils des villages de Tankessé unis par un destin commun, face à la menace de l’orpaillage. Cette fédération des mutuelles élève la voix de plus en plus, portant les oppositions à l’exploitation d’or à la Sous-préfecture de Tankessé, département de Koun-Fao.
Événements de 2024 et BOFFOUÉKRO
Le 05 mars 2024 les villages : Ouangui, Pambariba, Tankessé et Boffouékro s’organisent. Le combat est désormais commun face au danger. Ilssaisissent le Sous-Préfet de Tankessé pour une réaffirmation de l’opposition à la demande d’exploitation d’or à Boffouékro formulée le 23 mai 2023 par la société New Gold Invest.
Le 19 juin 2023, les populations des localités voisines à Boffouékro, (Ouangui, Pambariba et Tankessé), ayant la rivière Bah’, un cours d’eau en commun sous le poids de la pollution ont exprimé, dans le registre ouvert à cet effet à la sous-préfecture de Tankessé leur opposition au projet d’exploitation semi-industrielle d’or sur leurs parcelles de cultures avec force.
Petite surprise
La colère des mutuelles sera encore grande à l’avènement d’un fait. C’est que, contre toute attente, sans avoir le retour de l’enquête de commodo et incommodo, par affichage à la sous-préfecture ou avis à tous les villages concernés, les mutuelles des villages, prennent connaissance d’une note circulant liée à l’enquête publique organisée du jeudi 22 février 2024 au mercredi 6 mars 2024, dans le cadre de la validation d’un rapport de l’Étude d’Impact Environnement et Social du projet d’Exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro, présentée par la société New Gold Invest.
« Cette note curieusement mentionne: ‘‘les Autorités administratives et coutumières reconnaissent l’importance de l’installation de l’activité minière dans la zone car étant une opportunité de développement et y adhèrent totalement’’.
Elle mentionne également que ce site de 98,84 hectares appartient à des propriétaires terriens, tous appartenant au village de Boffouékro. Et qu’un protocole d’accord aurait été signé, sous la supervision du Sous-préfet de Tankessé, entre l’entreprise et les propriétaires terriens, pour encadrer les relations qui les lieront », expliquent les responsables des mutuelles.
«Ce processus de traitement de la demande d’exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro aux contours flous immédiatement dénoncé par les populations. Les résultats d’une consultation ne s’achèvent pas qu’une autre étape est entamée à dessein s’interroge la population. Quelles sont les conclusions de l’enquête de commodo et incommodo ? À quel moment le préfet a-t-il supervisé la signature d’un protocole d’accord entre la société New Gold Invest et les propriétaires terriens de Boffouékro ?
Pourquoi la note d’enquête publique n’est-elle pas à ce jour rendue public?», interrogent les mutuelles. « Nous rejetons et dénonçons ce passage en force de ce projet d’exploitation d’or mené par le Sous-préfet….», déclarent-elles Face aux interrogations sans réponse des autorités, les communautés des villages réaffirment continuent de s’opposer à l’exploitation semi-industrielle d’or à Boffouékro.
En 2025 et un autre vent menace du côté de Ouangui
Lors de notre passage dans le département de Koun-Fao, nous prenions connaissance d’une autre menace d’orpaillage clandestin se précisant dans le village Ouangui. Nous prenons donc la route pour Ouangui. Il nous est indiqué qu’une demande d’exploitation minière formulée par une délégation venue de Koun-Fao agite ledit village.
Les informations révèlent que des jeunes du village, craignant de voir leurs parcelles mitoyennes au chantier exploité illicitement à village Yobouakro ont pris attache avec un exploitant aurifère à Boffouékro, village sous la menace de l’orpaillage.
Une prospection à l’insu de l’autorité coutumière est entreprise sur le site, « Bah N’si, situé derrière la rivière Bah, qui autrefois approvisionnait les villages en poissons. Suite à des soupçons, une interpellation de jeunes du village à la cour royale conduit à des aveux impliquant les commanditaires. Une sanction coutumière est infligée au principal commanditaire: « Un mouton et deux bouteilles de Gin, avec interdiction formelle de poursuivre sa manœuvre », nous rapportent les habitants du village Ouangui.
Cependant, un mois plus tard, une autre délégation se présente dans le même village, le samedi 4 octobre 2025 pour négocier l’exploitation du site, à l’invitation du chef Nanan Boni Kouadio. « Je veux qu’on construise un centre de santé pour le village », nous confia-t-il lors de nos échanges. Quid des dangers et oppositions : « Nous allons discuter avec la mutuelle du village pour nous attendre » déclare-t-il à notre micro, le jeudi 23 octobre dernier.
Mais déjà, le samedi 11 octobre 2025 à la demande du Chef de tribu, Nanan Doukounou, une consultation des cadres et de la communauté villageoise concernant la menace d’orpaillage clandestin dans le village Ouangui est initiée. Ouangui et Tankessé, deux localités administrées par un seul et même Chef de tribu. Des décisions et orientations sont prises autour d’un refus catégorique d’autoriser toute exploitation du site « Bah N’si ».
« Elle demeure la position du village et de la mutuelle de développement du village Ouangui », déclare la fédération des Mutuelles qui multiplie desrencontres. L’une s’est tenue à Yaokro, en août dernier, chez le chef canton avec tous les représentants des villages pour insister sur les méfaits de l’orpaillage et s’opposer à tout projet d’orpaillage dans la Sous-préfecture de Tankessé.
Notre visite chez le Préfet et Sous-préfet
Le jeudi 24 octobre 2025, nous partons de la cité d’Agnibilékrou qui ne semble pas encore agitée par la menace de l’orpaillage (!). Poursuivant la collecte de données auprès des populations, nous décidons de mettre le cap sur la Sous-préfecture de Tankessé et la Préfecture de Koun-Fao. Il est question pour notre équipe d’obtenir quelques clarifications des premiers responsables de ces deux administrations au centre des accusations.
Chez le Sous-préfet Abel Olivier Decoster
Après quelques kilomètres, nous y sommes; Tankessé. De petits renseignements pour avoir la position exacte du maître administratif du lieu. Dernière résolution, le joindre par téléphone pour obtenir une invitation à passer à son bureau. Une fois joint avec notre identité, nous lui expliquons la raison de notre visite dans sa cité et notre volonté de le rencontrer. Il prête une oreille attentive à nos questions bien qu’étant avec l’Inspecteur de l’Enseignement du Primaire pour dit-il transmission de rapport à sa hiérarchie.
Le Sous-préfet : «Je ne suis pas autorisé à avoir des rencontres avec vous. Si vous voulez des informations concernant le sujet en question, référez-vous à ma hiérarchie…», lâche l’administrateur devant notre insistance d’en savoir davantage.
Quelques minutes plus tard, il nous contacte : « …. Je suis désolé, parce que je ne suis pas autorisé à m’entretenir avec vous sans l’autorisation de ma hiérarchie. Quand je parle de hiérarchie, je veux parler du Préfet, la Direction générale de l’administration du Territoire et il y a le Ministre. C’est un peu cela, vraiment désolé… Moi je ne suis pas autorisé à avoir une interview avec les journalistes…», explique-t-il.
Nous insistons sur les oppositions des populations aux différents avis d’enquête de commodo et incommodo pour les exploitations d’or à Tankessé. « Oui bien sûr, bien sûr, il y a eu des oppositions », avoue le Sous-Préfet de Tankessé, et de poursuivre : « Quand on lance une enquête de commodo et incommodo, il y a un registre à la Sous-préfecture où tout est noté. Nous avons pris tout cela en compte.
Donc que les populations se tranquillisent. Nous faisons une procédure, après nous ferons notre rapport à la personne qui nous a instruit de faire l’enquête : notre hiérarchie. C’est elle qui apprécie, ce n’est pas moi. Désolé et, à nous revoir…», coupe l’administrateur. C’est une partie remise promettons-nous.
Nous voici en face de Mme Okoubo Marie-Thérèse Épouse Okou, Préfet de Koun-Fao
Il est 13 heures quand nous faisons notre entrée dans la cour de la Préfecture. Une minute plus tard, Madame le Préfet arrive. Nous sommes soulagés. Nous n’avons pu voir de visu le Sous-Préfet, mais, le Préfet est là, Mme Okoubo Marie-Thérèse Épouse Okou. Après quelques civilités, nous sommes reçus par le chef du cabinet du Préfet. Quelques échanges sur l’objet de notre présence et le ton est donné. Il n’est pas agréable d’aborder la question, à l’observation.
« L’on veut aider des populations pauvres et nous ne comprenons pas leur attitude. Il y a la mine d’or d’Ity à l’ouest et les populations vivent là-bas…», murmure un peu courroucé le collaborateur du Préfet. Quelques minutes suivent, nous sommes reçus par madame le Préfet en présence du Secrétaire Général de la préfecture et du chef du cabinet. Visiblement l’atmosphère est lourde à défaut d’être tendue. Nous exposons brièvement sur la présence de l’équipe de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ dans son département.
Réaction de la Préfète : « Je ne peux pas parler de ces questions sans l’autorisation de ma hiérarchie ». Nous avons déjà entendu cela quelque part. Nous repartons à la charge en expliquant que les populations la tiennent responsable de la persistance des demandes des sociétés minières qui parcourent le département.
Avec un rappel de son passage dans le département de Hiré où l’orpaillage gagne du terrain. Nous évoquons également la rencontre initiée par elle à l’effet de solliciter les populations afin qu’elles donnent des avis favorables aux projets d’exploitation d’or sur leurs terres. Une grande rencontre tenue en 2024 à Koun-Fao à cet effet, au motif que lesdits projets seraient économiquement rentables pour les populations. Qu’en dit-elle!
Et là, elle se rassoit très bien, mais très inconfortable. Nous attendons sa réaction. Léger silence. Elle décide de rompre : « L’enquête de commodo et incommodo vient à peine, comme vous le dites, de se terminer. Attendons le résultat. Mais je n’en dis pas plus sans l’autorisation de ma hiérarchie… ». Le ministre! « Je n’en dis pas plus. Merci monsieur le journaliste ». Nous la remercions pour la réception.
La belle tactique de persuasion
Il ressort que le lobbying des entreprises minières est bien appuyé d’une bonne méthodologie mise en route par l’autorité administrative départementale. Et pour s’en convaincre, visitons le temps des séminaires et autres ateliers dits de «renforcement de capacités» des populations et des groupements organisés du département. A titre d’exemple, voici ce que rapportait pour l’approche persuasive, l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), en juillet 2024.
Le foyer des de Koun-Fao a accueilli des ateliers de renforcement de capacités des chefs des villages, des présidents des jeunes, des mutuelles…, le jeudi 25 juillet 2024. Plus de 300 participants enregistrés relativement à la stratégie de l’administration de sensibilisation des chefs du village et président de mutuelles de développement sous le couvert d’atelier. L’une des recommandations majeures a été le renforcement de la sensibilisation des couches sociales, à l’effet d’aplanir les différends et les incompréhensions dans « les responsabilités et rôles des chefs de village et des présidents de mutuelles dans le département».
C’est le thème développé par le Directeur général adjoint de l’administration du territoire, qui, a largement exposé sur le rôle imparti à chaque acteur dans l’administration de la chose publique. C’est au regard de la résurgence de nombreux malentendus observés avec les villages que le préfet de Koun-Fao, Okoubo Marie-Thérèse épouse Okou a initié ledit séminaire précise l’Agence de presse ivoirienne.
Après moult échanges, le conférencier a signifié à l’assistance que «le premier responsable représentant de l’État dans les villages demeure le chef du village dont l’autorité ne peut être contestée par les présidents de mutuelle qui sont des adjuvants à la gestion commune du village » (…), rapporte AIP (25/7/24).
Un message subliminal avec pour but de faire passer dans l’opinion des communautés villageoises, que seul l’avis du chef du village importe pour elles. A cet effet, la tentative de la mise en avant de la position du chef du village transparaît dans la plupart des cas des projets d’explorations des terres. D’autres thématiques ont été aussi abordées ce jour-là : « L’exploitation légale et illégale de l’or en Côte d’Ivoire : avantages et inconvénients », présenté par le Directeur régional des mines et de la géologie du Gontougo.
« La gouvernance environnementale des projets miniers en Côte d’Ivoire : rôle de chaque acteur», exposée par madame la cheffe du Service Suivi Environnemental et Social à l’ANDE (Agence nationale de l’Environnement). Des conférences dissuasives pour les communautés devant leur opposition à tout projet d’extraction d’or sur leurs terres. Ne dites pas, à la grande satisfaction du préfet de Koun-Fao, Mme Okou Marie-Thérèse, initiatrice des rencontres. « Je n’en dis pas plus » soutient avec force la Préfète.
La voix des enterprises WASS GOLD, NEW GOLD INVEST, KASSERE MINING ou AFEMA SMALL SKAY MINING
Une seule nous répondra
L’équipe de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’ sortie du tourbillon de Koun-Fao et Tankessé après deux jours de pérégrination, une fois de retour à Abidjan entreprend immédiatement de contacter les différentes sociétés minières très actives dans la zone ces dernières années. Des appels téléphoniques et courriers sont émis en leur endroit dès le vendredi 24 octobre 2025. Le mardi suivant, l’une d’entre elles nous répond.
C’est la société KASSERE MINING qui parle.
«Le dossier est au niveau de l’enquête commodo et incommodo. Vous savez qu’on n’est même pas encore arrivé à l’état de l’étude d’impact environnemental. La population n’a même pas encore donné l’avis. Donc le projet peut s’arrêter là ou bien peut continuer. Si l’avis est défavorable, on arrête. Pour avoir l’autorisation, il faut d’abord que l’enquête finisse, et qu’il y ait un processus d’accord avec la communauté avant même qu’on ait un autre pas. Il y a des oppositions, il faut veiller à les lever. Après on va continuer. On est au stade des enquêtes. Donc, il faut que les gens se prononcent, on va discuter, on va lever les oppositions. Et, après, on va continuer.
Maintenant, là où il y a des projets qui sont autorisés, ce n’est pas à Tankessé. Nous, on n’a pas encore de projet autorisé à Tankessé. C’est à Koun-Fao que nous avons un projet…Merci de nous avoir contactés et à très bientôt…», explique le Directeur des Opérations de la société KASSERE MINING. Les autres sociétés et la SODEMI observent encore.
Au constat, la destruction des activités locales : agriculture, pêche, artisanat est palpable dans le département de Koun-Fao, comme cela est observé dans toutes les localités où l’orpaillage sévit partout en Côte d’Ivoire. Les années passent et rien ne change dans l’obsession d’extraire l’or des terres du département de Koun-Fao (Nord-est, région du Gontougo) et sa Sous-préfecture Tankessé.
Un expert explique le processus pour la réalisation d’une exploitation minière
Des «tapes essentielles sont à observer» déclare l’expert contacté par ‘‘LE DEBATIVOIRIEN’’- D’abord, une demande est faite au niveau du Cadastre Minier. Un droit fixe de 500 mille FCFA est payé. Le dossier pour l’avis d’enquête et les avis des structures techniques de l’État est soumis.
En l’occurrence, le ministère de l’Agriculture pour l’expertise agricole, le ministère de l’Environnement pour un constat environnemental. Les Eaux et forêts pour voir si la parcelle oui ou non est située dans une forêt classée, la direction des mines, de l’énergie et du pétrole, ministère de la Santé, ministère de l’Hydraulique, ministère des Infrastructures etc. Par la suite, il y a l’avis du Préfet qui en réalité est l’avis des populations.
Une enquête de commodo et incommodo d’un mois est lancée auprès de toutes les communautés. Ceux qui ont un intérêt sur la parcelle viennent se prononcer. À la fin de l’enquête, le Sous-préfet fait le rapport. Le préfet émet l’avis des populations. S’il est favorable, la procédure continue. S’il est défavorable, la procédure est arrêtée. Donc, quand l’avis est favorable et que la procédure doit continuer, un protocole d’accord avec les communautés du village est établi, et associé à l’avis technique de toute l’institution de l’État partie prenante du projet d’exploitation d’or.
L’agence nationale de développement de l’environnement, l’ANDE est sollicitée par la société minière pour des termes de références en vue d’une étude d’impact environnemental et social. À l’obtention des TDR, un cabinet chargé de l’environnement agréé, se charge de conduire cette étude. Ce cabinet vérifie le protocole d’accord avec les communautés et va rencontrer les parties prenantes au projet, en l’occurrence, tous les ministères qui ont donné leurs avis sur le projet.
Et après, l’ANDE lance l’enquête publique, qui est en fait, une consultation publique. Il s’agit de relever les avis de différentes couches de la société durant 10 jours ouvrés. A cette occasion, l’ANDE vient présenter le projet et le promoteur à toute la communauté. L’enquête publique vient infirmer ou entériner l’enquête de commodo et incommodo.
Si, au cours de l’enquête publique, les communautés disent, nous avons signé un protocole d’accord, mais nous ne sommes plus d’accord sur le projet, tout est arrêté là. Si les populations donnent leurs avis favorables, le Préfet émet le rapport de l’enquête publique qu’il transmet à l’Agence nationale de développement de l’environnement, pour les amenés techniques.
Par la suite, l’ANDE convoque toutes les structures, toutes les parties prenantes, y compris les communautés, tous ceux qui ont signé le protocole d’accord et les structures de l’État, pour un examen technique à la direction générale de l’Agence. Et à cette occasion, c’est le comité interministériel chargé des questions environnementales qui dit si oui ou non, le projet est viable ou pas. Voire, 15 ministères qui ont intérêt dans le projet viennent pour la validation du projet, y compris les communautés et l’opérateur….Voilà !
« Si cette procédure n’est pas suivie. Le projet ne peut être exécuté. S’il y a extraction d’or sur une terre, le projet est illégal», indique l’Expert consulté par la rédaction de ‘‘LE DEBAT IVOIRIEN’’.
Eaux et sol détruits
Les impacts de l’activité d’exploitation d’or sont négativement visibles pourtour sur l’environnement social et écosystémique, avec destruction de la faune et de la flore des villages visités à Tankessé. Avec pollution des sols et des eaux. Lors de notre passage, une visite des affluents de la rivière Bâh qui prennent leurs sources dans la localité de Boffouékro a permis de constater le degré de pollution des eaux du secteur. L’alimentation en eau, à partir du forage situé non loin de la rivière « Bah » bordant les localités de N’dakro, Dihinibo est suspendue.
« À cause du soupçon de contamination de la nappe », indique la population. De nombreuses externalités négatives attisent également la colère des populations avec ces différents projets d’extractions d’or: vol, viol, braquage, drogue, intrusion et développement de l’orpaillage clandestin dans la zone. Des prises images du lit mineur de la rivière « Bah », affluent du fleuve Comoé montrent l’absence d’écoulement à cette période pluvieuse lors de notre passage. « Chose inhabituelle. Cela est dû à la digue construite en amont vers Yobouakro par les orpailleurs », indiquent les chefs des villages. La couleur de l’eau observée laisse entrevoir l’utilisation de produits toxiques (mercure et autres).
Il y a aussi mort de poissons ou bizarrement tâchés non consommables. Les localités de Pambariba, Ouangui, Broukro Banouan, N’dakro, Dihinibo, Bagoua, Assempanayè ou Pengakro traversées autrefois par ce cours d’eau subissent cruellement les effets de l’exploitation anarchique de l’orpaillage. « Pour ces raisons tous les villages s’opposent avec fermeté aux projets d’exploitation d’or », déclarent toutes les mutuelles des villages victimes à Tankessé.
Un regard percutant de l’Etat est attendu pour le département de Koun-Fao, afin de voler au secours des populations de Tankessé face à la menace de l’orpaillage montant. Phénomène clandestin ou semi-industriel, l’orpaillage maintient en éveil permanent les populations et les mutuelles du département sont à cheval sur leur opposition à tout projet de fouille de leurs terres qui menace l’essence même de leurs villages, donc leur existence.
« Nous voulons des projets du gouvernement », indiquent en chœur ADOUKRO, ASSEMPANAYE, BOFFOUEKRO, BROUKRO BANOUAN, DIHINIBO, NDAKRO, OUANGUI, PAMBARIBA, PENGAKRO, YAOKRO et YOBOUAKRO. Si d’ici là, ils n’ont pas encore disparu, que leur réserve-t-on avec la nouvelle ère qui s’ouvre: «Avec ADO, pour une Grande Côte-d’Ivoire». A SUIVRE…
Ledebativoirien.net
HERVE MAKRE
Envoyé spécial à Koun Fao/Tankessé

