Le président ivoirien a été investi, samedi à Abidjan, par des milliers de supporteurs qui ont fait le plein du stade Houphouët-Boigny. Alassane Ouattara y a dit sa détermination à briguer un troisième mandat alors que celui-ci est inconstitutionnel. Car c’est un homme qui est prêt à tout pour rester au pouvoir.
Avant lui, la ministre de l’éducation nationale Kandia Camara avait embrayé sur ce thème en citant quelques enfants célèbres des principaux leaders du pays. Mais à l’évidence, de telles accusations prêtent à sourire, surtout qu’elles sont proférées par des personnes qui ont créé et sustenté une rébellion armée et son patron Guillaume Soro qui dit aujourd’hui le regretter.
UN HOMME DÉTERMINÉ
Pour ce faire, il dispose de puissants appuis au sein de la Commission électorale indépendante qui lui est majoritairement favorable et dont la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) avait demandé, dans son arrêt de juillet dernier, un rééquilibrage des forces . De nouvelles élections doivent logiquement être organisées dans les différentes CEI locales mais le chef de l’Etat continue de faire la sourde oreille. La Commission centrale de la CEI continue, elle aussi, de susciter la méfiance de l’opposition qui met en doute sa neutralité.
Le gouvernement a en effet rayé leurs noms de la liste électorale en raison d’une disposition du code électoral qui stipule que toute personne condamnée par contumace ou par défaut ne doit pas figurer sur la liste électorale. Or ce code électoral a été pris seul par le président de la République par ordonnance, c’est-à-dire sans le moindre consensus.
A l’évidence, cette disposition a été instrumentalisée contre ces personnes qui sont hors du pays, soit pour cause d’exil ou, dans le cas de l’ancien président de la République, parce que le gouvernement refuse de lui délivrer un passeport ordinaire. L’ancien président Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse ont été condamnés à Abidjan par contumace alors qu’ils étaient encore empêchés par la CPI de rejoindre leur pays d’origine. Mais alors que la condamnation n’est pas réputée définitive, le gouvernement assure que c’est une condamnation par défaut. Enfin bref, le parti au pouvoir fait tout pour empêcher ses adversaires de participer à l’élection d’octobre prochain ; de sorte qu’il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’Alassane Ouattara ne cherche juste que le prétexte du scrutin du 31 octobre pour s’éterniser au pouvoir.
LA LOI ME PERMET D’ÊTRE CANDIDAT
Hâbleur devant ses partisans qui n’ont pourtant pas hésité de fuir les gradins du stade pendant qu’il parlait, Alassane Ouattara a fait croire qu’il se faisait violence en se présentant à un mandat qui provoque une flambée de violences dans les rues d’Abidjan. A ce jour, huit personnes sont mortes, les deux dernières personnes lors des affrontements entre la communauté malinké opposée aux manifestations contre le troisième mandat et le reste de la population. D’importants dégâts sont constatés dans la ville à l’issue de plusieurs jours de violences.
« ON S’EN FOUT DU CORONA »
Des millions d’Ivoiriens souffrent pourtant des conséquences économiques causées par la pandémie. Les opérateurs économiques, en particulier ceux du secteur de l’hôtellerie et des activités de nuit n’ont repris qu’au début du mois d’août et des millions d’Ivoiriens ont été quasiment confinés pendant des mois chez eux en raison des dispositions prises par le gouvernement.
SEVERINE BLE
Aujourd’hui N°1702