Sa déclaration, lors de son petit-déjeuner de presse du jeudi 17 septembre 2020 à l’hôtel bristol de Paris. Ici, les propos de Guillaume Kigbafori Soro, président de Générations et Peuples Solidaires (GPS)
Je suis candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020, en application de la Loi, de la morale républicaine et conformément à mes convictions selon lesquelles, la dictature ne s’épanouit jamais aussi bien que lorsque tétanisés par nos peurs, nos angoisses, nous la laissons prendre possession de nos vies et qu’elle ne recule que si, courageusement, nous nous dressons contre elle.
Je veux gouverner autrement ce pays, en bâtissant par la solidarité intergénérationnelle, la Nation ivoirienne émancipée de ses souffrances passées par le pardon et la réconciliation. Je veux gouverner en consolidant la démocratie et l’État de droit par la séparation et l’équilibre des pouvoirs de l’État dans un pluralisme renforcé.
Mesdames et Messieurs,
Mais, faut-il le rappeler, je vous alertais déjà ici sur les risques de déflagration encourues si la communauté internationale ne se mobilisait pas pour obtenir des élections démocratiques et transparentes dans mon pays. Je vous ai aussi mis en garde contre la volonté de M. Ouattara de procéder à une entourloupe pour capturer le pouvoir d’État en Côte d’Ivoire.
Je dis toutes mes admirations à M. Muhammadu Buhari, Président de la République fédérale du Nigeria, M. Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger, ancien Président de la CEDEAO, aux Présidents Macky Sall du Sénégal, Umaro Sissoco Embaló, la Guinée- Bissau, pour leur posture sans équivoque contre les troisièmes mandats.
Je voudrais également saluer le Secrétaire d’État, M. Mike Pompeo pour le soutien des États-Unis au respect de l’État de droit
– Plus d’une trentaine de morts depuis sa déclaration de candidature ;
– Plus de 200 arrestations sur le territoire national dont 60 de mes compagnons de GPS parmi lesquels des députés arrêtés sans la levée leurs immunités et deux de mes jeunes frères de lait pris en otage ;
– De nombreuses femmes aux mains nues battues et incarcérées ;
– La limitation des droits constitutionnels que sont la liberté de manifester et la liberté d’expression par la prise d’une série de décrets interdisant à l’opposition d’exprimer son désaccord face au projet de troisième mandat.
Depuis le 23 décembre 2019, je suis contraint de vivre loin de mon pays, victime de montages grossiers habillés par des artifices juridiques.
On m’a fait un procès expéditif, fallacieux et fictif, pour des faits inexacts, alliant calomnie et diffamation et au prétexte d’une infraction de recel d’un bien qui aurait été prétendument commise en 2007. Non seulement ces faits sont imaginaires mais cette infraction, si jamais elle avait existé, aurait été légalement prescrite : l’article 7 du code de procédure pénale ivoirien prévoit en effet que « en matière de délit, la prescription de l’action publique est de trois années révolues ».
Pour reprendre une formule de l’un de mes avocats, ce dossier, c’est un peu comme le Couteau de Lichtenberg : « un couteau sans lame, dont on a oublié le manche ». C’est du vide, c’est du vent. Le procès qui s’est tenu au Tribunal d’Abidjan le 28 avril dernier est une honte pour tout État de droit qui se respecte.
On m’a jugé sans avocat, sans m’avoir convoqué, sans aucun accès au dossier, et en un mot, sans justice. Une vraie parodie. Vous connaissez la phrase de George Clémenceau: « La Justice militaire est à la Justice, ce que la Musique militaire est à la Musique. ». Je crois que nous avons trouvé pire encore que la justice militaire, c’est la justice ivoirienne, qui n’a de Justice que le nom.
C’est d’ailleurs contre cette Injustice, et contre l’arbitraire, que la Cour Africaine des Droits de l’Homme a rendu deux ordonnances.
C’est pour cette raison que, dès le 22 avril 2020, la Cour a ordonné le statu quo ante de toutes les poursuites à mon encontre, la suspension du Mandat d’arrêt émis, la fin de la procédure pénale engagée et la remise en liberté immédiate de mes 19 proches injustement incarcérés. C’est enfin pour cette raison que, le 15 septembre 2020, cette même Cour a ordonné, en des termes clairs et dépourvu d’ambiguïté, que la Côte d’Ivoire devait : « prendre toutes mesures nécessaires en vue de lever immédiatement les obstacles empêchant M. SORO de jouir de ses droits d’élire et d’être élu notamment lors de l’élection présidentielles ».
Mais vous le savez, car vous êtes sensibles au droit, que le délai de prévenance du retrait d’un protocole est d’une année. Et vous le savez aussi, le retrait ne concerne jamais, en droit international, les affaires pendantes devant une juridiction internationale.
C’est le cas de la Cour Africaine, dont la jurisprudence est constante et très claire à ce sujet, elle l’a d’ailleurs dit concernant la Côte d’Ivoire dans sa décision du 15 juillet 2020 sur la CEI et réitérée dans celle du 15 septembre me concernant au paragraphe 19, que le retrait de la Déclaration par l’État de Côte d’Ivoire, « n’a pas d’effet rétroactif, n’a aucune incidence sur les affaires en instance devant elle et ne prend effet le 30 avril 2021 ».
En effet, il existe la jurisprudence Yao Paul N’DRE qui, souvenez-vous, en 2010 après avoir déclaré M. Laurent Gbagbo vainqueur, a rendu en second lieu une décision du Conseil Constitutionnel en 2011 dont je vous remets copie, en se fondant sur un communiqué du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pour déclarer M. Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle.
En d’autres termes, le Conseil Constitutionnel actuel doit, en s’inclinant devant la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, se fonder sur une décision de justice plus forte et plus contraignante pour reconnaître ma citoyenneté non seulement en m’inscrivant sur la liste électorale mais aussi en me rendant éligible à la prochaine élection présidentielle.
Le Président Ouattara m’a exclu de la liste électorale, de la liste des candidats, et de mon Pays.
Il sait pourtant quelle est la souffrance que subi celui qui est injustement exilé de sa terre natale, empêché d’user de son droit le plus élémentaire, celui de participer aux affaires publiques de son pays et injustement écarté d’une élection.
Alors que faire, face au Despote qui a abattu tous les garde-fous institutionnels de mon pays ?
Maintenir cette élection du 31 octobre 2020 n’a aucun sens. C’est une évidence. De même participer à cette élection serait cautionner le coup d’État civil de M. Ouattara. J’en appelle donc à une unité d’action de l’opposition pour stopper M. Ouattara dans sa folle aventure, par tous les moyens légaux et légitimes.
Pour ma part, je demande :
– La libération immédiate de mes proches ;
– La dissolution de la CEI actuelle et la mise en place d’une nouvelle, conformément à la décision de la Cour Africaine du 15 juillet 2020 ;
– La mise en place d’un Conseil Constitutionnel non inféodé au pouvoir ;
– Un audit international de la liste électoral ;
– Enfin la présence d’observateurs internationaux pour contrôler la
régularité du vote.
Nous ne saurons être les pantins de cette comédie burlesque.
Le Président Ouattara pourra alors concourir seul, à une élection courue d’avance, et atteindra alors son ultime dessein : anéantir la démocratie au profit de son pouvoir personnel. Mais, je peux vous l’assurer, le Peuple ivoirien ne l’acceptera pas et la victoire sera la nôtre. Nous reviendrons de cette épreuve, rassemblés.
Mesdames et Messieurs les Journalistes, Chers Invités,
L’heure est grave pour mon pays. Ouattara veut imposer une autre crise électorale à la Côte d’Ivoire, après celle de 2010. Il est déterminé. Nous aussi.
KOGBAFORY SORO GUILLAUME
candidat à la présidentielle de 2020
