Après l’orgie de foot entre City et le Real, bénie soit la suppression de la règle du but à l’extérieur MEA CULPA On a crié au scandale quand l’UEFA a annoncé la fin de la règle du but à l’extérieur mais le match entre Manchester City et le Real Madrid nous a fait revoir notre jugement
par 20minutes.fr
« Il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste. Toujours du bon côté ». Pour ce papier, nous n’avions d’autres choix que de convoquer le grand Jacques Dutronc et son ode au retournement de veston. Car oui, il ne nous aura pas fallu longtemps pour changer d’avis sur la suppression de la règle-du-but-à-l’extérieur-qui-compte-double-mais-pas-tout-à-fait.
Un match en fait, celui de mardi, jouissif au possible, entre Manchester City et le Real Madrid. Sept buts, un scénario de dingo à vous faire passer Michael Bay pour un scénariste de telenovela, des rebondissements en pagaille, de la tension et du rythme, du rythme et encore du rythme. Or, en aurait-il été autrement si l’article 20 du règlement UEFA, testé en 1965 en Coupe des coupes et généralisé à toutes les compétitions européennes quatre ans plus tard, était resté en vigueur ? Probablement pas.
Fini le calcul et la frilosité, on joue, on joue, on joue
Pourtant, conservateurs que nous sommes, que n’avions-nous pas dit au moment où l’UEFA a annoncé cette petite révolution en juin ? ! « Ils nous volent notre football, ces fumiers ! », « c’est la fin d’une époque », « c’était mieux avant » et autres poncifs de vieux cons réfractaires au moindre changement. « Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir », disait un certain barbu de Nazareth. Et il n’avait pas tort, le salopiaud. On pensait la dramaturgie folle des matchs retours morte et enterrée, on s’est rendu compte que les matchs allers aussi avaient droit à leur quart d’heure de célébrité. Le tout sans rien enlever de la folie des seconds rounds, on en veut pour preuve la formidable double confrontation (1-3, 3-2) entre Chelsea et le Real au tour précédent.
Rendue caduque par la pandémie, les matchs délocalisés et les huis clos – qui ont avantagé, on l’a vu, les équipes jouant à l’extérieur ces deux dernières années – cette règle a finalement été abrogée au moment où les stades retrouvaient leur public. Mais le but était ailleurs, comme l’expliquait Aleksander Ceferin, le patron de l’UEFA : « Aujourd’hui, les effets de cette règle sont contraires à son but initial, puisqu’elle dissuade l’équipe qui reçoit – en particulier lors du match aller – d’attaquer, de peur de concéder un but qui donnerait un avantage crucial à son adversaire. »
Les coachs approuvent, les nostalgiques se rendent à l’évidence
Si l’on trouvera toujours des exceptions – au pif le PSG qui en colle quatre au Barça au match aller au Parc des Princes en 2017 – il est vrai que cette règle ne poussait pas vraiment les équipes recevant au match aller à prendre des risques démesurés et à attaquer. Or, qu’est-ce que le football sinon un sport où l’équipe doit marquer un but de plus que son adversaire pour l’emporter ? « En ce qui me concerne, quand je jouais à domicile, je ne cessais de me répéter de ne pas prendre de but », avait même admis Sir Alex Ferguson, pourtant pas connu pour sa frilosité offensive.
D’ailleurs, si les hommes mentent, les chiffrent non. Et que nous disent-ils ? Que la moyenne du nombre de buts marqués à domicile dans les matchs à élimination directe en Ligue des champions est passée de 2,03 à 1,55 entre la décennie 1960 et celle 2010, selon une étude approfondie de la BBC. C.Q.F.D.
Si les romantiques ont sorti les fourches et les lanternes au moment de l’annonce de la suppression de cette règle, les acteurs, eux, n’ont pas même versé une petite larme. De Tuchel à Emery en passant par Gasperini, Ancelotti ou Guardiola, la plupart des coachs rêvaient depuis un moment que cette règle passe l’arme à gauche. En septembre 2018, déjà, ils l’avaient fait savoir lors du vingtième forum des entraîneurs des clubs de l’élite, en vain. Ils ont finalement eu gain de cause et les premiers résultats semblent leur donner entièrement raison.
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