La campagne café-cacao 2023-2024 est lancée avec les prix des deux produits qui portent l’économie ivoirienne fixés et connus. Mais cette belle annonce n’a pas encore réussi à mettre un terme aux inquiétudes des producteurs sur toute l’étendue du pays. Plus inquiétant pour les producteurs ivoiriens, reste le sommeil profond à la tête du Conseil du Café Cacao, cet acteur important dans la promotion de la production ivoirienne, face à la menace de pénurie qui pointe le nez. Et pour cause.
L’on a connu une abondance dans la production du cacao non vendue campagne, lors de la campagne 2020-2021. Après a suivi, une grave pénurie de sacs de jute et le manque de conteneurs.
Comme si cela ne suffisait, les producteurs ivoiriens vivront intensément la rareté des navires, lors de la campagne 2021-2022. Ce qui aura pour corollaire, un grave déficit de cacao, dès janvier 2023 en pleine campagne principale 2022-2023. Que réserve la présente campagne avec le Conseil du Café Cacao ?
Pour cette campagne 2023-2024, avec la crise autour des contrats vendus il est présagé une forte pénurie de cacao. C’est désormais un secret de polichinelle : rien ne va au Conseil du Café Cacao.
Une petite mafia qui ne dit pas son nom
« Trop de problèmes observés enrhument cette structure dirigée momentanément par notre DG Yves Brahima Koné. Nous constatons que ces trois dernières année, il tire vers le bas cet organisme vital pour notre économie. Il appartient à l’exécutif de prendre les mesures idoines pour donner enfin second souffle au Conseil café cacao encore entre les griffesde ce patriarche qui la gère comme sa chose », explique un responsable du bas-Sassandra, une zone à forte production de cacao en Côte d’Ivoire.
Les producteurs se plaignent non seulement du manque d’information autour des nouvelles réglementations de l’UE qui est le principal acheteur de la production de Côte d’Ivoire, avec 67 % du volume exporté, mais aussi du coût supplémentaire que le traçage engendre. Puisqu’une nouvelle réglementation qui interdit l’accès à son marché aux produits issus de la déforestation et du travail des enfants, concerne les producteurs ivoiriens.
Quelle politique le patron du CCC met-il en œuvre à l’effet d’instruire les producteurs sur l’environnement de la production et de la commercialisation? Qui mène les discussions des prix à l’international fixés à la Bourse de New York ? Quelle politique du CCC entreprend pour gagner la bataille de la prime associée à la qualité et à la disponibilité du produit ? Puisque la prime supplémentaire est payée à tout pays en raison de la qualité du cacao et de la fiabilité des performances.
« Les niveaux indicatifs des différentiels d’origine sont traditionnellement déterminés par le marché. Mais le DG du CCC semble dépasser par cette bataille. Il va jusqu’à menacer certains cadres, qui essaient de tirer la sonnette d’alarme », note un des conseillers à l’immeuble CAISTAB au Plateau préoccupé par la situation.
Cette inquiétude est grande dans les rangs des producteurs sachant l’importance de l’industrie du cacao qui est un marché très lucratif. Mais, comme aime à le dire le président de l’association nationale des coopératives de côte d’ivoire (ANACACI) : « Le producteur ivoirien gagne à peine 6 % dans cette exploitation ». Un acteur devrait pourtant mener à l’international, la bataille de la bonne rémunération du prix aux producteurs et paysans.
Un Conseil qui inquiète
Cet acteur n’est autre que le Conseil du Café cacao de Côte d’Ivoire. Mais la frustration des producteurs ivoiriens est grosse et conduit à des levées de bois qui souvent conduisent aussi à des interpellations de ceux-ci, comme cela l’a été avec l’arrestation par la police à Abidjan d’une vingtaine producteurs de cacao, le 10 mai 2023.
Finalement, l’on annonce pour la campagne 2023-2024 prochaine, de sérieuses difficultés dans la vente des contrats à cause du prix trop élevé. Comment le DG Yves Brahima Koné s’y prend-t-il ? Est-il judicieux de soutenir que derrière cette situation, se loge une mafia pour tirer un certain profit personnel ? Le poids de l’âge du DG et de son Adjoint n’est-il pas pour quelque chose dans cette contre-productivité du CCC?
Mais, le mutisme du ministre de l’Agriculture M. Kobenan Kouassi Adjoumani à ce poste, depuis 2019 et précédemment au ministère des Ressources Animales et Halieutiques depuis 2002, est parlant et séduisant. Conscient lui, de ses 21 ans de présence au gouvernement, dispose-t-il suffisamment de force pour rappeler à un septuagénaire, l’urgence de la menace de l’âge qui pourrait faire perdre les reflexe les plus usuelle dans la gestion d’un instrument de haute portée ?
La menace est réelle au Conseil du Café Cacao en Côte d’Ivoire. A quand le départ du DG Yves Brahima Koné, dirait-on? Toutefois, le renouvellement de la gestion s’impose à l’Etat de Côte d’Ivoire à l’effet d’éviter un nouveau bras de fer entre les multinationales sur le différentiel du cacao, du fait de la fatigue de plus en plus constaté de la part du premier responsable du CCC.
Le département Communication approché pour en savoir davantage sur la situation à la tête du CCC, n’a pas jugé utile de se prononcer à la place du concerné. La rédaction a ainsi pris bonne note et acte. Certainement le Chef de l’Etat Alassane Ouattara aussi.
La Côte d’Ivoire produit 2,2 millions de tonnes de cacao par an, et est le plus grand producteur de cacao au monde. Ce qui représente plus 15 % du PIB Côte d’Ivoire, selon la Banque africaine de développement en le cacao. Ce secteur d’activité emploie plus de 600.000 planteurs. Ceci dit, un sang nouveau pourra-t-il faire redécoller une machine enraillé par une vision étriquée et durement bien installée ? L’affirmative parait plausible au Conseil du Café Cacao. Attendons pour voir…
LEDEBATIVOIRIEN.NET
Sam-Ibrahim Sidibé
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