Déguerpissements tous Azimuts à Abidjan : un face-à-face Bictogo-Bacongo va-t-il baisser la tête du maire de Yopougon ?

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« On compte sur vous ! Le Diamant noir ! On veut école ! On veut école ! », ainsi scandaient les sinistrés et élèves victimes des déguerpissements du District Autonome d’Abidjan. Et ce lors de la visite du Maire Adama Bictogo sur les ruines de l’opération des bulldozers de Cissé Ibrahima dit Bacongo le lundi 26 février 2024 à la Gesco dans la commune de Yopougon.

démolitions et déguerpissements à  Abidjan Bacongo et Bictogo
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« À peine rentré dimanche nuit, d’une mission en Égypte, le Maire Adama Bictogo s’est rendu sur les ruines des sites démolis de Yopougon Gesco. Accompagné de son équipe municipale, le Maire Adama Bictogo qui vit cette situation difficile au même titre que ses frères et sœurs de Gesco, a parcouru les zones détruites, écoutant attentivement les doléances des sinistrés, essuyant les larmes des mamans venues à sa rencontre. Très préoccupé par leur sort, le Maire de Yopougon a souligné l’importance de trouver des solutions satisfaisantes pour chacun », informe le service de communication de la Mairie de Yopougon.

Cependant, il ne s’agit pas de la première visite du Maire Bictogo à la suite du passage désastreux des engins de Cissé Ibrahima alias Bacongo à Yopougon Gesco. Toujours dans le même mode opératoire. Le Maire Adama Bictogo part en mission à l’extérieur du pays et Bacongo débarque aussitôt la nuit pour tout casser derrière lui. Et rebelote, Bictogo viendra pour son jeu de rôle. Celui de l’empathie, de la compassion et de la recherche de solutions pour les victimes.

La vague d’indignations dans le pays…

« L’élu (qui a besoin des voix de la population) et le nommé (qui ne cherche qu’à atteindre des objectifs) n’ont pas la même approche. D’ailleurs c’est trahir l’esprit de la décentralisation que de nommer à la tête de collectivités territoriales. Maintenant que nos politiques ont achevé le mannequin challenge à GESCO, on attend leurs solutions. Que feront-ils pour ceux de l’opposition contre la pauvreté et les bidonvilles ? Quels engagements clairs ? Pour Adama Bictogo, PANCI, quelles solutions même provisoires et dans la durée ? Après GESCO, Boribana, c’est Mossikro. Rien ne semble dissuadé Ibrahima Bacongo bien décidé à rayer les bidonvilles de la carte d’Abidjan. Je ne pense pas que les gens qui y sont ont le choix. Comment les accompagne-t-on ? Quelles solutions provisoires puis durables ? », Arthur Banga, Historien

cissé bacongo gouverneur du distric ledebativoirien.net

« Le maire de Yopougon, commune où ont démarré ces opérations, a, dans un communiqué, déclaré que sa municipalité n’avait pas été associée à ces actions de démolitions, dont notamment celles qui ont eu lieu au quartier Gesco, où un groupe scolaire, Cha Hélène, qui reçoit chaque année plusieurs centaines d’élèves affectés par l’Etat de Côte d’Ivoire a été en partiellement rasé.

Ces actions de démolitions qui ciblent indifféremment des commerces et habitations ainsi que des biens privés et sociocommunautaires (établissements scolaires, églises, mosquées, centres de santé, boutiques,  ….) ont été effectuées, aux dires de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) de Côte d’Ivoire, sans la moindre concertation préalable avec les populations concernées qui, selon cette Commission étatique, auraient été complètement prises au dépourvu.

Ces actes irréguliers, illégaux et dépourvus de tout humanisme ont, d’après la CNDH, plongé dans une désolation et un désespoir sans précédents les populations concernées qui, de ce fait, « sont livrées à une errance dans les rues avec ce qu’elles ont pu sauver de leurs biens personnels. Des femmes, des enfants, des vieillards et des personnes en situation de handicap sont exposés à des menaces diverses aussi bien sécuritaires que sanitaires ».

Curieusement, alors même que le CNDH a, sur le terrain, constaté que « ces opérations sont menées au mépris des droits fondamentaux des personnes impactées, qui sont privées du droit à un logement, du droit à la sécurité de leur personne et de leurs biens, du droit à la santé, du droit à un bien-être et du droit à l’éducation… », le gouvernement ivoirien et le président de la république semblent garder un silence approbateur, qui ne fait qu’encourager le gouverneur du District d’Abidjan à redoubler d’efforts pour mener à bon terme cette opération querellée.

démolitions et déguerpissements à Abidjan Bacongo et Bictogo ledebativoirien.net

Le CNDH a également mis en exergue le fait que « ces actions accentuent la situation de précarité et de vulnérabilité de ces populations et sapent tous les efforts consentis ces dernières années par son Excellence Monsieur le Président de la République et les pouvoirs publics et a, en conséquence, préconisé l’arrêt immédiat de ces opérations de déguerpissements « pour préserver la dignité et les droits élémentaires des populations », Jean Bonin Kouadio, Président du Think Tank dénommé Fraternité Ivoirienne pour l’Entente et la Renaissance (FIER).

La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) dans les rues le mardi 27 février 2024. Et ce, pour dit-on déloger les élèves et étudiants des salles de classe et amphithéâtres en réactions de soutien et de compassion pour les élèves déguerpis de l’établissement Cha-Helène de Yopougon Gesco.

Et le district commence à repréciser sa mission et sa communication…

À la suite de nombreuses indignations et colères des ivoiriens, le District d’Abidjan revoit sa communication, cette fois en étant plus précis dans sa mission à l’effet de dissiper la psychose qui s’est emparée des habitants des quartiers dits précaires.  Communiqué : les services de Bacongo clarifient et rassurent : les 176 sites identifiés ( dont 77 en situation critique) par plusieurs entités et non par le district uniquement, ne feront pas l’objet de destruction systématique.

DISTRICT AUTONOME D’ABIDJAN-COMMUNIQUE N°…DU 26 FEVRIER 2024

Le District Autonome d’Abidjan porte à la connaissance des populations du District, qu’en prévision de la saison des pluies, il a engagé des opérations de déguerpissement sur l’ensemble du territoire du District. Il rappelle que chaque année, la saison des pluies suscite frayeurs, inquiétudes et cauchemars pour les populations dans leur ensemble, du fait des inondations, des glissements et éboulements de terrains, et des effondrements d’immeubles, qui engendrent d’importants dégâts matériels et de lourdes pertes en vies humaines.

Cette situation est due essentiellement : – Aux constructions sur les réseaux d’assainissement et de drainage ; – Aux déversements, dans les réseaux d’assainissement et de drainage, d’ordures de toutes natures (ordures ménagères, matières plastiques, carcasses de véhicules, pneus et autres…) ; – A l’occupation des zones non habitables (flancs de collines, talwegs, versants…). – A l’occupation des passages naturels de l’eau (bassins d’orage et talwegs…)

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 Le District Autonome tient à préciser que les cent soixante-seize (176) sites à risque dont soixante-dix-sept (77) en situation critique (rendus publics), résultent des travaux du Plan Orsec, effectués et mis à jour chaque année par une équipe technique dont le Secrétariat est assuré par l’ONPC et est composée des structures ci-après :

– L’Office National de la Protection Civique (ONPC) ;- L’Office National de l’Assainissement et du Drainage (ONAD) ;- Les Services Techniques des treize (13) Communes du District d’Abidjan ;- Le District Autonome d’Abidjan ;- Le Service prévention du Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires (GSPM);- Le Ministère en charge de la Solidarité.

Enfin, le District d’Abidjan voudrait rassurer les populations que les 176 sites ne feront pas l’objet de déguerpissement ni de démolition systématique. Il s’agira, de façon precise, de procéder à l’élimination de la cause des risques identifiés, notamment dans des Cités, des quartiers ou sous-quartiers (ex. : un ou des bâtiments, un ou des dépôts ou des constructions anarchiques, des objets et/ou ordures de diverses natures…).

Le District Autonome d’Abidjan voudrait réaffirmer son engagement à œuvrer pour le bien-être des populations abidjanaises et continuera à communiquer sur ses actions à cet effet.

La direction de l’information de la communication et des tics

Une réunion est prévue le mercredi 28 février 2024 entre le District et et les maires d’Abidjan pour une concertation autour de la mission du District. En ce qui concerne la commune de Yopougon les espoirs des populations ne seraient plus au beau fixe avec leur premier magistrat, Adama Bictogo. La confiance ne serait plus de mise en le « Diamant noir » et ses administrés face à un Bacongo décidé à achever sa mission. Alors, après cette réunion, le Maire de Yopougon va-t-il baisser la tête et trahir sa population face à Bacongo ?

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H. KARA


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